AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Partager Posted October 25, 2013 L'affaire de Ouargla a fait couler beaucoup d'encre et alimenté bien des propos depuis que Rachid Boudjédra, le premier, l'a déterrée pour argumenter son discours "éradicateur" dans le violent réquisitoire, FIS de la haine (Denoël, mars 1992). Voici le récit qu'il en a fait: "La première victime du premier crime commis par le FIS fut un bébé. Brûlé vif dans un incendie après que des militants fanatiques eurent mis le feu dans 1'appartement où vivait une femme divorcée, avec son bébé âgé de quelques mois. C'était à Ouargla en 1989. Accusée par le FIS d'être une prostituée, des militants intégristes mirent le feu à sa maison, en pleine nuit alors qu'elle dormait. Le bébé brûla dans le bûcher du fanatisme et de l'inquisition islamistes. La mère ne décéda pas mais garda des stigmates atroces de brûlures au troisième degré qui l'ont défigurée. Symboliquement un tel crime commis sur la personne d'un être innocent, d'un bébé de quelques mois en dit long sur la psychologie du FIS, toute tournée vers le meurtre, le lynchage et le bûcher. Entre l'incendie du Reichstag en 1933 et l'incendie de ce petit appartement de Ouargla, dans le Sud algérien, en 1989, il y a toute barbarie du monde et sa démence." Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 Depuis, on a eu droit à une série de versions, aussi mensongères les unes que les autres, colportées de journaux en débats pour accréditer la thèse que les "intégristes ont la haine des femmes". Dernière en date, dans la bouche de Malika Boussouf, à l'antenne de RFI le 16 avril dernier: "Les islamistes ont brûlé une femme à Ouargla." Pourtant, au moment où ce fait divers s'est produit, en juin 1989, il avait failli passer inaperçu. Sans la pugnacité du correspondant du journal Horizon, "l'affaire de Ouargla" n'aurait eu, en effet, droit qu'à quelques lignes dans la rubrique "des chats écrasés". La rumeur et la mauvaise foi ont fait le reste, amplifiant en déformant ce qui n'est finalement - à la lumière des faits objectifs - qu'une sordide affaire de mours. En fait, l'utilisation mensongère de cette affaire a un objectif bien précis: disqualifier le FIS et justifier, à posteriori, un anti-islamisme primaire alimentant une répression sanglante sous couvert de lutte pour le droit des femmes. De quoi s'agissait-il ? A Ouargla, une localité située à la porte du désert, un enfant de quatre ans est mort brûlé vif dans l'incendie criminel qui a ravagé sa maison dans la nuit du 22 au 23 juin 1989. Un groupe de 12 hommes, érigés en sinistres justiciers, avaient monté une expédition punitive contre Saléha Dekkiche, la mère du garçonnet, qu'ils accusaient d'avoir "des mours légères". Autrement dit, de se prostituer, apportant ainsi la débauche dans leur quartier. Ces hommes furent arrêtées le lendemain des faits, puis condamnés par le tribunal de Ouargla à des peines allant jusqu'à 15 ans de prison. Leur âge, au moment des faits, s'étalait de 23 à presque 50 ans, et onze d'entre eux étaient pères de famille. Ils avaient tous une situation professionnelle stable, le principal instigateur étant commerçant. L'enquête judiciaire révéla que deux des inculpés avaient eu des rapports sexuels avec la victime. En octobre 1989, je me suis rendue en Algérie pour effectuer un reportage sur la condition des femmes algériennes. Dans les petits cercles féministes d'Alger, on ne parlait que de la montée des`. "intégristes", de leur haine des femmes occidentalisées qu'ils prenaient nommément pour cible dans leurs prêches du vendredi et, bien sûr, de l'affaire de Ouargla, présentée déjà à l'époque comme l'exemple type du sombre dessein que réservaient les "intégristes" aux femmes qui refuseraient de se soumettre à leur diktat. Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 J'ai voulu en avoir le cour net, tirer au clair cette affaire dont la rumeur d'Alger s'était emparée. Je me suis donc rendue à Ouargla, à 850 kilomètres au sud d'Alger, pour enquêter. Et d'abord, rencontrer cette femme anonyme dont tout le monde parlait et qu'on donnait, dans la plupart des conversations, pour morte. En arrivant dans la ville, j'avais ressenti une impression étrange, certainement liée au fait que pas une femme ne circulait dans les rues. Le chauffeur de taxi me déposa devant un hôtel pas très engageant, m'assurant que c'était le "meilleur" de la ville. Il était effectivement situé dans l'artère principale de Ouargla, mais j'avais du mal à croire qu'on pouvait le considérer comme tel. Une fois dans les lieux, je compris ce que le "taxieur" entendait par "meilleur". Le réceptionniste, sans même me faire remplir une fiche - ce qui est inhabituel dans l'hôtellerie algérienne -, me montra ma chambre. Comme il me l'avait précisé, elle était vaste et ne manquait d'aucun équipement, excepté l'air conditionné qui n'était pas vraiment indispensable à cette époque de l'année. Mais à peine avais-je franchi le seuil de la porte qu'une bouffée d'air nauséabond envahit mes poumons. L'atmosphère était chargée d'une odeur de sueur à vous en couper le souffle. J'en suffoquais presque! Le lit, maladroitement refait, laissait dépasser des draps crasseux et tachés... Je n'ai pas attendu mon reste. Outrée, je quittais précipitamment les lieux, non sans avoir fusillé du regard le réceptionniste en lui lançant un "ouald el haram!" (équivalent de fils de p..., mais dans un langage plus châtié) réprobateur. Je venais de réaliser que lui, comme le chauffeur de taxi, m'avaient prise pour une prostituée de passage à Ouargla. Un comble dans cette ville pourtant réputée conservatrice à l'extrême! N'était-ce pas l'un des fiefs de la confrérie Tidjanya? Ce n'est que plus tard que je comprendrai que ce conservatisme apparent et hypocrite dissimulait des pratiques e n matière de mours dignes des bordels de Tanger ou d'ailleurs... En sortant de l'hôtel, je m'engouffrais dans l'unique taxi qui stationnait à proximité. C'était le même que j'avais pris auparavant. Devant mes vives protestations, et surtout après avoir jeté un oil sur mon accréditation du ministère des Affaires Etrangères, le chauffeur, Bachir, me fit de plates excuses. Combien de fois n'avais-je pas lu une certaine crainte sur le visage de mes interlocuteurs devant ce qui est appelé, en Algérie, "un ordre de mission"! "Dans cette ville, les femmes qui circulent seules sont systématiquement considérées comme des prostituées", m'expliqua-t-il, avant de me décrire par le menu détail l'ambiance de la ville. "Ne vous fiez pas aux apparences, elles sont souvent trompeuses, car derrière les murs épais des maisons, se cache une perversité inimaginable". Pour l'heure, je n'en saurais pas plus. Il me déposa devant le complexe touristique, après m'avoir promis de partir à la recherche de Saléha Dekkiche. Saléha était bien vivante. Bachir la connaissait sous le nom de Saléha el Bécharia (on l'appelait ainsi à cause de sa ville d'origine, Béchar). "Je sais où la trouver!", me lança-t-il d'un air coquin avant de démarrer. Ce n'était pas évident, pensais-je, car depuis l'incendie qui avait ravagé sa maison, Saléha était sans domicile fixe. Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 Depuis que j'ai divorcé, on me traite comme ça dans toute la ville", me dit-elle d'une voix étouffée. Son calvaire avait commencé en 1987, quand son mari l'avait abandonnée avec leurs sept enfants, après quinze ans de mariage. Elle avait seize ans lorsqu'il l'avait épousée et trente et un à l'époque. Son mari venait de se remarier avec une femme de Tougourt, sans même l'en aviser. Saléha avait aussitôt déposé une plainte pour abandon de famille. Elle eut gain de cause. Son époux fut condamné à un mois de prison et le divorce fut prononcé en faveur de Saléha. Le juge lui avait en effet accordé la garde de la maison ainsi qu'une pension alimentaire de deux cent dinars par enfant, soit au total mille quatre cent dinars par mois. C'était très peu, absolument insuffisant pour nourrir une famille. Mais cela avait semblé encore trop cher pour l'ex-mari qui s'était juré de se venger. "Il a commencé à monter les voisins contre moi, m'expliquait Saléha. Avant, j'avais vécu douze ans dans le quartier des M'khadma sans problème. Mais voilà que mon mari a décidé de récupérer la maison et tous les biens pour y installer sa nouvelle femme. Il a commencé à dire aux M'khadma: "Ne laissez pas une femme divorcée vivre au milieu de vous, elle va amener le déshonneur dans votre quartier. Honte sur vous!". Ma vie devenait un enfer". Le bonhomme