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Said Bouteflika, journal intime


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Guest D. ESSERHANE

Saïd Bouteflika, le régent de Zéralda

 

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Mondafrique, le 11 Juin, 2014

 

 

Depuis l'accession de son frère, Abdelaziz Bouteflika, à la présidence algérienne en 1999, Said joue le rôle de conseiller de l'ombre. Les années passant, le frangin est devenu un des hommes les plus puissants d'Algérie, notamment pour la distribution d'énormes bakchichs sur tous les grands projets publics. En 2013, l'accident vasculaire cérébral qui a relégué le président algérien, totalement impotent, dans le vaste complexe de Zéralda, a transformé son frère Saïd le grand vizir du pays. Grâce à des réseaux sophistiqués et secrets, "Mondafrique" a pu se procurer le vrai faux journal intime de "Saïd Bouteflika, le régent de Zéralda". Décapant

 

 

 

 

 

Le 11 juin, Palais de Zéralda

 

 

Ce pauvre Laurent Fabius, le valet d'Israël et du Qatar, s'ennuie tellement à Alger qu'il s'est même endormi en pleine réunion officielle. Le ministre français des Affaires Étrangères est reparti de chez nous encore moins populaire qu'il ne l'était en arrivant! Une vraie prouesse.

 

 

Déjà en décembre 2012, son voyage, peu avant l'intervention française au Mali, avait été un bide. Mon frère lui avait dit: "Je ne peux pas vous empêcher de déclencher une opération militaire". Visiblement, ce Fabius ne connait pas la langue de bois algérienne, il avait pris cette déclaration pour un encouragement. Revenu à Paris, le voici qui se vante sur la radio "Europe 1" d'avoir obtenu notre autorisation de survoler notre territoire. Mais quel bavard! Quel impudent! Laurent Fabius nous a pris visiblement pour des faire valoir, des carpettes. La France aurait-elle oublié que mon frère, ce mélange admirable entre Coluche et de Gaulle, a toujours défendu un nationalisme pur et dur?

 

 

Lorsque j'ai effectué, en février denier à la demande d'Abdelaziz, un rapide séjour à Paris pour vendre l'idée d'un quatrième mandat, je n'ai pas fait le détour par le Quai d'Orsay. Je me suis adressé directement aux représentants des services tricolores et à l’Élysée. Eux au moins sont des pros. J'ai redit aux coordinateurs des services français qu'on allait les aider à maintenir l'ordre au Mali, s'ils nous laissaient faire notre tambouille interne. Et le pire c'est que ils ont cri à mes promesses.

 

 

On les aide tellement nos "alliés" français que, le 9 juin, alors que Fabius fait la sieste à Alger, nous avons organisé sans lui une grande réunion des trois grands mouvements de touaregs pour dessiner l'avenir de la région sahélienne qui reste notre zone d'influence, qui conditionne la paix sociale dans tout le sud algérien. Les Français devraient bien s'inspirer "la déclaration d'Alger", que nous avons rendue publique au lieu de cirer les pompes du président malien IBK qui est vendu au Maroc.

 

 

J'ai pourtant vraiment de la compassion pour Laurent Fabius, alors que tout avait été scellé par l'américain John Kerry. Moi aussi, je suis un mal aimé, un incompris. Au début du printemps arabe, la rue algérienne m'avait même assimilé à Leila Trabelsi, l'épouse du président Ben Ali qui fit main basse sur la Tunisie. Leila Trabelsi avait été "la Régente à Carthage", je serai, disait-on, "le régent de Zéralda", du nom de la maison médicale qu'occupe mon frère à quelques kilomètres d'Alger et où je suis l''infirmière chef.

 

 

"Trabelsi-Saïd" dégage!" Mais quelle impudence! Comment comparer un Bouteflika, appartenant à une grande famille de mandataires de marchés de gros dans l'ouest algérien, à Leila la coiffeuse. Les Trabelsi, ce sont des gagne petits, des crève la faim, des analphabètes...Bien sur, Abdellaziz a effectivement raté le concours de postier, mais le reste de la famille, dont moi avec un doctorat en informatique, est éduqué.

 

 

Nous sommes, Abdelaziz et moi, assis sur un tas d'or de plus de deux cent milliards de dollars de réserves. Le cadeau d'entrée dans le clan Bouteflika est à 300 millions de dollars. Les industriels français venus en masse avec Laurent Fabius ne l'ont pas oublié, même si le roupillon du ministre a un peu freiné nos ardeurs à signer des contrats

 

 

Moi si timide, frustré, écrasé par mon grand frère, Abdelaziz, chouchou de Boumedienne, élevé dans un gynécée par une mère autoritaire, je n'aurais jamais pu espérer devenir le "Régent de Zéralda", voire d'avantage. Encore faut-il que je me débarrasse des deux âmes damnées de l'institution militaire: Tewfik, le petit muet, à la tète des services algériens depuis un quart de siècle et "Sissi imperator", à savoir le vieux Gaid Salah (82 ans), que nous avons gavé, Abdelaziz et moi, en le nommant vice ministre de la Défense mais qui se rêve d'un destin à la Sissi, le nouveau président égyptien.

 

 

Quel chemin parcouru! A mon arrivée à Paris en 1983, Laurent Fabius, encore lui, était alors le plus jeune Premier ministre que la France ai connu. Et moi, je n'étais plus rien. Les salauds du DRS n'avaient rien laissé à mon frère Abdelaziz après lui avoir ravi la succession de Boumedienne au profit d'un roi fainéant. Chadli nous avait tout pris, y compris la maison familiale à El Biar, après un rapport du président de la Cour des Comptes.

 

 

Le seul livre que j'ai lu pendant mes années parisiennes fut "Paris pas cher". Je l'avais sans doute volé à un étalage, une seconde nature chez moi. Je passais ma vie au "Thermomètre", un bar décati de la place de la République, aujourd'hui disparu. Depuis je me suis consolé, notamment pendant la maladie de mon frère, à "la closerie des Lilas", où me rejoint parfois ce bon Saadani, fidèle entre les fidèles, que l'ai surnommé "Larb", le diminutif de larbin. Il me doit tout, et notamment sa nomination à la tète du FLN. Mais il faut avouer que son zèle dépasse l'entendement. Jusqu’à attaquer, bille en tète, mes ennemis du DRS, devant lesquels toute l'Algérie tremblait encore voici quelques mois.

