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Ghardaïa : les 5 raisons de la crise.


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Les intervenants lors du workshop d’”El watan” sont revenus sur la situation dans la vallée du m’zab

Ghardaïa : les 5 raisons de la crise

Par : Djazia Safta Liberté 7 4 2014

 

La crise dans la vallée du M’zab était au cœur du workshop organisé, samedi dernier à Alger, par le quotidien El Watan. Lors de cette conférence-débat, les intervenants ont tenté de définir les raisons de cette situation qui perdure. Elles sont cinq : absence de l’État, dislocation de l’identité individuelle, la situation socioéconomique, la montée du wahhabisme et la contrebande.

 

L’explication sociologique était l’axe choisi par la sociologue Fatima Zohra Oussedik. “Les affrontements de Ghardaïa nous renseignent sur le tissu social national”, a-t-elle dit. Dans son intervention, la sociologue est revenue sur la région et les définitions sociologiques pour mieux planter le décor. Après avoir défini ce qu’est une minorité, Fatma Oussedik s’est indignée que l’on considère les Mozabites comme telle.

Elle considère les Mozabites comme des Algériens à part entière. “Les Ibadites du M’zab se définissent comme étant Berbères comme beaucoup d’Algériens d’ailleurs, musulmans comme la majorité des Algériens et Zénètes qui existent depuis l’antiquité”, a expliqué la sociologue. Mme Oussedik ne comprend pas comment les ibadites du M’zab sont aujourd’hui qualifiés de communauté en proie de devenir une minorité. “L’Algérie reste l’un des rares grands pays de la région et il faut avoir peur. Je crois qu’il y a un contexte et le mouvement de population avec le vent des révoltes que vit la région”, a-t-elle ajouté.

La sociologue revient plus loin dans l’histoire du pays et rappelle qu’au siècle dernier existaient des tribus ibadites et d’autres malikites et, au lendemain de l’Indépendance, seule l’identité malikite est restée. “Il y a un effacement identitaire aux dépens de la nation d’origine arabo-musulmane et malikite, ce qui plonge l’Algérien dans un oublie de soi et de son histoire”, a expliqué la sociologue. Mme Oussedik considère que la constitution des minorités après l’Indépendance profite au pouvoir qui utilise ce subterfuge pour crier à l’ingérence.

La conférencière a également affirmé que “la violence s’installe quand la loi fait défaut”, avant de mettre l’accent sur le fait que Ghardaïa est située sur la route du désert. Ce qui la place dans un axe géographique en perpétuel mouvement avec l’émigration interne et le redéploiement des contrebandiers qui semblent profiter de l’instabilité de la vallée du M’zab.

De son côté, Mohamed Djilmani, économiste, a axé sont intervention sur les mutations économiques de la vallée du M’zab. M. Djilmani reconnaît d’emblée que la tension entre Ibadites et Arabes a toujours existé tout en insistant sur le fait qu’il n’y a jamais eu, avant aujourd’hui, de problèmes avec les malikites. “La montée du wahhabisme et de l’islamisme sont la cause de cette tension entre ibadite et malikite. S’attaquer à des tombeaux, des mausolées et des cimetières est un phénomène nouveau dans la région”, a-t-il déclaré. L’intervenant a abordé le passage du commerce à l’industrie et l’émigration des populations et l’évolution de la société. L’orateur a fait savoir que le premier tissu industriel a été installé en 1964 et que tout a été fait à partir de zéro dans la zone industrielle de Ghardaïa. “La loi sur les terres agricoles de 1985, l’immigration des industriels vers la région et le refus ou plutôt la résistance de la population locale ont favorisé les tensions qu’a connues la région à cette époque”, relate l’économiste.

Pour Saïd Djabelkheir, islamologue, l’Algérie a toujours vécu avec des problèmes refoulés et reportés et considérés comme des bombes à retardement, et ce, bien avant l’Indépendance. “L’État-nation a opté pour un discours unique et les systèmes ayant succédé ont suivi la même logique. L’ibadisme est une énigme pour nous, car il n’existe nulle part. Il n’est pas enseigné dans les écoles, ce qui laisse place aux idées reçues”, a encore expliqué l’islamologue.

L’hôte du forum a reconnu, en revanche, que l’Algérie assiste à la montée du salafisme dans la région avant de s’interroger “sur les raisons d’un tel mouvement et à qui profite-t-il ?”.

“Ghardaïa est une région qui a ses spécificités mais le wahhabisme est fortement présent dans la vallée du M’zab”, a-t-il relevé. L’islamologue a également indiqué que “la vision unique n’enseigne le religieux que dans un sens et non dans ses différentes lectures qui existent un peu partout”. “Cette situation a découlé d’un cheminement que nous avons hérité”, a-t-il encore regretté. D’après M. Djabelkheir, la présence du wahabisme à Ghardaïa et en Algérie est due aux chaînes de télévision satellitaires qui prêchent du pur wahabisme. “Je crois que l’État a failli à sa mission surtout avec un membre du gouvernement qui prêche le wahhabisme. Sachant que les racines du wahabisme remontent aux années 1920 avec les islahistes qui ont toujours été de mèche avec les salafistes et les frères musulmans”, a-t-il conclu.

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