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Algérie : une colline rocailleuse transformée en « cité idéale »


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Au début, c’était une utopie. Personne n’y croyait réellement. Qui aurait pu croire qu’une colline rocailleuse pouvait se transformer en « une cité idéale » ? Une cité qui reflète parfaitement l’héritage culturel et architectural d’une région millénaire ? Une cité qui propose un environnement rationnel de l’habitat en impliquant les institutions sociales traditionnelles ?

Making of

Notre partenaire Algérie-***** a fait le tour de l’Algérie cet été, en douze étapes, à la rencontre de la société algérienne. Rue89

 

A Ghardaïa, le projet d’une nouvelle ville où la modernité et l’authenticité se mélangent harmonieusement semblait utopique au regard de sa complexité et de son caractère avant-gardiste. Cette nouvelle ville a bel et bien vu le jour. Son nom : Tafilelt.

 

Tout a commencé lorsqu’un homme a cru en son rêve. Le rêve d’offrir enfin une alternative à la crise du logement qui frappe durement toute la vallée du M’zab. Une crise si aiguë qu’elle martyrise toute la jeunesse de Ghardaïa et ses environs dont le nombre des habitants ne cesse de croître au fur et à mesure des années.

Entraide sociale et autofinancement

 

Il fallait donc puiser dans ce génie mozabite qui a réussi durant des siècles à dompter le Sahara pour remédier à ce mal terrible. Ahmed Nouh, un notable mozabite, originaire du ksar Béni Isguen et président de la Fondation Amidoul, a imaginé une nouvelle cité pour répondre aux besoins des demandeurs de logements. Une cité basée, d’abord, sur une philosophie citoyenne où les valeurs du civisme sont érigées en un véritable code de conduite.

 

Fort de ces principes, il ne restait donc qu’à bâtir une nouvelle petite ville inspirée de l’art ksourien. Avec des ruelles étroites qui s’entrecoupent pour se protéger contre les vents chauds, la nouvelle citée imaginée et façonnée par Ahmed Nouh et de jeunes architectes se compose de maisons construites avec de la pierre, de la chaux et du plâtre ainsi que de matériaux locaux qu’on trouve en abondance dans vallée du M’zab.

 

[YOUTUBE]pe4gX0CKHAY[/YOUTUBE]

 

Des matériaux auxquels on ajoute un zeste de ciment et de faïences, là aussi des produits « made in Algérie », pour réaliser des maisons où le style architectural inspiré du savoir-faire des ancêtres distille un impressionnant sentiment de confort.

Plus de 1 000 maisons à Tafilelt

 

Oui, la cité Tafilelt Tajdite, c’est d’abord un ksar [village fortifié, ndlr]. Un ksar qui marche sur les pas de son ancêtre Béni Isguen, cette « casbah saharienne » fondée en 1347.

 

Cette cité comprend aujourd’hui plus de 1 000 maisons. Des maisons grandes, petites et moyennes qui correspondent aux besoins de diverses familles. Des maisons qui ont vu le jour grâce à un dispositif d’autofinancement.

 

Oui, à Tafilelt, il ne faut pas être riche pour y posséder une demeure. Il faut être surtout un jeune dans le besoin et qui travaille dur pour trouver un toit. Et comme les prix du mètre carré et des logements sont devenus excessivement chers à Ghardaïa, comme partout ailleurs en Algérie, Ahmed Nouh a recouru à l’entraide sociale. Cette célèbre pratique qui a fait la gloire et le bonheur de la société mozabite durant des siècles.

 

Des prêts sans intérêts ont été accordés pour qu’un grand terrain soit acheté au sommet d’une colline surplombant le ksar Béni Isguen. En mars 1997, les autorisations ont été obtenues pour commencer le projet.

 

Mais pour débuter, Ahmed Nouh et ses compagnons ont constitué une commission sociale qui sélectionne les bénéficiaires des futurs logements sociaux. Des bénéficiaires triés selon des critères établis en toute transparence. Il faut être marié, jeunes couples, ne jamais avoir bénéficié d’un logement auparavant ou d’une quelconque aide de l’Etat. Les femmes veuves qui ont à leur charge des enfants sont également soutenues.