 

 

J'espère seulement qu'il ne faudra pas sacrifier Saadani en septembre, pour faire la paix des braves avec l'institution militaire. Heureusement, "Larb" dispose en France du soutien de quelques amis franc-maçons; ils lui ont procuré une carte de séjour en 2011 à l'époque de Claude Guéant et de Nicolas Sarkozy. Il parait que le général Touati, "le cerveau" de l'armée algérienne, s'est offusqué que Saadani dispose de papiers français. En voila un qui a la mémoire courte. Combien de gradés ont officié à la belle époque coloniale comme supplétifs de l'armée française avant de déserter dans les derniers mois qui ont précédé l'indépendance pour rejoindre l'armée de libération! Certains ont même conservé la nationalité française, comme feu le général Belkheir.

 

Je me souviens de mon propre service militaire. C'était l'époque bénie où Abdelaziz était le ministre des Affaires étrangères et le possible dauphin de Boumedienne. Autant dire que ma période sous les drapeaux, avant un pseudo service civil, a consisté en quarante cinq jours dans une caserne à Djelfa. Nous étions une grande colonie de vacances. Notre mère, qui nous avait élevé seule et qu'on appelait "El Hadja", nous rendait visite. On jouait de la guitare, on fumait, on partait tous dans ma voiture Volkswagen, faire des virées.

 

 

"Vivre vite"...et riche, telle est ma devise

 

 

 

Ah les amateurs! Les débutants! Lorsque mon frère Abdelaziz a eu son attaque, au printemps 2013 et qu'il a été emmené d'urgence à Paris au Val de Grace, l'épisonde aurait pu nous être fatal. Il suffisait que le DRS et leurs amis décrètent la vacance du pouvoir et nous étions morts. Mais le chefaillon du DRS, Toufik, est un mou, un consensuel. Moi je ne réfléchis jamais avant de cliquer sur mon Smartphone. Ce gout pour la technologie, je l'ai découvert lors de mes années parisiennes. C'était l'époque du Minitel, et du minitel rose. Souvenirs, souvenirs!

 

 

Le clic, et l'horizon s'éclaircit. Lorsque, peu après l'Accident Vasculaire Cérébral (AVC) d'Abdelaziz, Toufik est parti quelques jours en Belgique se faire soigner pour des calculs rénaux, nous n'avons pas hésité, un instant, Abdelaziz et moi. Nous avons éliminé, en un clic, plusieurs de ses fidèles lieutenants, grâce à l'aide des gendarmes qui nous sont acquis. La voie est libre. Tel Macbeth, le Régent que je suis est miné par l'ambition du pouvoir suprême.

 

 

Sauf que jamais je ne pourrai tuer le frère, mon bienfaiteur, mon recours, mon modèle! "Qu'un seul couteau, comme on dit chez nous, nous égorge".

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  • 3 weeks later...
Guest D. ESSERHANE

EPISODE 2/

 

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"Quand je vois autour de moi, ces généraux galonnés, ces hommes d’affaires qui puent l’oseille et ces pseudos commis de l’Etat me faire courbette et ne pas oser la moindre contradiction, je suis pris d’un haut le cœur de mépris et de dégoût de tout ce monde de fourbes. Ils sont abjects. Je sais qu’au moindre accroc ils seront les premiers à me marcher dessus.

 

J’étais, à la fois, témoin et victime de ce retournement de veste. C’était en 1981 quand mon frère Abdelaziz tombait en disgrâce. Nous avons été lâchés par tout le monde. Même quand nos affaires ont été jetées à la rue par ce sinistre Messaoudi Zitouni dont le sobriquet « pneu Michelin », lui va comme un gant, personne n’avait compati avec nous, ne serait-ce que du bout des lèvres. Ces tristes souvenirs sont restés gravés dans ma mémoire. Pour fuir, la furia des revanchards qui ne demandaient qu’à brûler vif l’ancien ministre des affaires étrangères de Boumediene qu'était mon cher frère Abdelaziz, j’ai eu pour seule planche de salut une minable bourse d’études en France qui me permettait juste de survivre. Ma sœur Latifa, restée à Alger poursuivre ses études en chirurgie dentaire à la faculté de médecine me racontait des choses horribles.

 

La publication dans le quotidien El-Moudjahid du 9 août 1983, de l’arrêt de la cour des comptes faisant ressortir « le détournement de la somme de 58.868.679,81 DA soit l’équivalent, de 600. 000 Euros » commis par mon frère quand il était ministre des affaires étrangères, avait constitué le coup de massue pour toute la famille. Nous étions frappés par l’infamante étiquette de « voleurs de biens du peuple ». Pourtant, mon frère n’avait pas tout pris. Il avait rapatrié 12.212.875,81 DA comme indiqué dans le même arrêt et confirmé quelques années plus tard par le président Chadli Benjedid au directeur du quotidien "Le Matin", Mohamed Benchicou, ce journaliste haineux qui ne nous a jamais portés dans son cœur.

 

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Cette histoire de détournement continue de nous poursuivre jusqu’au jour d’aujourd’hui. Et comme l’occasion m’est donnée d’en parler, ne faut-il pas ramener cette histoire de sous à sa véritable dimension ? C’est quoi 600.000 Euros dans le budget d’un Etat pétrolier comme l’Algérie ? Cet argent n’a-t-il pas profité, tout compte fait, à l’un des enfants illustres de l’Algérie. L’homme qui avait porté la voix de l’Algérie partout dans le monde ne méritait-il pas de bénéficier de cette somme pour faire face à ses besoins loin de son pays et de sa famille ? C’est vrai, 600.000 Euros de l’époque est à multiplier par dix aujourd’hui. Toujours est-il, ça reste une somme modeste pour services rendus à un pays de la dimension de l’Algérie.

