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CHILI 1973, MILTON FRIEDMAN ET SES « CHICAGO BOYS

Écrit par BRANDI Maurice

Vendredi, 31 Août 2012

 

 

Milton Friedman trouve au Chili un champ expérimental grandeur nature, tant du point de vue de la « stratégie du choc » que de ses principes néo-libéraux. Ses idées ont eu des conséquences. Le coup d’Etat du 11 septembre 1973 crée un choc guerrier qui permettra la mise en œuvre de ses principes néolibéraux.

 

 

Milton Friedman (1912-2006) est le chef de l’Ecole de Chicago. Il émerge dès les années 1930 aux Etats-Unis en s’opposant au New Deal de Franklin Delano Roosevelt qui visait à « remettre les gens au travail. » en créant des emplois dans les fonctions publiques et en lançant un vaste programme industriel et de construction. Après la Seconde guerre mondiale, le New deal sera étendu à toute l’Europe avec le plan Marshall. Pour Milton Friedman, ce programme d’inspiration keynésienne est trop marxiste. Si tous les principes de l’économiste John Keynes étaient admis dans la société, ils ne l’étaient pas au département économie de l’université de Chicago placé sous la férule de Milton Friedman. Dans les années 50, personne ne les prenait au sérieux.

L’économiste néo-libéral soutenait que si l’Etat cessait de fournir des services et de réguler les marchés, l’économie se corrigerait d’elle-même. Ce n’est pas un fait scientifique reconnu, c’est une croyance. Milton Friedman avait une vision radicale selon laquelle le profit et le marché devaient régir tous les aspects de la vie de chaque citoyen, de l’école à la santé en passant par l’armée et la police.

Il savait, par ailleurs, qu’une telle politique ne pourra pas se mettre en place de manière démocratique. De toute façon, il ne croyait pas à la démocratie qui met sur un pied d’égalité un illettré et un professeur agrégé de philosophie. Le principe « un homme, une voix » n’était pas sa tasse de thé. Pour lui « seule une crise produit un vrai changement. » Et il précisait : « Lorsqu’elle se produit, les mesures prises dépendent alors des idées alors en vigueur ».

Dès les années 1970, il appelle à la disparition de l’Etat, à l’abolition de toute protection en matière de commerce et plaide pour le « marché libre », la dérégulation des prix et la privatisation de tous les services publics. Il écrivait : «La concurrence du marché, quand on la laisse fonctionner, protège le consommateur mieux que tous les mécanismes gouvernementaux venus successivement se superposer au marché.». Il sera entendu. Les néo-libéraux font remonter l’application de ses principes à l’élection de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux Etats-Unis parce que ce sont les deux exemples où ils ont pris le pouvoir démocratiquement. En fait, c’est au Chili à partir du 11 septembre 1973 que Milton Friedman trouve son champ d’expérience grandeur nature avec la bénédiction du président Richard Nixon. Les thuriféraires de Milton Friedman n’en parlent jamais.

Depuis les années 1950, le Chili développe une politique progressiste. Il porte ses efforts sur l’industrie, l’éducation et la santé. Sa bonne santé économique et sociale est un exemple pour les autres pays d’Amérique du Sud. Paradoxalement, une telle situation inquiète les entreprises américaines qui investissent dans ces pays. La réaction du Département d’Etat américain est de financer les études de jeunes chiliens à l’Université de Chicago où Milton Friedman est chargé de leur enseigner les principes de l’économie de marché libérale. Dûment diplômés et formés, les étudiants retournent au Chili et enseignent à leur tour à l’Université catholique de Santiago.

En 1970, Salvador Allende remporte les élections et met en place le gouvernement d’unité populaire (GUP). La nationalisation des secteurs clefs de l’économie est une des premières mesures qu’il prend. Les richesses du Chili doivent être redistribuées à son peuple. La compagnie de téléphone du Chili appartient en majorité à la compagnie américaine ITT. Celle-ci a été à la pointe du combat pour empêcher l’élection de Salvador Allende, avec le soutien de la Maison Blanche et de la CIA.

Le 4 septembre 1970, Salvador Allende prend officiellement ses fonctions présidentielles. ITT, la Maison Blanche et la CIA sont en échec. Richard Nixon convoque le directeur de la CIA dans son bureau et lui demande de « faire hurler l’économie chilienne », afin d’empêcher le GUP de mener à bien ses réformes sociales et les nationalisations. La CIA commence à préparer le coup d’Etat militaire pendant que ceux qu’on appelle « Les Chicago boys », les économistes chiliens formés par Milton Friedman, rédigent un programme économique de 500 pages appelé «El ladrillo » ( La brique).

