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BIOGRAPHIE DU PROPHETE SWS.


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SALAM

 

Une communauté se construit

 

 

 

Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, Muhammad était désormais un prophète recevant des révélations de Dieu par l'intermédiaire de l'Ange Gabriel et un messager appelé à transmettre le message divin à l'humanité. Il était parfaitement conscient de l'étendue du changement que son message allait produire dans la vie de la société arabe de l'époque, et dans la vie humaine en général.

 

Il était également conscient de l'opposition qu'il ne manquerait pas de rencontrer lorsqu'il devrait faire connaître ce message à son peuple. Néanmoins, il crut en la nouvelle religion et déclara sa foi en l'unicité divine, pleinement convaincu qu'il s'agissait de la vraie religion de Dieu.

 

L'immense difficulté de la tâche qui l'attendait ne le décourageait pas. La virulence de l'opposition qu'il ne manquerait pas de rencontrer ne devait pas l'empêcher de consacrer toute son énergie et tous ses efforts à appeler son peuple à abandonner ses croyances erronées pour le nouveau message que Dieu adressait à l'humanité par son intermédiaire. Dieu lui ordonnait cependant de garder son message secret dans un premier temps et de n'en parler qu'à ceux dont il espérait une réaction positive.

 

Les premiers adeptes

 

 

La première personne à croire en la nouvelle religion fut son épouse Khadîja. Elle le connaissait déjà comme un homme au coeur noble et à la nature droite. Elle savait pertinemment que son époux, qui n'avait jamais sciemment prononcé de parole fausse, n'aurait jamais eu l'idée de se déclarer prophète si telle n'était pas la stricte vérité. Connaissant son honnêteté et sa sincérité exemplaires, elle comprenait qu'il était l'homme que Dieu aurait choisi pour transmettre Son message à l'humanité. Elle affirma donc en toute confiance qu'elle croyait qu'il n'y avait qu'un seul Dieu et que Muhammad était le Messager de Dieu.

 

L'empressement de Khadîja à embrasser la nouvelle religion était une bénédiction : elle allait apporter au Prophète un soutien indéfectible et le réconforter lorsque, au cours des années à venir, l'opposition à son message se ferait de plus en plus violente et pernicieuse. Quand il sortait pour s'acquitter de ses devoirs de messager, il se trouvait souvent confronté à des insultes, des sarcasmes ou des violences physiques. Il rentrait chez lui triste et abattu, mais elle était toujours là pour l'encourager et le soutenir. Elle faisait de son mieux pour le réconforter, et il retrouvait bientôt son entrain et son optimisme. En réponse à ce soutien sans faille, Gabriel apparut un jour au Prophète pour lui dire de transmettre à Khadîja la salutation de Dieu et de lui annoncer l'heureuse nouvelle qu'elle jouirait au Paradis d'une place spéciale où elle connaîtrait un bonheur absolu. Dans un hadîth authentique, le Prophète a dit : « La meilleure femme là-bas [c'est-à-dire au Paradis] est Marie, fille de 'Imrân, et la meilleure femme ici-bas est Khadîja. »

 

Le premier converti de sexe masculin fut un garçon de dix ans, 'Alî ibn Abî Tâlib. Il était le cousin du Prophète et avait été élevé chez celui-ci. Quelques années auparavant, en effet, les Quraysh avaient traversé une période difficile. Bien qu'étant le chef de son clan et jouissant d'une position d'honneur à La Mecque, Abu Tâlib n'était pas riche et avait une grande famille. En ces temps difficiles, Muhammad voulut faire un geste pour aider son oncle.

 

Il alla donc parler à un autre de ses oncles, al-Abbâs ibn Abd al-Muttalib, et lui proposa : « Tu sais que ton frère Abu Tâlib a une grande famille, et les temps sont très durs pour tout le monde. Je propose que nous allions le voir tous les deux pour lui offrir notre aide : tu prendras l'un de ses fils pour l'élever et j'en prendrai un autre, afin de réduire ses charges. » Al-Abbâs accepta et ils allèrent parler à Abu Tâlib pour lui proposer de prendre en charge deux de ses enfants tant que durerait cette période difficile. Abu Tâlib accepta, à condition que son fils aîné, Tâlib, reste avec lui. Le Prophète prit Alî chez lui, et al-Abbâs prit Ja'far. Alî demeura avec le Prophète jusqu'à l'époque où il reçut son message et eut ainsi l'avantage de devenir musulman dans les tout premiers temps. Ja'far devait lui aussi devenir l'un des premiers musulmans.

 

Le premier homme à embrasser l'islam après le Prophète fut son serviteur, Zayd ibn Hâritha. Il n'est en rien étonnant que Zayd ait embrassé l'islam sans un instant d'hésitation, lorsqu'on se rappelle son histoire avec le Prophète. Quand Zayd avait huit ans, sa mère, Su'dâ bint Tha'laba, l'emmena en voyage pour rendre visite à sa famille. Elle fut attaquée en chemin par un groupe de cavaliers qui s'emparèrent de Zayd et le vendirent ensuite comme esclave dans l'une des foires arabes, celle de Hubbâsha. Zayd fut, semble-t-il, revendu deux ou trois fois avant de se retrouver en Syrie. Quelque temps plus tard, un homme de Quraysh nommé Hakîm ibn Hizâm l'y acheta et l'emmena à La Mecque.

 

Hakîm, qui était un neveu de Khadîja, ramena aussi plusieurs autres jeunes esclaves. Sa tante étant venue lui rendre visite à son retour, il lui dit : « Tante, regarde ces esclaves et choisis celui que tu veux. » Elle choisit Zayd et le ramena chez elle. Cela se passait alors qu'elle était déjà mariée au Prophète, mais bien avant qu'il ait commencé à recevoir les révélations. Le Prophète apprécia Zayd dès qu'il le vit et demanda à Khadîja de le lui donner : elle accepta volontiers.

 

Le père de Zayd était très affecté de sa perte et ne pouvait l'oublier car il savait que son fils avait sûrement été vendu comme esclave. Comme c'était la coutume des Arabes, il exprima sa peine dans des vers émouvants : « La question me tourmente, reviendras-tu jamais ? Alors mon plus cher voeu se réaliserait. Le soleil qui se lève me fait souvenir de lui, son souvenir revient lorsque tombe la nuit, lorsque souffle le vent, je pense encore à lui. Bien long est mon chagrin, bien mince est mon espoir. »

 

Réciter des vers comme ceux-là dans les rassemblements et les foires était le meilleur moyen de faire circuler les informations en Arabie à l'époque. Les voyageurs retenaient les vers et les déclamaient probablement sur la route. Lorsqu'ils fusaient halte quelque part, c'était par la récitation de ces vers que les nouvelles étaient transmises. Il n'est donc pas étonnant que dans son nouveau lieu de résidence à La Mecque, Zayd ait entendu les vers de son père. Il répondit à son message en récitant à son tour des vers où il mentionnait qu'il se trouvait à La Mecque.

 

Son père ne tarda pas à l'apprendre et décida de partir avec son frère pour chercher Zayd à La Mecque. Quelque temps avant le début de la mission prophétique de Muhammad , Hâritha et Ka'b, fils de Sharâhîl, arrivèrent donc à La Mecque pour y apprendre que Zayd, le fils de Hâritha, se trouvait chez Muhammad. Ils allèrent le voir et lui adressèrent ce fervent plaidoyer : « Tu es le petit-fils de Abd al-Muttalib, l'ancien maître de cette cité ; tu es le fils du grand maître de son peuple. Toi et les tiens, vous êtes les voisins de Dieu dans cette cité bénie. Ta réputation est depuis longtemps faite : tu nourris ceux qui ont faim et aides les nécessiteux. Nous sommes venus te voir au sujet de notre fils, ton esclave, pour te demander de faire preuve de bonté et d'accepter de nous le vendre. »

 

Muhammad répondit : « Que diriez-vous si je vous faisais une meilleure proposition ? » Ils demandèrent : « Quelle proposition ? » Il dit alors : « Je vais appeler Zayd et lui laisser le choix. S'il choisit de partir avec vous, il le fera. Mais s'il choisit de rester avec moi, eh bien par Dieu, je ne décevrai pas quelqu'un qui me choisit. » Ils répondirent : « Ta proposition est plus que juste. »

 

Muhammad appela donc Zayd et lui demanda : « Qui sont ces deux hommes ? » Zayd répondit : « Celui-ci est mon père, Hâritha ibn Sharâhîl, et celui là est mon oncle, Ka'b ibn Sharâhîl. » Muhammad lui dit alors : « Je te donne le choix : si tu veux, tu peux partir avec eux, ou si tu veux, tu peux rester avec moi. » Zayd répondit sans hésiter : « Je resterai avec toi. » Cela fut un choc pour les deux hommes. Son père demanda : « Zayd, préfères-tu rester esclave plutôt que de rejoindre tes parents, ton foyer et ta tribu ? » Zayd répondit : « J'ai vu certaines choses avec cet homme, et je ne le quitterai jamais pour aller nulle part. »

 

À ce moment, Muhammad prit Zayd par la main et ils allèrent ensemble près de la Ka'ba, à l'endroit où les Quraysh avaient l'habitude de se réunir. Là, Muhammad déclara : « Soyez témoins que ce garçon est mon fils : il est mon héritier et je suis son héritier. » C'était la formule officielle d'adoption telle qu'elle était pratiquée alors en Arabie. Le père de Zayd fut satisfait de l'issue de sa mission, car il était certain que Zayd ne subirait aucun mal en compagnie de Muhammad. Après ce jour, Zayd fut connu sous le nom de Zayd ibn Muhammad.

