Water White 10 Posted August 9, 2013 Partager Posted August 9, 2013 [YOUTUBE]p_27tmq1hs0[/YOUTUBE] Citer Link to post Share on other sites
Jonquille 10 Posted August 9, 2013 Partager Posted August 9, 2013 Ici, sur les pentes des collines, face au couchant Et à la béance du temps, Près des vergers à l’ombre coupée, Tels les prisonniers, Tels les chômeurs, Nous cultivons l’espoir Extrait de Etat de siège, Citer Link to post Share on other sites
Guest tayiba Posted July 8, 2014 Partager Posted July 8, 2014 A ma mère je me languis du pain de ma mère du café de ma mère des caresses de ma mère jour après jour l’enfance grandit en moi j’aime mon âge car si je meurs j’aurai honte des larmes de ma mère si je reviens mets-moi ainsi qu’une brassée de bois dans ton four fais de moi une corde à linge sur la terrasse de ta maison car je ne peux plus me lever quand tu ne fais pas ta prière du jour j’ai vieilli rends-moi la constellation de l’enfance que je puisse emprunter avec les petits oiseaux la voie du retour au nid de ton attente Citer Link to post Share on other sites
Guest tayiba Posted July 8, 2014 Partager Posted July 8, 2014 « Adieu à ce qui adviendra » « Adieu à ce qui adviendra sous peu… adieu, Adieu à ce qu’apporteront les lieux. Ma nuit s’est confondue dans la nuit, mon sable dans le sable et mon coeur n’est plus bien public. Adieu à celle que j’aurai pour pays, à celle qui sera ma perdition. Je saurai comment je rêverai bientôt et comment rêver dans un an. Je saurai ce qui adviendra dans la danse de l’épée et du lis, Comment le masque m’ôtera le masque. Dois-je voler ma vie pour vivre d’autres minutes, quelques minutes entre labyrinthes et minaret. Citer Link to post Share on other sites
Guest tayiba Posted July 8, 2014 Partager Posted July 8, 2014 Inscris Inscris ! Je suis Arabe Le numéro de ma carte : cinquante mille Nombre d’enfants : huit Et le neuvième… arrivera après l’été ! Et te voilà furieux ! Inscris ! Je suis Arabe Je travaille à la carrière avec mes compagnons de peine Et j’ai huit bambins Leur galette de pain Les vêtements, leur cahier d’écolier Je les tire des rochers… Oh ! je n’irai pas quémander l’aumône à ta porte Je ne me fais pas tout petit au porche de ton palais Et te voilà furieux ! Inscris ! Je suis Arabe Sans nom de famille - je suis mon prénom « Patient infiniment » dans un pays où tous Vivent sur les braises de la Colère Mes racines… Avant la naissance du temps elles prirent pied Avant l’effusion de la durée Avant le cyprès et l’olivier …avant l’éclosion de l’herbe Mon père… est d’une famille de laboureurs N’a rien avec messieurs les notables Mon grand-père était paysan - être Sans valeur - ni ascendance. Ma maison, une hutte de gardien En troncs et en roseaux Voilà qui je suis - cela te plaît-il ? Sans nom de famille, je ne suis que mon prénom. Inscris ! Je suis Arabe Mes cheveux… couleur du charbon Mes yeux… couleur de café Signes particuliers : Sur la tête un kefiyyé avec son cordon bien serré Et ma paume est dure comme une pierre …elle écorche celui qui la serre La nourriture que je préfère c’est L’huile d’olive et le thym Mon adresse : Je suis d’un village isolé… Où les rues n’ont plus de noms Et tous les hommes… à la carrière comme au champ Aiment bien le communisme Inscris ! Je suis Arabe Et te voilà furieux ! Inscris Que je suis Arabe Que tu as rafflé les vignes de mes pères Et la terre que je cultivais Moi et mes enfants ensemble Tu nous as tout pris hormis Pour la survie de mes petits-fils Les rochers que voici Mais votre gouvernement va les saisir aussi …à ce que l’on dit ! DONC Inscris ! En tête du premier feuillet Que je n’ai pas de haine pour les hommes Que je n’assaille personne mais que Si j’ai faim Je mange la chair de mon Usurpateur Gare ! Gare ! Gare À ma fureur ! Mahmoud Darwich - Rameaux d’olivier - 1964 Citer Link to post Share on other sites
Guest tayiba Posted July 8, 2014 Partager Posted July 8, 2014 Passants parmi des paroles passagères 1. Vous qui passez parmi les paroles passagères portez vos noms et partez Retirez vos heures de notre temps, partez Extorquez ce que vous voulez du bleu du ciel et du sable de la mémoire Prenez les photos que vous voulez, pour savoir que vous ne saurez pas comment les pierres de notre terre bâtissent le toit du ciel 2. Vous qui passez parmi les paroles passagères Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair vous fournissez un autre char, nous fournissons les pierres vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie Mais le ciel et l’air sont les mêmes pour vous et pour nous Alors prenez votre lot de notre sang, et partez allez dîner, festoyer et danser, puis partez A nous de garder les roses des martyrs à nous de vivre comme nous le voulons. 3. Vous qui passez parmi les paroles passagères comme la poussière amère, passez où vous voulez mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants Nous avons à faire dans notre terre nous avons à cultiver le blé à l’abreuver de la rosée de nos corps Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici pierres et perdrix Alors, portez le passé, si vous le voulez au marché des antiquités et restituez le squelette à la huppe sur un plateau de porcelaine Nous avons ce qui ne vous agrée pas nous avons l’avenir et nous avons à faire dans notre pays 4. Vous qui passez parmi les paroles passagères entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or ou au battement musical du revolver Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez Nous avons ce qui n’est pas à vous : une patrie qui saigne, un peuple qui saigne une patrie utile à l’oubli et au souvenir 5. Vous qui passez parmi les paroles passagères il est temps que vous partiez et que vous vous fixiez où bon vous semble mais ne vous fixez pas parmi nous Il est temps que vous partiez que vous mouriez où bon vous semble mais ne mourez pas parmi nous Nous avons à faire dans notre terre ici, nous avons le passé la voix inaugurale de la vie et nous y avons le présent, le présent et l’avenir nous y avons l’ici-bas et l’au-delà Alors, sortez de notre terre de notre terre ferme, de notre mer de notre blé, de notre sel, de notre blessure de toute chose, sortez des souvenirs de la mémoire ô vous qui passez parmi les paroles passagères Citer Link to post Share on other sites
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