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L’étrange destin des alaouites syriens


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Alors que les combats s’intensifient en Syrie et que l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) déploie des missiles Patriot en Turquie, le régime de M. Bachar Al-Assad tente de réprimer un soulèvement populaire qui dispose de soutiens étrangers. Il s’appuie sur une violence sans limites, mais aussi sur la crainte qu’inspire aux minorités, et en premier lieu aux alaouites, la montée d’un islamisme sunnite djihadiste et la terreur des représailles qu’implique leur appartenance au clan Assad.

par Sabrina Mervin, janvier 2013

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Quel avenir pour les alaouites, la minorité à laquelle appartient la famille du président Bachar Al-Assad et qui représente environ 10 % de la population syrienne ? La question est l’un des enjeux de la crise actuelle. Les membres de cette communauté se répartissent entre son berceau historique, dans la montagne qui longe le littoral méditerranéen, et des villes comme Damas ou Homs, où se sont installés nombre de migrants. Leur doctrine, rattachée au chiisme, en a fait un groupe à part dont une partie des convictions étaient, il y a encore quelques décennies, très éloignées de l’islam. Certains des migrants se sont urbanisés et ont « islamisé » leur pratique religieuse ; d’autres ont gardé à la fois leur mode de vie rural et leurs croyances ésotériques. On dispose de peu de données fiables à leur sujet. Sous le pouvoir de la famille Assad, le sujet a toujours été tabou : on n’ose parler des alaouites en public. Ils ont donc été surnommés « Allemands », à cause de la consonance des deux mots en arabe (alawiyyin et almaniyyin).

 

Aujourd’hui, les observateurs s’interrogent : vont-ils se diviser ? Se désolidariser du régime ? Peu d’alaouites ont rejoint l’opposition au risque de se voir exclus de leur communauté, que soudent avant tout la terreur des représailles et la conviction que personne ne peut représenter une solution de rechange économiquement ou politiquement crédible au clan Assad. Une longue histoire de dissidence religieuse, de persécutions et de répression explique en partie les hésitations des alaouites, qui, il y a un siècle, étaient appelés « nosairis ».

 

En 1903, le jésuite belge Henri Lammens rendit visite à un chef religieux nosairi de l’Antiochène — région de l’actuelle Turquie — afin de le « faire causer ». Comme d’autres orientalistes avant lui, il s’était pris d’intérêt pour ce peuple aux origines obscures qui professait des doctrines religieuses empreintes d’archaïsmes et de syncrétisme, telles la transmigration des âmes ou la croyance en une trinité (Mohammed, le prophète ; Ali, son gendre ; et Salman, l’un de ses compagnons) ; qui célébrait également des cérémonies chrétiennes ainsi que des fêtes aux allures plus païennes, et rendait un culte à des saints locaux sans pour autant avoir de mosquées où prier. Les secrets de la religion des nosairis se transmettant aux seuls initiés, ils constituaient autant de mystères à percer pour les orientalistes et les missionnaires.

 

Lammens avait d’abord cru voir dans les nosairis d’anciens chrétiens, mais il allait se raviser après un entretien avec le cheikh, qui se réclamait clairement de l’islam chiite. Celui-ci refusa par ailleurs l’idée d’une absorption des nosairis par les sunnites, et se plaignit des mauvais traitements que leur avait infligés l’Empire ottoman, dont la province dépendait avant la première guerre mondiale. Ce peuple était selon lui sans défense, car privé des protections extérieures dont bénéficiaient d’autres confessions. « Et si vous deveniez chrétiens ?, lui suggéra Lammens. Cette démarche conférerait aussitôt à la France le droit d’intervenir en votre faveur (1)… »

 

Ce récit préfigure les difficultés qu’ont rencontrées les nosairis dès le début du XXe siècle pour construire et affirmer leur identité au sein de l’Empire ottoman déclinant, puis de la Syrie sous mandat français (à partir de 1920), et enfin de la Syrie indépendante (1946). Durant cette période, ils durent sortir de leur isolement montagnard et faire l’apprentissage de la modernité.