s'était mis, en effet, à harceler son ancienne épouse surgissant dans la maison à n'importe quelle heure du jour et de la nuit menaçant, effrayant. "Il me suppliait de revenir à la maison, poursuivait Saléha. Mais constatant mon intransigeance, il me frappait". Ce manège avait duré dix jours, jusqu'au moment des incidents qui avaient précédé l'incendie. L'esprit obscurantiste et vindicatif des M'khadma avait pris le relais, d'autant que l'ex-époux de Saléha était un des leurs. Les enfants de Saléha avaient trinqué les premiers. Ils ne pouvaient plus aller à l'école sans être systématiquement agressés: jets de pierres, insultes, crachats, brimades en tout genre... Saléha subissait le même sort. Elle finit donc par porter plainte, mais en vain. A croire que tout le monde se liguait contre elle! Elle n'en était peut-être pas consciente, mais elle s'attaquait, en fait, au clan le plus puissant de la ville. A eux seuls, en effet, les M'khadma détenaient les pouvoirs politique et financier de Ouargla. Ils contrôlaient non seulement la mairie - le maire, M. Hamdad, est un m'khadmi - mais aussi le secteur de la construction et des travaux publics, l'alimentation générale et surtout la boucherie, le meilleur créneau de la région. Autant dire que rien ne se décidait à Ouargla sans leur accord. Face à eux, Saléha ne valait rien. Il fallait laver l'affront, faire chasser cette femme de mauvaise vie qui avait osé les défier. L'honneur du clan était en jeu. Plus le temps passait et plus la rage des M'khadma décuplait. Le cinq juin, ils firent parvenir au wali (préfet) une pétition, signée par près de deux cent personnes, exigeant l'expulsion de Saléha. Les autorité ne réagirent pas. Quelques temps après, ils envoyèrent, cette fois, un véritable ultimatum précisant que si le 22 juin au plus tard, Saléha Dekkiche se trouvait encore parmi eux, ils ne répondraient plus de leurs actes. Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 Le soir du mercredi 22 juin 1989, les M'khadma se réunirent donc et décidèrent de mener une action. "Ce jour là, racontait Saléha, une horde d'enfants a encerclé la maison et jeté des pierres dans ma cour pendant tout l'après-midi. A la nuit tombée, les hommes ont pris la relève. J'ai couché mes enfants et j'ai couru à la gendarmerie. Là, j'ai attendu des heures qu'une voiture de police veuille bien me ramener chez moi." Il était environ une heure du matin et le quartier était complètement désert. Les policiers déposèrent Saléha à son domicile en lui recommandant de ne plus sortir. "A cette heure, lui dirent-ils en la quittant, vous ne risquez plus rien". Rassurée, la femme prépara le biberon de son dernier né et se coucha. A peine assoupie, elle entendit des bruits sourds dans la cour de sa maison. Des hommes masqués étaient en train de passer par dessus le mur. Saléha réussit à se sauver avec sa fille aînée, âgée de 13 ans, laissant ses autres enfants endormis dans la maison. Elle se précipita chez le voisin pour lui demander secours. Celui-ci, condamné par la suite pour non assistance à personne en danger, ne lui ouvrit pas sa porte. Pire, il l'insulta par la fenêtre tandis qu'elle se faisait lapider par des gens du quartier. Elle courut alors se réfugier au commissariat où on la fit attendre, faute de voiture immédiatement disponible. Quand enfin elle revint, accompagnées des forces de police, il était trop tard: sa maison brulait comme une torche. Les M'khadma l'avaient arrosée d'essence et y avaient mis le feu. Cinq de ses enfants, réveillés en sursaut, avaient réussi à fuir. Le dernier, âgé de quatre ans, s'était caché sous un lit. C'est là qu'il fut surpris par les flammes. Les pompiers le retrouvèrent complètement calciné, recroquevillé sous les décombres du lit. Ils avaient mis deux heures pour éteindre l'incendie. Durant le procès, les inculpés expliquèrent leur geste par le fait que Saléha s'adonnait à la prostitution. C'était vrai, mais cela n'excuse en rien leur acte. Depuis son divorce, en effet, la pauvre femme s'était mise à se prostituer pour survivre. Elle se gardait bien de pratiquer chez elle, même si des hommes de son quartier venaient de temps en temps frapper à sa porte à des heures tardives. "Dès le coucher du soleil, je m'enfermais dans la maison avec mes enfants et