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L’après Crimée, un nouveau monde...


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Le Monde - 18 mars 2014

 

Après la Crimée, un monde nouveau

 

Mercredi 12 mars, Moustafa Djemilev, l'une des grandes figures des Tatars de Crimée, a eu une longue conversation téléphonique avec Vladimir Poutine, qui était à Sotchi. Ils ont parlé, on peut s'en douter, référendums. Selon les propos rapportés par M. Djemilev aux médias ukrainiens, le président russe a fait valoir que la déclaration d'indépendance de l'Ukraine en 1991, par un vote du Parlement suivi d'un référendum, n'était " pas conforme à la procédure soviétique prévue pour quitter les structures de l'URSS ". Le Kremlin n'ayant pas donné sa version de l'entretien, on ignore ce que M. Poutine entendait par là. Mais l'idée qui s'est répandue aussitôt est qu'à ses yeux, le démantèlement de l'URSS était illégal.

 

Cela impliquerait que Vladimir Poutine veut rétablir l'Union soviétique. En réalité, il a dépassé ce stade. Même s'il le déplore, le président russe sait que l'URSS appartient au passé. Pendant la campagne présidentielle de 2012 (sa troisième), il a exposé sa vision du monde dans une série d'articles publiés par la presse russe qui méritent d'être relus, à la lumière de ce qui se passe aujourd'hui. Pour lui, vingt ans après la chute de l'URSS, " la phase postsoviétique de l'histoire russe et mondiale est désormais close ". Pendant ces vingt années, la Russie était en phase de " guérison ". Celle-ci est " terminée ". M. Poutine en a retiré un postulat : " La Russie est respectée et ne peut faire valoir ses intérêts que lorsque le pays est fort et se tient fermement debout. " Une nouvelle ère s'ouvrait. Nous y sommes.

 

L'annexion de la Crimée bouleverse l'ordre international de l'après-guerre froide. De fait, elle a déjà provoqué plusieurs renversements de tendances et fait deviner des réalignements.

 

Le plus visible est le retour des Etats-Unis en Europe. Soucieux de " pivoter " vers l'Asie, découragés par les échecs de l'ère Bush au Moyen-Orient, les Américains avaient laissé les Européens gérer la sécurité de leur continent et même au-delà, de l'autre côté de la Méditerranée, en " menant depuis l'arrière ". La crise ukrainienne les voit revenir en première ligne. Des F16 américains ont été déployés en Pologne ces derniers jours, précédant le vice-président, Joe Biden, qui arrive cette semaine en Pologne et en Lituanie, pays frontaliers de la Russie, membres de l'UE mais inquiets et demandeurs de hard power américain.

 

Adieu à l'" Ostpolitik "

 

L'Union européenne est profondément bousculée. Doit-elle s'étendre à l'Est ? Elle n'avait pas de stratégie commune à l'égard de Moscou et le paie. Sa capacité de réaction, suspendue à la dépendance énergétique et économique de ses Etats membres à l'égard de la Russie, est inadéquate, comme sa politique de défense : l'invasion de la Crimée lui en a fait brutalement prendre conscience. L'Allemagne a perdu ses illusions à l'égard de l'aptitude au dialogue de M. Poutine, qui a renvoyé dans les cordes Angela Merkel, ses multiples coups de téléphone et sa douce idée de groupe de contact. Berlin est en train de dire adieu à l'Ostpolitik chère à son ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Autre tendance notable : ce n'est ni Londres, ni Paris, ni Bruxelles qui ont occupé le devant de la scène dans cette affaire, mais Berlin.

 

Le vote, samedi, sur la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies dénonçant l'illégalité du référendum en Crimée a mis en évidence l'isolement de la Russie. La résolution a été rejetée à cause du veto de la Russie, mais pas un seul des quatorze autres membres n'a soutenu Moscou. La Chine s'est abstenue, révélant son ambivalence face à cette situation : le président Xi Jinping déteste autant que M. Poutine les soulèvements populaires, qu'il juge lui aussi manipulés par l'Occident, mais pour Pékin, le principe de l'intégrité territoriale ne saurait être remis en question. Contrairement au président russe, qui paraît disposé à sacrifier les bénéfices de la mondialisation sur l'autel de la puissance d'Etat, le pouvoir chinois a joué à fond la carte de la mondialisation et ne souhaite pas déstabiliser le système actuel.

