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A Alep, ech-chaab en a marre de l'ASL.


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C’est Reuters qui le dit : à Alep, la population n’en peut plus des rebelles (et veut Bachar) !

Par Louis Denghien, le 9 janvier 2013 InfoSyrie

 

Oppression, destructions, enlèvements, meurtres, pillages & pénuries en tous genres : le bilan général des bandes d’Alep après 6 mois d’ »activités » suscite un certain rejet dans la population. Reuters vient de s’en aviser. L’AFP attend de plus amples informations…

 

 

 

Si l’on compare la désinformation à une banquise, alors le dégel est perceptible surtout dans les médias anglo-saxons. Ainsi Reuters vient de consacrer un long article, une enquête d’opinion en fait, sur l’état d’esprit des Alépins vivant dans les quartiers sous contrôle total ou partielle des bandes armées. Eh bien c’est édifiant, et ça ne rend pas le même écho que dans les « infos » de l‘AFP ou d’I-Télé sur le même sujet.

 

Yara Bayoumi de l’agence Reuters : à Alep, elle n’a pas manifestementvu les mêmes choses, ou les mêmes gens que Florence Aubenas. L’une des deux ment…?

 

 

 

La majorité silencieuse (et pour cause) d’Alep-Est

 

La correspondante de Reuters à Alep, Yara Bayoumi, s’est promené ces derniers jours dans cette partie sud et est de la ville affectée – le mot est faible – par la présence des bandes armées. Il commence par rencontrer, sur un marché, un couple « d’âge moyen, bien habillé » qui le reconnaissant pour un journaliste étranger, lui glisse furtivement un papier dans la main. Sur le papier, les lignes suivantes :

 

« Nous vivions en paix et en sécurité jusqu’à ce que cette maudite révolution nous atteigne, et que l’ASL commence à prendre le pain de force. Nous demandons à Dieu d’aider le régime dans son combat contre l’ASL et le terrorisme – nous sommes avec le président Bachar al-Assad pour toujours ! » Il va sans dire que ce genre de position ne peut s’exprimer que clandestinement dans les quartiers « libérés » (comme diraient Hollande/Fabius) par la rébellion.

 

Or Bayouli affirme que pareils sentiments sont « loin d’être rares » dans une villa naguère prospère – et encore multi-communautaire – dont les habitant doivent désormais « faire face aux difficultés et au chaos causés par des bandes hétéroclites de combattants issu des zones rurales environnantes« . Elle continue en disant qu’en ce sixième mois de combats, la colère monte parmi les habitants des quartiers contre l’indiscipline des insurgés, les pillages et un sentiment général d’insécurité, sans oublier bien sûr la pénurie d’eau courante, d’électricité et de pain.

 

Le mécontentement est tellement fort que les bandes rebelles – les plus disciplinées et politiques du moins – s’efforcent de mettre en place une contre-administration des quartiers sous leur coupe. La reporter de Reuters ajoute que ces gesticulations sont aussi à destination des Occidentaux et « pétro-Arabes », auprès de qui (les premiers surtout) les « révolutionnaires » ont intérêt à redorer leur blason. Et il précise que jusqu’à présent, ces tentatives ont eu « peu d’effets pratiques« , les bandes étant en rivalité permanente.

 

D’autant que les relations sont moins bonnes que jamais entre les combattants et les Alépins, « pour qui les activistes ne cachent pas leur mépris, après que ces citadins ont manqué à se soulever contre Bachar« . Là, Bayouli ne fait que confirmer de nombreux articles sur le refus de la population locale de se joindre aux insurgés.

 

La correspondante de Reuters a pu interroger à ce sujet des commandants rebelles. Qui reconnaissent des « problèmes internes » au sein de l’ASL, mais rejettent toutes le responsabilités sur des « planches pourries » et des « opportunistes » de la révolution. Ainsi Abu Ahmed, une figure historique de l’insurrection alépine (ou plutôt opérant sur Alep), commandant un « bataillon » de la brigade islamiste, sinon djihadiste, al-Thawid : « Il y a eu beaucoup de corruption au sein des bataillons de l’ASL – qui volaient et opprimaient le peuple » – c’est un connaisseur qui parle…

 

 

 

« 70% de pro-Bachar » à Alep (selon un chef ASL local)

 

Or cet Abu Ahmed, qui se bat depuis le début de la « bataille d’Alep » en juillet dernier, et qui est originaire d’un petit village proche de la frontière turque, admet que ce peuple alépin « n’a pas l’esprit révolutionnaire » ; il estime même à « 70% » la proportion des habitants qui soutiennent Bachar al-Assad. Une proportion qui s’explique selon lui par l’existence de fortes communautés « minoritaires », mais aussi par le comportement des insurgés depuis des mois :« L’ASL a perdu son soutien populaire » conclut Abu Ahmed. Qui explique que sa brigade al-Tawhid essaie de regagner le terrain perdu en se consacrant à des missions d’aide à la population, s’efforçant de rétablir l’électricité et les livraisons de pain aux boulangeries.

