Jump to content

Les patrons tunisiens lorgnent vers le marché algérien.


Recommended Posts

La collaboration économique entre nos deux pays peut être intéressante. Mais elle doit être équilibrée.

 

Sources: Les Afriques (non daté).

Libre échange : Tunis met Alger sous pression

 

Un document tunisien portant des listes de produits à exonérer de droits de douanes a mis en émoi les chefs d’entreprise algériens, hantés par le précédent de la signature « sans consultation » de l’accord d’association avec Bruxelles.

 

Par Rafik Sabounji, Alger

 

Le patronat algérien s’inquiète de l’avancée des discussions entre Alger et Tunis au sujet d’un accord partiel de libre échange. Ce qui motive les appréhensions algériennes ? Des propositions tunisiennes qui ouvrent la porte à des applications tarifaires à géométrie variable. La nomenclature des tarifs douaniers pour de nombreux produits proposés « au désarmement » manque de précision dans le document tunisien. « Près du quart porte la mention “autres” » selon un intervenant proche du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE) qui a requis l’anonymat, pour qui « cette vague définition » est sujette à des interprétations « trop élastiques », « les Tunisiens sont pourtant rompus aux négociations multilatérales ». En dehors de la mention « autres » qui garnit la liste des produits proposés à l’exonération des tarifs douaniers de part et d’autres de la frontière, la lettre adressée par Tunis à Alger comprend une gamme de produits jugés sensibles par les opérateurs économiques algériens échaudés par « les obstacles non tarifaires et les règles non écrites » de leurs homologues tunisiens soutenue par une administration forte et organisée.

 

Une asymétrie des deux marchés

Concrètement, les autorités tunisiennes demandent l’exonération des droits de douane sur les produits d’extraction minière (sel, marbre, sable, phosphates, bentonite, kaolin…) en plus des rebuts et déchets. Il n’est qu’exceptionnellement question des produits finis à forte valeur ajoutée. La controverse apparaît immédiatement lorsqu’on apprend, côté opérateurs algériens, que ces produits sont disponibles sur le marché national et qu’il est difficile d’envisager de les importer en exonération de droits de douane.

Les produits industriels également proposés dans liste des « à exonérer » de droits douanes sont également, pour leur grande majorité, produits localement en Algérie. Il s’agit des cuirs, panneaux de particules, lièges , bois contreplaqué, papiers et cartons, ouvrages en plâtre ou en autres matières, ferroalliages, déchets de fonte, fer ou acier, tubes, tuyaux et profilés, engrais, gaz industriels, dérivés d’hydrocarbures, polymères et produits chimiques divers. Certains de ces produits sont exportés mais, là également, les chefs d’entreprises algériennes évoquent « une asymétrie des marchés» ; les exportateurs tunisiens profitant bien plus largement de la taille du marché algérien que l’inverse.

Le même raisonnement est transposé vers la liste des produits agroalimentaires proposés par Tunis au libre échange : margarine, préparations et conserves, sucreries, préparations alimentaires, pâtes alimentaires, produits de biscuiterie, triple concentré de tomate, préparations composées destinées aux industries alimentaires, levures, eaux minérales, vins mousseux, fromages, tomates non cuites ou cuites, piments, graisses et huiles végétales, préparations de fruits, glaces, etc. Tous produits en Algérie.

 

Les patrons algériens souhaitent monnayer l’accès à leur marché

La négociation qui s’amorce entre Tunis et Alger sur un accord partiel de libre échange veut être mise à profit par les chefs d’entreprise algériens pour modifier les conditions draconiennes d’implantation qu’ils disent rencontrer en Tunisie. « Au moment où plus de 60 entreprises tunisiennes sont installées en Algérie, y compris celles qui ont acquis des entreprises publiques (la dernière en date est la filiale Kimial d’Annaba du groupe chimique Asmidal) ; au mieux une vingtaine d’entreprises algériennes sont « tolérées » chez nos voisins de l’est » constate notre interlocuteur. La question de l’établissement des investisseurs algériens en Tunisie est donc jugée comme l’une des clés d’un développement équitable des échanges entre les deux pays. Il est vrai qu’au-delà du point de vue patronal algérien, les autorités politiques n’ont pas beaucoup apprécié l’épisode de la cession partielle du réseau public tunisien de stations services d’AGIL. Naftal, filiale distribution d’hydrocarbures de Sonatrach, aurait, selon eux, fait la meilleure offre de reprise, mais Tunis a fait un autre choix.

 

La question de l’établissement des investisseurs algériens en Tunisie est donc jugée comme l’une des clés d’un

développement équitable des échanges entre les deux pays.

 

Pas de préalables mais « une approche globale »

Pour autant, il n’est pas acquis que les autorités algériennes accèdent au desiderata des chefs d’entreprises, en minant le terrain de la négociation avec la Tunisie de nombreux préalables à tout accord global de libre-échange. L’objectif est de redonner un élan au grand marché maghrébin en hibernation depuis 1994 pour cause de différend algéro-marocain.

Alger compte toutefois s’emparer de l’opportunité de cette négociation pour s’aménager les mêmes accès préférentiels que les autres opérateurs étrangers en Tunisie. On ne comprend pas en effet, côté algérien, que des contrats de prospection pétrolière sur le domaine minier tunisien aient pu échapper systématiquement au groupe Sonatrach au profit de multinationales pétrolières européennes et américaines.

Il sera donc question des possibilités d’acquisition de biens fonciers et immobiliers et d’autres facilités en matière d’établissement, de registre de commerce, de domiciliation. En plus des autorisations diverses, « de normes discriminatoires », les exportateurs algériens disent faire face à une multitude d’entraves en transitant par la Tunisie pour satisfaire les commandes libyennes. S’il est dans la nature de la guerre économique de bloquer la concurrence sur les mêmes produits, il est des attitudes inexplicables pour d’autres productions algériennes inexistantes en Tunisie.

Toutefois les opérateurs algériens redoutent, plus que tout, la signature par leur gouvernement du dit accord, sans large consultation des entreprises nationales. L’accord d’association signé avec l’Union européenne « est vivace dans les mémoires. »

AddThis

Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...