 

Si M. Poutine comptait sur l'appui enthousiaste des membres de son union douanière, il aura été déçu. Le silence de Noursoultan Nazarbaïev, l'éternel président du Kazakhstan, pays qui abrite une importante minorité russe, est assourdissant. Le Kremlin a annoncé une visite du président kazakh les 10 et 11 mars, " à l'invitation du président Poutine ", qui n'a jamais eu lieu. Le 10, M. Nazarbaïev a certes téléphoné à M. Poutine, mais il a aussi appelé M. Obama et à Mme Merkel, auxquels il a fait part de son soutien au principe d'intégrité territoriale. On peut comprendre que les dirigeants des ex-républiques soviétiques, où continuent de vivre de nombreux russophones, ne soient pas spécialement rassurés par l'engagement pris par M. Poutine de " protéger les Russes et les russophones " en dehors de leur pays.

 

La gouvernance mondiale n'est pas épargnée. A l'ONU, le Conseil de sécurité, on l'a vu, est paralysé par le veto de la Russie, l'un des cinq membres permanents. Le G8, présidé cette année par la Russie, qui doit l'accueillir en juin à Sotchi, sortira-t-il indemne de l'affaire ? Déjà, les dirigeants occidentaux ont réactivé le G7 (G8 moins la Russie), qui n'existait plus qu'au niveau ministériel. L'Organisation de coopération et de développement économiques a suspendu l'adhésion de la Russie. Mais surtout, l'invasion de la Crimée pourrait avoir un impact négatif sur la non-prolifération nucléaire : aux termes du mémorandum de Budapest de 1994, l'Ukraine cédait son arsenal nucléaire hérité de l'URSS en échange d'assurances sur la protection de son intégrité territoriale. Le non-respect de ces assurances constitue un très mauvais précédent pour les pays que l'on veut faire renoncer à l'arme nucléaire, comme l'Iran.

 

Enfin, un nouveau paysage énergétique, dans lequel les pays européens se libéreraient de Gazprom, pourrait se dessiner après cette crise. C'est la partie optimiste du scénario. Le reste, malheureusement, est beaucoup plus sombre.

 

par Sylvie Kauffmann

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Y a quand même un principe du droit international que personne ne relève et qui est fondamental c'est le principe de l'intangibilité des frontières, incroyable que personne ne soulève le question au lieu de parler de bidouillage constitutionnel post URSS

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Y a quand même un principe du droit international que personne ne relève et qui est fondamental c'est le principe de l'intangibilité des frontières, incroyable que personne ne soulève le question au lieu de parler de bidouillage constitutionnel post URSS

un retour à zéro, celui qui a la force dicte les lois.

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Y a quand même un principe du droit international que personne ne relève et qui est fondamental c'est le principe de l'intangibilité des frontières, incroyable que personne ne soulève le question au lieu de parler de bidouillage constitutionnel post URSS

 

 

 

Pourtant l'europe avec le soutien des US ont donné l'exemple avec le COSOVO.

non ?

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Guest Snoop dogg

Poutine est un ancien du KGB, en bon soviétique, il rêve d'une URSS, n'ayant pas digéré l'indépendance des anciens pays satellites, il se la joue aujourd'hui à la Staline

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Poutine est un ancien du KGB, en bon soviétique, il rêve d'une URSS, n'ayant pas digéré l'indépendance des anciens pays satellites, il se la joue aujourd'hui à la Staline

 

Il ne veut surtout pas l'otan a sa porte ! et il n'a pas tord

Quand on sait que l'Irak, est masacré sur un mensonge, et que tous semble oublier les consequences . alors.......qui osera en vouloir a Poutine

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Si la situation a perduré, les pro-russes et les ukrainiens seraient arrivés a s'entre tuer.

 

 

Si tu annexes leurs pays par la force évidemment que ça créé des affrontements c'est pas une raison pour envahir une région d'un pays souverain et en plus en changer la souveraineté par un référendum bidon :crazy::crazy:

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