 

Que ceux qui nous tiennent rancune pour cette modeste somme jettent un coup d’œil sur les sommes colossales détournées par ceux qui ont appartenu au régime de Chadli et de ses successeurs. Je vois d’ici certaines mauvaises langues me rétorquer que mon frère a été le premier à ouvrir le bal des détournements des deniers publics. A ceux là, même s’ils ne méritent que le mépris et l’arrogance, je tiens tout de même à rappeler que "Si Abdelaziz" méritait plus que ça, lui qui s’était jeté dans les bras de la révolution alors qu’il était âgé à peine d’une vingtaine d’années.

 

Au Maroc, nous ne manquions de rien. Considérés comme sujets français, nous étions des privilégiés. Mon père Si Ahmed, paix à son âme, était le maître absolu du marché de gros de la ville d’Oujda. En plus de son salaire, il bénéficiait de substantiels pourboires que lui glissaient les mandataires pour avoir des places de choix sur le marché. C’était suffisant pour nourrir ses enfants, leur assurer une bonne scolarité et acheter des biens pour laisser sa famille à l’abri du besoin.

 

A sa mort, il nous a légués des biens répartis sur près de 600 m2 à Oujda. Les titres existent à ce jour et nous en tirons toujours profit. Le premier bien appelé "Tahenia" d’une superficie de 92 mètres carré est enregistré au nom de mon regretté père. La demande de dépôt d’immatriculation s’est effectuée le 3 avril 1944.

 

La deuxième propriété nommée "Tafkiria" s’étend sur 241 mètres carré, toujours inscrite au nom de mon défunt père. Et la dernière, répertoriée sous le numéro 6035, appelée "Ouarda 3" affiche une superficie de 235 mètres carré.

 

Les titres en question n’ont pas subi d’opération de cession, ni de transfert de propriété. La seule transaction concerne le bien dénommé "Ouarda 3". En janvier 1958, mon père avait réalisé une donation aumônière au profit de ses 5 enfants mineurs dont moi-même. Le benjamin de la famille.

 

Tout récemment, l’un de nos locataires a cherché à profiter de notre absence du Maroc et surtout de la maladie de mon frère, le président, pour ne pas payer son loyer. J’ai du intervenir, personnellement, pour demander son expulsion des lieux. Malheureusement, ma première requête a été rejetée par le tribunal compétent de la ville d’Oujda. Une deuxième est en cours. Je ne lâcherai pas le morceau. Non pas par cupidité mais par principe. Ces biens nous appartiennent et nous tenons à les garder.

 

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D’ailleurs, à son retour de France où il a été hospitalisé durant 88 jours, mon frère, pris par je ne sais quelle nostalgie, a insisté pour qu’on l’emmène à Oujda visiter la maison familiale. Il disait vouloir humer l’ai de la terre marocaine qui l’a vu naître. J’ai eu toutes les peines du monde pour pouvoir le ramener à la raison en lui promettant que ça sera bientôt fait dès qu’il récupérera de ses forces. Heureusement, qu’il n’a plus exprimé ce souhait depuis qu’on lui a mis en tête l’idée du quatrième mandat. Sinon, ça aurait été la honte ! Qu’auraient bien pu penser et dire tous ces ennemis qui se recrutent par milliers depuis la fin du troisième mandat ? Qu’auraient bien pu dire ces salauds qui tiennent à chaque occasion à nous rappeler nos origines marocaines en multipliant les preuves que nos ancêtres n’ont laissé aucune trace à Nedroma d’où nous nous disons originaires.

 

En voilà encore une ! Après les histoires de la caisse noire du ministère des affaires étrangères, on nous sort celle de nos origines. Comme si être marocain était une tare. Sur ce point, je reconnais que c’est un peu la faute à Abdelaziz. Il était tellement complexé par notre passé marocain qu’il a, durant tout son règne, complexifié les relations de l’Algérie avec le Maroc au point de faire des Marocains les ennemis irréductibles des Algériens. Si jamais j’aurai à lui succéder, la première des choses que je ferai c’est d’œuvrer à mettre en exergue la fraternité algéro-marocaine. Comme ça, je n’aurai plus à souffrir de cette histoire d’origine marocaine. Je rappellerai à tout le monde que les Libyens avaient un roi, Idris 1er, d’origine algérienne. Pourquoi pas un président de la république algérienne d’origine marocaine. D’ailleurs, Ahmed Benbella en était un.

 

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Ah ! Ce Benbella ! Paix à son âme. C’était un sacré numéro. C’est comme mon frère Abdelaziz. Autant ils étaient les pires ennemis au point où mon frère a été l’un des instigateurs du coup d’Etat du 19 juin 1965 qui envoya à la trappe le premier président de l’Algérie pour un peu plus d’une douzaine d’années, autant, ils sont devenus les meilleurs amis du monde quand mon frère s’empara du palais d’El-Mouradia sur les hauteurs d’Alger. Un palais dont rêvait Ahmed Benbella ne serait-ce que pour un jour. Mais, mon frère était prêt à tout lui céder sauf le palais et son trône.

 

D’ailleurs, la perte de ce trône signifie ma perte à moi. Eh oui ! En dehors du palais d’El-Mouradia je serai moins que rien. Je n’ai pas le moindre doute sur ce qui m’arriverait si jamais je suis éjecté des arcanes du pouvoir. C’est pour cette raison que je remuerai ciel et terre pour garder le pouvoir non pas jusqu’à la fin des jours de mon frère président mais jusqu’à la fin de mes jours à moi.

 

Je sais que toute cette faune qui me fait courbette, aujourd’hui, elle sera la première à me poignarder dès que j’aurai quitté le pouvoir. Regardez, à titre d’exemple, ce "Larb", alias Saadani, que j’ai intronisé patron du FLN au moment où il ne s’y attendait guère. Quand je l’invite à s’asseoir, il se met à plat ventre.

 

Mais, dès que la donne change, il sera le premier à me sauter dessus pour me lacérer le corps de ses griffes.