je n'ouvrais à personne", m'affirmait Saléha avec insistance. En réalité, il lui arrivait parfois de recevoir des voisins à son domicile. C'est, du moins, ce que m'apprit le correspondant du journal Horizons. Lors de la première confrontation avec les incendiaires, Saléha s'était en effet adressée à deux d'entre eux, accusatrice: - Toi le moustachu, quand tu venais à la maison, tu ne portais pas plainte au commissariat ! Mais depuis que je ne veux plus... - Et toi alors, ne m'as-tu pas demandé de te ramener la fille d'un tel ? Je t'avais répondu: "Non, la petite est jeune et va encore à l'école. Pourquoi veux-tu la souiller?". Tu n'as pas porté plainte non plus!". Quand elle n'exerçait pas chez elle, Saléha se rendait à Sahra el Gharbia, le quartier où vivent les prostituées de Ouargla. C'est d'ailleurs là que Bachir, le chauffeur de taxi, l'avait dénichée. Situé dans la vieille ville, ce quartier était composé de petites maisons en terre serrées les unes contre les autres et protégées des regards indiscrets par des murs épais. Trois "maquerelles" y tenaient le haut du pavé des anciennes prostituées. Elles accueillaient les filles en perdition qui échouaient là, ou les "transitaires" qui venaient s'y prostituer occasionnellement. Les "transitaires"? Ce sont des femmes en provenance des villes du nord qui ne se rendaient à Ouargla uniquement pour se refaire anonymement une "santé financière Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 Dans cette ville à l'allure austère, la prostitution était une affaire strictement féminine, excepté "la maison Dominique", un bordel dépendant directement du ministère de la Défense et fermé depuis peu. Pratiquée d'une façon discrète à l'intérieur même des habitations, d'où l'appellation de "prostitution d'hospitalité", elle était tolérée par les autorités. La plupart des "filles" servaient d'indicatrices pour les services de sécurité, et notamment pour la Sécurité militaire. Elles faisaient en outre, de leur point de vue, ouvre de salubrité publique. Ouargla est en effet cernée de casernes où dix mille soldats stationnaient e n permanence. Sans compter les dix-huit mille travailleurs célibataires du complexe pétrolier de Hassi Méssaoud, qui débarquaient en masse le week-end. "Ce qui est arrivé à Saléha est terrible, m'expliquait le correspondant d'Horizons, mais c'est l'arbre qui cache la forêt!". Depuis la fermeture de "la maison Dominique", la police avait en effet constaté une recrudescence des viols et des agressions de jeunes filles à la sortie des Lycées, dont celle du président de la section locale de la Ligue de défense des droits de l'homme. Ce dernier n'avait même pas osé porter plainte! Les propres filles et femme de l'ex-procureur de Ouargla avaient été violées chez elles. Le procureur avait aussitôt demandé sa mutation. Il avait très bien compris le message... "Ici, des ingénieurs en hydrocarbure qui ont fait 1200 km pour rejoindre leur poste quand ils ne viennent pas parfois de l'étranger où ils ont fait leurs études, attendent durant des mois à l'hôtel avant d'obtenir un logement, poursuivait le "localier". Alors qu'une fille l'obtient en une après midi, sans raison sociale! Et quand la police ferme "une maison", sous la pression de la population, trois autre "maisons" s'ouvrent le soir même. Je n'ai aucune sympathie pour eux, mais quand ils s'attaquent aux mours, les islamistes savent de quoi ils parlent." Plusieurs scandales avaient en effet défrayé la chronique de Ouargla. Des films pornographiques, mettant en scène des filles de hautes Personnalités de la région avaient été mis en circulation. Pire: des notables avaient abusé d'une gamine de 19 ans. Elle avait déposé plainte... pour finalement se retrouver en prison. Le procureur avait préféré inculper la jeune femme pour prostitution plutôt que de risquer des représailles de la part des agresseurs... ou de perdre les avantages que ces derniers pouvaient lui procurer! Il s'agissait de "grossistes" de la région, autrement dit de gros patrons du trabendo (marché noir) transfrontalier. Ouargla est en effet une plaque tournante de la contrebande avec le Mali, le Niger et la Libye. Tous les mois, des milliards de marchandises y transitent. Régulièrement, les douaniers saisissent des télévisions, des