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Petit résumé de ce qui se passe à Alger


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Petit résumé de ce qui se passe à Alger

 

Par Kamel Daoud - Le Quotidien d'Oran - 15/01/2014

 

 

Dans une curieuse défaite de soi et des siens, on se demande tous «qui vont-ils choisir comme Président ?» et jamais «qui allons-nous choisir, nous, comme Président ?», (il est bon ton de dire que le peuple doit choisir mais, un par un, on pense tous que ce peuple vote mal par ce qu'il n'existe plus ). Toute élection étant dans le pays une cooptation ; et c'est donc l'angoisse des gens, hommes d'affaires, élites politiques, organiques et plébéiens de service : pourquoi le régime tarde tant à voter ? Car cela tarde, trop et dangereusement. Le maître mot du moment est «le consensus» : le prochain Président sera l'enfant du consensus, ce Père mou de la nécessité dont la mère est la méfiance. Et cet homme n'arrive pas, le régime n'arrivant à accoucher ni par césarienne ni en poussant fort, définitivement. Cela tarde. Et cela s'appelle l'angoisse 92 pour le chroniqueur. A l'époque de la démission de Chadli, on a résolu l'équation de l'urgence et du consensus par la formule collégiale du HCE. Cela a fonctionné pour assurer la soudure avant de trouver l'homme qu'il faut. Sauf que, depuis, le régime a épuisé beaucoup de formules : on a essayé le Président-Général, le Président «historique» qui sera tué, le Président par avion, faux civil qui déteste les civils. Que reste-t-il ? Des noms pour aujourd'hui.

 

La rumeur slalome entre une dizaine de noms et parfois les plus inattendus. Ce que l'on cherche en gros, dit-on à Alger, c'est quelqu'un qui ne fasse pas peur aux sortants et qui ne soit l'homme de leurs adversaires. On dit que la famille Bouteflika ne fait plus confiance au temps depuis 1979. Quand il passe, il leur passe sur le corps généralement et depuis, ils se méfient, tous. On cherche donc un homme qui sécurise leur sortie mais qui ne soit pas l'homme de leurs ennemis. Un homme qui assure l'interface entre les hommes d'affaires et les détenteurs de la légitimité historique. Quelqu'un qui ne soit pas mal vu par les militaires mais sans être de cette famille qui se méfie, naturellement, des «services» qu'elle perçoit comme source du Mal. Aussi un homme qui n'a pas fait de politique pour éviter le tintamarre du FLN et des partis, et un homme qui inspire confiance aux Occidentaux et qui pourra jouer de «son âge» pour donner l'impression d'un renouvellement. Un homme qui sécurise les capitaux, l'argent, les investissements clandestins et assure l'équilibre entre martyrs et détournements, émeutes et applaudissements.

 

Difficile équation. Le cas du régime actuellement est celui de l'exacerbation des intérêts divergents au point où la confiance n'est plus de mise. Il n'y pas de garanties pour celui qui sort ni pour celui qui arrive. Du coup, pas de visibilité, pas de consensus, donc pas de nom définitif, que des essayages en cabine. En plus, la décennie Bouteflika a tellement fait le vide qu'il ne reste personne : ni peuple, ni décideurs ni prétendants. Une sorte de nivellement qui a conduit à «personne» comme candidats sérieux et à beaucoup de candidatures loufoques du genre «pourquoi pas moi ?» à cause d'un ancien galon, d'un cercle d'ami ou d'un peu trop de vanité.

 

Les vraies élections algériennes sont donc prévues dans une semaine. Pas pour Avril. Un choix sera fait, avec la tentation habituelle de maintenir le statuquo et de se choisir un vieillard qui ne menacera pas de durer à cause de son âge et qui fera l'affaire de tous parce qu'il n'aura pas d'os ni de futur ni d'ambition que d'achever la plus grande mosquée d'Afrique. Ou un homme d'âgé médian, pour vendre la «démocratie spécifique», l'image de rupture mais sans rupture réelle : cet homme sera cependant finement choisi de sorte qu'il n'aura pas la grande ambition d'être vraiment Président, ni la possibilité de menacer par sa démission ou ses caprices.

 

Ce sont les deux portraits : une transition formelle ou une transition remise à plus tard.

 

Un ami du chroniqueur fera cependant cette remarque géniale : «La surprise viendra peut être de chez celui que l'on prend pour un idiot. L'empereur Claude». Dans la tradition tumultueuse de Rome, Claude avait été choisi par les gardiens et prétoriens comme empereur car tous le prenaient pour un débile bègue. Il se révélera empereur retors, capable, bâtisseur et son règne aura la vertu d'une réforme profonde de l'empire.