Pendant trois ans, la CIA fait couler les dollars sur le Chili afin de déstabiliser et bloquer son économie. L’agence américaine finance ainsi la grève des chauffeurs routiers en grève qui paralysent l’ensemble de la production industrielle et l’approvisionnement des magasins. Nombre de commerçants stockent les marchandises et les vendent au marché noir.

Le 11 septembre 1973, l’armée commandée par le Général Pinochet crée le choc souhaité par Milton Friedman. Ce n’est pas un coup d’Etat. C’est à une véritable guerre que livre l’armée. Les avions bombardent et détruisent le palais présidentiel « La Moneda ». Les chars dans les rues. Les tirs aux canons et aux mortiers contre des immeubles et les résistants au putsch militaire. Augusto Pinochet et ses partisans, contrôlés par la CIA, décrivent ce coup d’Etat comme une guerre. Le Chili est le précurseur de la génération « choc et terreur ». Depuis plus de 40 ans le Chili vivait dans une démocratie pacifique, elle a été brutalement renversée par la violence militaire, les arrestations, les internements dans des camps de concentration, la torture et les disparitions. 13.000 opposants furent arrêtés et emprisonnés.

Pour justifier cette violence, il fallait désigner un ennemi. Le Général Pinochet l’a trouvé en affirmant : « L’action de l’armée a été dictée par le souci patriotique de sauver le pays du chaos dans lequel l’a plongé le gouvernement marxiste d’Allende. » L’ennemi ce sont les marxistes.

Dans les jours qui suivirent, les « Chicago Boys » remirent « La brique » au général Pinochet. La population étant encore sous le choc du coup d’Etat guerrier et meurtrier, la junte militaire a pu imposer la politique définie par Milton Friedman et ses disciples chiliens. Ce fut immédiatement la fin du contrôle des prix, la privatisation de tous les services publics et des entreprises nationalisées sous Allende, la suppression des taxes à l’importation et les coupes dans les dépenses publiques notamment la suppression de la distribution gratuite de lait dans les écoles. Une mesure qui sera reprise, plus tard, par une jeune ministre de l’Education nationale en Grande-Bretagne, Margaret Thatcher. Plus grave pour la démocratie, le Général Pinochet dissous le parlement et n’envisage aucune élection pendant sa dictature.

Pour Milton Friedman l’expérience chilienne est importante car « c’était la première fois qu’un mouvement vers le communisme était remplacé par un mouvement vers le marché libre. » Elle valide la stratégie du choc et le capitalisme du désastre. D’autres expériences sont à venir. Rien n’arrêtera les « Chicago boys » pour imposer leur théorie. A suivre en Argentine, en ex-URSS, au Pakistan, en Irak et aux USA.

 

fin de l'article

 

p.s : et aussi en Algerie.un des plus notoire n'est autre qu'un chakib khallil ,introduit en algerie par bouteflika apres une decennie noire (la strategie du choc suivi de la venue des chicago-boys )

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CHILI 1973, MILTON FRIEDMAN ET SES « CHICAGO BOYS

Écrit par BRANDI Maurice

Vendredi, 31 Août 2012

 

 

Milton Friedman trouve au Chili un champ expérimental grandeur nature, tant du point de vue de la « stratégie du choc » que de ses principes néo-libéraux. Ses idées ont eu des conséquences. Le coup d’Etat du 11 septembre 1973 crée un choc guerrier qui permettra la mise en œuvre de ses principes néolibéraux.

 

 

Milton Friedman (1912-2006) est le chef de l’Ecole de Chicago. Il émerge dès les années 1930 aux Etats-Unis en s’opposant au New Deal de Franklin Delano Roosevelt qui visait à « remettre les gens au travail. » en créant des emplois dans les fonctions publiques et en lançant un vaste programme industriel et de construction. Après la Seconde guerre mondiale, le New deal sera étendu à toute l’Europe avec le plan Marshall. Pour Milton Friedman, ce programme d’inspiration keynésienne est trop marxiste. Si tous les principes de l’économiste John Keynes étaient admis dans la société, ils ne l’étaient pas au département économie de l’université de Chicago placé sous la férule de Milton Friedman. Dans les années 50, personne ne les prenait au sérieux.

