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Alors que je visionnais, sur les conseils de Jules, un documentaire passionnant sur Camus, son œuvre et ses positions politiques ambiguës. Une intervention de Mouloud Mammeri m’a surprise. Je découvrais l’homme au mot juste, à l’analyse rationnelle mais aussi l’homme au ton pédant. Surprise, je n’ai pu m’empêcher de sourire.

Curieuse, je tapais son nom pour tenter de percer son mystère. Celui que je pressentais lorsque mon institutrice m’avait remis en guise de prix La Colline oubliée. Un livre d’adulte pour l’élève de 6ième année que j’étais. C'est en le dévorant que je découvris le goût de l’interdit. Je me rendais bien compte que si ce minuscule livre de poche s’était glissé dans la pile de livres devenus insignifiants pour moi, ce ne pouvait être que le fruit d’une erreur monumentale. Alors, tranquillement, je le rangeais derrière un gros dictionnaire pour que mes parents ne puissent le trouver.

Aujourd’hui, en fouillant, je me rends compte de la controverse soulevée par les écrits de Mammeri et à quel point, il a pu être dénigré dans son pays.

 

J'apprécie sa façon d’aborder les sujet les plus crus avec pudeur sans pour autant leur ôter leur authenticité.

 

Je me souviens d'une étudiante qui s'était inscrite sur FA pour avoir de l'information au sujet de La Colline oubliée. Alors, pour ceux que ça intéresse, voici une opinion bien étoffée:

 

MOULOUD MAMMERI OU LA COLLINE EMBLÉMATIQUE - MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

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Alors que je visionnais, sur les conseils de Jules, un documentaire passionnant sur Camus, son œuvre et ses positions politiques ambiguës. Une intervention de Mouloud Mammeri m’a surprise. Je découvrais l’homme au mot juste, à l’analyse rationnelle mais aussi l’homme au ton pédant. Surprise, je n’ai pu m’empêcher de sourire.

Curieuse, je tapais son nom pour tenter de percer son mystère. Celui que je pressentais lorsque mon institutrice m’avait remis en guise de prix La Colline oubliée. Un livre d’adulte pour l’élève de 6ième année que j’étais. C'est en le dévorant que je découvris le goût de l’interdit. Je me rendais bien compte que si ce minuscule livre de poche s’était glissé dans la pile de livres devenus insignifiants pour moi, ce ne pouvait être que le fruit d’une erreur monumentale. Alors, tranquillement, je le rangeais derrière un gros dictionnaire pour que mes parents ne puissent le trouver.

Aujourd’hui, en fouillant, je me rends compte de la controverse soulevée par les écrits de Mammeri et à quel point, il a pu être dénigré dans son pays.

 

J'apprécie sa façon d’aborder les sujet les plus crus avec pudeur sans pour autant leur ôter leur authenticité.

 

Je me souviens d'une étudiante qui s'était inscrite sur FA pour avoir de l'information au sujet de La Colline oubliée. Alors, pour ceux que ça intéresse, voici une opinion bien étoffée:

 

MOULOUD MAMMERI OU LA COLLINE EMBLÉMATIQUE - MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

 

Je ne me suis jamais penchée sur cet auteur, j'ai lu Le sommeil du juste et La mort absurde des aztèques. Ce que j'ai lu dans certaines critiques c'est qu'à cause de La Colline oubliée jugée comme oeuvre anachronique (qui ne s'inscrivait pas parmi les œuvres engagées dans l'histoire de la guerre de libération nationale comme toute la littérature de l'époque) et donc Mammeri a été taxé par Mostapha Lacheraf comme un écrivain désengagé de l'histoire de son pays au moment où tous les autres l'étaient

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Je ne me suis jamais penchée sur cet auteur, j'ai lu Le sommeil du juste et La mort absurde des aztèques. Ce que j'ai lu dans certaines critiques c'est qu'à cause de La Colline oubliée jugée comme oeuvre anachronique (qui ne s'inscrivait pas parmi les œuvres engagées dans l'histoire de la guerre de libération nationale comme toute la littérature de l'époque) et donc Mammeri a été taxé par Mostapha Lacheraf comme un écrivain désengagé de l'histoire de son pays au moment où tous les autres l'étaient

 

Justement, si tu suis le lien que j'ai posté, la position des un et des autres (incluant celle de M. Lachref) est décortiqué en guerre arabe-berbère. Est-ce exagéré, je n'en sais rien. Cependant, il y a eu un phénomène de rejet.

De toute façon, ce rejet ressemble à tous les rejets subis par les quelques esprits libres algériens qui tentent de s'exprimer. A vouloir à tout prix maintenir les gens dans un moule, on se prive de créativité.

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Je ne me suis jamais penchée sur cet auteur, j'ai lu Le sommeil du juste et La mort absurde des aztèques. Ce que j'ai lu dans certaines critiques c'est qu'à cause de La Colline oubliée jugée comme oeuvre anachronique (qui ne s'inscrivait pas parmi les œuvres engagées dans l'histoire de la guerre de libération nationale comme toute la littérature de l'époque) et donc Mammeri a été taxé par Mostapha Lacheraf comme un écrivain désengagé de l'histoire de son pays au moment où tous les autres l'étaient

 

Chère Terbhou,

 

Il n'en demeure pas moins, qu'il écrit au cours même de la guerre d'Indépendance "l'Opium et le Bâton" qui est un roman sur un village algérien pris de la tourmente de ce conflit. Cette oeuvre portée à l'écran n'a pas d'égale dans la littérature algérienne contemporaine.

