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USA: De la misère en milieu étudiant.


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Heureusement qu'en Algérie les études à l'Université et que l'Etat subventionne cité U, restaurant U, bourses et parfois pré-salaires.

De la misère en milieu étudiant

LE MONDE | 26.03.2013 Sylvain Cypel

 

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L'ensemble des prêts étudiants a représenté l'an dernier plus de 1 000 milliards de dollars, soit une moyenne de 25 000 dollars par étudiant. Ici, la remise des diplômes à l'université de Columbia, à New York.

 

Lettre de Wall Street. Les parents de Margot sont suffisamment aisés pour lui avoir payé quatre années de college (premier cycle) à l'université huppée de Columbia, à New York. Licenciée en économie et mathématiques en mai 2010, la jeune femme raconte un parcours où la désillusion a crû au fil d'une recherche d'emploi éprouvante. Elle visait un travail dans le business development, un métier supposé porteur pour les jeunes diplômés, à la croisée du commercial et de l'innovation.

Elle a frappé aux portes des banques et des start-up, n'a trouvé que des stages à 600 dollars par mois (465 euros). Un an et demi à vivre "surtout de baby-sitting, de cours privés donnés à des lycéens". Columbia, c'est l'Ivy League, la crème universitaire américaine. Brusquement, cela est devenu un désavantage : "Les employeurs pensent que vous allez coûter trop cher, ou que vous ne vous accommoderez pas longtemps d'un bas salaire." Autre problème, "les postes proposés sont plus mal payés qu'avant et des chômeurs avec trois à cinq ans d'expérience professionnelle candidatent. Avec mon seul diplôme, je n'avais aucune chance".

 

Banal chez un jeune Français, ce discours est neuf aux Etats-Unis, où le chômage des jeunes était quasi inconnu avant la crise. Lasse de naviguer entre inactivité et petits boulots, Margot a fini par travailler avec sa mère, agent immobilier. Laquelle dit ceci : "Payer 200 000 dollars [155 000 euros] pour qu'à la sortie un enfant diplômé ne trouve pas de travail, ou un travail à 30 000 dollars par an, économiquement, cela n'a pas de sens." L'Amérique découvre le chômage structurel des jeunes, et des jeunes diplômés en particulier. Ces phénomènes - précarité, bas salaires pour des emplois sous-qualifiés... - font l'objet d'une préoccupation croissante aux Etats-Unis. Dans tel grand cabinet d'avocats d'Atlanta, la jeune femme distribuant le courrier est licenciée en droit et la réceptionniste diplômée en management, racontait récemment le New York Times, dans une enquête intitulée "Pour classer des dossiers, il faut maintenant avoir une licence".

 

A Atlanta (Géorgie), 39 % des offres d'emploi de secrétaire ou d'assistant administratif requièrent un diplôme universitaire... Le comble est que celui-ci devient de plus en plus coûteux. Le magazine phare du courant libertarien, Reason ("Raison") - devise : "Esprits libres, marchés libres" -, publie dans sa livraison d'avril un comparatif instructif : sur les trente-cinq dernières années, les frais d'inscription universitaires de premier cycle ont connu une hausse (record américain incontesté) deux fois plus forte que le coût de la santé et sept fois plus que l'accès à la propriété.

 

Ayant pu étudier sans emprunter, Margot estime avoir eu de la chance. Son cas est loin du pire. Elle raconte avoir hébergé une amie, diplômée, sans emploi fixe et tombée dans une grande détresse car incapable d'assumer des remboursements plusieurs fois renégociés. Les études, qui se multiplient sur ce sujet, montrent que les "tuitions" (frais d'inscription universitaires) s'envolent : plus de 20 % dans 25 des 50 Etats américains en cinq ans (+ 54,3 % au Nouveau-Mexique, + 77,5 % en Géorgie) et surtout plus 40 % en moyenne dans les community colleges, le premier cycle en deux ans, voie rapide pour les "petits" diplômes. Parallèlement, les montants des bourses ont lourdement chuté : moins 20 % et plus dans trente Etats. Bref, tarifs en hausse, subventions en baisse, la dette privée des étudiants américains explose ; aux Etats-Unis, un foyer sur cinq est désormais endetté à cause des frais d'éducation.

 

Pour les jeunes diplômés ou leurs familles garantes de leurs emprunts, cet endettement devient un insupportable fléau. "Avant", on quittait l'université avec la quasi-assurance de travailler, donc de rembourser l'emprunt. Aujourd'hui, non seulement le montant des prêts nécessaires grimpe, mais à la sortie l'insolvabilité menace, faute d'emploi. De plus en plus de jeunes rechignent à s'inscrire à l'université, de peur d'enclencher un cycle infernal. Creuset d'un ethos national dans un pays où la diversité règne, premier étage historique de l'ascenseur social, le college américain connaît une crise systémique. Reason titre son dossier : "Pourquoi démolissons-nous le meilleur système d'éducation supérieure au monde ?" Car, dernière ombre au tableau, celui-ci assume de moins en moins bien sa fonction. L'Amérique redeviendra peut-être très bientôt exportatrice nette d'énergie, mais elle devra importer de plus en plus de matière grise : telle est, en forçant à peine le trait, la thèse que défend Bill Gates. Sa hantise : les 30 à 40 institutions académiques américaines prestigieuses (à 55 000 ou 60 000 dollars l'inscription à l'année) continuent d'usiner des Prix Nobel, mais ne parviennent plus à masquer la misère croissante de la masse estudiantine et de son niveau.

 

Le terreau du savoir se délite et, globalement, l'université ne joue plus son rôle de fournisseur de cadres qualifiés, qu'il faut aller chercher ailleurs. Et de conjurer les élites politiques de faire de l'éducation une urgence nationale si elles veulent éviter qu'à terme leur pays perde son "primat technologique". Le problème est connu des universitaires et ne concerne pas que le high-tech.

 

L'Amérique a toujours importé des compétences. Mais aujourd'hui, dans certains laboratoires médicaux, les chercheurs étrangers ou d'origine étrangère représentent 90 % du personnel. Pendant ce temps, enflent dans le pays profond ces propos de parents inquiets pour un avenir socio-économique de leurs enfants moins assuré que ne le fut le leur. Ces propos que l'on croyait réservés au seul Vieux Continent.

 

cypel@lemonde.fr

 

Sylvain Cypel

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Zoubir est un FLNiste pur et dur. Quand on parle de FLNiste, on parle de la mentalité moustachue et du tbel3it. Mais quand ca vient de quelqu'un qui est en France, le cas est plus grave.

 

J'espérais à un moment qu'il soit ironique...

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