 

Leur religion s’est constituée au sein du chiisme, entre le IXe et le Xe siècle, sous le nom de son fondateur, Mohammed Ibn Nosair. Elle se rattache aux groupes appelés ghulât (« extrémistes »), accusés d’exagérer le culte voué à Ali jusqu’à le déifier (2). Après une phase d’expansion en Orient, ses adeptes se replièrent dans la montagne, et elle se développa en vase clos, puisant dans les croyances et les rites locaux. Religion initiatique, elle s’entoura de secret et cultiva une voie ésotérique, gnostique, mystique, en marge de l’islam, de sa loi et de ses rites. Aussi fut-elle taxée d’impiété, notamment par le fameux juriste du XIVe siècle Ibn Taymiyya, et les nosairis furent rejetés hors de l’islam.

Un passé pétri de misère

 

Au cours des dernières années de l’Empire ottoman, les nosairis furent discriminés, victimes de représentations souvent fantasmées. De leur côté, à l’instar d’autres chiites, ils conservaient des pratiques offensantes pour les sunnites, telle l’insulte rituelle des successeurs du Prophète (3). Istanbul tenta sans grand succès de les intégrer lorsqu’il entreprit de réformer son administration, notamment en construisant des mosquées. Les nosairis vivaient alors principalement dans les villages de la montagne (Jabal Ansarieh) et dans le sandjak d’Alexandrette (4), où ils étaient plus urbanisés et bénéficiaient d’un accès à l’éducation, ainsi que dans le nord du Liban — où, depuis le début du soulèvement en Syrie, des affrontements quotidiens les opposent à des groupes sunnites à Tripoli.

 

Dans la montagne, le quotidien des paysans analphabètes et exploités par les propriétaires terriens sunnites était pétri de misère. Quelques membres de la communauté accédèrent néanmoins à des postes de l’administration ottomane, et cette société rurale organisée en quatre fédérations tribales allait s’ouvrir quelque peu sur l’extérieur. A partir des années 1910, des dignitaires religieux nosairis nouèrent des relations avec des confrères chiites duodécimains (5) de l’actuel Liban sud et de l’Irak. Certains commencèrent à se présenter comme « alaouites », afin de se rattacher à la figure d’Ali et au chiisme, et de se distancer du terme « nosairi », devenu péjoratif.

 

Au moment d’instaurer leur mandat sur la Syrie et le Liban (1920-1946), les Français adoptèrent le terme « alaouites » pour les désigner. Préserver cette minorité religieuse et remédier à son arriération économique et sociale n’était pas leur seul but : ils voulaient aussi, et surtout, la séparer des nationalistes musulmans sunnites — diviser pour mieux régner. La Syrie fut morcelée et les alaouites se virent dotés d’un territoire autonome, qui devint en 1922 un Etat avec Lattaquié pour capitale, avant d’être rattaché à la Syrie en 1939.

 

Si certains notables et chefs de tribu avaient favorablement accueilli l’entreprise française, l’un d’eux, Saleh Al-Ali (1884-1950), y avait résisté par les armes dès décembre 1918, ralliant d’autres chefs pour mener le combat dans la montagne avant d’être vaincu en 1921. Il fut d’ailleurs le premier insurgé de toute la Syrie, et fut reconnu dès 1946, par le premier gouvernement indépendant, comme un héros national. Une autre figure se distingua : celle de Soleiman Al-Mourchid, berger thaumaturge qui se déclara prophète, voire dieu. Il finit pendu pour trahison par la Syrie indépendante en 1946. Ses adeptes formèrent une secte (6).

 

Al-Mourchid étant partisan de l’autonomie des alaouites, les autorités françaises s’en firent un allié. Au début des années 1930, les notables alaouites se partageaient en deux camps : d’un côté, ceux qui voulaient préserver l’autonomie de la communauté — et sans doute aussi le pouvoir qu’ils y exerçaient — et rester séparés de la Syrie ; de l’autre, ceux, souvent de jeunes gens instruits, qui se rangeaient du côté des sunnites des villes et revendiquaient leur rattachement à une Syrie unie (7).

