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Poésie Printanière


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Victor HUGO (1802-1885)

 

 

Après l'hiver

 

:wub:

 

N'attendez pas de moi que je vais vous donner

Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ;

La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière,

Dans les champs, dans les bois, est partout la première.

Je suis par le printemps vaguement attendri.

Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;

Je sens devant l'enfance et devant le zéphyre

Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ;

Mai complète ma joie et s'ajoute à mes pleurs.

Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs.

Accourez, la forêt chante, l'azur se dore,

Vous n'avez pas le droit d'être absents de l'aurore.

Je suis un vieux songeur et j'ai besoin de vous,

Venez, je veux aimer, être juste, être doux,

Croire, remercier confusément les choses,

Vivre sans reprocher les épines aux roses,

Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu.

 

Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu !

On sent un souffle d'air vivant qui vous pénètre,

Et l'ouverture au loin d'une blanche fenêtre ;

On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ;

On a le doux bonheur d'être avec les oiseaux

Et de voir, sous l'abri des branches printanières,

Ces messieurs faire avec ces dames des manières.

 

:wub:

 

26 juin 1878.

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Victor HUGO

:wub:

 

Dans la forêt

 

De quoi parlait le vent ? De quoi tremblaient les branches ?

Était-ce, en ce doux mois des nids et des pervenches,

Parce que les oiseaux couraient dans les glaïeuls,

Ou parce qu'elle et moi nous étions là tout seuls ?

Elle hésitait. Pourquoi ? Soleil, azur, rosées,

Aurore ! Nous tâchions d'aller, pleins de pensées,

Elle vers la campagne et moi vers la forêt.

:wub:

 

 

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Victor HUGO

:wub:

 

Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer

À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,

Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d'étoiles.

L'esprit en la voyant s'en va je ne sais où.

Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.

Tantôt c'est un enfant, tantôt c'est une reine.

Hélas ! quelle beauté radieuse et sereine !

 

:wub:

 

 

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... De V. Hugo à Théophile Gautier, sans changer de saison...

 

 

 

Premier sourire du printemps

 

Tandis qu'à leurs œuvres perverses

Les hommes courent haletants,

Mars qui rit, malgré les averses,

Prépare en secret le printemps.

 

Pour les petites pâquerettes,

Sournoisement lorsque tout dort,

Il repasse des collerettes

Et cisèle des boutons d'or.

 

Dans le verger et dans la vigne,

Il s'en va, furtif perruquier,

Avec une houppe de cygne,

Poudrer à frimas l'amandier.

 

La nature au lit se repose ;

Lui descend au jardin désert,

Et lace les boutons de rose

Dans leur corset de velours vert.

 

Tout en composant des solfèges,

Qu'aux merles il siffle à mi-voix,

Il sème aux prés les perce-neiges

Et les violettes aux bois.

 

Sur le cresson de la fontaine

Où le cerf boit, l'oreille au guet,

De sa main cachée il égrène

Les grelots d'argent du muguet.

 

Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,

Il met la fraise au teint vermeil,

Et te tresse un chapeau de feuilles

Pour te garantir du soleil.

 

Puis, lorsque sa besogne est faite,

Et que son règne va finir,

Au seuil d'avril tournant la tête,

Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "

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... De V. Hugo à Théophile Gautier, sans changer de saison...

 

 

 

Premier sourire du printemps

 

Tandis qu'à leurs œuvres perverses

Les hommes courent haletants,

Mars qui rit, malgré les averses,

Prépare en secret le printemps.

 

Pour les petites pâquerettes,

Sournoisement lorsque tout dort,

Il repasse des collerettes

Et cisèle des boutons d'or.

 

Dans le verger et dans la vigne,

Il s'en va, furtif perruquier,

Avec une houppe de cygne,

Poudrer à frimas l'amandier.

 

La nature au lit se repose ;

Lui descend au jardin désert,

Et lace les boutons de rose

Dans leur corset de velours vert.

