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El Meknassia ou lepoète trahi


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Guest fialyne

C'est un texte et une adaptation de la poésie maghrébine, écrit par Kaddour El Allami.

Mais où vont donc les valeurs,

 

Où meurent-elles ?

 

Quand le ciel unit les êtres d'amitié,

Dans l'absence, l'un devient l'autre,

L'élève si haut et si bien,

Ne permettant son rejet des groupes ;

Preuve d'amitié étant telle,

Qu'elle ne laisse place aux doutes

Se soulevant contre qui ose le rabaisser !

 

Mon cœur ne se chagrinerait pas

Si on ne se jubilait pas de ma défaite !

Aurais-je le courage de m'en aller

Ô mon Dieu, sans me sentir tristement peiné ?

Exilé de mon pays, pourrais-je encore

Le fouler avec les hommes ?

 

C'est à Haouz Bouteiba que j'ai connu la richesse,

Là où les êtres à l'âme pure avaient de la noblesse

Là où en confiance, j’ai tout donné,

Mais à ce désistement, j'ai des regrets

Et mon cœur en est si affligé.

 

Me voici loin de mes proches,

De mes amis, des miens,

Des êtres les plus chers, sans rien

Le cœur meurtri, démuni

Sans biens et sans amis.

 

Serait-il serein celui qui a fait de moi la risée ?

Trouverait-il la paix dans l'inconscience

Celui qui m'a voué à l'égarement et à l'errance ?

 

Refrain :

Honte à vous, ô Maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

 

Loin des miens, j'ai encaissé les coups

Que mes plaintes infinies prirent l'ordre du fou

 

Je sais pourtant, je sais, Ô êtres de mon sang,

Que rien ne m'apaisera pourtant

D'être séparé de mes frères et

De par ma mère, mon père, ma nation où je suis né.

Et la joie que je simulais n'était que tristesse dissimulée.

Ma bouche riait alors que les abysses me gagnaient.

 

De prudence avec mes ennemis,

J'enfouissais mes malheurs sous terre

Tel un nageur dans la mer,

Je lâchais prise pour affronter les abrutis.

 

C'est ainsi que j'ai enduré les aléas de la vie.

Mes forces flanchèrent. Mon silence grandit,

Je devins muet.

 

Je ne pouvais me pardonner.

Me battre, dans ce monde, tant

J’étais l'éphémère que le malheur rongeait

Ainsi qui m'aime, me met parmi les êtres bien-nés,

Et qui me hait, se réjouit avec les méprisants.

 

Voici cette histoire telle un poème

Que l'on raconte aux bohèmes

Composé sur un parchemin,

J'use de l’écriture d'une main

Étrangère, et sans harmonie

Comme une belle citadine de Fès

Qui enlace un vulgaire Gnaoui.

 

Refrain :

Honte à vous, ô Maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

Combien furent-ils à souhaiter ce départ,

A se réjouir de ma présence sans rempart ;

Combien furent-ils à feindre la bienveillance,

La compassion à mon sort,

Les pleurs sur mes épreuves.

Combien furent-ils à me conseiller,

A embellir la perte de mon foyer ;

Combien furent-ils à me railler, à m'accabler

Le jour où je quittai mes amis, mon nid

Pour aussitôt me retrouver sans logis ?

 

Que d'amis m'entouraient courtisant mes biens !

Nuit et jour, chez moi, ils peuplaient mes liens

En ce temps, que de gens relations et amis

Où je tenais toujours ma table bien garnie !

 

Ils ne songeaient qu'à la trahison

Et qu’aux profits tels des poissons

Lesquels, la tête hors de l'eau,

Chassaient les hameçons sous les rôts.

 

Cette blessure m'a révélé la conduite des hommes ;

Quand je fus sans toit, ni argent, ni habit

Quand en rencontrant un ami,

Il se contentait d'un signe au-dessus de l'épaule

Comme s'il ne m'avait jamais adressé la parole !

 

Refrain :

Honte à vous, ô maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

Leurs propos blessent, leurs regards brûlent,

Leurs gestes sont porteurs de malédiction ;

Malheur à celui qui s’absente !

Ils ne cessent de le calomnier ;

Sans prendre de poignards,

Au fil de l'éclair, dépècent sa chair.

Comme des loups, ils hurlent nuit et jour.

Leurs démons opèrent spontanément sans cérémonie.