 

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Autre exemple de larbin dont il faut se méfier, c'est "Monsieur goudron". Il était le protégé de "l'intello" de l'armée, le général Touati, un homme de sa région. Dès qu’il a senti le vent tourner il s’est jeté dans mes bras pour me lécher les pompes pour ne pas dire autre chose. Ce mec qui n’avait d’entrepreneur que le nom avec sa brouette et ses pelles et pioches est, aujourd’hui, grâce à moi à la tête d’un empire dont il n’avait jamais rêvé. Patron des patrons des travaux routiers, grand timonier de la presse en ayant sous sa coupe deux quotidiens de la presse écrite et deux chaînes de télévision. Le tout saupoudré d’un grand club de football dont la galerie doit me servir pour toute sorte de manifestation populaire.

 

Ce petit nabab, œuvre de mes magiques manipulations, a servi à me dresser toute la masse d’opportunistes de sa région réputée pour être frondeuse et récalcitrante. Mais, rien ne garantit qu’il me sera fidèle si demain, par malheur, j'étais jeté. Heureusement, que j’ai pris les devants en mettant main basse sur la moitié de sa fortune. Je ne suis pas si naïf pour faire d’un blédard un milliardaire et me retrouver du jour au lendemain main devant et main derrière. Que Nenni !

 

Même le somptueux hôtel de Barcelone, il ne lui appartient qu’à moitié. Une moitié qu’il partage avec d’autres larbins dont le fameux « Ahmed le poclain », ce cher général Kherfi Ahmed qui a été trop bavard au point de faire échouer mon plan qui visait à faire de lui le successeur du général Tewfik quelques mois avant la présidentielle de 2014. Un plan que je dois revoir avec beaucoup de minutie après deux tentatives infructueuses.

 

C’est ce que je révèlerai dans le prochain épisode de ce journal intime

 

 

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Guest D. ESSERHANE

Zéralda, le 29 juin

 

"Certes, je n’occupe aucune fonction officielle. Je suis tout simplement conseiller de mon frère-président, nommé par décret non publiable. Mais mes pouvoirs sont immenses. D'abord décideur de l’ombre, je me suis ensuite accordé un rôle qui ne peut en aucun cas être le mien. Celui de Président de la République.

 

En détournant le mandat présidentiel de mon frère malade, j’ai fait autour de moi beaucoup d’envieux et de jaloux. A commencer par ces galonnés qui jouaient aux faiseurs de rois. Ceux-là, j’ai réussi à les dompter d’abord en les remontant les uns contre les autres, puis, à isoler celui que beaucoup qualifient de « Rab Dzayer » (le Dieu d’Algerie). Il s'agit du général Toufik, l’inamovible patron des services secrets, le DRS.

 

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En maintenant le Président algérien en France durant 88 jours loin des regards et isolé des principaux acteurs de la vie politique algérienne, j’ai commencé ma marche vers la conquête d’un pouvoir qui me tendait les bras depuis que mon frère a réussi à s’assurer un 3ème mandat présidentiel. En tenant à l’écart « Rab Dzayer » et sa compagnie tout au long du séjour de mon frère à l’hôpital du Val-De-Grâce puis aux Invalides, j’ai pris tout mon temps pour tester leur puissance supposée. Aucun d’eux n’a osé élever la voix pour contester ma mainmise sur la présidence de la république.

 

Il faut reconnaître que mon frère a déjà fait une bonne partie du ménage avant de tomber malade. Ceux qui ont fait de lui le roi incontesté d’Alger sont tous passés à la trappe. Les généraux qui constituaient le cabinet noir ont été éliminés les uns après les autres. Les Larbi Belkhier (éloigné des centres de décision en allant occuper le poste d’ambassadeur au maroc en août 2005 avant de quitter ce monde le 28 janvier 2010), Mohamed Lamari (mis à la retraite en août 2004 bien avant son décès le 13 février 2012), Mohamed Touati, Smaïl Lamari (décédé le 27 août 2007), Khaled Nezzar, Aït-Abdessalem et Mohamed Touati ne font plus partie du monde des décideurs de l’ombre.

 

Seul rescapé de cette purge, « Rab Dzayer », le général Toufik. Il est toujours là. Contre vents et marées. Il a bénéficié de la confiance du président qui lui reste reconnaissant pour sa loyauté en 2004, alors que Bouteflika briguait un deuxième mandat. Il était la force de frappe contre le général Lamari et sa clique. Mais, à mon avis, il est temps de se débarrasser de lui. Le « dernier des mohicans » doit s’effacer quoiqu’il en soit.

 

Il sait se maintenir en faisant le dos rond face à mes multiples provocations. Je reconnais qu’il est difficile à déboulonner. Mais, je dois tout faire pour le faire disparaître de la circulation. A défaut, il faut le déplumer de toutes ses prérogatives pour faire de lui un roi sans royaume.

 

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Avant de donner l’assaut à cette citadelle appelée DRS que personne n’osait défier, profitant de l’hospitalisation de mon frère au Val-de-Grâce, je commençais par couper les ponts entre le président et le « dernier des mohicans ».

 

La seconde étape consistait à le mettre en position de faiblesse devant les services secrets français qui disposaient du dossier médical de mon frère. De quoi donner des complexes au DRS et à son chef.

 

A l’issue de son séjour au Val-de-Grâce, je place le président algérien sous protection militaire française à l’Institut des Invalides, un établissement relevant du ministère français de la défense. Il se retrouve ainsi sous protection militaire française. Aucun des galonnés algériens et surtout pas « Rab Dzayer » n’oserait opérer un forcing pour voir le président. A la première tentative, l’esclandre est vite arrivé. Je crierai au putsch si jamais quelqu’un s’aventure à forcer le barrage.

 

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Les mauvaises langues n’ont pas manqué de dire que par ces agissements, j’ai mis à terre toute la fierté de l’Algérie et bafoué la dignité des Algériens en laissant le soin à l’Elysée, au Quai d’Orsay et au ministère français de la Défense de communiquer sur l’état de santé du président algérien. Pas une bribe d’information communiquée officiellement au peuple algérien sans passer par ces canaux. Aux larbins qui m’entouraient je faisais jouer le rôle de clown dans lequel excellait le pauvre premier ministre. Ce dernier trouvait un malin plaisir à mentir aux Algériens en distillant des informations sans avoir vu le chef de l’Etat. Ne parlons pas de ces opportunistes qui se sont improvisés porte-parole de circonstance, juste pour me plaire et préserver leurs privilèges.

