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SYRIE: Comment la France détecte ses djihadistes


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Comment la France détecte ses djihadistes

 

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Par Jean-Marc Leclerc

Mis à jour le 13/05/2014

 

Six personnes ont été arrêtées ce mardi matin en Alsace, dans le cadre de la lutte contre les filières djihadistes.

 

Les services de renseignements turcs, les familles des moudjahidins et certaines mosquées coopèrent. Tout comme les compagnies aériennes, censées transmettre leurs listes de passagers aux autorités.

 

 

«Le filet est en place.» Ainsi décrit par un spécialiste du renseignement, le nouveau dispositif de détection précoce des terroristes mis en place par le ministère de l'Intérieur commence à produire ses effets. Instruit par la magistrate antiterroriste Laurence Le Vert, le dossier dit «de la Meinau», quartier sensible de Strasbourg, se solde déjà par l'arrestation de six personnes, ce matin, en Alsace, dans le cadre de la lutte contre les filières djihadistes.

 

La première des détections dans le cadre d'un retour des camps relève des bonnes relations entre services secrets. «Dans le cas des djihadistes partis en Syrie, la France est généralement prévenue par les services turcs. Les Tunisiens et, dans une moindre mesure désormais, les Égyptiens, sont également des sources très coopératives et souvent parfaitement informées sur les allers et venues des Français qui partent dans les zones de conflit», confie un haut fonctionnaire de la Place Beauvau. La communauté européenne du renseignement travaille, par ailleurs, étroitement avec les États-Unis.

 

Autre source précieuse: le signalement par l'entourage, la famille, les amis, qui voient revenir au nid le moudjahidin. «Mais toutes n'ont pas le réflexe ou l'envie de dénoncer un proche à peine rentré chez lui», explique un commissaire de police rompu à la matière antiterroriste. Les antennes locales des services de renseignements ont, en tout cas, pour mission de «sonder» régulièrement les familles dont un ou plusieurs membres ont quitté le pays pour des zones à risque. Les préfets coordonnent localement ce travail de fourmi.

Plate-forme de signalement

 

«Il n'y a pas que les familles. Parfois ce sont des référents dans les mosquées qui signalent aux autorités françaises qu'un jeune ou un groupe de jeunes très assidus aux prières a subitement disparu du paysage. C'est parfois le signe d'une radicalisation», confie un juge.

 

Les compagnies aériennes sont également sollicitées. «Avec cette difficulté que le terroriste en puissance peut voyager sous une fausse identité. La Turquie notamment est une base de production bien connue de faux documents pour les filières», explique un magistrat à Paris. La dernière loi de programmation militaire a renforcé le devoir d'information des opérateurs aériens qui sont tenus de diffuser en temps réel leurs listes de passagers dans les avions, pour que celles-ci soient confrontées aux fichiers antiterroristes.

 

Au lendemain de la mise en place de la nouvelle Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), cette opération strasbourgeoise, en tout cas, a valeur d'avertissement. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, mise beaucoup sur son plan anti-djihadiste dont la plate-forme de signalement a déjà permis de détecter quelques dizaines de nouveaux candidats à la guerre sainte.

Les outils juridiques de la loi Valls

 

Depuis la loi Valls du 21 décembre 2012 relative à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme, la France dispose de nouveaux outils juridiques pour incriminer les actes commis hors du territoire . Ce texte stipule que «la loi pénale française s'applique aux crimes et délits qualifiés d'actes de terrorisme (…) commis à l'étranger par un Français ou par une personne résidant habituellement sur le territoire français.»

 

L'affaire Merah, du nom du terroriste qui sema la mort à Toulouse en mars 2012 après une formation aux armes dans la zone Pakistano-afghane, avait, en effet, démontré les failles du système, puisque les textes ne permettaient pas sérieusement d'incriminer un simple retour d'entraînement en camps de moudjahidins à l'étranger.

 

Ancien conseiller de Claude Guéant à l'Intérieur, le préfet Hugues Moutouh, qui a livré ses propres souvenirs de l'affaire Merah *, le reconnaît avec fairplay: «Il faut se réjouir qu'un consensus existe aujourd'hui pour durcir le dispositif répressif face à ce type de profils».

 

Comme l'avait révélé Le Figaro, selon Bernard Cazeneuve, auditionné récemment par la commission des lois, 285 ressortissants français sont recensés actuellement sur le territoire syrien. Par ailleurs, 120 candidats au djihad seraient actuellement en transit entre la France et la Syrie. Une centaine de combattants sont aujourd'hui revenus sur le territoire français et 25 djihadistes français ont péri dans les combats en Syrie. Le ministre a également révélé, ce jour-là, que 116 femmes figuraient parmi les candidats au djihad, ainsi qu'une trentaine de mineurs.

 

* 168 heures chrono, la traque de Mohamed Merah, par Hugues Moutouh, Plon actualité, 194 p., 16,90 euros.

 

 

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