 

Bien à vous, Rafiq.

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Chère Terbhou,

 

Il n'en demeure pas moins, qu'il écrit au cours même de la guerre d'Indépendance "l'Opium et le Bâton" qui est un roman sur un village algérien pris de la tourmente de ce conflit. Cette oeuvre portée à l'écran n'a pas d'égale dans la littérature algérienne contemporaine.

 

Bien à vous, Rafiq.

 

Et à l"époque on avait dit qu'il avait écrit l'Opium et le bâton pour se "racheter" avec l'histoire , je répète des choses que j'ai lu y a des années

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Justement, si tu suis le lien que j'ai posté, la position des un et des autres (incluant celle de M. Lachref) est décortiqué en guerre arabe-berbère. Est-ce exagéré, je n'en sais rien. Cependant, il y a eu un phénomène de rejet.

De toute façon, ce rejet ressemble à tous les rejets subis par les quelques esprits libres algériens qui tentent de s'exprimer. A vouloir à tout prix maintenir les gens dans un moule, on se prive de créativité.

 

Je vais lire attentivement l'article que tu as posté et te dirai ce que j'en pense

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est ce que étudiiez mammeri à l'école en Algérie? Ferraoun, oui, mais Mammeri?

 

j'ai tous ses livres, il reste un auteur majeur pour moi.

 

Tu as été amenée à le lire comment? j'imagine que c'est ton mari qui t'a influencée :rolleyes:

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Et à l"époque on avait dit qu'il avait écrit l'Opium et le bâton pour se "racheter" avec l'histoire , je répète des choses que j'ai lu y a des années

 

Chère Terbhou,

 

N'était-ce pas une façon de justifier son bannissement? Il est en effet chargé de cours de langue Tamazight à l'Université d'Alger jusqu'en 1968. Sa chaire est alors fermée et l'enseignement de cette langue est interdit.

Ses positions sur l' Histoire de l'Algérie sont pourtant tout sauf sectaires. A titre d'exemple, il intègre les dimensions ottomane, arabe et bien-sûr musulmane comme structurantes de la personnalité culturelle de l'Algérie. Je pense que c'est sans doute le précurseur dans le combat citoyen et pour la Citoyenneté que l'on a voulu museler . C'est la raison de cette campagne de dénigrement contre lui. Sa mort pseudo- accidentelle m'apparaît d'ailleurs comme éminemment suspecte.

 

Bien à vous, Rafiq.

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Tu as été amenée à le lire comment? j'imagine que c'est ton mari qui t'a influencée :rolleyes:

 

non du tout, "la colline oubliée" je l'ai lu j'étais ado (pas compris la teneur importante de ce livre) je l'avais + compris à l'époque comme un témoignage, une description de sa société villageoise. ma 1ere rencontre avec l'univers kabyle (hormis les voisins du quartier bien sur :D ), l'histoire de Mokrane, et aussi Akli et sa belle épouse Davda avec ses bijoux en argent qui tintent dans le noir.....

 

"l'opium et le baton" je suis tombée sur une vieille édition quand j'étais en fac, je l'avais lu il m'avait retourné le coeur. :confused: (racheté depuis à Alger, car de mon temps il n'était pas édité en France, trop subversif, ça a peut être changé depuis)

 

"le sommeil du juste"... achetés à Alger, à chaque virée au bled.

 

pareil pour Dib, Ferraoun, Djebbar, Meyssa Bey, Sebbar etc....

 

c'est moi la littéraire de la famille, mon mari ne lis jamais (sauf des livres médicaux), il connait Mammeri car il a vu "l'opium et le baton" peut être 4500fois à l'ENTV.

 

je trouve le film pas terrible, vraiment à 10 000lieues derrière le bouquin, sa force (mon personnage préféré, l'ivrogne harki Bélaïd)

 

l'écriture est très forte, j'aime beaucoup.

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non du tout, "la colline oubliée" je l'ai lu j'étais ado (pas compris la teneur importante de ce livre) je l'avais + compris à l'époque comme un témoignage, une description de sa société villageoise. ma 1ere rencontre avec l'univers kabyle (hormis les voisins du quartier bien sur :D ), l'histoire de Mokrane, et aussi Akli et sa belle épouse Davda avec ses bijoux en argent qui tintent dans le noir.....

 

"l'opium et le baton" je suis tombée sur une vieille édition quand j'étais en fac, je l'avais lu il m'avait retourné le coeur. :confused: (racheté depuis à Alger, car de mon temps il n'était pas édité en France, trop subversif, ça a peut être changé depuis)

 

"le sommeil du juste"... achetés à Alger, à chaque virée au bled.

 

pareil pour Dib, Ferraoun, Djebbar, Meyssa Bey, Sebbar etc....

