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souvenirs d'enfance


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Guest D. ESSERHANE

-"Dans le froid glacial, je me blottissais pour savourer le silence de la nuit et entendre à mon aise, les admirables rafales de vent. J’admirais également les quelques flammes et les volutes en l’air dans l’antre de ma cheminée.

 

J’imaginais dans mon fort intérieur que dehors, la vie cessait de s’agiter dés l la nuit venue et qu’il n’y restait plus personne, sauf peut-être, des esprits endiablés à l’affût, tapis dans l’ombre d’une cloison, quelques créatures haletantes ou bien des fantômes de l’épouvante se mouvant ça et là, à tout hasard à la recherche de je ne sais quoi.

 

Bref, ce qui me plaisait en hiver, c’était les nuits. Elles sont longues…si longues et me procuraient un certain réconfort lorsque je me mettait au lit pour entendre, chaque soir, de la bouche de ma grand-mère, ses belles histoires fabuleuses qui me faisaient rever. De son large répertoire, je me souviens toujours de Loundja wa El Ghoul, de Dangalous ou bien le destin de Chems bine Haytine, cette riche héritiaire à la beauté captivante qui avait eu le malheur d’attendre assez longtemps son prince charmant… Pour vous dire, il y en avait tellement de ces contes merveilleux qui ont bercé mon enfance et ont fait de moi, l’être le mieux gâté, sinon le plus heureux du monde. Qu’elles étaient sublimes ces histoires de ma grand-mère que Dieu l’enveloppe de sainte miséricorde.

 

Pour vous dire, je ne saurai vous expliquer comment elle arrivait à se souvenir de toutes ces belles histoires et les narrer d'un trait, avec une aisance déconcertante ; je dirai, tout simplement, que c’était un don du Bon Dieu.

 

Et à mesure que j’entendais ses longs récits, j’étais saisi à chaque instant de tous les sentiments que ressentirait un adulte qui prétait une oreille attentive à son récit; il y avait tantôt de la joie, un rire, tantôt, un sourire, sinon de la tristesse et quelques larmes sur mes joues. C’était du cinéma à moi quoi, c’était les films pour moi, parce que ma grand-mère avait l’art et la manière de me faire dormir lorsque je devenais assez chiant ...sans la moindre…fessée "

 

Didine RAYAN

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Guest Prométhée

Merci, c'était la belle époque. J'adorais cette vie-là simple et agréable. C'était la belle époque.

 

Les réunions de famille étaient le seul loisir et avec mes cousins et cousines, j'attendais le soir pour que ma grand-mère nous raconte une histoire. Nous n' y avions pas droit pendant le jour, elle nous disait que les enfants qui écoutaient des contes pendant le jour auraient des enfants chauves. Bien entendu, je ne désirais nullement cela. J'étais de ces fillettes très tranquilles et je regardais le monde vivre.

 

Sans doute manquait-il une pièce au puzzle de ma vie mais il y avait Manimémé et elle compensait le vide de ces instants creux. Nous avions beaucoup d'espace à l'extérieur, la maison se composait de 3 pièces et un patio située au cœur de la campagne.

 

Nous étions 6 gosses, parfois davantage à passer des vacances chez grand-mère. Le dîner était toujours servi à 19 h parce qu'il fallait nettoyer et ranger les trois chambres tôt après avoir mangé pour dormir dans une hygiène absolue. Nos mamans s'en occupaient.

 

Des pommes de terre cuites en sauce rouge parsemées de coriande ou de basilique, une soupe aux légumes pouvaient nous rendre tous très heureux, il ne suffisait que d’une bonne saveur piquante.

 

Une fois les chambres bien nettoyées, nos mamans passaient à l'étape du "frèche" ou du couchage. Comme pour l'hygiène, elles ne le bâclaient pas essayant d'offrir à chacun un bon confort afin de se sentir bien.

 

Dans la pièce quasiment vide, un grand tapis saharien rouge recouvrait le sol. Par dessus, elles disposaient les matelas en éponge côte à côte ainsi que les oreillers, des couvertures et Manimémé glissait la première sur le meilleur matelas fait à base de laine de mouton.

 

Elle changeait son serwal et sa kamisoura, un petit haut pour sa robe de nuit, se recoiffait les cheveux, remettait soigneusement son foulard puis se frictionnait le cou d'un peu d'eau de Cologne.