 

C'est ainsi qu'on continua à l'appeler durant de nombreuses années, jusqu'à l'interdiction de l'adoption quelques années après l'établissement du Prophète à Médine. Ce fut alors que Dieu ordonna aux musulmans d'appeler leurs enfants adoptifs par le nom de leurs propres parents : l'adoption était interdite. Zayd reprit alors son nom, Zayd ibn Hâritha.

 

Avant le début de la mission prophétique, Zayd avait donc compris que Muhammad était quelqu'un de particulier. Il lui vouait une grande affection, un sentiment partagé par Muhammad, tant avant qu'après le début de sa mission. Deux ou trois ans après la mort de Zayd, le Prophète dit de lui : « C'était l'une des personnes que j'aimais le plus. » Avec les années, Zayd en avait appris assez sur l'intégrité et la bonté de Muhammad pour accepter son message et croire en lui sans hésiter.

 

A SUIVRE...

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Au delà du cercle familial

 

 

Ainsi naquit la première famille musulmane : il y avait là un homme et sa femme, un garçon de dix ans et un serviteur adulte, qui tous croyaient au nouveau message proclamant la vérité éternelle de l'unicité divine. La première personne à embrasser l'islam en dehors de la proche famille du Prophète fut son ami Abu Bakr. Il est bien connu que son vrai nom n'était pas Abu Bakr : on reçoit rarement à la naissance un nom commençant par « Abu » ; c'est un surnom que l'on acquiert après la naissance de son premier fils, puisque « Abu » signifie « père de ».

 

Toutefois, Abu Bakr est tellement connu sous son surnom que l'on ne connaît pas avec certitude son véritable nom. Certains récits suggèrent que son nom était Atîq, d'autres que c'était Abd al-Ka'ba. Selon un récit, sa mère aurait eu avant lui plusieurs enfants, tous morts en bas âge. Elle fit alors voeu que si elle avait un autre fils, elle l'appellerait Abd al-Ka'ba et en ferait le serviteur de la Ka'ba. Lorsque le garçon atteignit un certain âge, on commença à l'appeler Atîq, comme s'il avait été libéré de la mort par ce voeu de sa mère. Plus tard, cependant, le Prophète transforma son nom en Abdullâh parce qu'un musulman ne doit jamais être appelé le serviteur d'un autre que Dieu.

 

Lorsque le Prophète parla de l'islam à son ami d'enfance, Abu Bakr n'hésita pas un instant : il adhéra immédiatement à la nouvelle religion. L'amitié très proche qui liait les deux hommes suffisait à faire comprendre à Abu Bakr que Muhammad ne disait que la vérité. Un récit avance également que l'une des raisons de sa conversion était que peu de temps auparavant, il avait vu en rêve la lune descendre vers La Mecque et se partager en petits morceaux, chaque morceau allant dans une maison différente ; puis les morceaux s'étaient rassemblés sur ses genoux pour reformer la lune. Il avait parlé de ce rêve à certains chrétiens ou juifs, qui l'avaient interprété en disant qu'il suivrait le Prophète qui apparaîtrait bientôt et serait alors le plus heureux des hommes.

 

Il n'hésita donc aucunement lorsque le Prophète l'invita à devenir musulman. L'authenticité de ce récit ne peut être prouvée. Une meilleure raison poussait cependant Abu Bakr à devenir musulman sans hésitation. Abu Bakr était en effet l'une des plus éminentes autorités d'Arabie en matière de généalogie. Il connaissait la lignée de chaque personne de sa tribu. C'était là un sujet d'étude très important pour les Arabes puisque, dans leur société tribale, la lignée était un objet de fierté.

 

 

Une stricte hiérarchie distinguait les tribus et les clans. Pour préserver leur position relative, l'étude de la généalogie était très importante. Quelqu'un qui maîtrisait ce domaine était une sorte d'historien : il connaissait non seulement la lignée, mais aussi l'histoire des membres de chaque clan et de chaque tribu, ainsi que les points faibles de l'histoire de chacun. Plus tard, lorsque les Quraysh lancèrent une campagne de poésie diffamatoire contre le Prophète et l'islam, les poètes musulmans, et en particulier Hasân ibn Thâbit, eurent tôt fait de répliquer.

 

Le Prophète dit à Hasân d'aller trouver Abu Bakr pour apprendre les faiblesses et les défauts de chaque clan de Quraysh. Ses connaissances et sa longue amitié avec Muhammad permettaient à Abu Bakr de bien comprendre son caractère. Il savait que Muhammad disait toujours la vérité : il n'y avait donc aucune raison qu'il mente maintenant qu'il parlait d'un rapport à Dieu, le Seigneur et le Créateur. Pour Abu Bakr, l'explication la plus logique était que Muhammad disait vrai. C'est pourquoi il accepta immédiatement lorsque Muhammad l'invita à suivre un message qui devait, disait-il, lui apporter le bonheur ainsi qu'aux Arabes et à l'humanité tout entière.

 

Abu Bakr comprit vite qu'il ne suffisait pas que lui-même devienne musulman. Puisque Dieu avait envoyé un nouveau message et un messager pour le transmettre à l'humanité, il fallait que les gens en entendent parler et apprennent que Dieu voulait qu'ils croient à ce message. Il commença donc à parler à certaines personnes qu'il connaissait bien. Abu Bakr était très respecté dans sa communauté. C'était un marchand, bien connu pour sa bonté et sa douceur. Les gens aimaient venir l'écouter parler de l'histoire des tribus arabes et des Arabes en général.

 

En outre, il était généreux envers tout le monde. C'est pourquoi des personnes de tous les âges venaient le voir et fréquentaient sa maison. Il lui était donc facile de choisir les plus intelligents et les plus prometteurs des jeunes gens qui venaient chez lui, pour leur expliquer le message de l'islam et les inviter à croire en Dieu et Son messager.

 

 

Abu Bakr se rendait compte qu'une nouvelle religion a besoin de partisans. Après sa conversion, il commença à parler à des gens qu'il considérait comme intelligents et éclairés, leur expliquant l'essence du nouveau message de l'islam. Il ne tarda pas à obtenir des réactions favorables. Le premier à embrasser l'islam suite aux efforts d'Abû Bakr fut 'Uthmân ibn Affân, qui appartenait, au sein de Quraysh, au clan des Umayyades.

 

Quatre autres devaient suivre peu après : az-Zubayr ibn al-'Awwâm, qui était le neveu de Khadîja, Abd ar-Rahmân ibn Awf, Sa'd ibn Abî Waqqâs et Talha ibn 'Ubaydallâh. Quand tous les cinq eurent embrassé l'islam, Abu Bakr les emmena ensemble voir le Prophète et ils déclarèrent devant lui qu'ils croyaient en l'unicité de Dieu et au message de Son Prophète, Muhammad ibn 'Abdullâh. Ces cinq hommes, ainsi qu'Abû Bakr, faisaient partie des dix auxquels le Prophète devait annoncer, vers la fin de sa vie bénie, que leur place au Paradis était assurée.

 

Les quatre autres étaient son cousin Alî qui fut, nous l'avons dit, le premier musulman de sexe masculin après le Prophète, 'Umar qui embrassa l'Islam plusieurs années plus tard, Abu 'Ubayda Âmir ibn al-Jarrâh et Sa'îd ibn Zayd. Ces deux derniers étaient devenus musulmans dès les tout premiers temps de l'islam. Abu 'Ubayda devait plus tard être surnommé par le Prophète « l'homme de confiance » de la nation musulmane. Sa'îd était le fils de Zayd ibn Amr ibn Nufâ, dont nous avons dit précédemment qu'il avait voyagé à la recherche de la vérité et suivait la religion d'Abraham.

 

Nous avons mentionné également que le Prophète a dit que le Jour du Jugement, Zayd serait « ressuscité comme une nation à lui tout seul ». Son fils Sa'îd fut parmi les premières personnes à adhérer à l'islam à ses débuts. D'autres suivirent, comme Abu Salama, Abdullâh ibn Abd al-Asad, al-Arqam ibn Abî al-Arqam, 'Uthmân ibn Maz un et ses deux frères Qudâma et Abdullâh, 'Ubayda ibn al-Hârith, Asma et Aïsha, les deux filles d'Abû Bakr, Khabbâb ibn al-Aratt, 'Umayr ibn Abî Waqqâs, le frère de Sa'd, Abdullâh ibn Mas'ûd et Mas'ûd ibn al-Qârî.

 

Les biographes du Prophète citent encore, parmi les personnes qui embrassèrent l'islam durant cette période de ses débuts, Salît ibn Amr, Ayyâsh ibn Abî Rabî'a et sa femme Asma bint Salama, Khulays ibn Hudhâfa, Amir ibn Abî Rabî'a, Abdullâh et Abu Ahmad les deux fils de Jahsh ibn Dhi'âb, Ja'far ibn Abî Tâlib et son épouse Asma bint 'Umays, Hâtib ibn al-Hârith et ses frères Khattâb et Mu'ammâr ainsi que les femmes des deux premiers, as-Sâ'ib ibn 'Uthmân ibn Maz'un, Amir ibn Fuhayra un serviteur d'Abû Bakr, Khâlid ibn Sa'îd et sa femme Âmina bint Khalaf, Hârib ibn Amr, Abu Hudhayfa Mahsham ibn 'Utba, Wâqid ibn Abdullâh, Khâlid ibn al-Bakîr ibn Abd Yâlîl et ses trois frères Amir, Aqîl et Iyâs, Ammâr ibn Yâsir et Suhayb ibn Sinân.