 

Tout en composant des solfèges,

Qu'aux merles il siffle à mi-voix,

Il sème aux prés les perce-neiges

Et les violettes aux bois.

 

Sur le cresson de la fontaine

Où le cerf boit, l'oreille au guet,

De sa main cachée il égrène

Les grelots d'argent du muguet.

 

Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,

Il met la fraise au teint vermeil,

Et te tresse un chapeau de feuilles

Pour te garantir du soleil.

 

Puis, lorsque sa besogne est faite,

Et que son règne va finir,

Au seuil d'avril tournant la tête,

Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "

 

:wub:

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Théophile Gautier

 

:wub:

 

Au printemps

 

Regardez les branches

 

Comme elles sont blanches !

 

Il neige des fleurs.

 

Riant dans la pluie,

 

Le soleil essuie

 

Les saules en pleurs

 

Et le ciel reflète,

 

Dans la violette

 

Ses pures couleurs...

 

La mouche ouvre l'aile

 

Et la demoiselle

 

Aux prunelles d'or,

 

Au corset de guêpe

 

Dépliant son crêpe,

 

A repris l'essor.

 

L'eau gaîment babille,

 

Le goujon frétille

 

Un printemps encore !

 

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Prière au printemps ( René-François Sully Prudhomme)

 

Toi qui fleuris ce que tu touches,

Qui, dans les bois, aux vieilles souches

Rends la vigueur,

Le sourire à toutes les bouches,

La vie au coeur ;

Qui changes la boue en prairies,

Sèmes d’or et de pierreries

Tous les haillons,

Et jusqu’au seuil des boucheries

Mets des rayons !

Ô printemps, alors que tout aime,

Que s’embellit la tombe même,

Verte au dehors,

Fais naître un renouveau suprême

Au coeur des morts !

Qu’ils ne soient pas les seuls au monde

Pour qui tu restes inféconde,

Saison d’amour !

Mais fais germer dans leur poussière

L’espoir divin de la lumière

Et du retour !

 

:)

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Guest tayiba

:wub:

 

Le carnaval s’en va, les roses vont éclore ;

Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.

Cependant du plaisir la frileuse saison

Sous ses grelots légers rit et voltige encore,

Tandis que, soulevant les voiles de l’aurore,

Le Printemps inquiet paraît à l’horizon.

 

Alfred de Musset , A la mi-carême

 

:artist:

 

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Guest tayiba
Prière au printemps ( René-François Sully Prudhomme)

 

Toi qui fleuris ce que tu touches,

Qui, dans les bois, aux vieilles souches

Rends la vigueur,

Le sourire à toutes les bouches,

La vie au coeur ;

Qui changes la boue en prairies,

Sèmes d’or et de pierreries

Tous les haillons,

Et jusqu’au seuil des boucheries

Mets des rayons !

Ô printemps, alors que tout aime,

Que s’embellit la tombe même,

Verte au dehors,

Fais naître un renouveau suprême

Au coeur des morts !

Qu’ils ne soient pas les seuls au monde

Pour qui tu restes inféconde,

Saison d’amour !

Mais fais germer dans leur poussière

L’espoir divin de la lumière

Et du retour !

 

:)

 

:artist:

 

merci seph :wub:

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Guest Tiziri Bleue

Bonjour Tayba

 

Quel beau partage ..

Voici ma contribution d'un auteur que j'aime beaucoup...

 

Le printemps

 

Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée

Descend au fond des cœurs réveillés et surpris :

Une voix qui dormait, une ombre accoutumée,

Redemande l'amour à nos sens attendris.

La raison vainement à ce danger s'oppose,

L'image inattendue enivre la raison :

Tel un insecte ailé s'élance sur la rose,

Et la brûle d'un doux poison.

Des jeunes souvenirs la foule caressante

Accourt, brave la crainte, et l'espace et le temps :

Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante,

Les parfums regrettés de ses premiers printemps ?

