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Le grand retour


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Le songe fait par Mohamed Chebila et la vidéo-parodie de Chaoui Erguez ont une certaine similitude, fortuite, mais les paroles d'Ouyahia, dans un autre contexte que l'actuel, seraient vraiment celles de l'homme.

L'écrit et la vidéo sont de trés bonne facture... L'écrit, je l'ai lu 2 fois, la vidéo, en la regardant pour la première fois au bureau (privé, pas public) j'ai vraiment ri aux larmes...

Pour ceux qui n'ont pas lu (en entier) ou vu voici les liens...

 

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/04/08/category-cat-41.php

 

(......)

Le jour de gloire de monsieur Yo Yo

En boucle, sur l’Unique, le préposé aux dithyrambes, les sourcils épilés et redessinés au khol, «litanise» les vertus du grand stabilisateur sans lequel le ciel nous tomberait sur la tête. La nouvelle tombe. C’est le scoop de la semaine. Ouyahia ressuscite. Bel et bien vivant, frais, dispos, il a sauté à pieds joints dans la galère. Il a accepté un étrange rôle. Connaissant les us et coutumes de la fratrie, et convaincu que le salut est dans la retraite, il était parti sur la pointe des pieds, et chacun de nous lui a trouvé du mérite. A quel signal a-t-il obtempéré ? A un mouvement saccadé de l’index incurvé en crochet ou à un petit coup de sifflet? Vous venez de faire la preuve, Si Ahmed, que dans les ermitages forcés ne pousse pas la fleur de sagesse mais le calice du fiel. Qu’est-ce qui vous a fait revenir ? L’ardent désir de prendre une revanche sur la meute qui, au signal, avait tailladé vos mollets ou bien la perspective d’être demain, par la grâce de Buridan l’ancien, le maître de la carotte magique, l’ombre de l’ombre de lui-même ? Les deux sans doute. J’ai fait un rêve. J’ai vu dans cet état de veille inconsciente, qu’on dit être le sommeil, un autre Ahmed Ouyahia, l’ancien énarque qui avait donné un maître coup de pied dans les containers de «l’argent sale qui gouverne», le chef de gouvernement «qui a mal à (son) pays», le fusible récalcitrant qui a eu le courage de dire «l’échec est collectif», le vigile qui a communiqué au DRS les pistes qui lui ont permis d’aller droit à Chakib Khelil, l’homme politique avisé qui a conclu «que le quatrième mandat ne servira pas l’Algérie». J’ai vu, dans mon rêve, cet homme les épaules recouvertes par un burnous blanc tissé par sa grand-mère, la moustache hérissée, à l’avant plan des crêtes du Djurdjura, asséner en direct sur la TV Ennahar : «Ils m’ont proposé de revenir uniquement pour les aider à passer le gué. Je ne suis pas dupe. Ils veulent obtenir un sursis pour continuer à faire ce qu’ils ont fait depuis le début. Je ne mange pas de ce pain. Je maintiens ce que j’ai dit : l’argent sale gouverne le pays. Je ne veux pas être complice. Je retourne chez moi. Algériens réveillez-vous, refusez ce quatrième mandat du cynisme, de l’arrogance et du mépris!». Ah Si Ahmed, quel coup mortel vous auriez donné à ceux qui pensent que tout le monde est «achetable» et qu’il suffit d’y mettre le prix. Ainsi, dédaigneux de leur procédé, vous auriez mis un point final, à vous tout seul, à leurs contorsions. Je fais quelquefois dans l’anecdote quand elle a un côté épique. Certaines occurrences, de temps à autre, offrent à un homme son jour de gloire. Elles fixent l’instant fugitif de sa vie par leur densité et lui confèrent la seule dimension qui vaille, celle de la grandeur. Les humeurs du sérail avaient fait de vous un homme- yoyo. Vous connaissez, bien sûr, le jeu de la figurine au bout du fil que le