 

Cela fait en tout une quarantaine de personnes qui embrassèrent l'islam durant la période de trois ans où le Prophète prêchait son message en secret. Cependant, l'envergure de ces premiers venus à l'islam compensait leur petit nombre. La plupart de ces gens possédaient des qualités de commandement et de vision qui les distinguaient et donnaient à la nouvelle prédication plus de force que ne le suggère le seul nombre de ses partisans.

 

Lorsqu'on examine de près qui étaient ces premiers musulmans, on s'aperçoit que beaucoup étaient très jeunes - beaucoup n'avaient pas vingt ans. Un message nouveau, appelant à un bouleversement radical de l'ordre social, attire souvent des jeunes que la vision d'une vie meilleure motive fortement à oeuvrer pour leur foi. Parmi ces tout jeunes gens figuraient az-Zubayr ibn al-'Awwâm, Sa'd ibn Abî Waqqâs, Talha ibn 'Ubaydallâh, Abd ar-Rahmân ibn Awf, al-Arqam, Abdullâh ibn Mas ud et Sa'îd ibn Zayd.

 

Mais il serait faux de penser que l'idéalisme de la jeunesse était le seul motif poussant ces gens à devenir musulmans. L'islam a un message simple qui parle directement à l'esprit humain et satisfait pleinement la nature humaine. La plupart de ces jeunes gens étaient d'excellent caractère.

 

Abdullâh ibn Mas'ûd entendit parler de l'islam en gardant ses moutons, car il était berger. Le Prophète et Abu Bakr le virent alors qu'ils se rendaient à un endroit à quelque distance de La Mecque. Comme ils avaient soif, le Prophète demanda à Abdullâh ibn Mas'ûd : « As-tu du lait ? » Abdullâh répondit : « Oui, mais cela m'a été confié. » Le Prophète lui demanda : « As-tu une brebis qui ne s'est pas encore accouplée ? » Abdullâh apporta une brebis dont les pis n'étaient pas encore apparents. Le Prophète frotta l'emplacement du pis qui bientôt se gonfla de lait. Abdullâh apporta une pierre en forme de bol. Le Prophète se mit à traire la brebis : il donna du lait à Abu Bakr et Abdullâh, puis but lui-même. Il dit alors au pis : « Reprends ta forme », ce qui se produisit.

 

Voyant cela, Abdullâh s'étonna et posa des questions. Le Prophète lui parla de l'islam, et il y adhéra. Voici son récit : « Je dis : "Envoyé de Dieu, apprends-moi." Il passa la main sur ma tête et dit : "Que Dieu te bénisse, tu es instruit." Plus tard, j'allai retrouver le Prophète et comme nous étions en sa compagnie, sur le mont Hirâ, la sourate intitulée al-Mursalât lui fut révélée et je l'appris pendant qu'il la récitait pour la première fois. J'appris vingt sourates directement de lui au fil des années. Le reste du Coran, je l'appris de certains de ses Compagnons. »

 

D'autres n'étaient pas si jeunes, comme 'Uthmân ibn Affân et Abu 'Ubayda, qui approchaient la trentaine. Ces hommes étaient généralement dotés d'un caractère tempéré et d'un esprit sain. 'Uthmân ibn Maz'ûn, par exemple, avait sans doute une trentaine d'années lorsqu'il devint musulman. Avant l'islam, il avait déclaré que jamais il ne consommerait de boissons enivrantes. Les boissons alcoolisées faisaient partie intégrante de la vie sociale mecquoise, mais son jugement lucide le conduisait à penser qu'une boisson qui altérait la capacité de raisonner correctement et de former des jugements justes ne convenait pas à un homme qui se respectait lui-même.

 

Quelques autres de ces premiers musulmans étaient un peu plus âgés. Le meilleur exemple en est Abu Bakr, qui avait deux ans de moins que le Prophète . Il s'agissait surtout de gens qui connaissaient bien le Prophète : ils connaissaient son intégrité et sa noblesse de caractère, et étaient donc absolument certains qu'il disait la vérité. Leur adhésion à son message était la conséquence logique de cette conviction. Un fait à souligner quant à la composition de cette éminente communauté, est que ces premiers musulmans n'appartenaient pas tous au même clan, à la même tribu ni à la même catégorie sociale. Ils venaient de toutes les couches de la société mecquoise de l'époque.

 

Ils comprenaient des personnages de haut rang estimés par leur communauté, comme 'Uthmân et Abu 'Ubayda. Mais il se trouvait aussi parmi eux d'anciens esclaves, comme Suhayb, qui n'était probablement même pas arabe. Certains étaient même encore en esclavage. En tant que musulmans, ils jouissaient tous néanmoins d'une égalité et d'une fraternité si réelles qu'elles l'emportaient sur tous les liens de sang. Ainsi l'universalité de l'islam était-elle établie et pratiquée dès les premiers temps.

 

Ces premiers musulmans formèrent le noyau de la communauté de croyants qui devait bientôt fonder la plus noble société que l'humanité eût jamais connue au cours de sa longue histoire. Leur quartier général était la maison de l'un d'eux, al-Arqam, qui occupait une position centrale près de la colline appelée as-Safâ. Ce lieu devint la première école de l'Islam, où les adeptes de la nouvelle religion étaient instruits par le Prophète lui-même des principes de leur foi.

 

La maison d'al-Arqam jouait le rôle d'une mosquée, d'une école et d'un lieu de réunion où la nouvelle communauté discutait de ses affaires. Le Prophète y passait un temps considérable à s'occuper de ses Compagnons, à les instruire et à les guider dans leur nouvelle mission. C'est déjà durant cette période que les musulmans reçurent de Dieu l'ordre de pratiquer la prière. L'Ange Gabriel enseigna au Prophète Muhammad la manière de prier qui devait devenir le signe distinctif de tous les musulmans.

 

Les récits divergent quant au nombre et à la longueur des prières que les musulmans devaient accomplir à cette époque. Il est certain, en tout état de cause, qu'on n'accomplissait pas cinq prières par jour. Il est probable qu'il n'y avait que deux prières, l'une le matin et l'autre à la fin de la journée. Le nombre allait augmenter plus tard. Nous possédons un récit d'un homme appelé Afîf al-Kindî, un ami d'al-Abbâs ibn Abd al-Muftalib, l'oncle du Prophète. Al-Abbâs lui rendait visite au Yémen lors de ses voyages commerciaux, et Afîf, lui aussi, rendait visite à al-Abbâs à La Mecque.

 

Voici ce qu'il relate : "Tandis que j'étais chez al-Abbâs à Mina, un homme respectable arriva, effectua ses ablutions et se leva pour prier. Une femme le suivit, effectua ses ablutions et se joignit à sa prière. Puis un garçon proche de l'adolescence effectua à son tour ses ablutions et se mit debout à côté de l'homme pour prier. Je demandai : « Abbâs, qu'est-ce que cette religion ? » Il répondit : « C'est la foi de Muhammad ibn Abdullâh, mon neveu, qui affirme que Dieu l'a envoyé comme messager. Ce garçon est mon neveu, Alî ibn Abî Tâlib, qui l'a suivi dans sa foi, et cette femme est son épouse Khadîja qui croit elle aussi en sa religion. Bien des années plus tard, Afîf, devenu lui aussi un musulman convaincu, dit : « J'aimerais avoir été le quatrième de ce petit groupe. »"

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tu fais un mélange de pensées et tu ne déduis que des salades ...... comment peut-on etre incertaine que la ka3ba a été construite reelement par abraham? ta question remet systématiquement en cause notre croyance en un seul dieu unique .....sinon a quoi sert d'y croire a un dieu connaisseur de l'invisible ?le faite qu'on croit en lui nous oblige a croire a ses paroles sois de ce que nous savons sois de ce que ne le savons pas ou peut etre nous le serons jamais.cela aussi fait parti des choses indispensable pour qu'un croyant fait preuve de sa soumission a dieu si nous dérobons de dieu ses attributs sa place de Tout Puissant de dominateur et ses plus beaux noms nous le transmutons d'un créateur omnipotent a une image métaphorique si tu n'est pas soumis tu es libre de pensé comme bon il te semble mais ne cherche pas a infliger l'esprit des croyants qui se repose sur la conviction par tes avis bourrées d’incertitude .......le debat ici se repose sur l'existence de dieu croire ou ne pas croire.....la position de la kar3ba et relative a notre consentement avec les attributs de dieu connaisseur de l'invisiblec'est certain qu'on ne peu tout savoir comme c'est certain que la divergence entre les avis des gens se déferlent c'est la raison pour lequel nous nous maintenons fortement a la parole de dieu jusqu'a prouvé le contraire.

 

 

tu peux croire ce que tu veux ......mais libre a moi aussi de noter les incoherence d’élément qui m'apparaissent irrationelles.

 

au non de quoi ..je devrais m'abstenir de faire sentir une incoherence quand je la vois et le constate ....si ca t'oblige a reflechir et que ca t'emmene a un dechirement dans tete .tant mieux ... ne m'en tiens pas rigueur mon cher ! c'est ton problème pas le mien !