Et moi, dans un accent qui trouble et qui captive,

Naguère un charme triste est venu m'attendrir.

L'écouterai-je encor, curieuse et craintive,

Ce doux accent qui fait mourir ?

Ce nom... j'allais le dire, il m'est donc cher encore ?

Ma frayeur n'a donc plus de force contre lui ?

Toi qui ne m'entends pas, d'où vient que je t'implore ?

N'es-tu pas loin ? N'ai-je pas fui ?

Reverrai-je tes yeux, dont l'ardente prière

Obtiendrait tout des cieux ?

Oui, pour ne les plus voir j'abaisse ma paupière,

Je m'enfuis dans mon âme, et j'ai revu tes yeux !

 

L'oiseau né sous nos toits, dans la saison brûlante,

Tourne autour des maisons qu'il reconnaît toujours,

Effleure dans son vol l'ardoise étincelante,

S'y pose, chante, fuit, et revient tous les jours :

Ton chant avec le sien se fond dans ma pensée ;

Trop de bonheur remplit ma poitrine oppressée ;

Je pâlis de plaisir à ces cris de retour ;

J'ai ressenti ta voix, j'ai reconnu l'amour !

 

Dans le demi-sommeil où je tombe rêveuse,

Je te crains, je t'espère et je te sens venir ;

Tu parles, mais si bas ! Une oreille amoureuse

Peut seule entendre et retenir :

« Veux-tu, mais ne dis pas que l'heure est trop rapide,

« Veux-tu voir la montagne et le courant limpide ?

« Veux-tu venir au pied du grand chêne abattu ? »

Moi, je ne réponds pas pour écouter : « Veux-tu ?

« Veux-tu, mais ne dis pas que la lune est cachée,

« Veux-tu voir notre image au bord des flots penchée ?

« Ne tremble pas, tout dort ; l'écho même s'est tu. »

Et mon refus se meurt en écoutant : « Veux-tu. »

 

D'un bouquet ma tristesse hier s'était parée ;

Dans l'ombre, tout à coup, qui l'ôta de mon sein ?

Ai-je senti le feu de ta main adorée ?

Est-ce toi, mon amour, qui cueillis ce larcin ?

Pourquoi troubler mon sort qui devenait paisible ?

Dans tout ce qui me plaît viens-tu tenter ma foi ?

Dis ! Pourquoi ta main invisible

Se pose-t-elle encor sur moi ?

Pourquoi ton haleine enflammée

Soulève-t-elle mes cheveux ?

Pourquoi ce faible écho, craintif comme nos vœux,

Dit-il contre mon cœur : « Bonsoir, ma bien-aimée ! »

Ah ! Je t'en prie, il ne faut plus venir

Redemander mon âme presque heureuse :

Je crains de toi jusqu'à ton souvenir :

Loin du danger je suis encor peureuse...

Je ne t'accuse pas ! Qui sait si le tombeau

Sera froid sur mon corps, si ton souffle l'effleure ?

Je ne t'accuse pas ! je pleure,

Et j'aime le printemps ; le printemps est si beau !

 

 

 

Marceline Desbordes-Valmore ( 1786 - 1859 )

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Guest tayiba
Quel beau partage ..

Voici ma contribution d'un auteur que j'aime beaucoup...

 

Le printemps

 

Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée

Descend au fond des cœurs réveillés et surpris :

Une voix qui dormait, une ombre accoutumée,

Redemande l'amour à nos sens attendris.

La raison vainement à ce danger s'oppose,

L'image inattendue enivre la raison :

Tel un insecte ailé s'élance sur la rose,

Et la brûle d'un doux poison.

Des jeunes souvenirs la foule caressante

Accourt, brave la crainte, et l'espace et le temps :

Qui n'a cru respirer dans la fleur renaissante,

Les parfums regrettés de ses premiers printemps ?