 

Les mensonges racontés par mes sbires détournaient l’opinion publique de ce que je préparais au « dernier des mohicans ». Car, le moment de l’attaque approchait à grands pas. Il devait coïncider avec la date de retour du président. Alors que l’avion présidentiel ne s’était pas encore posé sur l’aérodrome d’Alger, j’envoyais la première salve. Agissant au nom du chef de l’Etat, je donnais ordre à « Rab Dzayer » de limoger son chef du service de presse pour le remplacer par quelqu’un d’autre qui n’a rien à voir avec le secteur des médias. Ordre exécuté sans discussion. A peine arrivé à Zéralda, je donne la deuxième estocade. Je dissous le service judiciaire du DRS et je le prive de la Direction de la Sécurité de l’Armée, l’une des trois directions placées sous sa coupe. Je rattache, ainsi, la sécurité de l’armée à l’Etat-major de l’armée. Je le passe ensuite à la tondeuse pour lui faire la boule à zéro. Je lui intime l’ordre de changer les patrons de deux directions qui lui restent, à savoir la direction du contre-espionnage et celle de la sécurité extérieure. Ainsi, je place le général Ali Bendaoud à la tête du contre-espionnage. Un fidèle parmi les fidèles. Originaire de Tlemcen, le vivier du pouvoir algérien, j’ai recueilli cet officier dans mon giron depuis qu’il était en poste à l’ambassade d’Algérie à Paris en qualité de chef du bureau de sécurité. Lui à la tête de la direction du contre-espionnage qui n’est autre que la sécurité intérieure, je viens de verrouiller le jeu sur le plan sécuritaire puisque le patron de la police, le général Hamel est de Tlemcen et de même pour le ministre de l’intérieur. Ne dit-on pas qu’on n’est jamais servi que par soi-même ? C’est pour cette raison que toute la sécurité intérieure est entre les mains du clan de Tlemcen.

 

Certains ont observé que mon poulain, a toujours évolué en dehors du pays en étant cadre de la sécurité extérieure. Ils n’ont pas compris que c’est fait sciemment pour deux raisons. La première, montrer que c’est moi le patron et je fais ce que bon me semble. « Rab Dzayer » n’avait qu’à obtempérer. La deuxième raison est que le général Bendaoud est le seul haut gradé de Tlemcen au DRS. Je n’avais pas d’autre choix.

 

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A la Direction de la sécurité extérieure, je laisse le soin à mon nouvel allié le général Gaïd Salah de choisir un homme à lui. Son choix se porte sur le général Youcef, un homme de sa région. Eh oui, le régionalisme reste une arme redoutable dans la constitution des clans. Et là aussi, on me fait remarquer que ce général obéissant et discipliné n’a rien à voir avec la sécurité extérieure. Peu importe. La sécurité extérieure je la gère autrement, en veillant en personne sur le dossier franco-algérien et en faisant confiance à mes amis français.

 

Dans cette « opération tondeuse », j’ai réalisé un grand coup que peu de gens ont remarqué. En poussant « le dernier des mohicans » à limoger l’ancien patron de sécurité extérieure, le général Bachir Tartag, j’ai récupéré ce dernier dans mon clan. Une récupération précieuse dans la mesure où le nouveau rallié m’ouvre tous les dossiers qu’il gere et m’apporte toutes les informations dont j’ai besoin sur les affaires gérées par le DRS, notamment les dossiers de la corruption. Avec lui, j’arrive à savoir qui fait quoi au DRS et qui est avec qui. Une véritable mine d’Or ce brave Bachir. S’estimant lâché par son ancien patron, il se jette corps et âme dans mes bras. J’avoue que c’est la plus belle réalisation de ma vie.

 

En nommant le général Bachir Tartag au poste de conseiller du chef d’Etat- major de l’armée, je gère indirectement les affaires de sécurité. Il ne fait rien sans mon aval et sans instructions de ma part. Il me doit de l'avoir arraché au sort que lui réservait son ancien chef. Il était sur la liste des futurs retraités en compagnie de son ami, l’ex-boss de la sécurité de l’armée, le général Djebbar.

 

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Mon autre superbe réalisation dans cette guerre que j’ai livrée à « Rab Dzayer », c’est la nomination du général Gaïd Salah vice-ministre de la défense et son maintien à son poste de chef d’Etat-major de l’armée. Là aussi, des ignares en matière de coups fourrés s’interrogent sur cette manœuvre puisque nulle part ailleurs on n’a vu un chef militaire cumuler deux postes incompatibles : un poste politique, celui de ministre, et un poste opérationnel, celui de chef d’Etat- major. Comme je suis diplômé en intelligence artificielle d’une université française, j’ai du mettre en pratique mes compétences universitaires en octroyant un deux en un au plus vieux militaire de la planète. Une façon de verrouiller définitivement le jeu devant « Rab Dzayer » à qui je ne manque pas de rappeler qu’il doit s’adresser à sa tutelle chaque fois qu’il émet le souhait de voir le président. Une belle manière de couper les ponts entre lui et mon frère dans le but de lui éviter de connaître l’état de santé réel du président. S’il venait à le savoir il n’hésiterait pas à tout foutre en l’air et moi avec.

 

Voilà. Cette armée qu’on disait puissante et ses chefs faiseurs de roi, ne sont plus qu’un jouet entre mes mains. Aucun de ses chefs n’oserait jouer des épaules devant moi, le seul maître à bord.

 

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  • 3 weeks later...
Guest D. ESSERHANE

................IV

 

Mondafrique s'est procuré le quatrième épisode du vrai faux journal de Saïd Bouteflika, le frère du président algérien malade et impotent. Dans l'ombre, cet ambitieux est devenu l'un des hommes les plus puissants d'Algérie. Dans ce quatrième opus, il livre sa recette miracle pour museler la presse.