 

soit l'incoherence et l'irationalité est evidente ( et elle l'est souvent ) ...il faudrait peut etre revenir au credo d'in rochd dans son discours decisif..plutot que de s'attacher a continuer dans cette incoherence servie par des compilateur ..des serveurs de pensée en conserve ....vos stupides oulemas ..ressassant des imbecilités manifestes ..dont mquidech nous abreuvent continuellemnt ...

 

 

Allah est sensé vous avoir doté d' une cervelle pour reflechir ...alors servez vous en ..tout simplement ...en etre humain avant tout et si cela heurte vos croyances ..alors examinez les froidement et courageusement !

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jures par allah que tu lis ce que tu colles ici .....:mdr:

salam

 

je n'ai pas a me justifier a un incroyant. mais pour une fois je te fais plaisir:dieu m'est temoin que j'ai bien lu cette biographie avant de la poster,j'en ai meme lu d'autres.cela te va...

 

PS/ je trouve absurde et ridicule qu'un athée me demande de jurer par ce qu'il ne crois pas.ahhh hypocrisie quand tu nous tiens.

fin de discussion

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Et pourtant c'est ce que rapporte Ibn Hishâm dans sa Sîra qui est, au passage, la plus ancienne biographie musulmane connue de Muhammad !

SALAM

 

cité...

 

 

Le Prophète, paix et salut sur lui, eut douze oncles paternels : Hamzah, que Dieu l’agrée (surnommé le lion de Dieu et le maître des martyrs), Al Abbas, Abd Manaf (plus connu sous le nom d’Abu Talib), Abdul Uzza appelé Abu Lahab, Al Harith, Al Zubair, Abdul Kaaba, Al Muqawam, Dirar, Qutham, Al Mughira, Al Ghaidaq, de son vrai nom Musaab, appelé ainsi car il fut le plus généreux des Quraichs. Le père du prophète, Abdallah, fut le treizième des fils d’Abdul Muttalib.

L’ainé fut Al Harith. Il assista au côté de son père au forage du puits de zamzam. Seuls quatre des oncles du prophète vécurent jusqu’à l’apparition de l’islam : Abu Talib, Abu Lahab, Hamzah et Al Abbas. Les seuls a avoir laissé des descendants sont: Al harith, Al Abbas, Abu Talib et Abu Lahab.

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Salut

 

cité...

 

 

Le Prophète, paix et salut sur lui, eut douze oncles paternels :

 

Lorsqu'il s'agit d'Histoire, il me semble que la moindre des choses est de citer ses sources, autrement n'importe qui peut dire n'importe quoi. Pour ce qui me concerne, j'ai clairement cité la Sîrah d'Ibn Hishâm qui est la plus ancienne biographie musulmane du Prophète. Toutes celles qui sont venues après s'en sont inspirées plus ou moins.

 

Ceci dit, je n'ignore pas que des versions différentes ont pu être rapportées par la suite, aussi bien concernant le nombre d'oncles du Prophète qu'à propos d'autres éléments de sa biographie.

 

Voici, par exemple, comment l'historien Ibn Al-Athir rapporte et interprète ces divergences sur le nombre des oncles, dans son Jâmi3 Al-Uçûl :

 

كان للنبيِّ - صلى الله عليه وسلم- اثنا عشر عماً، وقيل: عشرة، وقيل: تسعة، وست عمَّات.

أما الأعمام: فالحارثُ، وأبو طالب، والزُّبير، وحمزة، وأبو لَهَب، والغيداق، والمقوّم، وضِرَار، والعَبَّاس، وقُثَم، وعبد الكعبة، وحَجْل واسمه المغيرة، هؤلاء اثنا عشر، كُلّهم أولاد عبد المطلب، وعبد الله أبو رسول الله - صلى الله عليه وسلم- ثالث عشر، ومن جعلهم عشرة أسقط عبد الكعبة، وقال: هو المقوّم وجعل الغيداق وحجلاً واحداً، ومن جعلهم تسعة أسقط قُثَم

 

 

جامع الأصول لابن الأثير

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tu peux croire ce que tu veux ......mais libre a moi aussi de noter les incoherence d’élément qui m'apparaissent irrationelles.

 

la liberté de pensé constitue un vaste espace pour toute personne jouissant d'une mentalité intacte or il est évident qu'une grande partie de ces donner seront rendu inutile une fois passé sous lé credo de filtrage car la pensé rationnel est réservé exclusivement au pensée qui sont fonder sur la raison.

l'irrationnel réside dans les pensées de certain tendance qui n'activent qu'en contre courant d'une doctrine qui réuni une grande foule de fidèles autour d'elle pour visé délibérément les éléments considérer affirmatif par ses partisans en fonctionnant leurs enjeu de critiques non pour cherché la raison présumé perdu mais ruiner tout ce qui est fonder sur un dogme catégorique et le mettre a la ferraille sans interposer un élément convainquant qui le remplace. cela n'a rien avoir avec les critiques des sages qui ne complotent pas pour nuire mais leurs entrer en scène ne fait que construire.

 

 

au non de quoi ..je devrais m'abstenir de faire sentir une incoherence quand je la vois et le constate ....si ca t'oblige a reflechir et que ca t'emmene a un dechirement dans tete .tant mieux ... ne m'en tiens pas rigueur mon cher ! c'est ton problème pas le mien !

au nom de la raison qui t'interdit de creuser tout prés d'une arbre pour couper ses racines et ne rien planter.

 

soit l'incoherence et l'irationalité est evidente ( et elle l'est souvent ) ...il faudrait peut etre revenir au credo d'in rochd dans son discours decisif..plutot que de s'attacher a continuer dans cette incoherence servie par des compilateur ..des serveurs de pensée en conserve ....vos stupides oulemas ..ressassant des imbecilités manifestes ..dont mquidech nous abreuvent continuellemnt ...

 

le choix de jouir d'un boisson pour satisfaire la gorge et sur l’étalage exposer la logique et avec ceux qui choisissent une bouteille qui va sur mesure a leurs gouts contre ceux qui contraignent les personnes a s’alimenté d'un breuvage contre leurs gré.ton attitude preuve ton non rationalité que tu ne cesse de prôner.

 

 

Allah est sensé vous avoir doté d' une cervelle pour reflechir ...alors servez vous en ..tout simplement ...en etre humain avant tout et si cela heurte vos croyances ..alors examinez les froidement et courageusement !

 

en se servant de nos cervelles humainement nos réalisons amplement que les circonstances imprévu et les phenomenes inexplicable dépassent largement les capacité d'un cerveau pour parvenir un jour a les déchiffrer cela dit notre connaissance et limité cela va en consentement avec nos convictions sans causé le moindre impacte la ou nous stagnons intervient la connaissance de L'omniscient Le Bien-Informé.

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SALAM

 

La prédication devient publique

 

 

 

Pendant trois ans, un peu plus peut-être, le Prophète Muhammad poursuivit ses efforts pour propager l'islam dans la plus grande discrétion, comme Dieu le lui avait ordonné. Mais le moment était venu de passer à une nouvelle étape : il reçut l'ordre de prêcher publiquement. Cet ordre est mentionné dans le Coran : « Dis : "Je suis l'avertisseur explicite." » (15.89) « Proclame donc hautement les ordres que tu as reçus et détourne-toi des idolâtres ! » (15.94) Un autre verset lui dit : « Avertis les gens qui te sont les plus proches, et sois bienveillant à l'égard des croyants qui te suivent. » (26.214-215)

 

Les ordres étaient clairs, et il ne tarda pas à les exécuter. Comme il devait le montrer durant toutes les années de sa mission prophétique, Muhammad n'hésitait jamais à accomplir tous les commandements qu'il recevait de Dieu, tant dans leur lettre que dans leur esprit. C'est pourquoi, en réponse à cet ordre, il se tint debout au sommet d'as-Safâ, une petite colline du centre de La Mecque proche de la Ka'ba, et appela d'une voix forte tous les clans arabes de La Mecque, les nommant l'un après l'autre et les invitant à venir l'écouter.

 

À cette époque et dans cette cité, c'était le plus sûr moyen de répandre une nouvelle. Très vite, chacun sut à La Mecque que Muhammad avait quelque chose d'important à annoncer. Les gens affluèrent de tous les quartiers de la ville. Lorsqu'ils se furent rassemblés autour de la colline, Muhammad leur posa cette question : « Si je vous informais qu'une cavalerie allait surgir au pied de ce mont pour vous attaquer, me croiriez-vous ? » Ils répondirent : « Tu es digne de confiance, et nous ne t'avons jamais vu mentir. » Il poursuivit alors : « Je suis là pour vous avertir au-devant d'un terrible châtiment. »

 

Le cheikh Abu al-Hasan Alî al-Hasanî Nadwî fait remarquer que la première réaction des Arabes à La Mecque était la preuve de leur attitude réaliste et pratique. Ils répondaient à l'appel d'un homme qu'ils connaissaient comme honnête et franc et qui donnait toujours des conseils sincères. Il se tenait au sommet d'une colline d'où il pouvait voir ce qui était derrière. Eux-mêmes, de là où ils se trouvaient, ne voyaient pas au-delà de leur vallée. Ils n'avaient aucune raison de ne pas le croire, quoi qu'il dise. C'était une entrée en matière naturelle qui garantissait une réaction favorable de ses auditeurs en soulignant la fiabilité de Muhammad, qui était bien connue de tous.