 

Une fois sélectionné, le bénéficiaire remet un apport personnel initial qui ne dépasse guère les 150 000 dinars algériens [1 400 euros, ndlr].

Aucun bénéfice pour le promoteur

 

Tout le travail qui reste à faire par la suite est accompli par cette commission sociale qui se bat jusqu’à récupérer l’aide de la caisse nationale du logement, estimée à 700 000 dinars algériens [6 500 euros, ndlr], et lancer les travaux de construction. Le bénéficiaire, pour sa part, s’engage à s’acquitter du prix restant du logement le temps d’un échéancier fixé selon les besoins personnels de chaque bénéficiaire.

 

Pendant ce temps-là, des prêts sans intérêts sont débloqués par des notables généreux qui soutiennent la fondation fondée par Ahmed Nouh. Les travaux avancent et les projets de constructions sont financés grâce ce dispositif.

 

Le coût modéré des matériaux locaux et le prix du mètre carré revendu à un prix très raisonnable – à peine 5 000 dinars algériens [46 euros, ndlr] en 2000 et 29 000 dinars algériens [270 euros, ndlr] en 2013, en comptant tous les frais occasionnés par les divers travaux de construction, soit un prix de revient en moyenne 30% moins cher par rapport aux prix proposés par les OPGI pour les logements sociaux participatifs (LSP) – ont conféré à ce projet social une dimension quasi humanitaire et caritative.

 

Et pour cause, le promoteur de Tafilelt, Ahmed Nouh, et sa fondation ne gagnent aucun centime dans ce projet immobilier. Ils refusent de dégager le moindre bénéfice. Tafilelt est une œuvre non lucrative.

Le « compter sur soi », un acte de militantisme

 

Ahmed Nouh ne cesse jamais de le répéter. En réalité, le projet Tafilalt vise à rétablir certaines coutumes ancestrales basées sur la foi et le « compter sur soi » qui ont permis aux oasis en général et à celles du M’zab, en particulier, d’amadouer un environnement hostile et de bâtir ce qui est maintenant mondialement connu comme étant une architecture millénaire digne de l’appellation « développement durable ».

 

Alliant les pratiques et les valeurs de cohésion et d’entraide sociales et les exigences que requiert l’habitat contemporain, Tafilelt est une ville nouvelle qui s’inscrit dans une optique écologique et sociale.

 

« Tafilelt est pour nous un acte de militantisme. Et le militantisme est loin d’être seulement de la “tchatche”, sinon des actions concrètes en faveur de la société », nous confie à ce sujet Ahmed Nouh qui, en dépit d’une chaleur exceptionnelle et de la fatigue occasionnée par le jeûne, nous fait visiter le nouveau ksar.

 

« Notre principal objectif est de rendre le logement à la portée de tout le monde. Toutefois, nous ne voulions pas voir pousser dans notre vallée des cités dortoirs ou des ghettos comme c’est le cas dans le Nord. »

 

Adhésion à une « charte citoyenne »

 

Nouh poursuit :

 

« Le logement traditionnel du M’zab a été notre source d’inspiration dans la réalisation de ce projet. Tout en l’adaptant aux commodités de la vie contemporaine, telle que l’introduction de l’élément “cour” pour augmenter l’éclairage et l’aération de l’habitation ainsi que l’élargissement de ses espaces intérieurs.

 

Nous avons maintenu aussi la hiérarchisation des espaces, l’utilisation des matériaux locaux à l’image de la pierre, le plâtre et la chaux. On a maintenu également le principe des ruelles étroites qui s’entrecoupent pour casser les vents de sable. Tout cela est réalisé pour restituer l’esprit du ksar. »

 

Cependant, il n’y a pas que l’aspect urbanistique qui fait la particularité de Tafilelt. Pour figurer parmi les habitants de cette nouvelle cité, il faut également, et surtout, adhérer à une charte citoyenne. A Tafilelt, l’habitant n’est pas uniquement résident. Il est avant tout un citoyen. Un citoyen qui a des droits et des devoirs. Et pour bénéficier d’un logement dans cette cité, il faut s’engager à planter un arbre sauvage, un palmier et un arbre fruitier. Ces arbres, il faut les entretenir et les irriguer.