L’économiste néo-libéral soutenait que si l’Etat cessait de fournir des services et de réguler les marchés, l’économie se corrigerait d’elle-même. Ce n’est pas un fait scientifique reconnu, c’est une croyance. Milton Friedman avait une vision radicale selon laquelle le profit et le marché devaient régir tous les aspects de la vie de chaque citoyen, de l’école à la santé en passant par l’armée et la police.

Il savait, par ailleurs, qu’une telle politique ne pourra pas se mettre en place de manière démocratique. De toute façon, il ne croyait pas à la démocratie qui met sur un pied d’égalité un illettré et un professeur agrégé de philosophie. Le principe « un homme, une voix » n’était pas sa tasse de thé. Pour lui « seule une crise produit un vrai changement. » Et il précisait : « Lorsqu’elle se produit, les mesures prises dépendent alors des idées alors en vigueur ».

Dès les années 1970, il appelle à la disparition de l’Etat, à l’abolition de toute protection en matière de commerce et plaide pour le « marché libre », la dérégulation des prix et la privatisation de tous les services publics. Il écrivait : «La concurrence du marché, quand on la laisse fonctionner, protège le consommateur mieux que tous les mécanismes gouvernementaux venus successivement se superposer au marché.». Il sera entendu. Les néo-libéraux font remonter l’application de ses principes à l’élection de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne et Ronald Reagan aux Etats-Unis parce que ce sont les deux exemples où ils ont pris le pouvoir démocratiquement. En fait, c’est au Chili à partir du 11 septembre 1973 que Milton Friedman trouve son champ d’expérience grandeur nature avec la bénédiction du président Richard Nixon. Les thuriféraires de Milton Friedman n’en parlent jamais.

Depuis les années 1950, le Chili développe une politique progressiste. Il porte ses efforts sur l’industrie, l’éducation et la santé. Sa bonne santé économique et sociale est un exemple pour les autres pays d’Amérique du Sud. Paradoxalement, une telle situation inquiète les entreprises américaines qui investissent dans ces pays. La réaction du Département d’Etat américain est de financer les études de jeunes chiliens à l’Université de Chicago où Milton Friedman est chargé de leur enseigner les principes de l’économie de marché libérale. Dûment diplômés et formés, les étudiants retournent au Chili et enseignent à leur tour à l’Université catholique de Santiago.

En 1970, Salvador Allende remporte les élections et met en place le gouvernement d’unité populaire (GUP). La nationalisation des secteurs clefs de l’économie est une des premières mesures qu’il prend. Les richesses du Chili doivent être redistribuées à son peuple. La compagnie de téléphone du Chili appartient en majorité à la compagnie américaine ITT. Celle-ci a été à la pointe du combat pour empêcher l’élection de Salvador Allende, avec le soutien de la Maison Blanche et de la CIA.

Le 4 septembre 1970, Salvador Allende prend officiellement ses fonctions présidentielles. ITT, la Maison Blanche et la CIA sont en échec. Richard Nixon convoque le directeur de la CIA dans son bureau et lui demande de « faire hurler l’économie chilienne », afin d’empêcher le GUP de mener à bien ses réformes sociales et les nationalisations. La CIA commence à préparer le coup d’Etat militaire pendant que ceux qu’on appelle « Les Chicago boys », les économistes chiliens formés par Milton Friedman, rédigent un programme économique de 500 pages appelé «El ladrillo » ( La brique).

Pendant trois ans, la CIA fait couler les dollars sur le Chili afin de déstabiliser et bloquer son économie. L’agence américaine finance ainsi la grève des chauffeurs routiers en grève qui paralysent l’ensemble de la production industrielle et l’approvisionnement des magasins. Nombre de commerçants stockent les marchandises et les vendent au marché noir.

Le 11 septembre 1973, l’armée commandée par le Général Pinochet crée le choc souhaité par Milton Friedman. Ce n’est pas un coup d’Etat. C’est à une véritable guerre que livre l’armée. Les avions bombardent et détruisent le palais présidentiel « La Moneda ». Les chars dans les rues. Les tirs aux canons et aux mortiers contre des immeubles et les résistants au putsch militaire. Augusto Pinochet et ses partisans, contrôlés par la CIA, décrivent ce coup d’Etat comme une guerre. Le Chili est le précurseur de la génération « choc et terreur ». Depuis plus de 40 ans le Chili vivait dans une démocratie pacifique, elle a été brutalement renversée par la violence militaire, les arrestations, les internements dans des camps de concentration, la torture et les disparitions. 13.000 opposants furent arrêtés et emprisonnés.