 

 

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Vous êtes nombreux à vous interroger sur l’identité de l’auteur de ce vrai faux journal (ou faux-vrai journal). Pourtant, il est bien précisé qu’il s’agit de mon propre journal à moi, Saïd Bouteflika, le régent de Zéralda. Il est vrai que je n’ai ni le talent ni la vocation pour exercer le métier de journaliste. Mais, ce que je fais, là, n’est pas un exercice journalistique. Ce n’est ni de l’enquête ni du commentaire encore moins de l’info même si le contenu de ce journal contient une foule d’informations me concernant.

 

Cependant, j’avoue que pour rédiger ce journal, je dois beaucoup aux journalistes de Mondafrique.com qui ont eu l’amabilité de m’accorder l’hospitalité de leur site en échange de ma plume empruntée tour à tour par ceux d'entre eux qui s'intéressent à ma vie et à mon mon rôle dans les arcanes du pouvoir algérien.

 

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Certaines mauvaises langues ne manqueraient pas de se demander pourquoi ne pas solliciter un journaliste algérien et utiliser un support médiatique algérien. Ma réponse est claire. Pas besoin d’être grand clerc pour la deviner. Dans la presse algérienne, il y a deux catégories de journalistes. Ceux qui ne me portent guère dans leur cœur pour je ne sais quelle raison et ceux qui se mettent à plat ventre devant moi avec un zèle affligeant. Avec les premiers, il est hors de question de discuter. Nous ne boxons pas dans la même catégorie. Ce sont des gens forts, aguerris, expérimentés et surtout intelligents. Ils savent que je ne vais pas durer. Un jour ou un autre je finirai par disparaître des coulisses du pouvoir. Je ne serai plus d’aucune utilité. Quant à la seconde catégorie on y trouve de tout. Du fourbe au laudateur intéressé en passant par le champion de la brosse, le flagorneur occasionnel qui s’agenouille devant le premier venu et l’opportuniste malin qui saute sur les bonnes occasions et au moment opportun pour se remplir les poches et frimer à Sidi Yahia, le nouveau quartier chic d’Alger, en se vantant d’avoir pris un café avec moi alors que je n’ai fait que lui esquisser un sourire hypocrite à la mesure de ses mesquineries. Cette catégorie de journalistes a un dénominateur commun : l’incompétence et le retournement de casaque. Hier, ils ciraient les pompes du dernier des caporaux du DRS. Aujourd’hui, ils se mettent à plat ventre devant moi. Mais, j’avoue qu’ils ne me causent pas le moindre souci à la différence des frondeurs de la première catégorie. Ces derniers me donnent vraiment du fil à retordre. Avec eux, je dois prendre le relais de mon frère qui a horreur de la presse.

 

Sa haine de la presse, mon frère président l'a affichée dès son arrivée à El-Mouradia. La première chose qu’il avait à faire c’était de fermer le bureau de la chaîne qatarie Al-Jazeera. Non pas pour sa ligne éditoriale ou pour ses prises de positions. Juste pour punir l’un de ses journalistes, Ahmed Mansour pour ne pas le nommer. Alors qu’il interviewait, en duplex, mon frère, alors candidat à la présidence de la république, il a eu le toupet de l’interrompre avant la fin de l’interview parce qu’il y avait eu, selon ses patrons, un évènement plus important. Le bombardement du Kossovo. En voilà des manières ! Couper la parole à celui qui allait présider aux destinées de l’Algérie et dont le passé a fait rougir d’envie ses successeurs à la tête de la diplomatie algérienne, n’est-ce pas là un manque de respect et de considération ? En parlant de respect, ce Ahmed Mansour n’en connaît pas le moindre bout. Il est d’une insolence à vous couper le souffle. Oui, il est insolent et incorrect. Il suffit de voir comment il dirige ses entretiens dans son émission « bila houdoud » (sans frontières). Une émission qui porte bien son nom tant le journaliste ne connaît pas de limites en s’attaquant à ses invités par des questions aussi incongrues qu’inconvenantes.

 

Je n’accuse pas à tort ce journaliste. Les lecteurs peuvent retrouver la vidéo de l’entretien sur youtube et vérifieront d’eux-mêmes. Ils verront comment ce journaliste se permettait de malmener le futur président de l’Algérie en l’interrogeant sur les fonds des ambassades qu’il avait placés dans une banque suisse quand il était ministre des affaires étrangères et ses démêlées avec la cour des comptes. En quoi ça le regarde ces histoires de reliquats des trésoreries des ambassades d’Algérie à l’étranger ? C’est l’argent de son père qu’a pris mon frère ? C’est l’argent de l’Algérie. C’est notre argent à nous. De quoi se mêle-t-il ?

 

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Aussitôt élu, la première décision que prend le président c’est la fermeture du bureau d’Al-Jazeera à Alger. Wallah (je jure par Dieu) que tant que nous sommes au pouvoir, cette chaîne n’obtiendra jamais d’accréditation pour agir en Algérie. Cela dure depuis plus de 15 ans et ça va durer encore. Rancuniers, dites-vous ? Oui, nous le sommes. Et gare à celui qui oserait se frotter à nous. Demandez à Benchicou ce que nous lui avons fait...

 

Polémiste, la plume trempée dans du vitriol quand il s’agit d’écrire de mon frère, Mohamed Benchicou, le directeur de feu le quotidien Le Matin a été le deuxième gros morceau épinglé à notre tableau de chasse. Nous lui avons montré comment les Bouteflika incarnent le pouvoir dans toute son horreur, comme il le prétend.

 

Dès l’annonce de la candidature de mon frère à la présidence de la république, Benchicou appela à la mobilisation contre mon frère. Tout au long de la campagne électorale il faisait étalage de son hostilité en donnant la parole à ses adversaires et à ses détracteurs sous prétexte qu’il devait agir en professionnel et ne pas soutenir celui que la presse désignait comme candidat du pouvoir.