 

Cette blessure m'a révélé la conduite des hommes ;

Malheur à celui dont la poche s'est vidé !

Mais mieux vaut s’accompagner d’un sou en cuivre

Que de chercher la présence de certaines gens.

 

Refrain :

Honte à vous, ô Maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

Où sont mes compagnons,

Mes innombrables camarades ?

Où sont mes intimes ?

Où sont mes amis ?

Je n'ai vu aucun d'eux à l'heure des peines.

Ils se voilent la face,

Ils se cachent délibérément

Sans égard pour mes bienfaits,

Sans se souvenir de mes bontés,

Comme si j'étais un piètre étranger ;

Les uns ne m'ont plus jamais parlé,

Les autres ne cessaient de me toiser ;

C'est ainsi que des hommes vils

Me rappelaient ma situation.

 

Comment oublier mes épreuves

Dans les ruelles de Meknès ?

Isolé, mes nuits et mes ennuis

Passés dans des caves de minotiers ?

Dans les marchés sordides,

Les échoppes finirent par me rejeter

Ainsi que les chambres, les auberges

Et même les nattes.

Que de nuits j'ai veillé le sommeil de mes amis !

Et me voilà assis à la porte des tailleurs !

Ma vue rehausse à leurs réunions,

Qu'ils prolongent en m'accablant

De reproches et de vilénies.

Mieux vaut dormir sans dîner

Que de partager un repas contrariant.

Plutôt la misère et l'exil

Que l’amitié des malveillants.

 

Refrain :

Honte à vous, ô Maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

Où sont mes amis que je croyais respectables,

Me protéger tels des capables

Si je devais alors les solliciter ?

Ils se mirent à me dénier,

A m'insulter avec des paroles

Plus douloureuses que des piqûres d'aiguilles.

J'ai enseveli mon malheur

Dans la mélancolie de mon cœur,

Je me suis soumis aux lois du Destin.

Ma liberté, ma dignité, mon honneur

Ne se trouvent que sous mon toit.

 

Dieu soit Miséricordieux aux maîtres glorieux,

Aux patriarches qui ont transmis

Tous les enseignements de l'au-delà.

Les moments difficiles révèlent

La nature de l'homme ici bas.

L'ami d'hier peut devenir un ennemi certain.

Qui sait écouter ces hommes illustres,

Son malheur s'effacera

Et ses colères s'éteindront.

Il en tirera un bien,

Des mois et des années durant...

 

Malheur à qui construit sa muraille sans fondation !

Malheur à qui se mêle au combat sans épée !

Malheur à qui prend la mer sans capitaine !

Malheur à qui escalade les cimes sans cordée !

 

Refrain :

Honte à vous, ô Maîtres de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

Me voilà déçu par mes amis,

Que d'envieux ont aimé mon malheur !

Merci à Dieu d'avoir su ma part de bien.

Lui, Le Généreux a changé ma peine.

Il m'a donné dans cette vie,

Récompense et gratification,

A mes ennemis, a infligé

Jugement et châtiment.

 

Seras-tu en paix, toi que l'épée d'Azrail (Gabriel) attend

Le tombeau et le Royaume,

Le Jour du Jugement Dernier ?

Peux-tu t'élever, toi qui vis dans la médiocrité ?

Toi dont l'âme te murmure que tu es le meilleur ?

A la moindre atteinte, tu t'effondres,

Ô fils d'Adam, si riche sois-tu,

Tu seras porté dans un cercueil.

En ce monde, tu as été créé de terre ;

Tu finiras dans la tombe, homme injuste !

Regarde ce que recouvrent tes habits,

Toi qui es plein d'impuretés.

Ah, si le vêtement ne dissimulait pas tes erreurs !

 

 

Ainsi l'auteur Qaddour El Alami,

Sage et bon vous dit :

"Vous, Hommes avisés, craignez Dieu,

Sinon vous le regretterez''.

J'ai obéi docilement aux enseignements

Écouté les maîtres et les cheikhs.

Seul, Le Seigneur, Le Tout Puissant

Connaît le fond des cœurs.

Je suis sage et instruit

Grâce aux savants sagaces

Je suis considéré, cultivé

J'ai appris de mon éminent maître.

Ainsi suivant les prescriptions divines

J'ai vécu dans la sérénité.

J'ai loué et remercié mon Dieu,

Dispensateur de toutes les grâces.

 

Texte adapté par Fialyne Olivès

 

http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre41138.html

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  • 4 months later...