Pour justifier cette violence, il fallait désigner un ennemi. Le Général Pinochet l’a trouvé en affirmant : « L’action de l’armée a été dictée par le souci patriotique de sauver le pays du chaos dans lequel l’a plongé le gouvernement marxiste d’Allende. » L’ennemi ce sont les marxistes.

Dans les jours qui suivirent, les « Chicago Boys » remirent « La brique » au général Pinochet. La population étant encore sous le choc du coup d’Etat guerrier et meurtrier, la junte militaire a pu imposer la politique définie par Milton Friedman et ses disciples chiliens. Ce fut immédiatement la fin du contrôle des prix, la privatisation de tous les services publics et des entreprises nationalisées sous Allende, la suppression des taxes à l’importation et les coupes dans les dépenses publiques notamment la suppression de la distribution gratuite de lait dans les écoles. Une mesure qui sera reprise, plus tard, par une jeune ministre de l’Education nationale en Grande-Bretagne, Margaret Thatcher. Plus grave pour la démocratie, le Général Pinochet dissous le parlement et n’envisage aucune élection pendant sa dictature.

Pour Milton Friedman l’expérience chilienne est importante car « c’était la première fois qu’un mouvement vers le communisme était remplacé par un mouvement vers le marché libre. » Elle valide la stratégie du choc et le capitalisme du désastre. D’autres expériences sont à venir. Rien n’arrêtera les « Chicago boys » pour imposer leur théorie. A suivre en Argentine, en ex-URSS, au Pakistan, en Irak et aux USA.

 

fin de l'article

 

p.s : et aussi en Algerie.un des plus notoire n'est autre qu'un chakib khallil ,introduit en algerie par bouteflika apres une decennie noire (la strategie du choc suivi de la venue des chicago-boys )

 

les environnements sont tellement différents que cette description des extrêmes ne peut s'appliquer ici……ou rien n'a marché, rien ne marche et rien ne marchera, sauf peut être la charria……

quand à la démocratie, ni le dictateur Pinochet ni le socialiste Allende ne la représentent , tous deux ont eu des comportements extrêmes……

toute relative qu'elle soit, la démocratie tend vers l'équilibre des forces.

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les environnements sont tellement différents que cette description des extrêmes ne peut s'appliquer ici……ou rien n'a marché, rien ne marche et rien ne marchera, sauf peut être la charria……

quand à la démocratie, ni le dictateur Pinochet ni le socialiste Allende ne la représentent , tous deux ont eu des comportements extrêmes……

toute relative qu'elle soit, la démocratie tend vers l'équilibre des forces.

 

même comme mafieux ils sont nuls… c'est dire

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bonjour K 15

 

malheureusement ,je ne suis pas de ton avis

 

les chicago-boys sont les economistes introduits dans les gouvernements dans le monde entier pour repandre l'ideologie de l'ultra-liberalisme.au chili ,ça a ete apres un fort traumatisme social et politique.tout s'est privatisè par la suite,même l'education et la santè.....par chicago-boys : les economistes chiliens mais qui ont adoptè les idees d'ouverture absolue de l'economie selon le modele de l'ecole de chicago.

 

 

en algerie ,juste apres la decennie noire traumatisante ,paralysante socialement ,nous avions observè sans reagir les actions d'un chakib khallil (venu des etats-unis) qui a appliquè l'ultra-liberalisme.le secteur des hydro-carbures ont ete une prioritè en ce qui concerne cette 'ouverture' effrenèe et sans limites (qui va dans le sens des multinationales et non pour le peuple).c'est cela l'essence même de l'ultra-liberalisme que les chicago-boys veulent appliquer à tous les secteurs economiques (apres le petrole)

 

 

aujourd'hui ,chakib khallil (qui est un exemple parmi d'autre) est loin ,tranquille dans son bureau.d'autres sont la et d'autres viendront pour instaurer de force cet ultra-liberalisme qui a ses lois.des lois comme la reduction des depenses de l'etat ,les credits à la consommation...ect....tout ce qui fait que nous tomberons petit à petit dans le modele des societès marchandes où rien n'appartient plus à l'etat.la corruption etant un facteur aidant pour instaurer ce modele d'economie desastreux pour les peuples ,gagnant pour une minoritè.

 

c'est le but general de ce post avec les modalitè d'installations de l'ultra-liberalisme (le chili ayant ete un premier laboratoire) .non pas les details de similitude .chaque peuple a ses specificitès.cordialement.

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