A chaque fois, elle portait ses deux mains à son nez et respirait l’odeur qu'elle dégageait. Elle aimait se voir dans ce grand miroir turc accroché au milieu du mur. Monté sur un cadre en bois et sculpté, il regardait l'entrée comme pour offrir un regard aux visiteurs. Le teint et les yeux clairs, Mani n'avait pas de cheveux blancs, leur couleur dorée se maintenait encore à 65 ans. Sa peau n'avait pas pris un moindre pli quoique sa sagesse ne trahissait pas.

 

Pendant ce temps celui ou celle qui avait omis sa toilette du soir, se dépêchait de le faire et les autres repéraient déjà la belle place à côté de Mémémani.

A chaque tombée du soleil nos mamans nous rappelaient bien qu'il fallait nous laver. C'était dans le patio que cela se passait. Des éponges de loofah, du savon et un seau d'eau nous attendaient. Nous prenions soin de bien nous laver les mains, le visage, le cou, les oreilles. Puis nous frottions nos pieds enduits de savon avec le gant de loofah que ma grand-mère faisait avec ce fruit qui ressemblait à une grande courge qui poussait grimpante sur les murs du patio. Une fois mûre, elle cueillait le fruit, le laissait sécher puis lui ôtait les graines et la peau pour le recouvrir d'un tissu en soie rose, blanc ou bleu.

 

Nous frottions notre peau et nous nous rincions à grande eau qui coulait comme un petit ruisseau allant vers son regard. Les derniers du groupe s'amusaient à sauter dessus en chantant. Les rires enfantins éclataient dans la nuit qui avançait. Une fois séchés à la serviette, nous rentrions sous la surveillance des hommes de la maison qui nous regardaient faire. Ils étaient là,bien présents pour maintenir l'ordre et le respect. Il suffisait qu'ils soupirent pour que nous fendions dans notre peau. Aucun enfant n'avait le droit de rester dehors après le crépuscule.

Une de mes cousines se lavait plus longtemps espérant blanchir sa peau mate. Elle était très charmante, gracieuse avec des longs cheveux noirs bien lisses et de grands yeux noirs en amande. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était un peu plus brune que nous tous mais elle ne s'en faisait pas beaucoup pour cette différence de couleur car pépé lui avait promis qu'un jour il la rincerait avec de l'argent et qu'elle allait briller beaucoup plus que les autres.

 

Rassasiés, propres, nous nous se bousculions sur les matelas espérant gagner la place la plus près de Manimémé. Dans ce cocon familial, elle brillait comme la lune et nous comme ses étoiles. Elle dégageait une chaleur indescriptible et une beauté de douce vieillesse.

Chacun de nous attendait la tendresse coulant de sa main caressante et le conte. Sa voix claire et chantante montait peu à peu et je m'accrochais à chacun des mots Elle commençait son récit avec ces propos spécifiques au conte provenant de notre région «* hadjitek, loukane ma homa ma djitek*» qu'elle accompagnait d'un rire amusant. Elle voulait surtout nous d ire que c'était par la grâce de l'amour de tous ses enfants que nous étions tous autour d'elle.

Elle nous racontait un premier conte, "Habhabo" et les images passaient comme un film dans ma tête. Et je me souviens de sa voix quand elle imitait le chien qui dans le conte gardait les enfants de son maître. Il disait au voleur dans son aboiement :

 

- Habhabou, sidi wassani a3la wlado, ( how,how), mon maître m'a fait promettre de garder les petits, je te laisserai pas rentrer voleur, va-t-en ou je te mords !

 

Et nous voilà tous subjugués. Elle venait de nous inculquer l'amour de nos amis les bêtes.

 

 

 

Puis au milieu du deuxième conte de "Bent Panipano", ses paupières se rabattaient doucement et elle tombait dans un sommeil profond. Ainsi chacun faisait de la place pour l'autre. Les filles s'allongeaient sur un de ses côtés et de l'autre les garçons. Nous dormions paisibles et heureux.

 

 

 

Prométhée

( texte protégé)

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Guest D. ESSERHANE
Merci, c'était la belle époque. J'adorais cette vie-là simple et agréable.

Les réunions de famille était le seul loisir et avec mes cousins et cousines, j'attendais le soir pour que ma grand-mère nous raconte une histoire. Nous n' y avions pas droit pendant le jour, elle nous disait que les enfants qui écoutaient hedjayettes, des contes pendant le jour auraient des enfants chauves. Bien entendu, je ne désirais nullement cela. J'étais de ces fillettes très tranquilles et je regardais le monde vivre. Sans doute manquait-il un puzzle à ma vie mais il y avait mani et elle compensait le vide de des instants creux. Nous avions beaucoup d'espace à l'extérieur. La maison se composait de 3 pièces et nous étions 6 gosses, parfois davantage à passer des vacances chez grand-mère. Le dîner était toujours servi à 19 h parce qu'il fallait nettoyer et ranger tôt après manger pour dormir dans une hygiène absolu

 

Chtitha batata, chriba bio pouvaient nous rendre tous très heureux, il ne suffisait que d’une bonne saveur piquante.