garnement fait redescendre d’un mouvement brutal de la dextre dès qu’elle monte un peu. Votre prestation sur Ennahar a cassé le fil. Vous êtes à jamais par terre. Vous ne perdiez, jadis, que pour un temps, le hall monumental du palais du gouvernement, vous venez de rater pour toujours la montée des marches du palais. Vous n’aurez pas l’oscar. Vous ne serez jamais président, Si Ahmed. Vous avez manqué le podium où trônent les grands Kabyles qui, l’aura de la Soummam pour seul viatique, ont conduit l’Algérie à la table d’Evian. Alors cette anecdote ? Pardonnez-moi, Si Ahmed, les délires ambiants brisent ma linéarité. Mais ce n’est pas seulement une anecdote, c’est une grande leçon de dignité humaine. Un jour de l’année 1959, un grand jour pour un petit tyranneau de SAS un de ces Français qui croyait en l’action psychologique et qui avait réuni des villageois du côté de Mdaourouch, sous le prétexte habituel de la mangeoire. En réalité, pour qu’ils écoutent un fameux repenti. Rien moins que Ali Hambli, le révolté du djebel Sidi Ahmed. En guise de bonnes paroles, l’homme que les erreurs du colonel Nasser avaient contraint à monter dans l’hélicoptère des «dragons» démontra que, s’il s’était bel et bien rendu à l’ennemi, il n’avait pas, pour autant, rejoint le camp des Français. A la stupeur du petit officier de l’action psychologique, Hambli tint aux villageois, un discours de commissaire politique du FLN. Il lui en coutât la vie. Comme quoi la conviction chevillée au corps ressemble à une fièvre ardente. Certains hommes en meurent. Au passage, une pensée à Yazid Zerhouni qui a, le premier, dénoncé la loi Chakib sur les hydrocarbures. Il avait mis sa démission dans la balance. J’ai eu une copie de sa lettre sous les yeux. Il parlait de gravissime trahison. Il n’est revenu sur sa décision qu’une fois assuré que la loi sera abrogée. Une pensée aussi au moudjahid Daho Ould Kablia, plein d’usages et de raison, qui a montré que la loyauté avait ses limites et qui a fait savoir qu’il ne serait pas partie prenante dans la partie du quatrième mandat qui montrait le bout du nez. Il est rentré chez lui la tête haute et l’âme en paix. Si Ahmed, quel est donc ce bout touchant sur votre tempe qui vous a conduit à un aussi incompréhensible reniement, qui vous a conduit à rejoindre avec armes et bagages le camp de ceux que vous dénonciez hier ? A quel prix avez-vous accepté de revêtir la soutane du bon apôtre du quatrième mandat ? Sans doute le secret espoir de devenir vice-président. Attendez que cesse de souffler pour eux le septentrion et vous verrez les «vices» qu’ils vous réservent. Ouvrez donc les yeux. La place est déjà occupée. Le titulaire de droit divin, le Bien Heureux, (traduisez, Si Ahmed, vous êtes un parfait bilingue), s’y vautre depuis le premier jour. Ecoutez le batteur émérite, (Amar-El Gafsi eli tabal ouidansi) quand il assure qu’«un train en cache un autre». Il n’y a pas de place pour deux dans le diwan. Larbi Belkheir l’a appris, jadis, à ses dépens. Depuis que les anathèmes de Saâdani sont restés impunis, nous savons qu’il n’y a plus de deus ex-machina qui viendrait, comme au théâtre, installer, subrepticement, un fauteuil dans le décor. Lorsque, pressé comme un citron, vous n’aurez plus rien à donner, ils vous feront partir sans autre forme de procès et vous partirez, les yeux humides et la mine défaite en grand danger d’être rossé. D’autres Yahya Guidoum, hommes des bonnes besognes, seront toujours prêts à reprendre du service. (......)

 

Mohamed Chebila, Moudjahid.

Le soir d'Algerie.

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