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Thomas Fabius, l'héritier qui cherchait à exister


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Thomas Fabius, l'héritier qui cherchait à exister

LE MONDE | 03.05.2013

 

Thomas Fabius, l'aîné du ministre des affaires étrangères, en 2007, lors de la première du film "Goodbye Bafana".

 

 

 

Thomas Fabius porte des costumes de prix et un nom qui lui a longtemps ouvert les portes. Deux procédures judiciaires ont terni sa réputation et son comportement de flambeur lui a valu d'être interdit de casino. Mais il n'a pas totalement perdu son entregent. Comment aurait-il pu, sinon, acheter un appartement de 280 m2 au cœur de Paris pour quelque 7 millions d'euros, comme l'a révélé Le Point, lui qui ne paye pas d'impôt sur le revenu, et sans que l'administration fiscale ne cherche à en savoir plus ?

 

En 2004, alors qu'il venait de fonder à 23 ans sa première société, "People and Baby", Thomas Fabius assurait à L'Express : "Mon nom est un avantage comparatif. D'abord, il suscite la curiosité de mes clients potentiels et m'ouvre des portes. C'est le bon côté du statut d''enfant de'. Si vous faites quelque chose de votre vie et si vous n'êtes pas totalement antipathique, on parle de vous." Il avait cependant ajouté un codicille : "Le mauvais côté, c'est que je resterai un 'fils de' tant que je ne me serai pas forgé ma propre légitimité."

 

Depuis, ce statut lui a valu une publicité bruyante à chacun de ses faux pas. Et a obligé son père à prendre ses distances avec son aîné. Après la révélation des curieuses conditions d 'achat de cet appartement, dont la valeur excède d'un million le patrimoine que le ministre des affaires étrangères a déclaré, le parquet de Paris a ordonné une enquête préliminaire et Laurent Fabius a dû se justifier. Le ministre a assuré au Monde qu'il n'avait "contribué en aucune façon à l'acquisition de cet appartement". Ni en offrant sa garantie à la banque qui aurait accordé un prêt. Ni par une donation tirée de la fortune familiale constituée par quatre générations de marchands d'art

 

Lire notre enquête sur l'histoire des Fabius dans M, le magazine.

 

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a dû à son tour rappeler jeudi 2 mai que "cette affaire concerne M. Fabius, prénom Thomas, qui n'est pas membre du gouvernement. Il est important de ne pas tout mélanger."

 

ETONNANTE LÉGÈRETÉ AVEC L'ARGENT

Rien, cependant, n'explique les conditions d'achat de cet appartement dont le prix semble, "nettement surévalué", affirme Le Point, alors que Thomas Fabius a toujours fait preuve d'une étonnante légèreté avec l'argent. Né en 1981, à l'arrivée de la gauche au pouvoir, il n'a d'abord connu que le milieu aisé et cultivé de ses parents, Laurent Fabius et Françoise Castro, productrice de films.

 

Bachelier à 16 ans, il prépare HEC avant d'abandonner. A la demande de son père, Jean-Marc Espalioux, le président du directoire d'Accor, l'embauche en 2001. Il a tout juste 20 ans. "Il n'a pas laissé le souvenir d'un très grand bosseur, mais il était inventif et sociable", dit-on chez Accor. Il devient tout de même directeur adjoint du Novotel des Halles, à Paris, mais part au bout de trois ans voler de ses propres ailes.

 

En 2004, Thomas Fabius fonde donc People and Baby, destinée à aider les entreprises à créer des crèches pour leurs salariés. Mais la société n'a pas suffisamment de clients pour survivre. Très vite, les photographes saisissent le jeune PDG dans les fêtes parisiennes, au Fouquet's, au festival de cinéma de Deauville ou dans les tribunes de Roland-Garros, où il s'affiche avec des mannequins qui le dépassent d'une tête. Il s'est mis à jouer assidûment au poker et à fréquenter les cercles de jeux à Monaco. Un soir de réveillon, il a gagné 3 millions d'euros au casino de Monte Carlo et laissé 20 000 euros de pourboire aux croupiers, raconte un proche.

 

PLEIN DE BAGOUT

 

Au fond, cet héritier à la fois fragile et plein de bagout cherche un moyen de plaire, de s'enrichir et d'exister. La télé-réalité a cru pouvoir décrocher ce fils d'ancien premier ministre pour l'émission "Je suis une célébrité, sortez-moi de là". "J'avais donné mon accord de principe, dira-t-il au Parisien. Mais j'ai finalement été surchargé de travail." Un temps chroniqueur au côté de Benjamin Castaldi, dans "Langue de VIP", sur TF1, il opte finalement pour les affaires.

 

En 2009, un ancien diplomate, Patrick Ulanowska, patron d'Unipay's, qui développe un système de cartes de paiement à puce pour l'Afrique, lui propose une association. Le nom de Fabius ouvrira, pense-t-il, d'autres portes. Et, en effet, le Crédit agricole, comme le multimillionnaire Tony Murray, roi des extincteurs, envisagent une participation avant de renoncer. En attendant, Thomas Fabius et Patrick Ulanowska mènent grand train sur le dos d'Ali Hamidi, un petit entrepreneur qui finira par porter plainte.

 

Thomas Fabius a reconnu en juin 2011, et sur le conseil de son père, avoir "détourné des fonds à hauteur de 90 000 euros" lors d'une procédure de plaider coupable qui lui permet de négocier sa peine (15 000 euros d'amende dont 10 000 avec sursis) sans inscription au casier. Depuis, le trentenaire a conservé sa société TF Conseils, censée faire de l'intermédiation. Mais l'affaire tourne au ralenti. Pourquoi, alors, prendre le risque d'éveiller les soupçons en achetant un appartement aussi spectaculairement au-dessus de ses moyens déclarés ?

 

Raphaëlle Bacqué

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