Et moi, dans un accent qui trouble et qui captive,

Naguère un charme triste est venu m'attendrir.

L'écouterai-je encor, curieuse et craintive,

Ce doux accent qui fait mourir ?

Ce nom... j'allais le dire, il m'est donc cher encore ?

Ma frayeur n'a donc plus de force contre lui ?

Toi qui ne m'entends pas, d'où vient que je t'implore ?

N'es-tu pas loin ? N'ai-je pas fui ?

Reverrai-je tes yeux, dont l'ardente prière

Obtiendrait tout des cieux ?

Oui, pour ne les plus voir j'abaisse ma paupière,

Je m'enfuis dans mon âme, et j'ai revu tes yeux !

 

L'oiseau né sous nos toits, dans la saison brûlante,

Tourne autour des maisons qu'il reconnaît toujours,

Effleure dans son vol l'ardoise étincelante,

S'y pose, chante, fuit, et revient tous les jours :

Ton chant avec le sien se fond dans ma pensée ;

Trop de bonheur remplit ma poitrine oppressée ;

Je pâlis de plaisir à ces cris de retour ;

J'ai ressenti ta voix, j'ai reconnu l'amour !

 

Dans le demi-sommeil où je tombe rêveuse,

Je te crains, je t'espère et je te sens venir ;

Tu parles, mais si bas ! Une oreille amoureuse

Peut seule entendre et retenir :

« Veux-tu, mais ne dis pas que l'heure est trop rapide,

« Veux-tu voir la montagne et le courant limpide ?

« Veux-tu venir au pied du grand chêne abattu ? »

Moi, je ne réponds pas pour écouter : « Veux-tu ?

« Veux-tu, mais ne dis pas que la lune est cachée,

« Veux-tu voir notre image au bord des flots penchée ?

« Ne tremble pas, tout dort ; l'écho même s'est tu. »

Et mon refus se meurt en écoutant : « Veux-tu. »

 

D'un bouquet ma tristesse hier s'était parée ;

Dans l'ombre, tout à coup, qui l'ôta de mon sein ?

Ai-je senti le feu de ta main adorée ?

Est-ce toi, mon amour, qui cueillis ce larcin ?

Pourquoi troubler mon sort qui devenait paisible ?

Dans tout ce qui me plaît viens-tu tenter ma foi ?

Dis ! Pourquoi ta main invisible

Se pose-t-elle encor sur moi ?

Pourquoi ton haleine enflammée

Soulève-t-elle mes cheveux ?

Pourquoi ce faible écho, craintif comme nos vœux,

Dit-il contre mon cœur : « Bonsoir, ma bien-aimée ! »

Ah ! Je t'en prie, il ne faut plus venir

Redemander mon âme presque heureuse :

Je crains de toi jusqu'à ton souvenir :

Loin du danger je suis encor peureuse...

Je ne t'accuse pas ! Qui sait si le tombeau

Sera froid sur mon corps, si ton souffle l'effleure ?

Je ne t'accuse pas ! je pleure,

Et j'aime le printemps ; le printemps est si beau !

 

 

 

Marceline Desbordes-Valmore ( 1786 - 1859 )

 

:artist:

 

merci notre clair de lune bleu :wub:

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  • 1 month later...
Guest tayiba

:wub:

 

أتاك الربيع الطلق يختال ضاحكا = من الحسن حتى كاد أن يتكلما

وقد نبه النوروس في غلس الدجى = أوائل ورد كن بالأمس نوما

يفتقها برد الندى فكأنه = يبث حديثا كان أمس مكتما

ومن شجر رد الربيع لباسه = عليه كما نشرت وشيا منمنما

أحل فأبدى للعيون بشاشة = وكان قذى للعين إذ كان محرما

ورق نسيم الريح حتى حسبته = يجيء بأنفاس الاحبة نعما

فما يحبس الراح التي أنت خلها = ما يمنع الأوتار أن تترنما

وما زلت شمسا للندامى إذا انتشوا = وراحوا بدورا يستحثون أنجما

تكرمت من قبل الكؤوس عليهم = فما اسطعن أن يحدثن فيك تكرما

 

البحتري

 

:wub:

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Guest tayiba

:artist:

 

Après tout ce blanc vient le vert,

Le printemps vient après l'hiver.

