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SYRIE: l'avis de Fabricce BALANCHE.


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«Le départ d’Assad reste secondaire». Un français parle au Liban

 

15 novembre 2013 | Par Adeline Chenon Ramlat

 

Voici un entretien extrait de l’hebdomadaire libanais francophone Magazine, pour lequel j’ai travaillé dans les années 1995/2000. On s’interrogera sur le fait que Fabrice Balanche, géographe français, ait préféré se confier à un magazine libanais plutôt qu’à un journal français. Avait-il seulement….le choix?

 

Le géographe français et directeur du Gremmo*, Fabrice Balanche, revient tout juste de Syrie, un pays qu’il connaît bien pour y avoir résidé pendant six ans. Il livre à Magazine ses impressions et son analyse de la crise syrienne. Rencontre.

Vous venez de passer une semaine en Syrie, entre Damas et Lattaquié. Quelles sont vos premières impressions?

Dans la zone gouvernementale, puisque c’est là que je me suis rendu uniquement, j’ai constaté que la préoccupation première de la population reste le quotidien et le niveau de vie. Si le pain est toujours subventionné par l’Etat, les gens se bousculent chaque jour pour en avoir, c’est épouvantable. De manière plus générale, les Syriens sont fatigués. Ils ont vraiment envie que tout ça s’arrête et de retrouver la sécurité. Les fonctionnaires par exemple, continuent à être payés dans les 15000 livres syriennes par mois, et les commerces continuent de tourner, tant bien que mal. Mais il y a peu de dépenses, en dehors de l’alimentation, les Syriens font très attention. La solidarité familiale joue beaucoup.

Depuis le début du conflit, le pays est revenu vingt-cinq ans en arrière. Tous les Syriens sont inquiets pour leur avenir. La plupart des gens riches sont partis, les hommes d’affaires sont partis. A Lattaquié, où je me suis rendu, les affaires fonctionnent encore un peu, mais à Damas, il n’y a plus rien. Beaucoup d’Alépins se sont réfugiés à Lattaquié ou à Tartous pour essayer de relancer leur activité. Mais le yo-yo du dollar fait peur à beaucoup d’importateurs, sans oublier que le transport est devenu difficile et onéreux, à cause des bakchichs multiples. C’est vraiment l’inconnu au niveau économique.

Qu’attendent-ils de la conférence de Genève II, dont on ne sait toujours pas si elle va se tenir?

Pour les Syriens que j’ai rencontrés, quel que soit leur bord politique, la solution au conflit, c’est que l’Arabie saoudite ferme le robinet et arrête de financer les rebelles. Y compris pour les gens proches de l’opposition du début de la révolution syrienne. Beaucoup de gens m’ont dit qu’ils n’étaient pas pour le système actuel, mais pour la Syrie. Ils n’ont pas envie de manifester pour le départ de Bachar el-Assad, car ils estiment qu’il est la clé de voûte du système. Mais ce qui reste prioritaire pour eux, c’est le retour de la sécurité et de pouvoir manger et vivre, comme avant. Le départ d’Assad reste secondaire.

 

Quels sont les enjeux réels de Genève II, selon vous, dans un contexte de tension entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite?

Pour moi, Genève II a déjà eu lieu, lors du deal entre les Etats-Unis et les Russes sur les armes chimiques, avec pour conséquence, qu’Assad reste au pouvoir. Il a montré qu’il est de bonne volonté pour que Genève II ait lieu. Il y a des pressions pour que la Turquie et l’Arabie saoudite soient présentes à la conférence. Le terrain syrien est devenu un des aspects de la vie politique saoudienne. Les Etats-Unis, quant à eux, voudraient se retirer de la région. Ils ont compris que Bachar el-Assad ne va pas tomber et qu’il faut arrêter le conflit. Les Américains ne vont pas prendre le risque d’un conflit régional avec l’Iran pour des caprices de princes saoudiens. Sans compter qu’ils ont vu qu’il n’y a pas d’alternative politique crédible en Syrie. Il y a un éclatement de l’armée de l’opposition, c’est l’anarchie totale. Et si le conflit perdure, il y aura un éclatement complet du pays.

 

Qu’est-ce qui pourrait influencer la position saoudienne?