 

c'est moi la littéraire de la famille, mon mari ne lis jamais (sauf des livres médicaux), il connait Mammeri car il a vu "l'opium et le baton" peut être 4500fois à l'ENTV.

 

je trouve le film pas terrible, vraiment à 10 000lieues derrière le bouquin, sa force (mon personnage préféré, l'ivrogne harki Bélaïd)

 

l'écriture est très forte, j'aime beaucoup.

 

Si tu aimes autant lire sur la kabylie, je te conseille un livre poignant, que j'adore lire et relire, il est écrit par une femme et est autobiographique, c'est Histoire de ma vie de Fadhma Mansour Amrouche (la maman de Jean Amrouche et Taous Amrouche) , juste génial ce livre, témoignage sur la vie et les moeurs de la kabylie de la fin du 19e s et du début du 20e, et aussi sur la vie religieuse clandestine des chrétiens de kabylie à l'époque

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Chère Terbhou,

 

N'était-ce pas une façon de justifier son bannissement? Il est en effet chargé de cours de langue Tamazight à l'Université d'Alger jusqu'en 1968. Sa chaire est alors fermée et l'enseignement de cette langue est interdit.

Ses positions sur l' Histoire de l'Algérie sont pourtant tout sauf sectaires. A titre d'exemple, il intègre les dimensions ottomane, arabe et bien-sûr musulmane comme structurantes de la personnalité culturelle de l'Algérie. Je pense que c'est sans doute le précurseur dans le combat citoyen et pour la Citoyenneté que l'on a voulu museler . C'est la raison de cette campagne de dénigrement contre lui. Sa mort pseudo- accidentelle m'apparaît d'ailleurs comme éminemment suspecte.

 

Bien à vous, Rafiq.

 

Je ne remets en aucun cas en cause le fait qu'il ait été censuré et évincé à cause de ses travaux sur la culture berbère et ce qui en est suivi. Cela dit je ne connais pas grand chose sur lui à part mes quelques lectures éparses.

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Interessant comme post si vous avez des livres a conseiller jsuis preneuse perso Mammeri j'ai lu les plus connus je pense mais si vous avez d'autres lectures a conseiller je serais curieuse...parfois jme lance et je bloque j'ai tenté assia djebar jsuis pas aller au delà de 50 pages...j'ai eu du mal avec son style jsuis pas assez tenace :(

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Interessant comme post si vous avez des livres a conseiller jsuis preneuse perso Mammeri j'ai lu les plus connus je pense mais si vous avez d'autres lectures a conseiller je serais curieuse...parfois jme lance et je bloque j'ai tenté assia djebar jsuis pas aller au delà de 50 pages...j'ai eu du mal avec son style jsuis pas assez tenace :(

 

Moi aussi je me suis mise à la littérature algérienne francophone y a quelques années (avant j'étais réticente à la lire, j'avais l'impression qu'elle allait me souler :confused: ), donc je n'ai lu que quelques auteurs.

Pour Djebar, j'ai pas fini Les alouettes naïves qui m'a ennuyée dès les premières pages, mais j'ai aimé Loin de Médine et j'ai trop adoré Nulle part dans la maison de mon père (autobiographie)

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Moi aussi je me suis mise à la littérature algérienne francophone y a quelques années (avant j'étais réticente à la lire, j'avais l'impression qu'elle allait me souler :confused: ), donc je n'ai lu que quelques auteurs.

Pour Djebar, j'ai pas fini Les alouettes naïves qui m'a ennuyée dès les premières pages, mais j'ai aimé Loin de Médine et j'ai trop adoré Nulle part dans la maison de mon père (autobiographie)[/quote

 

Pareil j'ai longtemps lu les classiques french et puis pour changer j'ai été faire un tour dans les vieux bouquins des parents...et on y prends gout :)

Je me souviens même plus du titre du livre que j'avais commencé de Djebar c'est pour dire combien ça m'avait barbé...et du coup j'ai fais un blocage sur l'auteur...je vais retenter qui sait...apres pas spécialement algérien pour ma part j'ai eu ma periode Naguib Mahfouz lol...et Alaa Al Ashwany pas mal aussi...

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Je ne remets en aucun cas en cause le fait qu'il ait été censuré et évincé à cause de ses travaux sur la culture berbère et ce qui en est suivi. Cela dit je ne connais pas grand chose sur lui à part mes quelques lectures éparses.

 

Chère Terbhou,

 

La tentative de dévalorisation de Mammeri concerne avant tout ses prises de position citoyennes sur la démocratisation de la culture. La question linguistique est somme toute secondaire. Plus exactement il l'inclue dans une dimension plus large qui est la contestation de la pensée unique. Ses travaux s'inscrivent donc dans une vision universelle. C'est pourquoi, il tente de faire prendre conscience du caractère non régional de la dimension amazighe. Il représentait une sensibilité qui ne pouvait être interprétée que comme un danger par les apôtres du dogme idéologique et culturel. C'est sans doute la raison pour laquelle il constitue un symbole pour le premier vrai mouvement de contestation démocratique (Printemps de la Démocratie, 1980).

 

Bien à vous, Rafiq.

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