Barberousse 10 Posted June 24, 2013 Partager Posted June 24, 2013 En prononçant lundi une sentence de sept ans de réclusion et l'interdiction à vie d'exercer un mandat public, la cour de Milan a déclaré Silvio Berlusconi coupable sur toute la ligne. Les magistrats sont même allés au-delà du réquisitoire du ministère public qui avait demandé une peine de six ans. Dans sa première réaction après l'annonce de la sentence, Silvio Berlusconi a fustigé "un verdict violent" et déclaré qu'il "résisterai[t] à la persécution". "Je suis absolument innocent", a affirmé le Cavaliere, annonçant qu'il faisait appel de sa condamnation. La cour devait se prononcer sur deux délits. Le Cavaliere était accusé d'avoir eu des relations sexuelles tarifées avec Karima Al Mahroug, alias "Ruby" alors que cette dernière n'avait pas encore 18 ans. Durant le procès, Berlusconi a démenti avoir eu des relations sexuelles avec la jeune femme et affirmé ignorer qu'elle était mineure quand elle a commencé à fréquenter les soirées organisées à son domicile. Mais l'accusation a démontré que Ruby, dont la prostitution était notoire à Milan, était restée dormir plusieurs fois chez Berlusconi et que ce dernier lui a donné plusieurs dizaines de milliers d'euros. Enfin, si Ruby a nié avoir couché avec le Cavaliere, le ministère public a fait valoir des écoutes téléphoniques au cours desquelles la jeune Marocaine et les autres femmes invitées à participer aux "bunga-bunga" décrivaient avec force détails les orgies du président du Conseil. L'autre versant du procès concernait la fameuse nuit durant laquelle Ruby a été arrêtée pour vol par la police de Milan. Prévenu par une prostituée brésilienne - dont on ignore encore comment elle avait le numéro du portable de Berlusconi -, le président du Conseil avait téléphoné sept fois dans la nuit au commissariat. Affirmant que la jeune femme était la nièce du président Moubarak, il avait demandé qu'elle soit libérée pour éviter un incident diplomatique entre Rome et Le Caire. En condamnant Berlusconi pour "concussion avec constriction", les magistrats ont estimé qu'il avait abusé de sa position de président du Conseil pour exiger la libération de Ruby contre l'avis du juge pour mineurs en fonction ce soir-là. Appelé à se prononcer sur l'épisode, le Parlement italien avait cautionné la version du Cavaliere. "Coup d'État" Les magistrats, eux, n'y ont pas cru. Comme ils n'ont pas cru les jeunes femmes qui ont participé aux "bunga-bunga" et ont témoigné en faveur de Berlusconi. Encore logées et financièrement soutenues par le Cavaliere, elles risquent un procès pour faux témoignage. Berlusconi n'a toutefois été condamné hier qu'en première instance. Avant le jugement en appel et en cassation, il est innocent au regard de la loi. Reste que la sentence a immédiatement fait le tour du monde et elle couvre de honte l'ancien président du Conseil italien. En outre, il est en attente d'ici la fin de l'année d'une sentence définitive dans un autre procès qui pourrait le priver de son éligibilité. Si des responsables du Peuple de la liberté (PDL) ont dénoncé "un coup d'État" et "une justice morte", la ligne officielle du PDL consiste à dissocier le sort du gouvernement des casseroles judiciaires de leur leader. Mais Berlusconi se sent trahi par le gouvernement et par le président de la République. Pour avoir permis la naissance de l'exécutif Letta, il espérait être nommé sénateur à vie et bénéficier ainsi d'un sauf-conduit judiciaire. Bien que ces hommes soient au gouvernement, il a donc commencé à attaquer l'exécutif sur l'économie. Il peut ainsi retirer sa confiance au gouvernement Letta à tout moment. Silvio Berlusconi ne quittera pas la scène politique sans réagir. Dominique Dunglas | Le Point Citer Link to post Share on other sites
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