pmat 276 Posted August 1, 2008 Partager Posted August 1, 2008 bonjour un sujet sur la chose qui detruit et accuse injustement les religions et les peuple afin de prendre place et pouvoir par des nom les plus variés lisez on est plusieurs a le pensé europeens aussi Hartmuth Becker, « Libéralisme et normalité» (Entretien) publié dans Catholica, numéro 56 Depuis le siècle des Lumières s’est accompli le renversement de toutes les valeurs le plus radical, peut-être, de toute l’histoire de l’humanité. Les vieux mythes religieux et politiques ont été dépouillés de leur contenu, réinterprétés comme préjugés négatifs et remplacés par des postulats rationnels. L’exigence de liberté, égalité, fraternité, selon le mot d’ordre de la Révolution française, a depuis lors dominé l’histoire intellectuelle européenne, et s’est répandue de façon quasi universelle jusqu’aux coins les plus reculés de cette terre. Le fonds libéral d’idées a été intégré et interprété, souvent falsifié dans un sens libertaire, par tous les partis politiques modérés, même non bourgeois. On parle de libéralisme de gauche, de droite, de libéralisme social, économique ou national. Ce qui, au-delà de toutes les différences, unit les courants particuliers est un relativisme philosophique. Dans le modèle libéral on insiste sur le fait qu’une connaissance ontologique de la vérité n’est pas possible, et que dans cette mesure aucun parti politique ou religieux ne peut émettre une prétention à l’Absolu. La liberté devient donc possible précisément parce qu’il n’existe plus de Vérité. Echappe en réalité à cette assertion le concept de vérité relevant de la théorie de la connaissance qui se réfère à la véracité de propositions à contenus donnés. Au contraire les propositions renvoyant au devoir sont considérées comme non susceptibles de vérité. La conséquence est que s’impose dans la science depuis les Lumières la méthode d’approche quantitative, qui refoule l’approche qualitative, sur les fins dernières, par exemple la question de l’existence de Dieu, parce qu’il n’existerait dans le domaine de notre expérience aucun moyen d’accès à ces questions, auxquelles il n’est donc pas de réponses. Cependant cette position devient idéologique et conduit au problème de la saisie de la réalité, quand les limites de la connaissance rationnelle sont atteintes. Une des conséquences du rationalisme appliqué est d’ignorer le mode intuitif de décision, parce que l’intuition ne peut avoir valeur de jugement éprouvé, et qu’en conséquence elle n’implique aucune directive pour l’agir. Le libéralisme se présente comme une philosophie de la normalité qui émousse systématiquement les angles et arêtes des phénomènes réels. Certes, la mise à l’écart de telles exceptions au profit de la normalité représente un rationalisme conséquent (Schmitt, Théologie politique), mais il faut s’attendre que, pour cette raison même, le dispositif d’un Etat libéral-démocratique ne soit que difficilement efficace dans une situation d’exception. La politique libérale est une politique existentielle de prévention. La nécessité d’assurer en permanence le rééquilibrage des intérêts conduit à des formules de compromis dilatoires, qui se présentent comme le renvoi des véritables décisions, parce que le statu quo est intouchable ; en conséquence on va droit à la crise lorsque les conditions extérieures se modifient et qu’une décision politique sans ambiguïté devient nécessaire. L’essence du libéralisme est, du point de vue de l’histoire des théories, apolitique. Dans le combat contre la monarchie absolue il s’agissait d’imposer une constitution prévoyant la séparation des pouvoirs, dans laquelle le pouvoir exécutif serait limité. Ce n’est que par l’élimination de l’arbitraire du prince que pouvait être ménagée une base pour la production dans une économie de marché, reposant sur le principe de la permanence assurée du droit. Aussi longtemps que la bourgeoisie fut exclue du pouvoir, elle fit tous ses efforts pour que s’impose la loi. C’est de cette époque que date l’insistance excessive mise sur les postulats libéraux. Le droit bourgeois fut mis en regard de la puissance du prince, parce que cet instrument se prêtait remarquablement à avancer ses propres intérêts et en même temps à les voiler. Quand fut introduit le système de