Des médiateurs à la place des policiers

 

A Tafilelt, les maisons sont regroupées en îlots de 28 à 30 maisons. Et dans chaque îlot, une famille assume pendant une semaine la prise en charge de la propreté des lieux. Et chaque semaine, une autre famille reprend le flambeau. De cette manière, chaque résident est sensibilisé quant à l’importance de l’hygiène publique. Ses règles de vivre-ensemble sont observées par chaque résident.

 

Le résultat ne s’est pas fait attendre : des espaces verts fleurissants, des ruelles scintillantes, des façades protégées et entretenues, Tafilelt respire le bon vivre.

 

Quant aux relations entre résidents, une association de médiateurs veille sur la résolution des conflits lorsque ces derniers éclatent. A Tafilelt, pas besoin des policiers ou des gendarmes pour résoudre des problèmes de voisinage. Les médiateurs de la cité interviennent pour réconcilier les habitants et assurent un climat visible. En tout, pas moins de onze associations actives au niveau de Tafilelt dont le nombre des habitants a atteint en 2013 les 6 000 personnes. Cette population était à peine quelques centaines de personnes lors de la première opération de distribution de logements en 2 000.

 

Des salles de sport jusqu’aux crèches, le ksar est équipé en toutes les infrastructures nécessaires pour offrir des services publics de qualité aux résidents et à des tarifs qui défient toute concurrence. A titre d’exemple, pour inscrire leurs enfants à la crèche, les parents ne paient pas plus de 600 dinars algériens [5,60 euros, ndlr]. Le mercantilisme n’a pas sa place à Tafilelt. Au temps de l’entraide, de la solidarité et du partage, la marchandisation n’est guère la bienvenue.

 

Dans un futur proche, l’actuel défi d’Ahmed Nouh est de constituer une ceinture verte autour du ksar.

Un projet écologique

 

Une palmeraie, des potagers et des fermes, ces projets sont en train de voir le jour à Tafilelt. L’écologie, c’est un combat qui a du sens aux yeux d’Ahmed Nouh car le développement durable est à même d’offrir à l’Algérie des alternatives prometteuses.

 

Ainsi, pour trier et récupérer les déchets ménagers de la cité, Ahmed Nouh a imaginé un système ingénieux. Tafilelt s’est équipée d’un poulailler de 15 000 poules et d’une ferme de 500 chèvres. Et si chaque résident ramène un sac de déchets triés, un sac d’épluchures et un autre de morceaux de pains, il aura en guise de récompense un plateau d’œufs ou 5 litres de lait de chèvre.

 

Avec ce système, Tafilelt espère motiver ses habitants à entrer pleinement dans l’écocitoyenneté. Tafilelt, la « cité idéale » a donc encore du chemin à parcourir.

 

 

Rue89 (en partenariat Avec AlgerieFocus).

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tout simplement bravo !!!

J'ai vu ces constructions à la sortie de Ghardaia en allant vers le sud mais je ne savais pas que c'était une initiative privée !!

 

un beau témoignage de la force et du potentiel des citoyens.

 

pas besoin de l'état, on s'en sortira très bien sans!

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Guest mounir 73
Mais ou sont les fenêtres?

Est-ce que ça donne sur des cours intérieures?

Et finalement, pourquoi ne pas avoir enfoui les fils? Ca crée une mauvaise diversion visuelle.

 

de tout temps ils ont construit de cette façon c'est une région très traditionaliste quoique je ne sais pas vraiment si c'est lié au coté urbanistique de la région ou au coté religieux ...

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Guest Soizik
de tout temps ils ont construit de cette façon c'est une région très traditionaliste quoique je ne sais pas vraiment si c'est lié au coté urbanistique de la région ou au coté religieux ...

 

à l'origine, c'est une question de bon sens ... régions à forte chaleur, on ne met pas de fenêtres ... cela préserve un peu de fraicheur à l'intérieur des murs ...

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à l'origine, c'est une question de bon sens ... régions à forte chaleur, on ne met pas de fenêtres ... cela préserve un peu de fraicheur à l'intérieur des murs ...

 

Les rues etroites pour etre le plus souvent a l ombre sont faites pour preserver la fraicheur. Les moucharabiehs sont faites pour que les femmes puissent voir sans etre vues.

