MedVal 10 Posted June 19, 2008 Partager Posted June 19, 2008 C’est un sommet particulièrement inédit et porteur de tous les dangers qui s’ouvre, aujourd’hui, à Bruxelles. De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari Ballotté entre le non irlandais au traité de Lisbonne et la laborieuse Union pour la Méditerranée (13 juillet prochain - Paris), le conciliabule euro-européen ne pourra pas accoucher de grandes décisions. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 auront, en premier, à plancher sur la question irlandaise. Que faire et comment continuer le processus de ratification du mini-traité constitutionnel alors qu’un Etat membre l’a rejeté ? Faire dire, comme de nombreux décideurs européens l’indiquent, au rejet irlandais ce qu’il n’a pas dit, serait une grosse bourde, selon d’autres, plus circonspects. Les premiers veulent — à l’instar du président français — accréditer l’idée, anti-réglementaire et dictatoriale, selon laquelle le non de Dublin ne remettait pas en cause le traité de Lisbonne et que, tout compte réalisé, l’on peut continuer à ratifier. Selon les tenants de la deuxième doctrine, cela ne ferait qu’éloigner davantage les citoyens de la chose européenne et qu’en définitive, enterrer le non irlandais mènerait droit au mur. Pour preuve, ils avancent l’argument massue selon lequel le fait d’avoir contourné le «non» français et le «nee» néerlandais et d’avoir substitué, pour les besoins de la cause, Lisbonne à la Constitution Giscard n’a pas, pour autant, réglé la question. Le risque est grand, en effet, de transformer les élites européennes, favorables à la Construction européenne, si la décision irlandaise était niée, en sectes conspiratrices, qui ne se plient pas à la sentence citoyenne. Il est vrai que continuer à penser l’Europe en balançant par-dessus bord les suffrages défavorables n’est pas, à honnêtement écrire, une doctrine productive. Sur cette question, et sur bien d’autres encore, les décideurs de l’UE partent sur des positions divergentes. La France, l’Italie, l’Espagne et quelques autres petits Etats membres ne rejettent pas le putsch constitutionnel, le passage en force. Alors que l’Allemagne, le Royaume-Uni et les pays nordiques sont réserves, très réservés sur le clash annoncé et qui peut mener, selon eux, à la dérive. L’autre gros morceau, l’os au menu des 27, est l’Union pour la Méditerranée dont le jaillissement aura lieu à partir du 13 juillet prochain de Paris. Contrairement aux déclarations des dirigeants français, rien de bien solide n’a encore été édifié allant dans le sens déclamé par le président Sarkozy. Berlin, Londres, Madrid, Rome et une majorité d’autres capitales européennes n’en démordent pas. Selon elles, l’Union pour la Méditerranée ne peut être, ne saura être, ne saura qu’un prolongement, un plus réparateur du processus de Barcelone. «Arrimer l’Union pour la Méditerranée à la politique extérieure française, et américaine », comme les derniers développements tendent à l’accréditer, n’est pas l’objectif de l’Union européenne, ont affirmé, ici, des sources proches des sphères décisionnelles. Les assises constitutives de l’UPM ne pourront être viables que s’il y a un consensus entre les pays du pourtour méditerranéen et, aussi, entre les Etats membres de l’UE. Ce qui semble loin d’être acquis. Entre-temps, le livre blanc sur la défense française a confirmé deux tendances lourdes. La France rompt avec la tradition gaulliste, voire gaullienne et devient atlantiste. Pure et dure. Autre référent : avant le lancement solennel de l’UPM, les 27 ont accordé à Israël un statut à part. L’Etat hébreux est promu au rang d’un presque membre des 27. Les Arabes de la Méditerranée n’auront, à vrai dire, aucune voix au chapitre lors de la grand-messe parisienne du 13 juillet. Comme d’habitude. A. M. Source : ''Soir d'Algerie du 19/06/08'' Citer Link to post Share on other sites
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