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Maghrebins et maghrebines, ensemble... sinon le néant


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Pitié pour les grands frères

 

Souâd Belhaddad journaliste et écrivain, avec le soutien de Samia Allalou, Assia Yacine et de l'association Manifeste des libertés.

QUOTIDIEN : vendredi 20 juin 2008

 

«Où étiez-vous lorsque […] vous avez abandonné un nombre de jeunes filles dans ces quartiers difficiles entre les mains des grands frères ? […] Parce que les grands frères ont conduit à une politique de repli communautaire, […] identitaire que vous avez soutenue. […] Alors, de grâce, n'empêchez pas ces jeunes filles d'être libres (1).»

 

Que recouvre désormais cette expression de «grands frères» ? De plus en plus, sous cette appellation utilisée dans le champ politique, on désigne, en fait, «le frère» tout court. Soit les garçons et hommes d'origine maghrébine. Les Beurs. Les Arabes, identifiés de façon (sous) entendue, depuis septembre 2001, comme «les musulmans». Ces «frères» de sang ou de religion qui tiennent les filles, sœurs ou non, d'une main de fer…

 

Nous sommes nombreuses à lutter, depuis très longtemps, pour le droit des femmes, dont celles issues de la communauté maghrébine. Lutter, cela signifie d'abord oser dénoncer les violences de certains pères, frères, maris ou anonymes d'une communauté à laquelle nous appartenons, sans crainte de la trahir, et sans renier l'appartenance et l'attachement que nous en avons. Malgré le risque d'être récupérées par ceux, trop contents, que s'expriment des critiques à l'égard «des Arabes». Cependant, nous refusons que la légitimité de nos droits serve à jeter en pâture les garçons et les hommes de cette communauté en les désignant «tous» comme des violents. Oh, bien sûr qu'il y en a ! Bien sûr que le repli communautaire est indéniable chez certains, et inacceptable quand il produit le pire. Le pire pour nous, femmes, mais aussi pour toute une société dont ils rejettent les valeurs de démocratie. A ceux-là, on ne laisse rien passer.

 

Mais qu'on ne prétende pas que nous convertissions tous les hommes en adversaires potentiels. Qu'on ne prétende pas que notre droit s'exerce au détriment du leur - celui de pouvoir se situer hors de ce pluriel suspect : «les grands frères». Un pluriel qui véhicule un message subliminal : les filles beurs réussissent mieux leurs études, trouvent un emploi, bref, s'intègrent. En clair, avec elles, hormis celles qui portent le voile, l'intégration se ferait plus facilement. Les frères, eux, en seraient le frein… Shéhérazade susciterait du désir ; son frère, du rejet. Frère, père, époux, le message n'est pas nouveau. Ainsi, ce fut d'abord la figure du père qui fut déconsidérée. Illettré, puis chômeur, sans reconnaissance au sein de la société, il l'aurait également été déchu de son rôle familial. Puis, ce fut celle du frère. A qui le tour ?

 

De cette diabolisation de la figure masculine, les hommes sortiront grands perdants, et nous, pas plus gagnantes.

 

Plutôt que de nous opposer, nous voulons mener ensemble le combat pour nos libertés de femme, et des hommes - au singulier - sont en accord avec ces convictions. Aussi, pas question de dévoyer notre bataille féministe pour stigmatiser les dits frères, que la société aime déjà si mal. Plus juste est-il de rappeler qu'il y a vingt ans, la presse les qualifiait «d'apôtres de la non-violence». Mais notre pays est amnésique. L'histoire contemporaine française n'a pas encore accepté d'écrire qu'avant leur éventuel repli communautaire, ces grands frères avaient investi la politique. Qu'ils avaient créé, dans les années 80, un mouvement civique, pacifique qui s'appelait la «Marche pour l'égalité et contre le racisme», rebaptisée «Marche des Beurs», afin de demander le droit d'être des citoyens égaux. La gauche n'avait pas tenu ses promesses de «changer leur vie» ; la droite, elle, était occupée à nouer des alliances électorales avec l'extrême droite.

 

Qui se rappelle que c'est après avoir été grièvement blessé par une balle tirée par un policier, qu'un des principaux leaders de ce mouvement se demandait comment endiguer la haine entre forces de police et jeunes, et imaginait cette marche pacifiste ? Car, à l'époque, les meurtres racistes (il y a seulement vingt-cinq ans…) étaient aussi nombreux que banals, et restaient impunis. Et, déjà, ils ne visaient que les garçons…

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Lu et approuvé!

 

"Diviser pour mieux régner" telle est la politique des politiques et de leurs guignols (dont les fameux arabes de service) qui agissent en leur nom...

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Cependant, nous refusons que la légitimité de nos droits serve à jeter en pâture les garçons et les hommes de cette communauté en les désignant «tous» comme des violents. Oh, bien sûr qu'il y en a !

 

 

Généraliser est bien facile oui, en tout cas autour de moi, ces garçons "violents" ne se pressent pas pour changer cette image. Ils n'en ont tout simplement pas envie. You have to deal with it.

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Généraliser est bien facile oui, en tout cas autour de moi, ces garçons "violents" ne se pressent pas pour changer cette image. Ils n'en ont tout simplement pas envie. You have to deal with it.

 

On peut comprendre leur découragement à le faire, sachant que quoiqu'ils disent, ils ne seront jamais assez crédibles... trop stigmatisés pour!

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