gouvernement parlementaire, le principe libéral de la séparation des pouvoirs a certes été formellement appliqué ; cependant cela apporta en pratique peu de changement à la nécessité d’expliquer et d’imposer ses propres intérêts face à des alliés, des adversaires, ou des partenaires neutres. Les euphémismes libéraux ne sont pas dus au hasard. De fait, un vocabulaire dénué de toute agressivité s’est conservé comme relique du temps où fleurissait le libéralisme. Par exemple le monde libéral des concepts ne connaît pas de tribut, mais des paiements de réparations ; pas d’ennemis, mais des concurrents ; la délibération — autrement dit la palabre permanente — au lieu de la décision. Le changement dans l’emploi des concepts ne doit pas tromper sur l’existence réelle de ceux-ci : aucun Etat ne peut échapper aux politisations nécessaires. La politique ne peut pas se diluer dans le langage (Bernard Willms, Kritik und Politik). Cette critique s’adresse aussi aux théories modernes du discours qui se donnent pour libérales. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted August 1, 2008 Author Partager Posted August 1, 2008 SUITE ET FIN Hartmuth Becker, « Libéralisme et normalité» (Entretien, suite) Au coeur du programme du libéralisme politique est le principe institutionnel de non-violence pour la résolution des conflits de la société, même si " transparence " et " discussion " ne sont dans la pratique parlementaire quotidienne que des représentations modèles idéales, et si la résolution des conflits doit nécessairement se faire par un compromis entre les intérêts. Vu historiquement, le libéralisme a partie liée avec le processus de démocratisation au XIXe siècle. La formation du type contemporain de constitution démocratique — en particulier du catalogue fondamental, universaliste, des principes de représentation et de partage des pouvoirs — porte témoignage de ce lien. Les éléments existants de démocratie de masse plébiscitaire ne sont pas d’origine libérale. Au moment de la constitution des Etats nationaux les forces libérales et les jeunes forces nationales en vinrent pour un temps à se coaliser. Les national-libéraux trouvèrent avec la devise " national et libéral " (qui peut se lire : puissance face à l’extérieur, règne du droit à l’intérieur) un consensus solide pour une assez longue période historique. Sans doute, en raison de la concordance défectueuse entre principes de base libéraux et nationaux, des conflits devaient inévitablement survenir, mais il ne faut pas oublier que c’est cette association qui a donné son empreinte concrète au concept de citoyen dans lequel le postulat libéral d’égalité prend forme. L’égalité existe entre les égaux, c’est-à-dire entre ceux qui selon la mesure de leurs facultés de performance assument mêmes droits et devoirs. La distinction entre les droits du citoyen et les droits de l’homme relève de ce contexte ; c’est seulement dans un Etat mondial qu’elle deviendrait sans objet. Qu’on note bien que la vision d’un Etat mondial pacifié est l’expression d’un universalisme poussé jusqu’à ses dernières conséquences, qui transforme la politique extérieure en politique intérieure et l’armée en police. En fait, la preuve reste encore à apporter qu’un tel Etat pourrait maîtriser un maximum de coordination bureaucratique, sans dégénérer en un Moloch intolérable qui sombrerait dans une apocalyptique guerre civile mondiale. En l’absence de preuve, mieux vaut laisser le projet dans le tiroir. L’Etat mondial reste un rêve libéral, utopique, qui jouit aujourd’hui de ce crédit littéraire que ses pendants gauchistes ont déjà dilapidé. (3/4) Hartmuth Becker, « Libéralisme et normalité» (Entretien, suite) Dans le libéralisme, le problème central de toute politique intérieure — la question de la répartition du revenu national — est abordé de façon dilatoire dans la mesure où il passe après la question de la productivité. A la différence de ce qui arrive dans les modèles socialistes, les interventions administratives dans la vie du marché sont réduites au minimum possible. Grâce à la chute des barrières de tous ordres — scientifiques, administratives, sociales et économiques — les forces motrices économiques purent être libérées, et l’impulsion fut donnée à un processus qui, malgré tous ses effets secondaires