Ce qui pourrait calmer les Saoudiens, c’est que le feu les atteigne, avec une révolution à l’intérieur. Ou bien des pressions américaines. Ou encore, que la Jordanie soit déstabilisée par la crise syrienne. Les généraux égyptiens, aussi, pourraient estimer qu’Assad est une garantie de stabilité dans la région. Mais le problème, c’est qu’en Arabie saoudite, il n’y a plus vraiment de politique. Le récent refus de siéger au Conseil de sécurité en est la preuve, un véritable caprice. Les Saoudiens sont aussi furieux envers le Qatar qui a renoué avec l’Iran de Hassan Rohani.

 

Estimez-vous que la fin du conflit est proche?

Les Etats-Unis ont sauvé la face avec l’accord sur les armes chimiques. Il reste juste à faire pression sur la Turquie et l’Arabie saoudite. Sauf revirement géopolitique, je pense que la Syrie va encore subir deux ans de combats, dans le scénario le plus optimiste. Sur le terrain, on dénombre 150000 combattants rebelles. Mais depuis le lancement de la contre-insurrection à l’automne 2012, on sait qu’à terme, la population suivra celui qui est capable de ramener la sécurité dans le pays. Quand l’armée syrienne reprend des zones, elle n’est pas rejetée. Si, toutefois, le conflit devait s’éterniser, les zones tenues par les rebelles vont être complètement vidées de leurs habitants. Les Kurdes tiendraient le nord, les rebelles la vallée de l’Euphrate et les environs d’Alep, et le régime, du sud d’Alep jusqu’à la frontière jordanienne. Il n’y aurait plus de zones libres à 100%. Les Syriens auraient le choix entre le chaos et le retour du régime. C’est d’ailleurs ce qu’Assad avait dit au début. Son frère, Maher, avait aussi déclaré: «On vous rendra la Syrie dans l’état où mon père l’a trouvée».

Quelle est la situation des chrétiens de Syrie, actuellement?

50% des chrétiens d’Alep sont déjà partis. Les autres sont restés parce qu’ils n’ont pas le choix. Il y a aussi beaucoup d’Arméniens qui sont passés en Arménie, le temps d’obtenir un passeport et de voyager ailleurs. Ils étaient particulièrement visés par l’opposition qui considère qu’ils sont avec le régime. Dans le village de Maaloula, la plupart des familles chrétiennes se sont réfugiées à Damas. Les rebelles modérés savent très bien que la question des chrétiens est sensible pour l’Occident. Donc, ils essayent de les effrayer. Il suffit qu’il y ait un chrétien tué, ou un massacre, pour que tous les autres s’enfuient de la zone.

Comment jugez-vous l’action de la France, qui s’est positionnée en première ligne pour «punir» le régime d’Assad en août, avant d’être écartée du deal russo-américain?

La diplomatie française est catastrophique. La France ne pourra jouer un rôle à l’avenir qu’à condition de changer de politique à 180 degrés. Elle s’est beaucoup impliquée contre Assad, avant de se faire larguer en plein vol par les Américains. Aujourd’hui, la France s’aligne sur l’Arabie saoudite, en échange de quelques contrats d’armements. Elle a été très loin dans l’erreur. Quand je rencontre des diplomates français, ils disent vouloir faire bouger la Syrie. Il y a là une totale incompréhension de la situation locale. Ils ont été complètement enfumés par l’opposition syrienne. J’espère toutefois que la France a compris que le régime ne tombera pas. La Syrie est d’ailleurs devenue une affaire de politique intérieure en France. L’Elysée et le Quai d’Orsay ont fait tellement d’erreurs qu’ils ne savent plus comment se remettre en selle. Et avec Laurent Fabius, ça va être difficile. D’autant que les Syriens nous en veulent, car des armes françaises auraient été utilisées en Syrie, selon certains, comme les missiles Milan (armes légères antichars, ndlr).

 

Propos recueillis par Jenny Saleh

 

*Gremmo: Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

 

Qui est-il?

Fabrice Balanche est maître de conférences à l’Université Lyon II et directeur du Gremmo à la Maison de l’Orient. Agrégé et docteur en Géographie, il a vécu une dizaine d’années entre la Syrie et le Liban, terrains privilégiés de ses recherches. Il a été responsable de l’Observatoire urbain du Proche-Orient à l’IFPO, entre 2003 et 2007.

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Si vue d’Europe et d’Amérique du Nord, la guerre de Syrie est une révolution visant à renverser une « dictature alaouite » (sic), elle est, vue de Syrie, une invasion par des jihadistes venant du monde entier à l’appel des prédicateurs wahhabites, qu’ils soient qataris ou saoudiens. Pour Said Hilal al-Charifi, un journaliste musulman sunnite, le wahhabisme n’a aucun rapport avec l’islam et doit être considéré comme une secte criminelle. Cette idéologie barbare n’aurait jamais exercé la moindre influence si elle n’avait été portée au pouvoir par les Britanniques et les États-uniens à Riyadh et si elle n’avait bénéficié d’immenses revenus depuis le choc pétrolier de 1974.