magnétoscopes, des cigarettes, du lait en poudre et même le précieux fil chirurgical qui manque cruellement dans les hôpitaux du pays. Mais la corruption des services concernés est telle, que la majorité du trafic s'effectue hors de tout contrôle. Une autre affaire tout aussi sordide: Karima, une jeune fille de 17 ans en provenance de Djelfa, s'était réfugiée malencontreusement chez Aicha, une "entremetteuse" de Sahra El Gharbia, avec qui elle avait un lointain lien de parenté. Cette dernière fit venir des grossistes de Oued Souf, amateurs de "chair fraîche". Une vierge valait en effet son pesant d'or! Mais la petite ne se laissa pas faire et courut se plaindre au commissariat. A l'époque où je me trouvais à Ouargla, elle avait été placée sous mandat de dépôt pour racolage. Pas étonnant: parmis les riches clients de Aicha, se trouvait le maire de Rouisset, une petite localité Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 Détrompez-vous, ce genre d'affaire n'est pas propre à Ouargla. Partout où je suis passée en Algérie, d'Oran à Annaba, en passant par Ghardaia, Alger et Constantine, pour ne citer que les villes les plus connues, j'ai retrouvé les mêmes ennuis (que ceux que j'avais moi-même rencontré à Ouargla excepté à Oran où j'étais hébergée par ma famille), les mêmes histoires, la même hypocrisie, et finalement la même détresse sur le visage de ces femmes que plus rien ne protégeait. Car c'est dans la dislocation du tissu social traditionnel, et dans l'altération des valeurs qui le sous-tendent, qu'il faut d'abord chercher les raisons de l'explosion de la prostitution en Algérie. Alors, quand Saléha m'avait confié son désir de monter à Alger pour refaire sa vie, je le lui avais fortement déconseillé. Et pour cause: je savais trop bien quel sort lui serait réservé. Elle allait certainement grossir le lot de toutes ces femmes divorcées - ou de ces filles en fugue - qui avaient fini par se prostituer en échange d'un toit, d'un travail, ou d'un peu d'argent pour nourrir les enfants qu'elles trimballaient avec elles d'hôtels en hôtels. "Une fois le jugement prononcé, tu devrais retourner auprès des tiens à Béchar", lui avais-je dit après lui avoir décrit par le menu détail à quoi elle s'exposerait dans la capitale. Je ne sais pas si j'avais réussi à la dissuader de son projet. Mais en rentrant à Paris, toutes ces histoires glauques me hantaient tellement que j'en étais tombée malade. J'avais une terrible nausée! J'étais persuadée que l'Algérie était un immense lumpanar où les femmes ne valaient, aux yeux des hommes , guère plus que des marchandises . Alger - Paris Octobre 1989 - Avril 1995 •Rabha Attaf est journaliste indépendante, spécialiste du monde arabo-musulman. Collaboratrice du magazine Actuel pour lequel elle a effectué de nombreuses enquêtes et reportages de 1988 à 1994. Co-auteur de Le Drame Algérien (éditions La Découverte, 1994), ainsi que de l'émission spéciale de La Marche du Siècle "Etat d'urgence Algérie: Chronique d'octobre", diffusé sur France 3 en novembre 1993. retour Citer Link to post Share on other sites
AMAR001 10 Posted October 25, 2013 Author Partager Posted October 25, 2013 L algerie c est un vrai bordel, SODOME ET GOMOR. Citer Link to post Share on other sites
Nytch 10 Posted October 25, 2013 Partager Posted October 25, 2013 Nous savons tous ça , nous le voyons , nous l'entendons . Nous vivons au milieux des plus gros mounafq avec ceux des émirats pétrolier . Il n'y a qu'à rentrer dans l'une des Mosquées pour sentir l'odeur de l'hypocrisie quant ce n'est pas celles des pieds infectes '....' . J'ai lu l'article et j'avais pas eu de mal à imager cette histoire comme si j'y été , car c'est bien réel . Que Dieu me pardonne de ne pas croire en lui par la bouche de ceux qui utilise son nom pour assouvir leurs sombres desseins les plus vils . . Citer Link to post Share on other sites
thanumi 10 Posted October 25, 2013 Partager Posted October 25, 2013 L algerie c est un vrai bordel, SODOME ET GOMOR. Récemment, j'ai mangé avec un militaire Algérien. Il m'a raconté qu'a Ighilizan, en intervention après une tuerie dans les années 90 . Ils avaient trouvé sur le feu, un ragout de chair humaine 'bébé':( Citer Link to post Share on other sites
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