 

Au cours des discussions qui précédèrent la signature du traité franco-syrien en 1936, la question de l’appartenance des alaouites à l’islam fut posée. Les chefs religieux alaouites eux-mêmes étaient divisés entre défenseurs de l’autonomie de leur communauté et partisans de l’unité syrienne. Derrière la figure de Soleiman Al-Ahmad (1866-1942), ces derniers clamaient leur adhésion à l’islam. En 1936, ils publièrent un texte affirmant leur identité arabe et musulmane, puis sollicitèrent le mufti de Jérusalem, Amin Al-Husseini. Celui-ci émit une fatwa : pour la première fois, une autorité musulmane incluait les alaouites dans l’oumma, la communauté des croyants.

 

Lors de l’indépendance de la Syrie, les alaouites représentaient 11 %de la population, et 80 %d’entre eux habitaient dans la montagne. Sous le mandat français, ils avaient commencé à s’installer dans les bourgs et les villes côtières. Le mouvement se poursuivit et, pour échapper à la pauvreté, ils se fixèrent surtout à Homs ou à Damas, où ils exercèrent de petits métiers. L’armée fut un autre débouché : déjà surreprésentés dans les troupes françaises du Levant, les alaouites, comme d’autres minorités, intégrèrent l’Ecole militaire à la fin des années 1940. Ils allaient ensuite former une base de recrutement du parti Baas, parti nationaliste arabe se réclamant du socialisme.

 

Soutenus par les autorités religieuses des chiites duodécimains résidant en Irak, ils fondèrent des institutions religieuses, construisirent des mosquées, publièrent des ouvrages sur leurs doctrines, et leurs clercs obtinrent en 1952 d’être reconnus comme jafarites, autrement dit chiites, par le mufti de Syrie. Le processus de rapprochement avec le chiisme allait s’intensifier sous Hafez Al-Assad, père de l’actuel président : un important chef religieux libanais, Moussa Sadr, les qualifiait en 1973 de musulmans, et des écoles religieuses chiites furent ouvertes à Sayyida Zaynab, dans la banlieue de Damas. Des rumeurs de « chiitisation » du pays circulèrent dans les années 2000, sur fond d’alliance avec le Hezbollah libanais et l’Iran.

 

Après le coup d’Etat militaire baassiste de 1963, les alaouites purent accéder aux positions-clés dans l’armée. Hafez Al-Assad, qui se débarrassa de ses rivaux en 1970, poursuivit cette politique en leur distillant ce message : « Tu es avec Assad, tu es avec toi-même (8). » Ce pacte vaut toujours, et résonne à la fois comme une promesse et comme une menace. Toutefois, l’ascension des alaouites dans l’armée et le Baas, leur conquête de l’Etat et de la capitale par leur infiltration dans les institutions et leur confiscation des ressources, méritent d’être nuancées (9).

 

Pour parvenir à ce contrôle et à ce maillage de la société, Assad père s’appuya sur d’autres stratégies clientélistes ou territoriales, d’autres forces et d’autres communautés : la communauté majoritaire d’abord, les sunnites (notamment dans l’armée, puis dans l’économie), et les autres minorités (chrétienne, druze, etc.). Au gré des moments de crise ou de relative détente, le régime oscilla entre le repli sur son assise alaouite, ainsi que sur l’appareil sécuritaire, où les membres de la communauté sont très nombreux, et l’ouverture aux autres. M. Bachar Al-Assad aménagea cette politique à sa manière, dans le cadre d’un néolibéralisme qui vira à l’affairisme.

 

Mais les alaouites ne sont pas tous avantagés par le régime. Si leur territoire d’origine a profité d’une modernisation soigneusement planifiée en vue de la constitution d’une possible base de repli, seuls le clan Assad et ses proches ont bénéficié des largesses de l’Etat. Le président a sapé l’organisation tribale et l’influence des chefs religieux, évincé les grandes familles traditionnelles, réprimé les opposants. L’ascension sociale des petits fonctionnaires et des militaires est très relative et ils pâtissent, comme les autres Syriens, des difficultés économiques.

 

Sabrina Mervin

Chargée de recherche au Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux (Ceifr) du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ; auteure notamment de l’ouvrage Histoire de l’islam. Fondements et doctrines, Flammarion, Paris, 2003.