 

Quant à l'annonce du Prophète qu'il était là pour avertir au-devant d'un terrible châtiment, le cheikh Nadwî ajoute qu'elle exprime la position d'un prophète qui connaît la réalité des choses, au-delà de ce que les gens ordinaires peuvent voir ou comprendre. C'était un avertissement associant une intelligence parfaite à la plus grande lucidité. C'était la manière la plus directe de frapper l'esprit de ses auditeurs.

 

Le Prophète poursuivit son avertissement, s'adressant à tour de rôle à chaque clan de Quraysh en disant : « Dieu m'a ordonné d'avertir mes proches parents. Il n'est pas en mon pouvoir de vous apporter le moindre avantage en cette vie, ni le moindre bienfait dans la vie future, si vous ne croyez pas en l'unicité de Dieu. Gens de Quraysh, sauvez-vous de l'Enfer, car je ne peux rien pour vous. Je suis dans la position de quelqu'un qui, voyant l'ennemi, court avertir les siens avant qu'ils ne soient pris par surprise, en leur disant : "Attention ! Attention !" »

 

 

Les Mecquois furent pris de court. Ils ne s'attendaient pas à un avertissement si clair et si direct. Ce fut néanmoins l'oncle du Prophète, Abu Lahab, qui lui répondit de la façon la plus dure et la plus hostile : « Que tu périsses ! N'est-ce que pour cela que tu nous as appelés ici ? » Cela encouragea d'autres membres de l'auditoire à adopter une attitude ouvertement hostile. Certains écartèrent l'avertissement du Prophète comme un mensonge, d'autres l'invectivèrent. Pas une voix ne s'éleva pour l'approuver, et ils eurent tôt fait de se disperser.

 

 

Une attitude hostile

 

Cet incident dut être fort douloureux pour le Prophète . Tandis que les gens partaient, il restait seul sur la colline, se retrouvant désormais face au monde entier sans aucun soutien humain à part les quelques dizaines de personnes qui avaient répondu favorablement à son appel. Il comprenait que devant lui s'ouvrait une lutte difficile où il aurait peut-être à combattre les proches qui lui étaient les plus chers.

 

Dans le contexte de la société tribale de l'époque, une telle situation était certainement très pénible pour Muhammad. Il savait bien néanmoins qu'en tant que messager chargé d'une grande mission, il ne devait pas se préoccuper d'amitiés ni de liens sociaux puisque sa mission devait passer avant toute autre considération et avant tous les critères humains. Cependant, ce qui se produisit pendant ces quelques moments sur la colline d'as-Safâ était un événement historique particulièrement marquant. Il faut se rappeler que, bien que le Prophète ait fait là la première annonce publique de sa mission, les gens de La Mecque se rendaient compte qu'une nouvelle philosophie se propageait parmi eux. Toutefois, ils n'étaient pas conscients des objectifs et des intentions du Prophète et de ses premiers partisans.

 

Ce fut cette déclaration sur la colline d'as-Safâ qui leur fit comprendre l'ampleur de la nouvelle prédication. L'objectif était de modifier radicalement la vie de la société arabe : ses valeurs et ses normes, ses pratiques, son orientation tout entière. Le Prophète avait fait comprendre à ses concitoyens qu'ils devraient changer toute l'organisation de leur société s'ils voulaient plaire à Dieu : c'est pourquoi leur opposition fut si violente.

 

Il faut un grand courage pour remettre en cause une idée ou une tradition sociale établie. Les gens n'aiment généralement pas qu'on leur dise qu'ils ont tort, en particulier lorsqu'il s'agit d'habitudes et de traditions ancrées depuis longtemps. Par conséquent, tout appel au changement ne peut que susciter l'opposition, du moins au début. C'est pourquoi les partisans du changement social préfèrent souvent que les changements qu'ils revendiquent paraissent modérés et progressifs.

 

 

Le Prophète voulait aussi transmettre son message à ses proches parents. Comme nous l'avons dit, il appliquait toujours les ordres de Dieu tant dans leur lettre que dans leur esprit. Lorsqu'il appela tous les clans de La Mecque pour s'adresser à eux du haut de la colline d'as-Safâ, il appliquait l'ordre divin en considérant que « les gens qui te sont les plus proches » désignait l'ensemble des Quraysh. Comme l'expression pouvait aussi être comprise dans un sens plus restreint, le Prophète réfléchit à la manière de présenter à ses proches parents sa nouvelle foi, qui constituait le seul moyen dont disposaient les hommes pour échapper au malheur dans cette vie et à un malheur plus grand encore dans l'au-delà.

 

Il craignait cependant que son oncle Abu Lahab ne fasse tout son possible pour faire échouer ses efforts. Abu Lahab, dont le véritable nom était Abd al-'Uzza ibn Abd al-Muttalib, était connu sous son surnom qui signifie « père d'une flamme » en raison de son teint éclatant et de ses joues rouges. Il était très riche et avait l'esprit étroit : il pensait que les traditions d'Arabie devaient toujours être suivies par tous. Il se fâchait très vite dès que quelqu'un mettait en cause les traditions et les pratiques héritées des ancêtres. Toute critique des croyances païennes ne manquerait pas d'être traitée par Abu Lahab comme un outrage intolérable.

 

A SUIVRE....

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Témoigner de sa foi

 

Devant la probabilité qu'Abû Lahab lui poserait des problèmes, le Prophète préféra réunir à part ses proches parents pour leur parler dans une ambiance détendue. Il les invita donc à un repas qui rassembla quarante de ses oncles et de ses cousins au premier, deuxième ou troisième degré. Le repas terminé, le Prophète s'apprêtait à prendre la parole lorsque l'initiative lui fut ravie par Abu Lahab lui même, qui dit :

 

 

 

Ce sont là tes oncles et tes cousins. Tu peux leur parler, mais tu dois abandonner toute apostasie. Ne te détourne pas de la foi de ton peuple, et n'expose pas les tiens à la colère des Arabes. Ton peuple ne peut pas faire face à l'opposition de la nation arabe tout entière et ne saurait l'affronter à la guerre. Tes concitoyens savent que tu veux faire des inventions dans leur religion. Ils n'ont pas été inattentifs à ce que tu fais ni à ce que tu prêches : une rébellion contre la religion et les traditions héritées de nos ancêtres. Alors, prends garde à toi et à la descendance de ton père. Assurément, les Arabes ne te laisseront pas faire, et il ne leur sera pas difficile de te tuer. Il vaut mieux pour toi que tu reviennes à la religion de tes pères et de tes aïeux. Autrement, nous serons obligés de t'emprisonner jusqu'à ce que tu sois guéri de la maladie dont tu souffres afin de t'éviter d'être attaqué par les Arabes. Il vaut mieux que nous nous occupions de toi jusqu'à ce que tu aies recouvré tes esprits et que tu sois guéri de ton mal. Il vaudra assurément mieux que les descendants de ton père s'occupent de toi et te retiennent prisonnier si tu persistes dans ce que tu fais. Ce sera plus facile pour toi comme pour eux qu'une attaque d'autres clans de Quraysh soutenus par d'autres Arabes. Jamais je n'ai entendu parler de quelqu'un qui ait fait plus de tort que toi aux descendants de son père.

 

Abu Lahab était très excité, assenant ces paroles d'un ton menaçant. Ses joues étaient rouges de colère et lorsqu'il eut fini de parler, il tremblait sans pouvoir se contrôler. Le Prophète regarda autour de lui : tout le monde était silencieux, l'ambiance était sombre et triste. Voyant cela, il ne dit rien. L'emploi par Abu Lahab de l'expression « les descendants de ton père » appartient à un usage alors fréquent dans la société tribale arabe. Le père du Prophète, Abdullâh, n'avait pas eu d'autre enfant que lui. On se rappelle que Abdullâh n'était marié que depuis deux mois environ lorsqu'il partit pour la Syrie et qu'il mourut sur le chemin du retour.

 

Le mot « père » ne désigne donc pas ici le géniteur direct, mais le grand-père ou l'aïeul qui a donné son nom au clan. Par conséquent, « les descendants de ton père » signifie le clan tout entier, jusqu'aux cousins au second ou au troisième degré. Après avoir laissé les choses se calmer pendant quelques jours, le Prophète invita à nouveau ses oncles et ses cousins. Une ou deux tantes du Prophète suggérèrent qu'il ne devrait pas inviter Abu Lahab cette fois, mais après avoir bien réfléchi, il décida de l'inviter quand même.

 

D'une part, Abu Lahab habitait juste à côté de lui et il ne pouvait pas le laisser à l'écart alors qu'il invitait ses cousins au second ou au troisième degré. D'autre part, Abu Lahab pourrait être tenté de semer la discorde s'il était laissé à l'écart. Mais la raison la plus importante était sans doute que le Prophète ne désespérait jamais de voir même un ennemi déclaré changer d'avis. Abu Lahab fit donc partie des invités du Prophète.