 

 

Chaque fois qu’on essaie de démontrer à l’opinion mondiale, les barbaries insoutenables exercées par les jihadistes contre les populations en Syrie, certaines personnes nous contredisent immédiatement en répétant toujours le même refrain : l’islam n’a rien à voir avec ces comportements d’un autre âge. Ces « choses » n’ont rien de musulmanes. Ce qui se passe en Syrie au nom de l’islam n’a rien à voir avec le vrai islam qui est une religion de paix et de tolérance et absolument pas de violence.

 

Bien !

Des aveux frappants

 

Prenons les témoignages, diffusés durant le mois de juillet dernier sur les chaines de télévision syriennes, des jihadistes occidentaux arrêtés sur les champs de batailles par les forces de l’Armée arabe syrienne. Tous ont affirmé avoir répondu aux multiples appels au jihad lancés par des imams des mosquées dans leurs pays respectifs. En écoutant leurs aveux devant les enquêteurs, toutes nationalités confondues : aussi bien occidentaux qu’asiatiques, tchétchènes ou africains, j’ai constaté qu’ils se sont rendus en Syrie pour combattre sur le sentier de Dieu, car le jihad est l’une des obligations de l’islam qui restera en vigueur jusqu’au jour du jugement.

 

À la question « À votre avis, les conditions de cette obligation sont mieux remplies en Syrie que nulle part ailleurs ? », la plupart d’entre eux ont répondu en utilisant les mêmes expressions : oui, la Syrie est « occupée » par un régime laïque [1] représentant une minorité hérétique, les alaouites [2]. Ce régime est soutenu également par d’autres minorités de païens, à savoir les chrétiens, les druzes [3] etc. Ils ont tous conclu : nous retraçons le chemin de notre Prophète ainsi que des bons prédécesseurs. Nous menons un combat juste contre ces incroyants : nous nous sommes rendus sur la terre du Levant, la Syrie, pour ce qu’elle redevienne une terre sainte bénie par le Prophète, pour la purifier de ces sales mécréants en les éradiquant entièrement de ce pays, hommes, femmes et enfants.

Le message syrien a été bien capté

 

La diplomatie syrienne, ainsi que les médias nationaux n’ont pas perdu leur temps. Ils ont su intelligemment mettre en lumière les aveux des détenus occidentaux en tirant les sonnettes d’alarme, notamment dans les réunions du Conseil de sécurité des Nations Unies. L’Occident a fait comprendre qu’il a bien reçu le message syrien.

 

Selon Manuel Valls, ministre français de l’Intérieur, ils sont près de 600 ressortissants européens à s’être rendus en Syrie pour combattre « le régime de Bachar Al-Assad ». Le ministre, qui a dévoilé ce chiffre lors d’une réunion européenne sur le sujet le 7 juin, juge le phénomène « très préoccupant par son ampleur », rapporte Le Monde du 7 juin 2013.

 

Évidemment, ce phénomène est préoccupant, car ces jihadistes poseront ultérieurement d’énormes problèmes de sécurité dans leurs propres pays. Pour Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie et directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient interrogé par RMC, le risque est réel de voir ces combattants se retourner contre leur pays d’origine : « Une fois que ces personnes ont pris goût au maniement des armes, qu’elles ont subi un endoctrinement idéologique, tourné vers la destruction d’Israël, on voit ce qui peut se produire en France. Si des attentats en France peuvent aider ces objectifs, ils le feront ». [4]

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Pourquoi donc ces jeunes européens partent-ils combattre en Syrie, en définitive pour y mourir en « martyrs » ?

 

Il existe des raisons multiples à leur départ. Dans un rapport destiné aux États européens et révélé par Le Monde en mai dernier, Yves de Kerchove, coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, cite pêle-mêle le « goût de l’aventure, la volonté de soutenir des frères opprimés ou de ’punir’ l’Occident, prolongement d’un engagement religieux radical ». Alors que pour ManueI Valls, les combattants français en Syrie sont avant tout des hommes « plutôt jeunes, d’origine très modeste, et pour la plupart convertis à un islam radical ». Le ministre note que « tous ne sont pas des djihadistes et des terroristes », mais beaucoup ont rejoint la mouvance radicale affiliée à Al-Qaida, le fameux Front Al-Nosra, que l’ONU a qualifié d’organisation terroriste. [5]

 

Nous remarquons que seul Manuel Valls a utilisé l’expression exacte « la plupart de ces jeunes français sont convertis à un islam radical ».

