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La langue arabe, la Rolls et la Volkswagen


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La grammaire arabe est tellement sophistiquée et séduisante par sa logique qu’un élève plus âgé l’étudie plus facilement, car il peut apprécier les subtilités de son raisonnement. Ironiquement, c’est dans des instituts linguistiques en Egypte, en Tunisie, en Syrie, au Liban et au Vermont que le meilleur enseignement de l’arabe est donné à des non-Arabes.

 

Quand la guerre arabo-israélienne de 1967 me poussa à m’engager politiquement à distance, une chose me frappa avant tout : la politique n’était pas conduite en ‘ameya, ou langue du grand public comme on appelle l’arabe dialectal, mais plus souvent dans le rigoureux et formel fosha, ou langue classique. J’ai bientôt compris qu’on présentait les analyses politiques aux meetings et aux réunions de telle sorte qu’elles apparaissent plus profondes qu’elles ne l’étaient. Je découvris, à ma grande déception, que c’était particulièrement vrai des approximations du jargon des marxistes et des mouvements de libération de l’époque : les descriptions de classes, d’intérêts matériels, ceux du capital et du mouvement ouvrier étaient arabisés et adressés, en longs monologues, non au peuple, mais à d’autres militants sophistiqués.

 

 

En privé, des leaders populaires comme M. Yasser Arafat et Gamal Abdel Nasser, avec qui j’ai eu des contacts, utilisaient bien mieux le dialectal que les marxistes, lesquels étaient aussi mieux éduqués que ces deux dirigeants. Nasser en particulier parlait aux masses de ses partisans en dialecte égyptien avec les phrases sonores du fosha. Quant à M. Arafat, vu que l’éloquence arabe dépend beaucoup du débit dramatique, il a une réputation d’orateur en dessous de la moyenne : ses erreurs de prononciation, ses hésitations et ses circonlocutions maladroites ressemblent, pour une oreille éduquée, à l’équivalent d’un éléphant se promenant dans un magasin de porcelaine.

 

Le Coran, « verbe de Dieu »

 

 

Au Caire, l’université Al-Azhar représente une des plus anciennes institutions d’enseignement supérieur du monde ; elle passe aussi pour le siège de l’orthodoxie islamique, son recteur étant la plus haute autorité religieuse de l’Egypte sunnite. Plus : Al-Azhar enseigne – essentiellement, mais pas exclusivement – le savoir islamique, dont le cœur est le Coran, ainsi que tout ce qui va avec en matière de méthodes d’interprétation, de jurisprudence, de hadiths (4), de langue et de grammaire.

 

 

La maîtrise de l’arabe classique se trouve donc au cœur même de l’enseignement islamique d’Al-Azhar, pour les Arabes et les autres musulmans. Car les musulmans considèrent le Coran comme le Verbe de Dieu incréé, « descendu » (mounzal) à travers une série de révélations à Mahomet. Du coup, la langue du Coran est sacrée ; elle contient des règles et paradigmes obligatoires pour ceux qui l’utilisent, bien que, assez paradoxalement, ils ne puissent pas, par fait doctrinal (ijaz), l’imiter.

 

 

Il y a soixante ans, on écoutait les orateurs et on commentait sans fin la correction de leur langage autant que ce qu’ils avaient à dire. Quand j’ai donné mon premier discours en arabe, au Caire, il y a deux décennies, un de mes jeunes parents s’approcha de moi après que j’eus fini pour me dire combien il était déçu que je n’aie pas été plus éloquent. « Mais vous avez compris ce que je disais », demandai-je d’une voix plaintive – mon principal souci étant d’être compris sur quelques points délicats de politique et de philosophie. « Oh oui, bien sûr, répondit-il d’un ton dédaigneux, aucun problème : mais vous n’avez pas été assez éloquent ou oratoire. »

Cette récrimination me poursuit encore quand je parle en public. Je suis incapable de me transformer en orateur éloquent. Je mélange les idiomes dialectaux et classiques de manière pragmatique, avec des résultats mitigés. Comme on me l’a fait aimablement remarquer une fois, je ressemble à quelqu’un qui possède une Rolls Royce, mais préfère utiliser une Volkswagen.

 

 

Ce n’est qu’au cours des dix ou quinze dernières années que je l’ai découvert : la meilleure, la plus épurée, la plus tranchante des proses arabes que j’aie jamais lues ou entendues est écrite par des romanciers (et non des critiques) comme Elias Khoury ou Gamal Al-Ghitany. Ou par nos deux plus grands poètes vivants, Adonis et Mahmoud Darwich : chacun d’eux atteint, dans ses odes, des hauteurs rhapsodiques si élevées qu’il entraîne d’énormes auditoires dans des frénésies de ravissement enthousiaste.

 

 

Pour eux, la prose est un instrument aristotélicien aigu comme un rasoir. Leur connaissance du langage est si immense et si naturelle, leurs dons si puissants qu’ils peuvent être à la fois éloquents et clairs sans avoir besoin de mots de remplissage, de verbosité fatigante ou de vain étalage. Tandis que pour moi, qui n’ai pas été formé au sein du système scolaire national arabe (par opposition au système colonial), il me faut faire des efforts conscients pour mettre correctement et clairement en ordre une phrase en arabe classique – avec des résultats pas toujours probants en termes d’élégance, je dois bien l’avouer...

 

 

 

Edward W. Said.

 

(1) Figure par laquelle un mot, une expression sont détournés de leur sens propre.(2) Langue métisse, proche de l’italien, qui a servi, pendant plusieurs siècles, tout autour de la Méditerranée, à la communication entre les chrétiens de diverses origines et la population musulmane.

(3) Reorientation. Arabic and Persian Poetry, Indiana University Press, Bloomington, 1994.

(4) Paroles et actes de Mahomet et de ses compagnons.

 

 

Source : Monde diplomatique

merci pour toutes ses merveilleux terme frere

 

mais moi j'aurais dit le langage le technique qui n'est pas dans la langue arabe ou on a l'impression que c'est comme tu l"a fait remarqué

La langue arabe, la Rolls et la Volkswagengue n'importe laquelle que je dirait et dont leur mer qui est l'arabe et je ne croi pas me trompe de beaucoup

 

pour les arabres parler l'arabe

c"est avoir choisie entre construire pour construire et choisir pour construire sur de la pierre du dur

 

bien a toi

alors que c'est bien plus fort que cela car bien parlé une lan

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