 

Cette fois, néanmoins, le Prophète prit lui-même l'initiative et s'adressa à ses invités dès qu'ils eurent fini de manger. Il leur dit :

 

 

Louange à Dieu ! Je Le loue, je recherche Son secours, je crois en Lui et je place ma confiance en Lui. Je témoigne qu'il n'y a pas d'autre divinité que Dieu, l'Unique, sans associé. Un précurseur ne ment pas à son peuple. Si je devais mentir à l'humanité tout entière, je ne vous mentirais pas à vous. Par Dieu qui est la seule divinité, je suis le Messager de Dieu, pour vous en particulier et pour l'humanité entière. Il m'a ordonné de vous appeler à croire en Lui, en me disant : « Avertis les gens qui te sont les plus proches. » Je vous appelle à prononcer deux paroles faciles à dire mais qui pèsent lourd dans la balance de Dieu : à témoigner qu'il n'y a pas d'autre divinité que Dieu et que je suis Son messager. Par Dieu, vous mourrez comme vous dormez, et vous serez ressuscites comme vous vous réveillez : alors, vous aurez à rendre compte de vos actes, vous serez récompensés pour le bien que vous aurez fait et châtiés pour le mal. Ce sera le Paradis pour toujours ou l'Enfer pour toujours. Enfants de Abd al-Muttalib, par Dieu, je sais que nul n'a rien apporté de meilleur à son peuple que ce que je vous apporte. Je vous offre le bonheur dans ce monde et dans la vie future. Qui répondra à mon appel et m'aidera à le transmettre ?

 

Abu Tâlib, l'oncle du Prophète qui s'était occupé de lui depuis son enfance, le noble vieillard du clan hachémite, dit alors : « Nous aimons assurément t'aider, et nous acceptons certes tes conseils et croyons ce que tu as dit. Les descendants de ton père sont réunis ici, et je ne suis que l'un d'entre eux, quoique le plus rapide à te faire une réponse favorable. Fais ce qui t'a été ordonné, et je m'engage à continuer de te donner mon soutien et ma protection. Cependant, il m'est difficile d'abandonner la foi de Abd al-Muttalib. »

 

Ce fut peut-être cette réponse d'Abû Tâlib, plus encore que les paroles du Prophète , qui mirent Abu Lahab en colère. Furieux, il s'écria : « Quelle honte ! Arrêtez-le avant que quelqu'un d'autre ne l'arrête. Si l'on en arrive là et que vous l'abandonnez, vous serez couverts de honte ; et si vous essayez de le protéger vous serez tous tués. » Il y eut apparemment d'autres paroles vives d'Abû Lahab, qui ne pouvait contenir sa colère. Abu Tâlib, cependant, persista dans son attitude positive. Tous ceux qui étaient présents penchaient pour la position d'Abû Tâlib, comprenant que leur devoir était de protéger Muhammad et que l'abandonner serait exposer leur clan à la honte. Abu Lahab, par contre, sortit furieux, proférant des menaces et jurant de faire tout ce qu'il pourrait pour empêcher son neveu d'accomplir sa mission et de changer la religion des Quraysh.

 

Ces incidents nous aident à comprendre les forces qui étaient en jeu dans la société arabe. Abu Lahab, le conservateur, le dignitaire coléreux, ne prit pas une minute pour considérer le mérite de ce que proposait son neveu, le Prophète Muhammad . Il considérait toute la question du point de vue étroit de ce qui allait probablement en résulter pour le clan des Hâshim et plus étroitement encore pour sa branche des Abd al-Muttalib. De cette perspective restreinte, la prédication de Muhammad représentait un désastre pour son peuple.

 

Abu Lahab ne voulait pas regarder plus loin. Il considérait que son devoir et celui de tous les enfants et petits-enfants de Abd al-Muttalib était d'empêcher Muhammad de poursuivre sa prédication. Au contraire, son frère aîné Abu Tâlib, plus sage, considérait son devoir tribal d'une autre perspective. Son neveu Muhammad n'avait aucune mauvaise intention et n'appelait à rien de mal. Il ne faisait que défendre une idée. Si cette idée devait susciter une opposition, eh bien soit. Les Hachémites, et en particulier le clan plus restreint des Abd al-Muttalib, n'avaient pas d'autre choix que de soutenir Muhammad qui était l'un des leurs.

 

Après tout, les tribus arabes avaient fait des guerres longues et violentes pour protéger ou défendre leurs membres pour des motifs bien moindres que celui-là. Même lorsqu'un membre d'une tribu commettait un crime, ses contribules le protégeaient. Abu Lahab persista dans son hostilité. Il prit des mesures immédiates pour montrer qu'il désavouait son neveu. Ses deux fils, 'Utba et 'Utayba, étaient mariés à deux filles du Prophète , Ruqayya et Umm Kulthûm. Il ordonna à ses fils de répudier les filles du Prophète et ils obéirent. Ces deux filles du Prophète furent ensuite, l'une après l'autre, les épouses de 'Uthmân ibn Affân.

 

Dans son hostilité envers le Prophète et l'islam, Abu Lahab avait le soutien de sa femme, Umm Jamîl Arwa bint Harb, la soeur d'Abû Sufyân - celui-là même qui allait par la suite prendre la tête des Quraysh dans leur opposition acharnée à l'islam, jusqu'à ce que le Prophète prenne La Mecque et que la population adhère à la nouvelle religion. Umm Jamîl était peut-être encore plus hostile au Prophète que son mari. Elle le ridiculisait et lui jetait de la poussière et des objets nuisibles ; elle composait des chansons insultantes sur lui et les chantait à diverses occasions.

 

 

L'hostilité et l'opposition active d'Abû Lahab et de sa femme à la cause de l'islam et leurs insultes au Prophète leur valurent une condamnation de Dieu Lui-même : dans une sourate brève mais éloquente du Coran, Abu Lahab est mentionné par son nom et sa femme et lui sont avertis du châtiment qui les attend. On peut traduire cette sourate comme suit : « Périssent les mains d'Abû Lahab, et qu'il périsse lui-même ! Toutes ses richesses et tout ce qu'il a acquis ne lui auront à rien servi, quand il sera, dans un Feu aux flammes ardentes, précipité, ainsi que sa femme, la porteuse de fagots, qui sera traînée, une corde rugueuse au cou. » (Coran 111)

 

 

Certes, le Prophète avait rencontré une réaction hostile lorsqu'il avait proclamé son message du haut de la colline d'as-Safâ. Certes, il s'était heurté à un oncle arrogant qui ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Néanmoins, l'effet de cette proclamation fut immense. Dans chaque maison de La Mecque, on parlait du nouveau message et de ce qu'il allait changer dans la vie des Arabes.

 

 

La présence du noyau d'une communauté de croyants permettait aux Mecquois de prendre à peu près la mesure des implications de la nouvelle prédication. Ils se rendaient compte que le changement qu'elle ne manquerait pas de susciter serait radical. C'est pourquoi les notables de La Mecque ne tardèrent pas à se réunir en conseil pour discuter des mesures à prendre.

 

La plainte des Quraysh

 

Il faut reconnaître, pour leur faire justice, que les chefs de La Mecque n'entreprirent pas d'action particulière contre le Prophète les premiers temps. Cependant, lorsqu'il se mit à critiquer leurs croyances païennes et à ridiculiser leurs idoles, ils commencèrent à se dire que l'affaire était trop sérieuse pour être ignorée. Ils ne pouvaient toutefois pas faire grand-chose, car Abu Tâlib protégeait son neveu contre toute menace. S'ils avaient ignoré cette protection, les chefs mecquois auraient contrevenu à l'une des conventions fondamentales de leur société.

 

Par conséquent, ils envoyèrent une délégation composée de personnages parmi les plus influents de La Mecque se plaindre à Abu Tâlib du comportement de son neveu. Cette délégation comprenait deux frères, 'Utba et Shayba, fils de Rabî'a du clan de Abd Shams ; Abu Sufyân Sakhr ibn Harb, des Umayyades ; Abu al-Bakhtarî al-As ibn Hishâm et al-Aswad ibn al-Muttalib des Asad ; Abu Jahl Amr ibn Hishâm et al-Walîd ibn al-Mughîra des Makhzûm ; les deux frères Nabîh et Munabbih, fils d'al-Hajjâj, ainsi qu'ai-As ibn Wâ'il, des Sahm.

 

Ils exprimèrent clairement leur plainte à Abu Tâlib et lui donnèrent le choix entre dire lui-même à Muhammad de ne pas critiquer leurs coutumes ni ridiculiser leurs idoles, ou leur permettre de prendre les mesures qui leur sembleraient nécessaires pour mettre un terme au problème. Abu Tâlib, qui suivait toujours la religion des siens, leur tint des propos apaisants, sans toutefois leur promettre grand-chose.

 

Le Prophète continua néanmoins à prêcher son message. La crise l'opposant à son clan s'intensifia. Des sentiments hostiles se généralisèrent. La délégation retourna alors voir Abu Tâlib et lui dit : « Abu Tâlib, tu jouis parmi nous d'une position honorable et respectable. Nous t'avons demandé de mettre un terme au comportement de ton neveu, mais tu n'as rien fait. Nous ne pouvons pas nous contenter de rester sans rien faire pendant qu'il continue à dire du mal de nos ancêtres et à nous ridiculiser ainsi que nos dieux. Tu dois le faire cesser, ou bien nous vous combattrons, lui et toi, à ce sujet jusqu'à ce que l'une ou l'autre des parties soit anéantie. »

 

Abu Tâlib était face à un dilemme. Il ne souhaitait pas se disputer avec les siens, mais ne pouvait pas supporter d'abandonner son neveu. Il appela alors Muhammad et lui expliqua ce qui s'était passé entre lui-même et ses visiteurs. Puis il lui dit : « Tu vois la difficulté de ma situation. Ne mets pas ma vie et la tienne en danger, et ne m'impose pas une charge que je ne pourrais supporter. »

 

Le Prophète , pensant sans doute que son oncle envisageait de lui retirer sa protection, affirma sa propre position le plus emphatiquement possible : « Mon oncle, s'ils plaçaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour qu'en échange j'abandonne ma mission, je ne le ferais pas, jusqu'à ce que Dieu fasse triompher ce message ou que je trouve la mort. » L'émotion du Prophète était si forte qu'il avait les larmes aux yeux. Il allait pour partir, mais son oncle le rappela et lui dit, rassurant : « Mon neveu, tu peux aller dire ce que tu voudras. Je ne te retirerai jamais ma protection et je ne t'abandonnerai jamais. »

 

Le Prophète, heureux du soutien de son oncle, continua à prêcher son message sans se laisser impressionner par l'opposition des Quraysh. Ces derniers, toutefois, sentant que leurs démarches auprès d'Abû Tâlib n'avaient produit aucun résultat positif, commencèrent à réfléchir à d'autres mesures. Les plus radicaux des chefs de La Mecque étaient en train de prendre le dessus.

