Algérie: supprimer l’indication de l’année sur les plaques d’immatriculation.

[Zoubir8 174]

Hichem Baba Ahmed. Spécialiste en marketing

«Il faut supprimer l’indication de l’année mentionnée sur les plaques d’immatriculation»

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le 17.06.13 El Watan

 

Hichem Baba Ahmed, enseignant à l’Ecole des hautes études commerciales (ex-INC) d’Alger, s’intéresse au marché de l’automobile. Ce spécialiste en marketing et en intelligence économique propose une solution pour réduire, selon lui, de 30% l’importation de véhicules.

-Vous venez de faire une étude sur le parc automobile algérien et vous concluez par la proposition d’enlever l’indication de l’année sur les plaques d’immatriculation. Pourquoi ?

 

J’ai effectué, il y a quelques mois, un sondage ciblant 1400 individus, appartenant à la classe moyenne, véhiculés, et habitant l’Algérois, l’est et l’ouest du pays. Cela pour voir si réellement l’année de mise en circulation du véhicule avait un rapport avec les ventes. Cette étude a démontré que 30% des sondés ont vendu leur véhicule, qu’ils jugent anciens, pour en avoir un autre nouvellement acquis de la maison, alors qu’il n’y avait pas réellement nécessité de le faire puisque leur véhicule était en bon état. Cela booste donc l’importation des véhicules et constitue un surplus d’automobiles sur nos routes. En Europe, par exemple, lorsque quelqu’un veut vendre son véhicule, c’est parce qu’il veut être à jour avec le modèle et non pas avec l’année de la mise en circulation. Puis, en Europe, il y a la casse auto qui élimine les anciennes voitures. Chez nous, le parc auto est déjà saturé par les anciens véhicules, ajouté à cela l’importation sans limite de nouveaux véhicules.

 

-Quelle est la perception de l’acheteur algérien par rapport à un véhicule ?

 

Comme je l’ai dit, la perception de l’acheteur ou du vendeur d’une voiture, chez nous, est fortement liée à l’année d’immatriculation. On veut juste montrer aux autres qu’on possède un véhicule considéré comme neuf. Un véhicule neuf peut l’être même s’il a plus de cinq ans. Avant tout, c’est une histoire de kilométrage et d’état de la carrosserie. Mais la visibilité de l’année de l’immatriculation sur les véhicules influe considérablement sur la perception de l’Algérien par rapport à un véhicule donné. C’est pour cette raison, je pense, que l’année sur le matricule n’est pas mentionnée dans plusieurs pays du monde.

 

-Quel est le but de votre étude ?

 

Le but de mon étude est de sensibiliser les automobilistes et les pouvoirs publics, pourquoi pas, que l’année mentionnée sur une l’immatriculation automobile ne veut rien dire finalement. Une voiture ne se démode pas selon l’année, mais selon le modèle. Si on enlève l’année du matricule, on importera sûrement moins de véhicules, comme cela a été prouvé par mon étude. L’Etat fera des économies d’argent et évitera des dépenses inutiles. Aussi, on minimisera le flux inquiétant de véhicules sur nos routes. L’argent destiné à l’importation des véhicules appartient aux Algériens et il serait plus intéressant de l’investir dans des créneaux créateurs de richesse. Et puis, comme vous le savez, officiellement on veut réduire l’importation de véhicules et mon étude répond aussi à ce souci.

Mohamed Benzerga