 

 

 

 

 

 

Refrain :

Honte à vous, ô gens de Meknès !

Vous croyant hommes vertueux,

Ma demeure était sous votre protection.

Ma confiance aux hommes,

Voilà la raison de ma ruine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

bonjour...

merci fyaline pour le partage et la traduction de la celebre meknassia de sidi kaddour el alami el meknassi...

neanmoins j'ai une petite remarque sur le terme "gens" utilisé dans la traduction...la version arabe dit:"rjal meknes" et rjal meknes et ça voudrait dire:"saints de meknes" ou "patrons de la ville de meknes"...et c'est connu chez les gens du maghreb qu'ils croient que chaque ville a son saint ou ses saints....

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Guest fialyne
bonjour...

merci fyaline pour le partage et la traduction de la celebre meknassia de sidi kaddour el alami el meknassi...

neanmoins j'ai une petite remarque sur le terme "gens" utilisé dans la traduction...la version arabe dit:"rjal meknes" et rjal meknes et ça voudrait dire:"saints de meknes" ou "patrons de la ville de meknes"...et c'est connu chez les gens du maghreb qu'ils croient que chaque ville a son saint ou ses saints....

 

Bonjour Rumi

Merci Rumi de l'information. Je vais essayer de reformuler cela très bientôt afin que l'interprétation soit plus juste.

Saha f'tourek.

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Bonjour Rumi

Merci Rumi de l'information. Je vais essayer de reformuler cela très bientôt afin que l'interprétation soit plus juste.

Saha f'tourek.

y'sellmek fyaline...c'est un plaisir de te lire...:)

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Grâce à el Anka, j'apprend cette Qsida par coeur.

Maintenant est ce que cette qsida est une histoire vraie ou juste un roman poétique? qu'est ce qu'ont fait Rdjel Mekness?

histoire vraie....

il parle aux saints de meknes et les blâme avec amour...

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Guest fialyne
bonjour...

merci fyaline pour le partage et la traduction de la celebre meknassia de sidi kaddour el alami el meknassi...

neanmoins j'ai une petite remarque sur le terme "gens" utilisé dans la traduction...la version arabe dit:"rjal meknes" et rjal meknes et ça voudrait dire:"saints de meknes" ou "patrons de la ville de meknes"...et c'est connu chez les gens du maghreb qu'ils croient que chaque ville a son saint ou ses saints....

 

Je pense alors que R'jal ici, signifie Les maîtres ou tout simplement les hommes pour diférencier le sens de sieurs. C'était les seigneurs de la ville.

J'ai opté pour maître pour ne pas toucher le côté religieux.

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Guest fialyne
Pourquoi, qu'est ce qu'ils ont fait?

 

Bonjour Smiley

Il le raconte dans ces strophes ;

C'est à Haouz Bouteiba que j'ai connu la richesse,

Là où les êtres à l'âme pure avaient de la noblesse

Là où en confiance, j’ai tout donné,

Mais à ce désistement, j'ai des regrets

Et mon cœur en est si affligé.

 

Me voici loin de mes proches,

De mes amis, des miens,

Des êtres les plus chers, sans rien

Le cœur meurtri, démuni

Sans biens et sans amis.

 

Les maîtres de Bouteiba avaient promis de prendre l'auteur en charge s'il venait à céder ses biens quelque soit la raison et ayant fait une mauvaise affaire, il se retrouva sans rien et sans aide, un sdf. Tous les notables du coin lui tournèrent le dos.

Il traite ici de la trahison comme on dit ici El kelma hya rass el mel.

La parole d'un homme est son capital, son honneur.

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Guest fialyne
J'adore cette Qsida mon père me la chantait et me la chante encore aujourd'hui . C'est une belle histoire et les mots sont juste sublimes . :) Merci Fialyne

 

Merci à vous Missy. Je comprends votre père en plus ce type de chanson était très apprécié par les hommes dans les mariages. Au delà des chansons rythmées destinées à la danse, les invités les plus ou moins agés se laissaient emporter par les récits tels que Elmeknassia. Cela les détendait, des soirées familiales animées et tellement agréables qui duraient jusqu'au matin ! Les femmes écoutaient et appréciaient derrières les rideaux et quand touchées par une strophe ou une autre, elles poussaient des youyous qui retentissaient dans la nuit. Tout le quartier en profitait, la fête au village.

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