 

Même son de cloche chez cet autre ponte rebelle interrogé par Yara Bayoumi, le lieutenant Mohammed Tlass, un déserteur de l’armée, et en charge de la brigade islamiste Suqoor al-Shahbaa – forte selon lui de 500 hommes. « Certaines brigades pillent les gens, et c’est de la mauvaise graine« . Il est vrai, ajoute-t-il, que « n’importe qui peut prendre une arme et faire ce qu’il veut ». Cette mauvaise graine est présente, dit-il, en nombre à Alep, mais Tlass hésite à sévir : « Allons nous devoir combattre à la fois contre eux et Bachar ? » « Ce n’est pas le moment » selon lui…

 

Entre camarades insurgés d’Alep, ce n’est justement pas la franche camaraderie : Yara Bayoumi cite cet officier rebelle, Abu Marwan, déserteur de l’Armée de l’Air, qui décrit un autre chef rebelle comme dirigeant son groupe à la façon d’une propriété personnelle, « ignorant tout principe de hiérarchie militaire et promouvant ses favoris« . Et Abu Marwan de faire un peu de prospective : « Après la chute du régime, nous aurons encore une longue bataille à mener pour nettoyer les rangs des révolutionnaires« . Renversez d’abord le régime, cher Marwan…

 

Le reporter de Reuters a également rencontré un de ces généraux de brigades ayant fait défection, et qui s’est reconverti dans la police militaire ASL à Alep. Ce général Zaki Ali Louli prend ses ordres de la brgade al-Tawhid. Avec lui c’est langue de bois (« Nous sommes dans la phase finale de la Révolution et le régime du tyran al-Assad s’effondre« ) et flou artistique (il refuse de dire à combien d’hommes il est censé commander). Il indique cependant que dans chaque « régiment » rebelle, il y a un homme à lui chargé d’observer les révolutionnaires et de repérer les comportements suspects. Bonjour l’ambiance, d’autant que tout suspect est perçu comme un agent de Bachar en puissance ! le général Louli indique qu’une structure-soeur est chargée de recueillir les plaintes des Alépins – elle doit avoir du travail !

 

Non content de s’être dotée d’une police – dont notre reporter dit ne pas pouvoir apprécier l’efficacité réelle – la rébellion à Alep a crée son « ministère de la Défense« , en fait un QG de coordination des différentes bandes, qui tient des réunions hebdomadaires. Apparemment le principal problème reconnu par ces messieurs est le manque d’argent, d’armes et de munitions, une plainte à vrai dire chronique depuis le début des combats dans le secteur d’Alep. Heureusement qu’il existe des « mécènes » amis de la liberté : le lieutenant Tlas a ainsi rencontré, voici un mois et demi à Alep, un « businessman » koweitien, qu’il a promené sur différents « fronts » de la ville, le laissant même tirer un coup de fusil… Le Koweitien, raconte Tlas, « est reparti très content » en assurant qu’il résoudrait tous les problèmes des combattants. « Et nous n’avons plus jamais entendu parler de lui« . Si même les hommes d’affaires du Golfe sont près de leurs sous…

 

 

 

« L’ASL nous a ramenés à l’Age de Pierre ! »

À la fin de son article, Yara Bayoumi revient aux vrais Alépins. Et conclut comme elle avait commencé : « On se fiche du régime ! » dit Abu Majid, un ouvrier de 48 ans employé dans une usine textile de la ville. « Nous voulons juste la paix et la sécurité ! » Et pour lui, ce sont les rebelles qui sont les obstacle à ce retour à la normale : « On est revenu à l’Age de Pierre. L’ASL doit se doter d’une vraie direction. Au début les gens étaient derrière elle. Maintenant ils se sont séparés d’elle » – et c’est un opposant qui le dit !

 

Encore faudrait-il préciser quels gens, la population d’Alep ayant toujours été dans sa grande majorité hostile à ce que représente l’ASL. On a vu ces dernières semaines dans pusieurs quartiers occupés des habitants descendre dans la rue contre les rebelles. Retenons que ce n’était déjà pas beaucoup, et qu’aujourd’hui c’est encore moins. Le reporter de Reuters laisse le mot de la fin au pilote déserteur Abu Marwan : »L’image de l’ASL a été largement ternie« . Il faudrait peut-être leur envoyer Claude Sérillon, qui travaille déjà à redorer l’image de François Hollande (quelle est la tache la plus ardue ?)

 

 

 

Manifestants pro-gouvernement dans la partie non infestée d’Alep, en décembre dernier : si l’on en croit reuters, le pro-régime sont nombreux aussi dans les quartiers sous la coupe des rebelles….

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