 

L’islam radical, promu depuis les années 70 en Occident par le royaume saoudien est fondé sur le jihad. Les enseignements religieux suivis dans toutes les mosquées abordent rarement les questions de paix ou de tolérance. Comme la notion de la liberté qui n’a jamais été un souci philosophique dans la culture arabo-islamique, les notions de paix et de tolérances, chères aux cœurs des musulmans, ne sont développées que vaguement et brièvement, que se soit dans certains versets coraniques ou dans la Biographie Odorante du Prophète.

Ambigüité des notions

 

Le mot « liberté », Hourria en arabe, n’est pas cité dans le Coran. Par contre, le mot « libération », Tahrir en arabe, ou « affranchissement » est cité huit fois dans plusieurs sourates du Coran. Il y désigne l’affranchissement d’un esclave :

« C’est délier un joug, affranchir un esclave »,

Sourate 90 Al-Balad, verset 13. [6]

 

La tolérance, dont les traces n’existent que dans la Biographie Odorante du Prophète, signifierait plutôt l’endurance, c’est-à-dire l’acceptation des autochtones mécréants sur la terre de l’islam.

 

Cela dit, la similitude presque parfaite entre les aveux des jihadistes, provenant de différents pays, ne m’a pas surpris, car tous sont allaités au même pis, si non, des combattants européens devraient être choqués par les scènes de lynchages pratiquées sous leurs yeux à l’encontre de populations désarmées. Ces citoyens européens, qui devraient théoriquement faire respecter les valeurs des Droits de l’homme, non seulement n’ont pas été choqués par ces exactions inacceptables, mais ils y ont participées, comme ce fut le cas de deux jeunes Belges en Syrie.

Des Belges participent à une décapitation en Syrie

 

La télévision flamande VTM a diffusé une vidéo montrant la décapitation d’un homme, laquelle aurait été tournée en Syrie. Dans ce film de deux minutes apparaissent de jeunes hommes s’exprimant en néerlandais et en français, avec un accent belge.

 

Le parquet fédéral belge, chargé des questions de terrorisme, va examiner la vidéo dans le cadre d’une enquête ouverte à Anvers sur le départ de volontaires belges pour la Syrie, rapporte l’Agence France-Presse du 7 juin 2013.

 

Pourtant, tout cela n’est pas suffisant pour remettre en question les politiques européennes à l’égard de ce conflit qui n’a rien à voir avec les slogans affichés, mais qui a par contre des rapports avec des intentions cachées et une volonté délibérée d’anéantir le peuple syrien et de casser son État.

 

 

2 vidéos présentes avec l article original

 

 

Islam et décapitation

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Tout cela montre l'incohérence des services et des médias français dans le traitement du phénomène terroriste.

En effet, ces derniers sont appelés "jihadistes" lorsqu'ils s'attaquent à des pays comme la Syrie et l'Algérie. Ils sont faire partie de "sectes" lorsqu'ils s'attaquent à des pays comme le Nigéria. Ils sont dit "terroristes" uniquement lorsqu'ils s'attaquent à des intérêts ou des pays européens ou américains !

Pourquoi toute cette variété lexicale est elle utilisée alors qu'il s'agit d'un seul et même phénomène et qui émarge politiquement à la même nébuleuse de El Qaïda ?

Tout le monde constate que la France est le pays le plus belliqueux dans la région du moyen-orient :

- En Libye c'est la France de Sarkozy qui a été le pays de tête pour briser le pays et les services secrets de Sarkozy qui se sont empressés d'assassiner Kadhafi de la manière la plus lâche !

- En Syrie aussi. C'est encore la France de Hollande qui est militairement et politiquement derrière les "jihadistes" !

- Au Mali aussi ! ATT (l'ancien président du Mali) était soutenu et encouragé par la France pour atteindre un niveau de pourrissement suffisant entre les habitants du nord et du sud du Mali. Il entretenait une relation ambiguë avec les "jihadistes" au point d'être l'intermédiaire attitré entre eux et le gouvernement français. La France a financé ces "jihadistes" en leur offrant plusieurs dizaines de millions d'euros grâce aux bons offices de ATT !

- Etc etc , etc .......

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