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Premières mesures coercitives

 

 

 

En proclamant publiquement son message et en invitant les Mecquois à l'adopter comme religion et comme mode de vie, afin de se soumettre à Dieu et de se conformer à Ses ordres, Muhammad le Messager de Dieu, passait de fait à l'offensive dans un combat qui allait dominer le reste de sa vie. Jusqu'à ce moment, le Prophète et ses premiers adeptes s'étaient contentés d'aborder en secret un nombre restreint de personnes, dans un cadre privé et individuel.

 

Ces efforts avaient procuré au nouveau message de l'islam un noyau de partisans indéfectibles. Cependant, l'affirmation publique du message par le Prophète modifiait totalement la donne, en même temps que changeait la cible de ses efforts. C'était la société tout entière qui était dès lors invitée à changer radicalement les fondements sur lesquels elle reposait et les principes et valeurs auxquels elle adhérait.

 

 

Ce changement signifiait beaucoup plus que le simple remplacement par un Dieu unique de toute une série d'idoles faites de dattes, de pierre, d'or, de bois ou de glaise. Ce qui était demandé aux Arabes de La Mecque, ce n'était pas seulement de vénérer Dieu au lieu de leurs idoles : c'était aussi de suivre Son jugement dans tous les aspects de leur vie sociale, politique et culturelle. Autrement dit, le changement devait aussi porter sur leurs pratiques sociales, sur leurs intérêts commerciaux et économiques, ainsi que sur leur pouvoir et leur influence politique.

 

La réaction de ceux qui détenaient le pouvoir dans la société mecquoise fut donc hostile, comme on pouvait s'y attendre. Ils comprenaient en effet que s'ils n'opposaient pas une résistance ferme et déterminée à la nouvelle prédication, elle ne pourrait que remporter l'adhésion d'une grande partie de la population, en particulier les pauvres, les esclaves et les plus démunis, mais également certains individus aux idées libérales appartenant aux classes dirigeantes. C'est pourquoi une campagne de persécution ne tarda pas à être lancée contre les adeptes de la nouvelle religion.

 

Persécuter les plus faibles

 

Les premiers musulmans n'appartenaient pas exclusivement à une classe ou à un groupe social donné, mais provenaient de tous les clans et de tous les niveaux de la structure sociale tribale de La Mecque. Or, les considérations tribales imposaient que tout membre d'une tribu soit défendu par sa tribu entière en cas de persécution extérieure ou d'injustice. De fait, comme nous l'avons vu, une tribu défendait ses membres même lorsqu'ils étaient dans leur tort.

 

C'est pourquoi certains des premiers musulmans échappèrent à la persécution grâce à la protection de leur tribu. Beaucoup eurent cependant moins de chance, parce qu'ils appartenaient aux classes inférieures des esclaves et des « alliés », c'est-à-dire d'individus attachés à différents clans ou tribus par un accord d'alliance implicite. Dans des circonstances normales, cet accord leur assurait la protection de la tribu, mais leur statut demeurait ambivalent. Ils s'exposaient donc à des représailles sévères lorsqu'ils entraient en conflit avec les puissants chefs de tribus.

 

Il était normal que la campagne de persécution s'en prenne essentiellement aux musulmans appartenant à ces classes. Après tout, la société tribale mecquoise défendait précisément ce système qui plaçait les gens dans différentes catégories selon leur naissance et leur condition. La classe privilégiée n'était pas prête à abandonner facilement ses prérogatives. Elle ne pouvait toutefois pas les outrepasser en les refusant à ceux des compagnons du Prophète qui y avaient droit en vertu de leur naissance et de leur lignée.

 

 

L'une des premières tactiques des chefs mecquois pour en finir avec l'islam fut une campagne de terreur, prenant diverses formes selon le statut de la victime. Ceux qui appartenaient aux classes supérieures faisaient l'objet de railleries et d'affronts. L'ennemi le plus acharné de l'islam à l'époque était un homme du nom de Amr ibn Hishâm, qui appartenait au clan de Makhzûm. On lui donna bientôt le surnom d'Abû Jahl, qui signifie « le père de l'ignorance ».

 

Abu Jahl supervisait cette campagne d'opposition sous ses deux formes : ridiculiser les musulmans dont les liens tribaux assuraient leur protection, et persécuter les plus faibles. Lorsqu'il entendait parler de la conversion à l'islam d'un personnage noble, il lui adressait sarcasmes et reproches. Il disait par exemple : « Tu as abandonné la foi de ton père, qui était meilleur que toi. Nous ne tiendrons plus compte de ton avis, nous nous opposerons à toi et nous te traiterons avec mépris. »

 

Si l'homme était commerçant, Abu Jahl le menaçait de boycott afin de nuire à ses affaires. Si le nouveau musulman appartenait à la classe la plus faible, c'était par la persécution physique qu'Abû Jahl s'en prenait à lui. Abu Jahl n'était toutefois pas le seul ennemi de l'islam : il n'était que le plus tenace. D'autres rivalisèrent avec lui dans cette campagne de terreur. Les souffrances de Bilâl et de Khabbâb offrent de bons exemples de la férocité de cette persécution.

 

Bilâl était né en esclavage d'un père abyssin. Son maître, Umayya ibn Khalaf, le chef du clan des Jumah, voulut montrer à tous les Mecquois qu'il était aussi préoccupé qu'Abû Jahl par la défense de l'ordre établi. Bilâl fut emmené jour après jour dans le désert où il était sévèrement battu. À midi, lorsque le soleil était le plus chaud, on le faisait coucher dans le sable, sans aucun vêtement pour protéger son dos du sable brûlant.

 

Une grosse pierre était posée sur sa poitrine pour augmenter la torture. On le traînait avec des cordes sur le sable brûlant. Encore et encore, on lui demandait de renier l'islam et d'affirmer qu'il croyait aux idoles ; encore et encore, il répétait : « Il est Un ! Il est Un. » Les souffrances de Bilâl durèrent longtemps, jusqu'au jour où Abu Bakr, passant par là, assista à la scène. Il essaya sans succès d'éveiller la compassion d'Umayya. Ce dernier accusa au contraire Abu Bakr d'être à l'origine de la transgression de Bilâl et le mit au défi de le sauver.

 

Abu Bakr dit à Umayya : « Je l'achète avec un prix dépassant sa valeur. Qu'en dis tu ? » Umayya ne se fit pas attendre. Ayant perdu espoir de briser la volonté de Bilal, il accepta l'offre d'Abu Bakr. Il s'était rendu compte que le prix de Bilal était plus profitable que sa mort. Comme Abu Bakr aidait Bilal à se relever, Umaya dit : « Prends-le! si tu m'avais proposé un ouqiya, je te l'aurais vendu. » Abu Bakr, se rendant compte que ces mots étaient destinés à humilier Bilal, il répondit : « Par Dieu! si tu avais exigé cent ouqiyas, je les aurais avancées ! » Puis Abu Bakr l'affranchit immédiatement, car il savait que l'islam n'aimait pas l'esclavage et promettait une grande récompense divine à quiconque libérerait des esclaves.

 

Le noble coeur d'Abu Bakr

 

 

Abu Bakr devait répéter cette noble action à plusieurs reprises. Ainsi, Amir ibn Fuhayra était un esclave appartenant à at-Tufayl ibn Abdullâh al-Asdî, qui avait un lien de parenté avec Abu Bakr à travers son épouse Umm Rûman, la mère de Aïsha. Amir ibn Fuhayra était l'un des tout premiers musulmans, et souffrit durement pour cela : il fut l'une des victimes de la campagne de terreur. Cependant, Abu Bakr l'acheta à son maître et l'affranchit. Amir continua à travailler pour Abu Bakr comme berger. Il devait plus tard jouer un rôle important en aidant le Prophète et Abu Bakr à émigrer de La Mecque à Médine.

 

Le Prophète apprécia beaucoup l'acte d'Abû Bakr en faveur de ces deux esclaves, et l'encouragea à faire tout ce qu'il pourrait pour aider les victimes de cette campagne de torture. Abu Bakr, comme à son habitude, consentit sans hésiter. Il choisit les plus faibles et ceux qui se montraient les plus déterminés à défier les persécuteurs. Ainsi, Zunayra était une esclave appartenant au clan des Makhzûm.