 

Tout au long du premier mandat le président faisait le dos rond. Il laissait les choses s’accumuler. Pour se maîtriser et éviter de commettre une bourde qui risquait de se retourner contre lui, mon frère s’était défoulé sur le ministre de la communication hérité dans le gouvernement de son prédécesseur. Ce ministre était trop proche des journalistes. Il faisait copain-copain avec eux. Il ne sait pas tenir ses distances et se mettre dans la peau d’un homme d’Etat. Alors, dès la première réunion du conseil des ministres présidée par mon frère, ce ministre est dégommé séance tenante.

 

Ah ! Comme il était beau à voir mon frère quand, rivant ses yeux vers les ministres assis à sa droite, il lança d’une voix forte à faire trembler les murs de la salle de réunion « qui est ce Abdelaziz Rahabi ? Qui est ce ministre au pouvoir qui, en même temps, fricote avec les journalistes ? Je ne le connais pas et je ne cherche pas à le connaître. Seulement, il doit savoir qu’à partir d’aujourd’hui il n’est plus ministre de la communication. Je le mets à la disposition du chef du gouvernement. » Un silence de cimetière planait sur la salle que mon frère ne tarda pas à déchirer par une autre annonce sur le même ton que la première. « Qui c’est ce Tedjini Salaouandji ? Je ne le connais pas et je ne cherche pas à le connaître. Il remplacera Rahabi en attendant la composition du nouveau gouvernement. » Et mon frère d’ajouter à l’adresse du nouveau ministre de la communication en répétant trois fois « il viendra prendra ses ordres ici. »

 

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Le président venait d’annoncer la couleur. La presse doit être sous son contrôle. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est autoproclamé rédacteur-en chef de l’APS (l’agence officielle) et patron de la chaîne unique de la télévision nationale. Deux organismes passés sous mon contrôle direct depuis peu. Ainsi que le ministère de la communication où j’ai placé un bon sbire à moi.

 

Pour revenir à Mohamed Benchicou, le directeur du Matin, nous avons du attendre la réélection de mon frère pour un deuxième mandat en 2004 pour passer à l’offensive contre ce journaleux qui, non content de nous attaquer quotidiennement dans son journal, est allé écrire un livre au titre aussi provocateur qu’indécent. « Bouteflika : une imposture algérienne ». Là, on ne peut que dire trop, c’est trop ! Il va falloir le détruire ce Benchicou. Il faut l’écraser. Le réduire à néant. A la sortie du livre nous étions tous fous de rage. Ni le président ni moi ni les autres frères et sœurs n’avions pu lire ce qui était écrit. C’était insoutenable. Impossible de lire deux paragraphes sans prendre le risque de tomber en syncope.

 

Nous avons tenu un conseil de famille pour décider de la meilleure manière de détruire ce bonhomme. Oui, un conseil de famille. Pas un conseil de ministres ou autre chose du genre. Dans des situations pareilles, les Bouteflika sont solidaires et ne font confiance à personne. Nous nous sentions tous concernés. Chacun des membres de la famille allait de sa proposition.

 

On avait commencé par prendre des mesures douces. On son ardoise de l’imprimerie. Soit il paye soit on arrête le tirage du journal. Il trouve la parade en allant imprimer chez un privé. Et il continue de s’attaquer au président de plus belle. On mobilise le fisc pour le mettre à genoux financièrement. Cela prenait du temps. On a finit par se rendre à l’évidence. Aux grands maux, les grands remèdes. Une cabale et le polémiste est envoyé en prison pour deux longues années qu’il purgera intégralement et sans un seul jour de remise de peine. Cerise sur le gâteau on le dépouille de son journal en procédant à la saisie de son immeuble acheté tout récemment, et du coup le quotidien Le Matin ne sera plus dans les kiosques. Il fait partie du passé. Qu’il aille écrire des livres, maintenant. Oui, à propos de livres, il y en a un qui nous prépare une « belle surprise » comme il dit. Il annoncé les grandes lignes de son ouvrage. J’en parlerai dans le prochain épisode. Il n‘a qu’à bien se tenir !

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  • 1 month later...

Cher ami,

 

Je me suis permis de publier un niuvel épisode du journal intime de Said Boutef. Je suppose que tu es en vacances, alors j'assure la permanence ! :D

 

Saïd, le régent de Zéralda (VI épisode)

POLITIQUE - PAR LA RÉDACTION DE "MONDAFRIQUE" - Publié le 20 Aoû, 2014

Dans le sixième épisode de son journal intime, que le site "Mondafrique" s'est procuré, Said Bouteflika, le frère du président, se laisse aller dans la torpeur de l'été finissant à quelques réflexions mélancoliques sur le vertige américain de l'épouse du Premier ministre, qui a accompagné son mari au sommet organisé par le président Obama.

 

 

 

Il ne manquait plus que ça ! Alors que mon frère est entre la vie et la mort et pendant que je me démène comme je peux pour le soustraire aux projecteurs de l’actualité, voilà qu’un magazine américain, le FORBES, pour ne pas le nommer vient révéler que le président Abdelaziz Bouteflika avec 244 millions de dollars détient la dixième fortune des chefs d’Etats arabes.

 

Farida, première dame

 

Quelle mouche a piqué ces Américains pour venir sortir une information vieille de trois ans ? Et en ce moment précis ? On n’a pas besoin d’être parano pour suspecter un complot ou une tentative de déstabilisation d’origine américaine. La visite de notre Premier ministre aux States où il a représenté mon frère au sommet afro-américain aurait donné des idées aux ricains. En posant avec les Obama, Farida Sellal, cette femme aux ambitions démesurées se voit déjà première dame d’Algérie. Rien ne l’aurait empêché de susurrer dans l’oreille du président américain sa disponibilité à concéder des puits de pétrole dans le Sahara algérien en contrepartie d’un petit coup de pouce pour propulser son mari au palais d’El-Mouradia. Elle a de fortes craintes que mon ami Ali Haddad, qui a fait partie de la délégation algérienne aux States, dame le pion à son guignol de mari. Certes Ali Haddad n’a ni l’étoffe ni l’envergure pour prétendre à la succession d’un grand homme d’Etat comme mon frère. Mais, Sella, l’a-t-il, lui, cette étoffe ?