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Par Kamel Daoud - Le Quotidien d'Oran - 15/01/2014

 

 

Dans une curieuse défaite de soi et des siens, on se demande tous «qui vont-ils choisir comme Président ?» et jamais «qui allons-nous choisir, nous, comme Président ?», (il est bon ton de dire que le peuple doit choisir mais, un par un, on pense tous que ce peuple vote mal par ce qu'il n'existe plus ). Toute élection étant dans le pays une cooptation ; et c'est donc l'angoisse des gens, hommes d'affaires, élites politiques, organiques et plébéiens de service : pourquoi le régime tarde tant à voter ? Car cela tarde, trop et dangereusement. Le maître mot du moment est «le consensus» : le prochain Président sera l'enfant du consensus, ce Père mou de la nécessité dont la mère est la méfiance. Et cet homme n'arrive pas, le régime n'arrivant à accoucher ni par césarienne ni en poussant fort, définitivement. Cela tarde. Et cela s'appelle l'angoisse 92 pour le chroniqueur. A l'époque de la démission de Chadli, on a résolu l'équation de l'urgence et du consensus par la formule collégiale du HCE. Cela a fonctionné pour assurer la soudure avant de trouver l'homme qu'il faut. Sauf que, depuis, le régime a épuisé beaucoup de formules : on a essayé le Président-Général, le Président «historique» qui sera tué, le Président par avion, faux civil qui déteste les civils. Que reste-t-il ? Des noms pour aujourd'hui.

 

La rumeur slalome entre une dizaine de noms et parfois les plus inattendus. Ce que l'on cherche en gros, dit-on à Alger, c'est quelqu'un qui ne fasse pas peur aux sortants et qui ne soit l'homme de leurs adversaires. On dit que la famille Bouteflika ne fait plus confiance au temps depuis 1979. Quand il passe, il leur passe sur le corps généralement et depuis, ils se méfient, tous. On cherche donc un homme qui sécurise leur sortie mais qui ne soit pas l'homme de leurs ennemis. Un homme qui assure l'interface entre les hommes d'affaires et les détenteurs de la légitimité historique. Quelqu'un qui ne soit pas mal vu par les militaires mais sans être de cette famille qui se méfie, naturellement, des «services» qu'elle perçoit comme source du Mal. Aussi un homme qui n'a pas fait de politique pour éviter le tintamarre du FLN et des partis, et un homme qui inspire confiance aux Occidentaux et qui pourra jouer de «son âge» pour donner l'impression d'un renouvellement. Un homme qui sécurise les capitaux, l'argent, les investissements clandestins et assure l'équilibre entre martyrs et détournements, émeutes et applaudissements.

 

Difficile équation. Le cas du régime actuellement est celui de l'exacerbation des intérêts divergents au point où la confiance n'est plus de mise. Il n'y pas de garanties pour celui qui sort ni pour celui qui arrive. Du coup, pas de visibilité, pas de consensus, donc pas de nom définitif, que des essayages en cabine. En plus, la décennie Bouteflika a tellement fait le vide qu'il ne reste personne : ni peuple, ni décideurs ni prétendants. Une sorte de nivellement qui a conduit à «personne» comme candidats sérieux et à beaucoup de candidatures loufoques du genre «pourquoi pas moi ?» à cause d'un ancien galon, d'un cercle d'ami ou d'un peu trop de vanité.

 

Les vraies élections algériennes sont donc prévues dans une semaine. Pas pour Avril. Un choix sera fait, avec la tentation habituelle de maintenir le statuquo et de se choisir un vieillard qui ne menacera pas de durer à cause de son âge et qui fera l'affaire de tous parce qu'il n'aura pas d'os ni de futur ni d'ambition que d'achever la plus grande mosquée d'Afrique. Ou un homme d'âgé médian, pour vendre la «démocratie spécifique», l'image de rupture mais sans rupture réelle : cet homme sera cependant finement choisi de sorte qu'il n'aura pas la grande ambition d'être vraiment Président, ni la possibilité de menacer par sa démission ou ses caprices.

 

Ce sont les deux portraits : une transition formelle ou une transition remise à plus tard.

 

Un ami du chroniqueur fera cependant cette remarque géniale : «La surprise viendra peut être de chez celui que l'on prend pour un idiot. L'empereur Claude». Dans la tradition tumultueuse de Rome, Claude avait été choisi par les gardiens et prétoriens comme empereur car tous le prenaient pour un débile bègue. Il se révélera empereur retors, capable, bâtisseur et son règne aura la vertu d'une réforme profonde de l'empire.