négatifs, a conduit à une prospérité de masse et à l’ascension sociale de larges couches de la société. Le libéralisme compte parmi ses réussites durables d’avoir aidé au développement de modes de production efficaces et par là d’avoir contribué à porter à leur plus haut point les énergies économiques. Le conflit qui à ce point surgit, sur les fins, entre l’efficacité et la justice perd beaucoup en acuité si l’on considère que la distribution du produit national brut dépend de la façon dont les moyens de production de la société sont répartis. La distinction entre la justice, selon qu’on l’envisage d’après les mérites ou d’après les besoins, est élémentaire ; un nivellement dans la répartition des moyens de production aboutit à diminuer le volume distribué ; en d’autres termes le gâteau qui peut être partagé devient plus petit. La critique sociale du libéralisme ne peut donc relever de l’économie classique. Selon toute vraisemblance, dans des sociétés riches aussi différenciées qu’elles le sont dans les Etats modernes à constitutions libérales-démocrates, on a déjà atteint un tel point de pression psychologique et financière sur la population que les effets contraires sont à assigner à des aspects non pas libéraux, mais sociaux. La critique n’a pas le droit de remettre en question, comme cela arrive souvent aujourd’hui, paradoxalement, les points forts du système libéral. Une telle attitude est l’expression d’une confusion mentale, qui se manifeste dans une confusion sur les concepts. Le libéralisme est partisan d’une pure indifférence philosophique, ce qui ne l’empêche pas de lutter par tous les moyens contre les courants qui lui sont opposés, comme le catholicisme politique au XIXe siècle. Les fractions libérales du Reichstag ne furent pas les dernières à soutenir le Kulturkampf bismarckien, dont le nom, du reste, fut forgé par le député libéral Rudolf Virchow. Pour raison de thématiques communes le libéralisme entre dans des coalitions avec des minorités hétérogènes qui se révèlent être, plus d’une fois, des alliances opportunistes à orientation négative, phénomène qu’on a pu remarquer jadis à Weimar comme aujourd’hui aux Etats- Unis. La politique libérale a toujours été disposée à sacrifier sur l’autel du progrès les valeurs traditionnelles qui lui paraissent faire obstacle à la productivité. C’est ici seulement que peut intervenir la critique sociale : lorsque des identités sont détruites par les processus de changement sans qu’apparaisse clairement ce que l’on peut mettre à leur place. Un des exemples tragiques en est la menace qui pèse sur la famille en tant que cellule de la société, y compris de la société libérale. Les processus de modernisation, de flexibilisation et d’émancipation ont amené des changements de grande portée dans le paysage social, qui à coup sûr ne peuvent pas être interprétés univoquement comme positifs. Les effets secondaires — que ce soit l’isolement de l’individu ou l’évolution démographique — sont certes reconnus avec une précision sismographique par le phénotype de la société moderne frénétique ; mais ils n’en sont pas pour autant conjurés. Le problème de la finalité et de l’action est immanent au système. Hartmuth Becker, « Libéralisme et normalité» (Entretien, suite) La proverbiale tolérance libérale est une pure supposition : elle n’a rien de " la tolérance pour la tolérance ". Dans les faits le libéralisme lui aussi, qui, par un système de sanctions, opère une discrimination entre ceux qui apportent leur contribution et ceux qui s’y refusent, n’échappe pas à la nécessité de discriminations politiques. Pas plus que tout autre " -isme " il ne peut se passer d’un système bien à lui de valeurs et de hiérarchies. Cependant le sien est fondé sur une évidence de fin rationnelle et d’exploitation. Même la contribution scientifique de Max Weber n’a rien pu y changer. Or, du processus associé d’abstraction, voire d’irrationalisation, de jugements de valeur rationnels, découlent des implications positives comme négatives : c’est ce visage de Janus qu’il s’agit de reconnaître. Hartmuth BECKER page1 page2 page3 page 4 © 2006 Catholica, tous droits de reproduction réservés. retour liste textes en ligne Citer Link to post Share on other sites
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