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Mais ou sont les fenêtres?

Est-ce que ça donne sur des cours intérieures?

Et finalement, pourquoi ne pas avoir enfoui les fils? Ca crée une mauvaise diversion visuelle.

 

Oui normalement ca donne sur des patios ( haouch)

 

Pour les fils, certainement que les branchements au raiseau ont ete faits apres la fins des travaux de finitions

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Guest Soizik
Les rues etroites pour etre le plus souvent a l ombre sont faites pour preserver la fraicheur. Les moucharabiehs sont faites pour que les femmes puissent voir sans etre vues.

 

oui ... mais traditionnellement , dans les régions où le climat est extrême, froid ou chaud, les ouvertures sont réduites ou inexistantes ... on ne voit presque jamais un igloo ou une case en terre avec des fenêtres ...:04: ... cela date de bien avant la religion ...

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Mais ou sont les fenêtres?

Est-ce que ça donne sur des cours intérieures?

Et finalement, pourquoi ne pas avoir enfoui les fils? Ca crée une mauvaise diversion visuelle.

 

pour les fenetres, on t a repondu

 

pour les fils, j imagine que c est a cause de l enorme travail en plus qu il aurait fallu

accrocher des fils ou creuser une trachee pour les cacher, ca n est pas la meme chose

et pareil pour l acces aux fils en cas de reparations

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Guest mounir 73
à l'origine, c'est une question de bon sens ... régions à forte chaleur, on ne met pas de fenêtres ... cela préserve un peu de fraicheur à l'intérieur des murs ...

 

oui Dru c'est ce que je me suis dis aussi vu le climat mais le coté religieux n'est pas étranger a ca aussi y'a peu de chance que tu puisse croiser leur femmes ..

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Guest Soizik
oui Dru c'est ce que je me suis dis aussi vu le climat mais le coté religieux n'est pas étranger a ca aussi y'a peu de chance que tu puisse croiser leur femmes ..

 

je pense que bien avant la religion , il y avait déjà peu de fenêtres ...:)il ne faut pas croire que la religion a tout apporté avec elle ...

 

comme je l'ai dit, regarde les igloos et les cases ...

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oui Dru c'est ce que je me suis dis aussi vu le climat mais le coté religieux n'est pas étranger a ca aussi y'a peu de chance que tu puisse croiser leur femmes ..

 

 

la religion n'a jamais dit d'enfermer les femmes... c'est leur tradition qui veut ça, pas la religion... merci de ne pas faire d'amalgame...

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oui ... mais traditionnellement , dans les régions où le climat est extrême, froid ou chaud, les ouvertures sont réduites ou inexistantes ... on ne voit presque jamais un igloo ou une case en terre avec des fenêtres ...:04: ... cela date de bien avant la religion ...

 

et alors qu'est-ce que ça change si c'est avant la religion dans la mesure ou dans le mzab l'on cache les femmes au nom de la religion ?

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Guest Soizik
et alors qu'est-ce que ça change si c'est avant la religion dans la mesure ou dans le mzab l'on cache les femmes au nom de la religion ?

 

ça change que ce n'est pas l'origine et c'est tout ... quand on explique, on le fait correctement ...

 

mais bien sûr, encore faut-il être de bonne foi ...

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Guest mounir 73
je pense que bien avant la religion , il y avait déjà peu de fenêtres ...:)il ne faut pas croire que la religion a tout apporté avec elle ...

 

comme je l'ai dit, regarde les igloos et les cases ...

 

j'ai pas dis cela je n'ai fais que rajouté un détail qui a son poids aussi ..

sais tu d'ou viennent les mozabite Dru ?

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ça change que ce n'est pas l'origine et c'est tout ... quand on explique, on le fait correctement ...

 

mais bien sûr, encore faut-il être de bonne foi ...

 

Pffff !

 

Si toi tu te donne le role de la tolerante de service pour tout et n importe quoi, moi je ne fais que rappeler que le m'azab est une region ou l on a toujours cache les femmes. Meme a Alger ou les mozabites son tres actifs dans le commerce, je n ai jamais appercu la femme d un mozabite.

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