MedVal 10 Posted June 13, 2008 Partager Posted June 13, 2008 Depuis quelques années, «l’Occident», après l’accalmie de la période post-décolonisation, s’invente de nouveau un ennemi. Par-delà les altercations et les divergences entre les deux rives de la Méditerranée, durant quinze siècles la cohabitation était une réalité. La situation aujourd’hui est inadmissible. Jamais l’ignorance, les anathèmes, voire la haine n’ont atteint un tel degré, alors que tout devrait amener les uns et les autres à négocier, dialoguer et réguler les conflits avec raison. Il est urgent de déconstruire le regard que chacun porte sur l’autre. Depuis quelques années, «l’Occident», après l’accalmie de la période post-décolonisation, s’invente de nouveau un ennemi, pratique la loi du plus fort et paradoxalement se fait «peur». Forme inédite de ressentiment à l’égard du dernier monothéisme qui rappelle aux précédents un certain nombre de vérités, d’exigences, de valeurs spirituelles oubliées dont il est temps de faire l’inventaire en termes de droits communs pour l’humanité face aux périls de la marchandisation du monde. «L’Orient» réagit par la «colère» sourde ou directe. Peur et colère, deux mauvaises conseillères. Est-ce pour l’Occident la remise en cause des valeurs modernes et libérales, qui s’éprouvent en impasse dans le village planétaire? Et comme le remarquent des intellectuels européens vigilants, «le ressentiment d’anciens empires coloniaux drapés dans leur arrogance, qui commencent à prendre conscience de leurs limites?» Est-ce pour l’Orient la rupture entre foi et raison, le suivisme aveugle ou les replis obscurs qui démontrent le degré de la décadence? Dans ce contexte, la vivacité spirituelle des musulmans, surtout si elle dévie et instrumentalise la religion, effraie l’Europe dont les paradigmes s’essoufflent, et inquiète les USA dont les valeurs se crispent. Diversion aux problèmes politiques Pour faire diversion aux graves problèmes politiques qui secouent le monde, comme l’aggravation des inégalités, les guerres et la destruction de la nature, certains après la fin de «la guerre froide» s’inventent un nouvel ennemi et pratiquent la politique du deux poids, deux mesures. Le 11 septembre 2001 a donné une occasion en or à la théorie fumeuse du choc des civilisations et à l’obsession sécuritaire. Ce n’est pas un hasard que dès 2002 on évoque un soi-disant antisémitisme au sein des milieux issus de l’immigration maghrébine, que l’on diabolise. Nous sommes dans la phase de la seconde Intifada. Tout concourt à faire de l’Islam le coupable idéal, l’ennemi de l’Occident et par là, empêcher l’opinion publique internationale de soutenir la Résistance palestinienne et de s’intéresser à l’Islam, en tant que culture de la fraternité. C’est, précisent des intellectuels juifs engagés pour le vivre ensemble «l’entrée dans l’ère du soupçon. Le "choc des civilisations" se transforme en argument imparable dans certains cercles». Dans ce climat de chasse aux sorcières, des médias et politiciens, en termes de fonds de commerce ou de campagne électorale, agitent les vieux fantômes de la peur et de la soi-disant islamisation rampante pour les uns, et de l’occidentalisation perverse pour les autres. Eclate alors l’affaire des caricatures, une provocation grossière et vulgaire. Les manipulations par des régimes de la colère des musulmans, apportent de l’eau aux moulins des xénophobes, dont les idées se banalisent. L’invasion brutale de l’Irak, l’exacerbation des discriminations que subissent les migrants dans les quartiers défavorisés en Europe, l’affaire de la loi interdisant le foulard dans les écoles en France, l’agression du Liban, et les actions coloniales continues qui spolient, nient et répriment les Palestiniens, et les poussent aux actes désespérés et suicidaires, illustrent la tragédie. La censure s’abat sur ceux qui osent rendre compte des faits et tentent d’expliquer la réalité politique. C’est seulement aux pyromanes islamophobes et va-t-en-guerre que la parole est octroyée. La liberté d’expression est défendue lorsque les musulmans sont stigmatisés. Des médias satellitaires arabes ne sont pas en reste; ils accentuent le sentiment de victimisation et préfèrent aussi donner la priorité aux images et aux messages «huile sur le feu». Comme les loups, les réactionnaires crient plus fort que les personnes sages. Ces derniers savent que la sécularité, la liberté et le sens de l’ouvert sont des valeurs abrahamiques, quoique certains en disent. Ils tentent par le dialogue de parvenir à une parole commune et font la différence entre résistance légitime et atteinte aux droits humains. La démocratie est affaiblie dans le monde occidental et la bonne gouvernance est faible dans le monde arabe incapable de faire face à ces défis. Plus la démocratie faiblit, moins elle tolère la critique. Paradoxalement, plus les défis se compliquent et le besoin de changement se fait sentir en rive Sud, plus les pouvoirs se paralysent et ferment le jeu, au risque de pousser au pire. Dans le monde, les extrémistes des deux camps, souvent manipulés, finissent par imposer un faux théâtre d’opérations, de faux dilemmes fondés sur l’idée folle de confrontation permanente et prennent en otages des valeurs universelles pour les défigurer, les uns la «liberté», les autres la «dignité». Ils font feu de tout bois. Le dernier exemple en date du délire islamophobe, lié à des préjugés haineux sur l’Islam: l’annulation volontaire en France d’un mariage d’un couple de confession musulmane. La raison invoquée est que l’épouse a menti, contrairement à ce qu’elle avait affirmé avant son mariage, elle n’était pas vierge. Divorcer est un droit, mais la démarche du mari est infantile, aucune raison de procéder ainsi pour rompre. Cela a eu pour effet négatif de mettre sur la place publique l’intimité de sa conjointe. Il a donné prétexte à nombre de voix de crier au scandale, qui feignent d’oublier que le fondement de la décision de justice est le mensonge, l’abus de confiance. Ils se focalisent sur la seule question de la virginité, liée à la vie privée. Dans toute l’Europe, les islamophobes et autres féministes en mal de sensation s’emparent de l’affaire pour de nouveau distiller leur venin. Cette histoire lève le voile sur le mensonge et l’hypocrisie. Dans cette affaire, ce n’est pas seulement de l’islamophobie, mais aussi de la religiophobie, car l’appartenance religieuse de l’individu pose problème à la société européenne. Il est croyant et lui donner raison dans ce type de revendication, ce serait admettre que les principes de conviction peuvent être légitimes au regard de la loi. Les politiques ont multiplié les déclarations pour un «Islam d’Europe», pour que le troisième rameau monothéiste ne soit pas stigmatisé. Alors, pourquoi ces campagnes et remises en cause? Ce jugement donne pourtant, un moyen de démontrer que être musulman n’est pas en contradiction avec les lois de la République. Il montre la possibilité d’une cohabitation possible et pacifique. Prenant prétexte des actions des extrémistes politico-religieux, qu’ils amplifient à dessein, les islamophobes cultivent l’amalgame et suscitent la peur de l’Islam et de ses valeurs abrahamiques. On piétine la liberté de ce jeune homme maladroit, lui déniant le droit de déterminer les qualités qu’il souhaite trouver chez une épouse. Le magistrat a eu la probité d’appliquer la loi, en dehors de toute considération. Les propagandistes de la géométrie variable sont prêts à changer la loi, pour prouver qu’ils ont raison d’avoir peur de l’autre. SUITE .................. Citer Link to post Share on other sites
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