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France Inter : le 7-9h sans les auditeurs?


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France-inter donne de moins en moins la parole lors du 7-9.

Bernard Guetta après sa chronique reste présent par exemple et il intervient. Un pédo-psychiatre a un temps d'antenne sur le temps consacré aux auditeurs.

Par ailleurs des "humoristes" grignotent la fin du 7-9.

 

Désolant pour une radio publique.

 

France Inter : le 7-9h30 sans les auditeurs

 

ACRIMED par Mathias Reymond,

 

Dans le 7-9h30 de France Inter, la dernière partie de l’émission (Inter’activ) est consacrée aux questions des auditeurs, questions parfois reformulées par l’animateur Nicolas Demorand. Ce matin-là (le 9 octobre 2006), l’invité n’était pas un invité comme les autres : à grand tapage médiatique (identique à celui qui avait eu lieu pour Lionel Jospin [1]) et à coup de communiqués de presse, France Inter avait annoncé la venue de Nicolas Sarkozy... au grand plaisir des journalistes et au grand dam des auditeurs privés de parole.

 

À invité extraordinaire (si l’on veut...), émission extraordinaire. La partie « inter’activ », dans laquelle les journalistes de la station habituellement interviennent peu, est avancée de dix minutes et devient leur émission. Effervescence : chacun veut poser ses questions au ministre de l’intérieur, aux dépens du temps accordé aux questions des auditeurs. Chacun veut briller ou, d’une certaine manière, « se faire » Sarkozy... Les auditeurs, eux, n’en ont pas le droit.

 

A 8h30, Nicolas Demorand prévient qu’à ses côtés « il y a Hélène Jouan et Bernard Guetta qui peuvent, l’un comme l’autre, intervenir quand ils le souhaitent dans cet entretien. » Ils le souhaitent et trépignent déjà sur leurs fauteuils. Au total, ils interviendront, avec Nicolas Demorand et Brigitte Jeanperrin, pour poser 19 questions, ne laissant la place aux auditeurs que pour 3 questions. Soient 86% des questions posées par l’équipe de France Inter, dans une séquence censée être réservée aux auditeurs. Pour une fois, ce ne sont pas ces questions qui méritent que l’on s’y arrête, mais l’exception à la « règle » de l’émission.

 

La première question est posée par un auditeur (Michel), et après la réponse de Sarkozy, Demorand enchaîne « Allez , une question : Hélène Jouan ». Une question ? Non deux. Puis Nicolas Demorand à son tour, puis Bernard Guetta, puis Demorand, Guetta deux fois. Ensuite Brigitte Jeanperrin tient à « revenir sur les banlieues », et Nicolas Demorand mitraille le président de l’UMP à trois reprises, à la façon d’un Marc-Olivier Fogiel. Ça fait déjà sept minutes que le dialogue n’a lieu qu’avec l’équipe de France Inter. Demorand va redonner le micro de la radio publique aux auditeurs qui la financent ? Non : « Allez , Hélène Jouan, puis Bernard Guetta, et beaucoup de questions au standard. Hélène... ». Après deux questions d’Hélène Jouan, Demorand reprend en main l’entretien : « Allez , Bernard Guetta, puis le standard de France Inter ». Plus de dix minutes sans la moindre intervention du public...

 

Ensuite viennent deux appels d’auditeurs, auxquels Demorand ajoute chaque fois une nouvelle question. Nicolas Sarkozy est encore là pour cinq minutes, mais plus aucun auditeur n’interviendra. Pourtant, il y a « beaucoup de questions au standard », mais que nenni. Une nouvelle question de Demorand, et « allez , une petite question d’Hélène Jouan, et on vous laisse partir. » Si l’on a choisi de ne pas prendre une dernière question d’auditeur, c’est que celle de la chroniqueuse doit être réellement pertinente : « Est-ce qu’aujourd’hui, votre conviction c’est que Dominique de Villepin sera candidat ? » Merci. Deuxième essai : « Mais, vous sentez qu’il a envie de vous affronter dans cette élection interne ou pas ? » Elle n’aura pas de troisième chance, mais Demorand n’oubliera pas de donner la parole une dernière fois à... Bernard Guetta (« allez »).

 

Que des journalistes remplacent au pied levé les auditeurs et ne leur laissent que la portion congrue a de quoi étonner. A croire que, habituellement, ces derniers sont essentiellement décoratifs... à moins que face à Nicolas Sarkozy, seuls des professionnels ne soient en mesure de poser les bonnes questions. D’ailleurs, Sarkozy, pour conclure, s’est dit « accro » à France Inter et à ses journalistes.

 

Mathias Reymond le 13 octobre 2006

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