PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ

[B.KHELFAOUI 10]

PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ

 

 

« Ô vous qui croyez ! Si un homme pervers vous apporte une nouvelle, vérifiez-en la teneur, de crainte de faire du tort à des innocents, par ignorance, et d'en éprouver ensuite des remords. »1

 

 

Voilà quelques sabliers à peine, chaque descendant de BENMH’IDI et de ZABANA était - thèse qui tue qui oblige ! - considéré comme un potentiel « terroriste » là où il devait « s’aventurer » à mettre les pieds sur la piste d’atterrissage afin d’affronter les aléas de la carte géographique - emboitant le pas à Ibn Battûta -, pour affaires, études, soins ou tourisme…, n’en avait-il pas le droit ! Il devait même se résigner à se soumettre à l’obligation humiliante de se faire scanner comme un ver, à travers les aéroports de la planète, afin de pouvoir se faufiler et se dissoudre dans la foule anonyme, tel un pestiféré, pour échapper aux badauds bigleux qui étaient en quête d’hôtes pour Guantanamo… !

Heureusement que le malheur des uns faisant le bonheur des autres ait précipité, par l’effet domino, et ressuscité l’analyse tout comme la définition à l’Algérienne du phénomène sans frontières de la menace terroriste, à telle enseigne que le puissant gendarme (tout comme ses auxiliaires) n’hésita point à se rapprocher des « Généraux », longtemps indexés et diabolisés, pour s’enquérir de la très riche et incontournable expérience algérienne sur la lutte multidimensionnelle du phénomène planétaire du terrorisme…Il est vrai que l’emblématique et révélateur « Onze septembre 2001 » en fut le déclic déterminant !!!

Depuis, et le Tiguentourisme en est venue confirmer le bien-fondé et le bon sens de la justesse des dignes héritiers des « MALGaches », pour qui en doute encore !?, l’Algérie est devenue la prairie irrésistible des « spécialistes » du phénomène « KA3IDA and Co » qui, pour les besoins de leurs ruches, y viennent s’approvisionner de son inestimable pollen…Hier encore, le stratège Harvard HENRI Kissinger ne conseilla-t-il pas à Bosch Junior, en plus de l’étude au sein de leurs académies militaires de l’Historique œuvre de Gillo Pontecorvo « La Bataille d’Alger » de , la lecture de « l’Etranger » d’Albert Camus… !? Comme dit l’adage arabe « Ne trouve-t-on pas dans la rivière ce qu’on cherche vainement en mer ! ».

Néanmoins, force est de constater, le poignard venimeux dans l’âme, qu’ayant toujours su - fiers et à juste titre ! - valoriser les exploits tant de nos Martyrs que de nos légendaires Moudjahidines2…, nous nous sommes retrouvés, par le dubitatif hasard ou le répulsif Bazar, tout juste après avoir réussi, à l’issue d’une tumultueuse et tragique gestation, une réconciliante césarienne dont les points de suture ont divinement résisté au pseudo-printemps arabe, sur la chaussée de « Qui accuse qui ! » !

Ainsi, et dès que la lueur du soleil réconciliateur ait répandu ses rayons soulageant et palliant des plaies en voie de cicatrisation, les chroniques des journaux ont tellement mis l’accent sur le phénomène de la corruption, en rapportant - presque quotidiennement - les faits d’armes de nos « frères-militants » décideurs atteints par le contagieux syndrome « KCAC »2, que tout un Cheaâyeb Lekhdim, même les initiés, allaité par le biberon « c’est évident ! », se trouva en train de nourrir la force de croire que « Toute personne poursuivie est considérée comme coupable des faits reprochés tant qu'elle n'a pas été déclarée innocente par la juridiction compétente » !?

Ainsi, naissait la conflictuelle et délictuelle présomption de culpabilité, principe selon lequel, tous les responsables algériens sont considérés comme « coupables » jusqu’à ce qu’ils aient l’alternative et la possibilité de présenter la preuve de leur innocence … !? L’on se rappelle, en 2005 (non pas de la fameuse loi civilisatrice « liberté-égalité-fraternité » du 23 février 2005 !), de l’intrigante opération « Mains propres », cette chasse aux sorcières menée à l'égard des cadres des entreprises publiques dont plusieurs cas furent des règlements de compte, confirmés tant par la presse nationale que par les partis politiques dignes de l’opposition constructive. Des milliers de cadre furent en effet emprisonnés (une partie ne fut même pas jugée, longtemps après la fin du délai légal de détention préventive) dans cette campagne soi-disant anticorruption pour laquelle des directives anticonstitutionnelles avaient été imposées par le ministre de la Justice de l’époque, comme celles qui prohibaient la liberté provisoire. L’on garde en mémoire, telle une cloche qui résonne dans le monde des ténèbres, la mort tragique du défunt Hakim HAMDANE, qui après 40 années de galop sous les ampères, et à quelques pilonnes de son départ en retraite pour fêter ses soixante lampes, rendit l’âme en prison - ironie du sort - quelques jours de son acquittement d’outre tombe…

On défonce des portes ouvertes en rappelant, à qui veut et vaut, le contenu de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule, entres autres, que « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »4. C’est précisément ce qui est rapporté par la définition de la très précieuse et indispensable voire vitale « présomption d’innocence » qui se caractérise par « le Principe selon lequel en matière pénale toute personne poursuivie est considérée comme innocente des faits reprochés tant qu'elle n'a pas été déclarée coupable par la juridiction compétente. » !