Après le grand froid le soleil,

Après la neige vient le nid,

Après le noir vient le réveil,

L'histoire n'est jamais finie.

 

Après tout ce blanc vient le vert,

Le printemps vient après l'hiver,

Et après la pluie le beau temps.

 

Claude ROY - Farandoles et fariboles

 

:wub:

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Guest tayiba

:artist:

 

À l’aube du printemps,

Comme un coucou malin,

Dans le douillet du nid

D’une grive insouciante,

Entre les œufs bleutés,

J’ai glissé mon poème

Pour qu’il sache chanter.

Et maintenant j’attends

L’éclosion avec hâte

Pour savoir si mes mots

Sauront aussi voler.

 

Paul BERGÈSE

 

:wub:

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Guest tayiba

:artist:

Une graine voyageait

toute seule pour voir le pays.

Elle jugeait les hommes et les choses.

Un jour elle trouva

joli le vallon

et agréables quelques cabanes.

Elle s'est installée sur l'herbe

auprès d'une fontaine,

et s'est endormie.

Pendant qu'elle rêvait

elle est devenue brindille,

et la brindille a grandi

puis s'est couverte de bourgeons.

Les bourgeons ont donné des branches.

Tu vois ce chêne puissant :

c'est lui, si beau, si majestueux,

cette graine.

- Oui, mais le chêne

ne peut pas voyager.

 

Alain BOSQUET

 

:wub:

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Guest tayiba

:artist:

 

"Bonjour, bonjour"

dit l'hirondelle

qui revient nicher

sous mon toit.

"J'ai du printemps

au bout des ailes

et t'apporte des fleurs nouvelles ;

je te suis fidèle"

"Merci, merci,

dit le poète,

de revenir auprès de moi

de l'autre bout de la planète."

et j'avais du bleu plein la tête

car l'hirondelle c'était toi.

 

Michel BEAU

 

:wub:

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Guest tayiba

:artist:

 

En sortant de l'école

nous avons rencontré

un grand chemin de fer

qui nous a emmenés

tout autour de la terre

dans un wagon doré

 

Tout autour de la terre

nous avons rencontré

la mer qui se promenait

avec tous ses coquillages

ses îles parfumées

et puis ses beaux naufrages

et ses saumons fumés

 

Au-dessus de la mer

nous avons rencontré

la lune et les étoiles

sur un bateau à voiles

partant pour le Japon

et les trois mousquetaires

des cinq doigts de la main

tournant ma manivelle

d'un petit sous-marin

plongeant au fond des mers

pour chercher des oursins

 

Revenant sur la terre

nous avons rencontré

sur la voie de chemin de fer

une maison qui fuyait

fuyait tout autour de la Terre

fuyait tout autour de la mer

fuyait devant l'hiver

qui voulait l'attraper

 

Mais nous sur notre chemin de fer

on s'est mis à rouler

rouler derrière l'hiver

et on l'a écrasé

et la maison s'est arrêtée

et le printemps nous a salués

 

C'était lui le garde-barrière

et il nous a bien remerciés

et toutes les fleurs de toute la terre

soudain se sont mises à pousser

pousser à tort et à travers

sur la voie du chemin de fer

qui ne voulait plus avancer

de peur de les abîmer

 

Alors on est revenu à pied

à pied tout autour de la terre

à pied tout autour de la mer

tout autour du soleil

de la lune et des étoiles

A pied à cheval en voiture

et en bateau à voiles.

 

Jacques PRÉVERT

 

:wub:

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