 

Je savais Fraida Sellal curieuse et arriviste. Je lui ai fais pas mal de concessions comme celle de nommer une amie à elle dans le gouvernement dont j’ai confié la conduite à son mari après la présidentielle du 17 avril. Ce qui lui permet de prendre des airs devant les autres femmes de son entourage. J’ai fermé les yeux sur les nombreuses affaires qu’elle mène avec sa fille et son beau fils André (un libanais maronite), en brassant une fortune dont elle n’avait jamais rêvée. J’ai compris ce que cherche cette femme. Elle veut être le Saïd Bouteflika du premier ministre. N’est pas Saïd qui veut.

 

Et il me semble que l’épouse du premier ministre commence à voir plus gros que ses yeux. La photo prise avec les Obama lui a, certainement, donné le vertige. Voilà, pourquoi Madame est allée comploter avec les Américains en évoquant la fortune du président. D’ailleurs, je tiens à démentir cette information vieille de trois ans. Les Américains qui se sont toujours montrés pro-marocains ont voulu humilier le président algérien en le classant derrière le roi Mohamed VI dont la fortune est évaluée à 2,5 milliards de Dollars. Or, notre fortune (je dis notre dans la mesure où c’est moi qui gère le patrimoine familial et qui sais comment le faire prospérer) était évaluée à 900 millions de Francs suisse il y a plusieurs de cela par une chaîne de télévision suisse mieux informée que les Américains de FORBES sur les avoirs déposés dans les banques genevoises.

 

Mon frère, ce milliardaire

 

Mieux encore, dans les années soixante-dix, on disait déjà que mon frère était milliardaire, alors que Mohamed VI n’était pas encore né. Feu président Chadli reconnaissait dans une confidence faite au journaliste Mohamed Benchicou que mon frère avait sur ses comptes la contrevaleur de 6 milliards en monnaie algérienne (l’équivalent de 600 millions d’Euros de nos jours avant la dévaluation du dinar en 1993). De cette somme il faudrait retirer 10% du montant remboursé au trésor algérien). C’est dire que les 245 millions de dollars que nous prêtent FORBES c’est du pipi de chat. Nous avons toujours vécu dans l’aisance financière. Bien avant qu’on prenne les commandes d’un pays qui vit une véritable embellie financière, depuis notre arrivée au pouvoir, grâce à la flambée des prix du pétrole.

 

Que les curieux se calment. Je ne vais pas donner un scoop dans ce journal intime pour le plaisir de démentir le magazine FORBES. Non, je ne dirai rien sur la fortune des Bouteflika. Mais, je fais remarquer que nous n’aurons aucun complexe à nourrir devant la famille royale marocaine si demain on venait à s’installer sur notre sol natal. Nous n’aurons aucune difficulté à justifier l’origine de notre fortune pour avoir eu à gouverner pendant plus de quinze ans, et plus j'espère, sur un pays pétrolier. Ceci sans compter les 13 années où le frangin était ministre des affaires étrangères. Même durant ce qui a été appelé sa traversée du désert, il a travaillé comme consultant chez beaucoup d’Emirs arabes qui lui ont bien garni ses comptes bancaires en Suisse.

 

Vers une monarchie républicaine

 

Pour l'instant, je m’efforce de tout mettre en place pour éterniser notre pouvoir. Nous vivons le passage vers une monarchie républicaine qui fait élire son souverain tous les cinq ans tout en lui assurant le succès sans qu’il ne se donne la peine de faire une campagne électorale ou solliciter la confiance des électeurs par un tout petit message. On se contentera du rôle qu’auront à jouer les courtisans de la cour.

 

Quand je lis les commentaires de certains de ces sujets sur les réseaux sociaux et en réaction à l’information relayée par le seul quotidien algérien Echourouq, je me réjouis et cela m’encourage à persévérer pour faire perdurer le pouvoir des Bouteflika. Certains de ces sujets n’ont vu aucun inconvénient à ce que mon frère amasse une fortune de 245 millions de dollars. Il y en a même un qui a trouvé que « c’est méritée pour un homme qui a sacrifié sa vie pour l’Algérie.» D’autres n’ont pas manqué de voir, à travers la divulgation de cette information, une manœuvre marocaine pour déstabiliser l’Algérie. D’autres encore, nourris au discours de la guerre des clans, pointent du doigt le DRS. Mais, quelques soient leurs divergences, ces braves sujets ne succombent jamais à l’influence des forces hostiles à notre pouvoir et ne voient aucun inconvénient à ce que Abdelaziz Bouteflika poursuive son œuvre à la tête de l’Etat algérien même à partir de son lit de douleur. Et si nécessaire c’est à moi, son frère, de prendre la lourde responsabilité de poursuivre cette œuvre puisqu’il ne peut y avoir personne d’autre que moi aussi fidèle et loyal au président.

 

L'amour du peuple algérien

 

J’ai la certitude que les Algériens aiment les Bouteflika. Et ce ne sont pas les quelques aigris et autres inconscients qui me démentiraient. Quelqu’un qui est inconscient de ses propres intérêts et qui ne cherche pas à tirer profit de ce que nous pouvons lui offrir ne peut pas servir les intérêts de la communauté. Ce ne sont pas, non plus, les quelques agitateurs du mouvement « BARAKAT » qui me feraient plier moi, Saïd Bouteflika le seul à avoir réussi à mettre à mes pieds ces supposés puissants généraux. A commencer par leur chef, le sergent Garcia ...Salah, le chef d'état major, qui ne jure pus que par moi, le petit et frêle Saïd.

 

Ma puissance face à ces généraux se confirme de jour en jour. Comme l’année passée quand j’avais hospitalisé le président à Paris, aucun d’eux n’avait osé mettre son nez dans les affaires familiales en cherchant à avoir de ses nouvelles. Ils ont compris que cela relève du secret de famille. C’est la même chose aujourd’hui. Depuis le 15 juillet, le président est au repos et aucun général n’a demandé à le voir ou à lui parler. Je suis leur seul interlocuteur. Les affaires familiales et le secret de famille ne relèvent pas de leurs prérogatives. Et ça, ils l’ont bien compris les Gaïd Salah, Toufik and co.

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