De « qui accuse qui », par opération mathématique d’équation logique - quoique, et j’en plaide coupable, je demeure profane quant aux sciences d’Al Khawarizmi - on se retrouve à vue de nez devant la déduction « qui juge qui ! »…En effet, et Fellag l’a si bien, voire satiriquement, illustré par son sublime talent de « one man show » à travers le spectacle « Tous les algériens sont des mécaniciens », non seulement les unes des journaux et les nouvelles chaines enchainées et enchaînées - qui ont au moins le véto de l’immunité du devoir et droit de l’information ! - mais tout aussi les habitués des interminables et abrutissantes parties de double six, qui tout en jouant au cliquetis des pièces de domino, condamnent et prononcent les verdicts en craquant les doigts de ne pouvoir exécuter la sentence…contre des « présumés » coupables par le bouche-à-oreille « Galou ! » !?

La vénérée Algérie, pour l’amour et la liberté de laquelle plusieurs milliers voire millions parmi ses filles et fils légitimes n’ont pas hésité à se sacrifier depuis Jugurtha à Zabana, ayant héroïquement osé défier les faits accomplis de la Weltpolitik par une sage et logique diplomatie inspirée de la Realpolitik, et compte tenu de sa position stratégique et de ses inestimables richesses voire son « NIF ! » crâneur, demeure une cible directe ou indirecte dont beaucoup d’ennemis, « d’amis !» et « frères !» s’ingénient à l’avoir dans leur collimateur…Il se trouvera toujours un « faux » BOUAZIZI pour tenter de secouer la germination d’un printemps en s’immolant ou un disciple parmi les mercenaires de BENMOKHTAR pour ébruiter une diabolique Tiguentourisation à la solde d’un conflit Qatargaz vs Gazprom (qui a pris malheureusement tout le peuple syrien entre le marteau et l’enclume…!).

Le terrorisme, sensé venir à bout du souffle vivifiant les dignes héritiers des tribus Sbehas et Ouled Riyah (crues dissoutes à jamais par les enfumades du « civilisateur » Bugeaud… !), n’ayant pas atteint son macabre objectif, quoi de plus machiavélique et démotivant plan était à même d’injecter le poison du mortel pessimisme, tuant à petit feu cette sacrée nation « rebelle » qui refuse à se soumettre et résiste à l’à-plat-ventrisme !? Semer le doute dans les esprits et la rancune dans les cœurs, cette logique de clonage et de division pour empêcher l’émergence d’une société combative, demeurait donc l’arme fatale propice pour miner la société en sapant ses réalisations et en ruinant ses acquits… !

Et tant il est vrai que « Ce ne sont ni les richesses, ni le nom d’illustres aïeux, Mais la vertu et les qualités du cœur qui distinguent les hommes. »5, il y a et il y aura toujours des Hommes (avec un grand H et une grande hache !) intègres et sobres, dont la probité ne peut être ébranlée ou secouée, qui n’hésiteront (et non n’hésiteraient !) point à défendre bec et ongles la responsabilité des missions et pouvoirs dont ils sont investies en n’ayant comme seul gendarme que leurs consciences…Bien que dans ce monde de consommation excessive il y ait - certes - des vampires résiduels qui redoutent le miroir reflétant le soleil en n’ayant guère le courage de l’affronter pour découvrir leurs réels masques en camembert fondu !

 

Enfin, agrémentant les perspectives par une toute petite anecdote emblématique à plus d’un titre, il est on ne peut plus judicieux de rappeler - à qui mieux mieux ou à qui pis pis - cette histoire d’un kilo de sardines où le mari, en revenant chez lui et demandant à son épouse (qui s’en était régalée toute seule par un barbecue !) de lui en servir; il ne fut point surpris quand elle lui répondit que son chat, gâté à outrance, n’avait laissé aucune sardine ! Il prit ce petit « tigre farci» et le pesa, et voyant que l’aiguille de la balance affichait 1000 Grammes, il menaça sa femme en disant « j’ai trouvé le Kilo de sardines, dis-moi maintenant où se trouve mon chat ! »…

Chemin faisant, et tant qu’il est temps, quand est-ce que nous pouvons enfin commencer par nous poser la question « comment c’est ? » en laissant le soins au souverain pouvoir judiciaire de s’occuper des dossiers qui lui sont ou seront soumis, seule institution habilitée, en tant qu’un des trois pouvoirs constituant l’Etat ayant pour rôle de contrôler l’application de la loi et sanctionner son non-respect…Puisque c’est plus qu’évident qu’ « On ne se rencontre qu'en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l'autre qui ramasse les siennes. »6 A moins que le géniteur des « Rougon-Macquart » serait ressuscité pour un courageux et authentique « J’ACCUSE ! »…à même de prouver la culpabilité du loup ayant dévoré Joseph « QPSSL » !?

Au demeurant, si chaque palmier, qui croit - par vanité ou par perversion narcissique - avoir le pouvoir de cacher à lui tout seul toute une oasis, s’appliquait à se redresser pour tenter vaille que vaille de rectifier sa verticale, il ne trouvera guère le temps d’épier les éventuelles anomalies de ses semblables… « Dis-leur : Agissez ! Dieu appréciera vos œuvres, ainsi que le Prophète et les croyants. Et quand vous serez ramenés vers Celui qui connaît l'invisible et l'apparent, Il vous renseignera sur ce que vous aurez fait. »7

 

Notes :

1- Coran, Sourate 49, Verset 6

2- Les Hommes qui ont tenu loyalement leur engagement et n’ont rien changé à leur comportement

3- « Khalifa, Chakib And Co »

4- Article XI, Déclaration universelle des Droits de l'Homme : Texte adopté le 10 décembre 1948 par l'Assemblée générale des Nations Unies et proclamant inaliénables, pour la première fois sur le plan international, les Droits de l'Homme et les libertés fondamentales.

5- Ovide, Epist.-Pont.1.9v.39, 40.

6- Gustave Flaubert, Correspondance 1851

7- Coran, Sourate 9, verset 105