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Lire « L’“entité alaouite”, une création française », dans Pierre-Jean Luizard (sous la dir. de), Le Choc colonial et l’islam, La Découverte, Paris, 2006.

 

si c est une création francaise

on se demande le pourquoi de la conduite de ce bon laurent et aussi francois...

on dirait qu ils ont trouvés d autres amis:mdr:

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la position politique de certains alawites est certainement plus honorable que certains sunnites...

suivez mon regard

qataris,saoudis.........

ca c'est sur en déposant toute leurs artillerie sur les tetes des femmes et des enfants en détruisant tout la syrie sans osé une seul fois ou au moins faire semblant de représailles contre les attaques israilite c'est une position digne d'etre exceptionnel c vrai.

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ca c'est sur en déposant toute leurs artillerie sur les tetes des femmes et des enfants en détruisant tout la syrie sans osé une seul fois ou au moins faire semblant de représailles contre les attaques israilite c'est une position digne d'etre exceptionnel c vrai.

 

rhooooooooooooo

tu dois regarder tfi

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rhooooooooooooo

tu dois regarder tfi

 

je ne regarde pas je lis...........

 

 

 

le théologien al-Ash'ari (874-936) a jugé que l'Alaouisme encourageait la sodomie masculine et les mariages incestueux et le fondateur de la doctrine religieuse druze, Hamza ibn 'Ali (m.en 1021), a écrit que les Alaouites considèrent«le membre masculin entrant dans la nature féminine comme l'emblème de leur doctrine spirituelle ». En conséquence, les hommes alaouites partagent librement leurs épouses avec des coreligionnaires.

 

Le plus frappant de tout, les Alaouites n'ont pas de prières ou de lieux de culte ; en effet ils n'ont pas de structures religieuses autres que les sanctuaires tombes. Les prières ont lieu dans des maisons privées, généralement celles des chefs religieux.....

 

 

 

Au-delà des divergences spécifiques, la non-conformité à la charia signifie que la vie alaouite suit son propre rythme, fondamentalement différente de celles des musulmans sunnites, avec lesquels il y aurait seulement des légères différences, mais plutôt, ils ressemblent à des chrétiens et des juifs dans leur manière de vivre totalement distincte. Matti Moosa fait remarquer que, «comme les autres chiites extrémistes... les Nusayris avaient un mépris total pour les obligations religieuses musulmanes." Ignaz Goldziher le résume succintement: «Cette religion n'est l'Islam qu'en apparence. » Il est important de rendre ce point très clair: « Les Alaouites n'ont jamais été des musulmans et ne le sont pas maintenant.....

 

Un voyageur anglais a observé en 1697 que les Alaouites sont

 

d'un caractère étrange et singulier. Car c'est leur principe de n'adhérer à aucune religion définie, mais comme un caméléon, ils ont pris la couleur de la religion, quelle qu'elle soit, qui se reflète sur eux à partir des personnes avec lesquelles ils conversent.... Personne n'a jamais été capable de découvrir ce qu'ils étaient vraiment au fond d'eux-mêmes. Tout ce qui est certain à leur sujet, c'est qu'ils font beaucoup de vin et du bon vin, et que ce sont de grands buveurs...................tu veux plus?

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salam

je me méfie des orientalistes...

as tu lu un peu ce qu' écrit Ignaz Goldziher et qui il est

et l autre source c'est foulani.......un voyageur anglais..............

 

tu as raison c'est une secte

mais bon nos sunnites dirigeants qararis et wahabo saoudis sont encore moins clairs et hypocrites

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Guest abderfik
la position politique de certains alawites est certainement plus honorable que certains sunnites...

suivez mon regard

qataris,saoudis.........

 

Aprés l'époque de Jesus psl ont existé les Nazoréniens et aussi ils se sont inteessé à la Gnose, au coté mystique, profond, trés spirituel du texte qu'ont laissé les apotres de Jesus

Avec l'avenement de L'Islam et Ali l'interprete du Coran, ils ont vu le texte de jesus (prophétique) se décoder par le Coran (qui ouvre et décode les écritures) et on a les Noceiri qui adorent

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