 

de son nom patronymique Sellalum ?:rolleyes:

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Par Kamel Daoud - Le Quotidien d'Oran - 15/01/2014

 

 

Dans une curieuse défaite de soi et des siens, on se demande tous «qui vont-ils choisir comme Président ?» et jamais «qui allons-nous choisir, nous, comme Président ?», (il est bon ton de dire que le peuple doit choisir mais, un par un, on pense tous que ce peuple vote mal par ce qu'il n'existe plus ). Toute élection étant dans le pays une cooptation ; et c'est donc l'angoisse des gens, hommes d'affaires, élites politiques, organiques et plébéiens de service : pourquoi le régime tarde tant à voter ? Car cela tarde, trop et dangereusement. Le maître mot du moment est «le consensus» : le prochain Président sera l'enfant du consensus, ce Père mou de la nécessité dont la mère est la méfiance. Et cet homme n'arrive pas, le régime n'arrivant à accoucher ni par césarienne ni en poussant fort, définitivement. Cela tarde. Et cela s'appelle l'angoisse 92 pour le chroniqueur. A l'époque de la démission de Chadli, on a résolu l'équation de l'urgence et du consensus par la formule collégiale du HCE. Cela a fonctionné pour assurer la soudure avant de trouver l'homme qu'il faut. Sauf que, depuis, le régime a épuisé beaucoup de formules : on a essayé le Président-Général, le Président «historique» qui sera tué, le Président par avion, faux civil qui déteste les civils. Que reste-t-il ? Des noms pour aujourd'hui.

 

La rumeur slalome entre une dizaine de noms et parfois les plus inattendus. Ce que l'on cherche en gros, dit-on à Alger, c'est quelqu'un qui ne fasse pas peur aux sortants et qui ne soit l'homme de leurs adversaires. On dit que la famille Bouteflika ne fait plus confiance au temps depuis 1979. Quand il passe, il leur passe sur le corps généralement et depuis, ils se méfient, tous. On cherche donc un homme qui sécurise leur sortie mais qui ne soit pas l'homme de leurs ennemis. Un homme qui assure l'interface entre les hommes d'affaires et les détenteurs de la légitimité historique. Quelqu'un qui ne soit pas mal vu par les militaires mais sans être de cette famille qui se méfie, naturellement, des «services» qu'elle perçoit comme source du Mal. Aussi un homme qui n'a pas fait de politique pour éviter le tintamarre du FLN et des partis, et un homme qui inspire confiance aux Occidentaux et qui pourra jouer de «son âge» pour donner l'impression d'un renouvellement. Un homme qui sécurise les capitaux, l'argent, les investissements clandestins et assure l'équilibre entre martyrs et détournements, émeutes et applaudissements.

 

Difficile équation. Le cas du régime actuellement est celui de l'exacerbation des intérêts divergents au point où la confiance n'est plus de mise. Il n'y pas de garanties pour celui qui sort ni pour celui qui arrive. Du coup, pas de visibilité, pas de consensus, donc pas de nom définitif, que des essayages en cabine. En plus, la décennie Bouteflika a tellement fait le vide qu'il ne reste personne : ni peuple, ni décideurs ni prétendants. Une sorte de nivellement qui a conduit à «personne» comme candidats sérieux et à beaucoup de candidatures loufoques du genre «pourquoi pas moi ?» à cause d'un ancien galon, d'un cercle d'ami ou d'un peu trop de vanité.

 

Les vraies élections algériennes sont donc prévues dans une semaine. Pas pour Avril. Un choix sera fait, avec la tentation habituelle de maintenir le statuquo et de se choisir un vieillard qui ne menacera pas de durer à cause de son âge et qui fera l'affaire de tous parce qu'il n'aura pas d'os ni de futur ni d'ambition que d'achever la plus grande mosquée d'Afrique. Ou un homme d'âgé médian, pour vendre la «démocratie spécifique», l'image de rupture mais sans rupture réelle : cet homme sera cependant finement choisi de sorte qu'il n'aura pas la grande ambition d'être vraiment Président, ni la possibilité de menacer par sa démission ou ses caprices.

 

Ce sont les deux portraits : une transition formelle ou une transition remise à plus tard.

 

Un ami du chroniqueur fera cependant cette remarque géniale : «La surprise viendra peut être de chez celui que l'on prend pour un idiot. L'empereur Claude». Dans la tradition tumultueuse de Rome, Claude avait été choisi par les gardiens et prétoriens comme empereur car tous le prenaient pour un débile bègue. Il se révélera empereur retors, capable, bâtisseur et son règne aura la vertu d'une réforme profonde de l'empire.

 

peut etre que rien ne sort du regime en ce moment parce que ils ont décidé de ne coopter personne te de laisser le peule choisir...je ne m'interdis pas de réver.

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«La surprise viendra peut être de chez celui que l'on prend pour un idiot. L'empereur Claude». Dans la tradition tumultueuse de Rome, Claude avait été choisi par les gardiens et prétoriens comme empereur car tous le prenaient pour un débile bègue. Il se révélera empereur retors, capable, bâtisseur et son règne aura la vertu d'une réforme profonde de l'empire."

 

Ca fait penser au film des fréres Coen: "Le grand saut" ou ils nomment PDG un idiot pour faire chuter les cours de l'action...et celui ci s’avère avoir toutes les capacités

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