Une fois les chambres bien nettoyées, nos mamans passaient à l'étape du "frèche". Sur le tapis, elles disposaient les matelas côte à côte ainsi que les oreillers, une couverture et mani glissait la première sur le meilleur matelas fait à base de laine de mouton.

 

Elle changeait son serwal et sa kamisoura pour sa robe de nuit, se recoiffait les cheveux, remettait soigneusement son foulard de nuit puis se frictionnait le cou d'un peu d'eau de Cologne. A chaque fois, elle portait ses deux mains à son nez et respirait l’odeur qu'elle dégageait.

 

Pendant ce temps celui ou celle qui avait omis de faire sa toilette du Maghreb, du crépuscule se dépêchait de le faire et les autres essayaient de repérer la belle place à côté de mémémani.

Chaque tombée du soleil nos mamans nous rappelaient bien qu'il fallait nous laver. C'était dans le patio que cela se passait. Des éponges de loofah, du savon, un seau d'eau nous attendaient Nous prenions soin de bien nous laver les mains, le visage, le cou, les oreilles. Puis nous frottions nos pieds induits de savon avec le gant de loofah. et nous rincions à grande eau qui traversait la cour.

 

C'était comme un petit ruisseau et les derniers du groupe y trempaient les pieds. Une fois séchés à la serviette, nous rentrions sous la surveillance des hommes de la maison. Ils étaient là pour tenir l'ordre et maintenir le respect. Aucun enfant n'avait le droit de rester dehors après el Meghreb.

Une de mes cousines se lavait plus longtemps espérant blanchir sa peau mâte.

Elle ne comprenait pas pourquoi elle était un peu plus brune que nous tous mais elle ne s'en faisait pas beaucoup car le grand-père lui avait promis qu'un jour il la rincerait avec de l'argent et qu'elle allait briller plus que les autres.

 

Rassasiés, propres, nous nous bousculions sur les matelas, chacun de nous espérait être le plus près de mani. Dans ce cocon familial, elle était la lune et nous ses étoiles. Elle dégageait une chaleur indescriptible. Elle était la plus belle. Sa main était douce et chacun de nous attendait sa caresse.

 

Elle commençait son récit avec un hadjitek loukane ma homa ma jitek qu'elle suivait d'un rire amusant. Elle voulait nous dire que c'était par la grâce de tous ses enfants que nous étions tous autour d'elle. Elle nous racontait un premier conte mais au milieu du deuxième, ses paupières se rabattaient lourdement et elle tombait dans un sommeil profond .

 

Ainsi chacun faisait de la place pour l'autre, les filles sur un de ses côtés et de l'autre les garçons. Nous dormions paisibles et heureux.

Prométhée

 

C'est avec sourire aux lèvres que je remontais ton récit. Qu'ils étaient beaux ces temps bénis! De beaux souvenirs à revivre en boucles sans jamais se lasser - Nostalgie quand tu nous saisi -

 

Kamisoura et Hadjitek ma djitek, loukane ma houma, ma jitek, me laisse penser que tu es du centre:confused:

 

Merci pour ce partage -

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Guest Prométhée
J'ai des voisins Fahsi - 'El fahsya' - Ils sont de Chréa, il me semble

 

On dit El fahssya de tous les algérois qui habitent autour d'Alger comme les gens de Douéra, Draria, babahssen, birkhadem ect..

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Guest D. ESSERHANE
On dit El fahssya de tous les algérois qui habitent autour d'Alger comme les gens de Douéra, Draria, babahssen, birkhadem ect..

 

Je crois que les fahsya et les beni misra sont des autochtones - Ils formaient des tribus éparses qui vivaient sur les monts de chréa et les plaines de la mitidja -

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Guest D. ESSERHANE
Ceux que je connais s'attribuent l'origine turc ou otthoman. IL s'agit des gens d'Alger, pas de Blida, Médéa et autres.

 

Peu importe promé - De toute façon, les gens d'avant vivaient mieux que ceux d'aujourd'hui. La précarité et la pauvreté n'ont jamais constitué un obstacle pour la joie et le bonheur - Aujourd'hui, tout est pollué que la plupart des étoiles semblent éteintes -

 

C'est vrai, lorsque je regardais le firmament, le ciel était plein d'étoiles qu'on pourrait même apercevoir la voie lactée.

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