 

C'était donc à Abu Jahl qu'il revenait de la torturer. Il lui fit tellement subir qu'elle perdit la vue. Puis il lui dit : « Ce sont les deux déesses, al-Lât et al-'Uzzâ, qui t'ont fait cela. » Elle répliqua : « Comment al-Lât et al-'Uzzâ pourraient-elles savoir qui les adore ? C'est simplement la volonté de Dieu, et mon Seigneur est capable de me rendre la vue. » Lorsqu'elle se réveilla le lendemain, elle voyait à nouveau. Des gens de Quraysh dirent : « Cela fait partie de la magie de Muhammad. » Abu Bakr s'empressa de sauver cette esclave et de l'affranchir.

 

Une femme appelée an-Nahdiya et sa fille étaient esclaves et appartenaient à une femme du clan des Abd ad-Dâr. Elles devinrent toutes les deux musulmanes, et leur maîtresse ordonna qu'elles soient torturées. Un jour, elle leur donna de la farine pour faire le pain, mais, en les mettant au travail, elle les menaça : « Vous resterez mes esclaves pour toujours. Par Dieu, je ne vous libérerai jamais. » Abu Bakr était là et l'entendit. Il lui dit : « Pourquoi ne pas te défaire de ton serment ? » Elle répondit : « M'en défaire ? C'est toi qui les as corrompues, alors libère-les si tu veux. » Abu Bakr lui demanda quel prix elle en voulait et paya le prix. Il déclara immédiatement que les deux femmes étaient libres, et leur dit de rendre sa farine à leur ancienne maîtresse. Elles lui demandèrent s'il ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'elles finissent leur tâche, et il répondit qu'elles pouvaient le faire si elles le souhaitaient.

 

Une autre esclave, nommée Umm 'Ubays, appartenait à al-Aswad ibn Abd Yaghûth du clan de Zuhra. Abu Bakr, la voyant un jour torturée par son maître, l'acheta et l'affranchit. Il en fit autant pour une autre esclave appartenant au clan des Adî, où c'était 'Umar ibn al-Khattâb, alors encore idolâtre, qui tourmentait les musulmans. 'Umar battait cette femme aussi souvent et aussi fort qu'il le pouvait. Un jour, il cessa de la battre en disant : « Excuse-moi ! Je cesse de te battre parce que j'en ai assez. » Elle répliqua : « C'est Dieu qui te fait cela. » Abu Bakr acheta cette femme et la libéra.

 

En tout, Abu Bakr libéra sept esclaves pour les faire échapper à la campagne de terreur initiée par les Quraysh. Son père, qui n'était pas musulman, ne comprenait pas son comportement. Il lui dit : « Mon fils, je vois que tu libères des esclaves faibles. Si tu veux faire cela, pourquoi ne libères-tu pas des hommes forts qui pourront te protéger ? » Abu Bakr lui expliqua qu'il ne recherchait, en agissant ainsi, que la récompense divine.

 

Ce comportement d'Abû Bakr illustre parfaitement la solidarité qui unissait la nouvelle communauté musulmane. Ceux qui pouvaient aider leurs frères et soeurs n'hésitaient pas à leur apporter tout le soutien possible. Néanmoins, les actions d'Abû Bakr étaient exemplaires. Ni lui ni les autres musulmans de lignée tribale n'avaient le pouvoir de mettre un terme à la campagne de terreur. Quoique relativement riche, il ne pouvait pas acheter toutes les victimes de la persécution des Quraysh. D'ailleurs, il ne s'agissait pas uniquement d'esclaves, et les maîtres des esclaves refusaient généralement de les vendre.

 

L'action d'Abû Bakr exprimait le nouveau lien qui s'était établi entre les adeptes de la nouvelle religion. En outre, elle comportait un autre aspect : elle soulignait l'égalité entre tous les adeptes de la nouvelle religion, qu'ils soient maîtres ou esclaves. Bien plus tard, lorsque 'Umar devint l'une des grandes figures de l'islam, il exprima ce fait avec la plus grande clarté lorsqu'il dit à propos d'Abû Bakr et de ce qu'il avait fait pour Bilâl : « Abu Bakr est notre maître, et il a libéré notre maître. »

 

A SUIVRE....

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La violence s'intensifie

 

Tous ces efforts d'Abû Bakr et d'autres musulmans pour venir en aide à leurs frères brutalement torturés par de jeunes hommes appartenant aux familles les plus privilégiées de Quraysh ne pouvaient cependant pas réduire de façon significative la pression exercée sur les musulmans. C'était d'ailleurs plutôt l'inverse : à chaque victime libérée par Abu Bakr, la persécution de ceux qui étaient encore en captivité s'intensifiait ; à chaque nouvelle conversion à l'islam, la violence de la torture augmentait.

 

Khabbâb ibn al-Aratt avait été kidnappé dans la région de son clan alors qu'il était encore tout jeune. Amené à La Mecque, il avait été vendu à un homme du clan des Khuzâ'a. C'était l'un des tout premiers musulmans, et il souffrit donc plus que les autres. Les négateurs essayèrent toutes sortes de tortures. Ils le mirent dans un feu et le battirent violemment. Ils le frappèrent à coups de pieds et à coups de fouet, mais il resta aussi ferme qu'une montagne. Un jour, ils arrachèrent ses vêtements et le couchèrent sur des pierres chauffées dans le feu, tout en lui tordant le cou. Il en garda des séquelles permanentes dans le dos, mais il était prêt à mourir pour sa foi. Il survécut à la torture et combattit les négateurs aux côtés du Prophète dans toutes les guerres qu'il mena.

 

 

Abu Fukayha était un esclave appartenant à Safwân ibn Umayya, le fils de l'ancien maître de Bilâl. Lorsque Bilâl fut libéré par Abu Bakr, ce fut Abu Fukayha qui dut supporter toute la brutalité du maître de Jumah. Il fut traîné sur le sable brûlant et torturé jusqu'à ne presque plus pouvoir parler. Un scarabée passa près de lui et Umayya, le montrant, dit : « C'est ton Seigneur, n'est-ce pas ? » Abu Fukayha répondit : « Dieu est mon Seigneur, ton Seigneur et le Seigneur de cette créature. » Il fut presque étranglé pour avoir dit cela.

 

 

Le frère d'Umayya, Ubayy, l'encourageait à intensifier la torture en disant : « Que Muhammad vienne donc le libérer par sa sorcellerie. » Ils ne le laissèrent que lorsqu'ils le crurent mort. Certains récits relatent qu'il aurait lui aussi été acheté et libéré par Abu Bakr, mais cela n'est pas absolument confirmé puisque la plupart des récits placent à sept le nombre total d'esclaves libérés par Abu Bakr, et que ces sept personnes ont déjà été mentionnées.

 

 

Ceux qui souffrirent le plus de la campagne de terreur organisée par les Quraysh furent un couple de vieillards et leur fils unique âgé d'environ trente-cinq ans. Yâsir, le père, était originaire d'une tribu yéménite. Il était venu à La Mecque dans sa jeunesse pour chercher son frère. Se plaisant à La Mecque, il voulut y rester. Il contracta donc une « alliance » avec son hôte, un notable du clan des Makhzûm auquel appartenait aussi Abu Jahl. Une telle alliance signifiait que Yâsir devait rester fermement attaché à la tribu de son allié, qui en échange de sa protection le chargeait de toutes les tâches dévolues aux membres les plus faibles de la tribu.

 

 

Sans un lien de ce type, aucun individu ne pouvait espérer survivre dans la société arabe de l'époque. Yâsir épousa Sumayya, une servante de son allié, qui donna naissance à leur fils unique, Ammâr. Yâsir n'eut jamais à regretter sa décision de rester à La Mecque ; il y vécut heureux, malgré son rejet instinctif de l'idolâtrie. Lorsque le Prophète commença à prêcher son nouveau message, Ammâr fut parmi les premiers à y adhérer. Il se joignit au petit groupe de musulmans qui se réunissait autour du Prophète chez al-Arqam.

 

'Ammâr eut tôt fait de persuader ses parents de devenir eux aussi musulmans. Leur vie heureuse fut bientôt brisée par Abu Jahl, qui avait réuni une force composée de jeunes gens et d'esclaves pour l'aider dans ses persécutions. Il voulait faire de Yâsir et de sa famille un exemple pour tous ceux qui envisageaient d'adhérer au nouveau message de l'islam. Il organisa une forme de torture progressive des parents et de leur fils dans le but de leur faire apostasier l'islam. Or, plus la torture augmentait, plus les trois victimes manifestaient leur détermination à conserver leur foi.

 

Le Prophète passa près d'eux un jour tandis qu'on les torturait. Il ne pouvait rien faire pour les libérer. Il leur donna néanmoins le meilleur des encouragements en leur disant : « Yâsir et sa famille, soyez endurants. Nous nous retrouverons au Paradis. » Après des semaines de tortures diverses, Sumayya dit à son bourreau ce qu'elle pensait de lui et de ses méthodes. Furieux, Abu Jahl la frappa de sa lance dans ses parties intimes. Puis, se tournant vers son époux qui était allongé sur le sable brûlant, il lui donna des coups de pieds dans la poitrine jusqu'à ce qu'il meure.

 

 

Sumayya et Yâsir furent ainsi les deux premiers martyrs de l'histoire de l'islam. Après la mort de ses parents, 'Ammâr fut relâché mais seulement temporairement. Ses tortionnaires revinrent à plusieurs reprises s'emparer de lui. Après l'avoir atrocement torturé, ils lui disaient : « Nous ne te laisserons en paix que quand tu auras insulté Muhammad et fait l'éloge d'al-Lât et al-'Uzzâ. » Un jour, ne pouvant plus supporter la torture, il fit ce qu'on lui disait. Les hommes le laissèrent alors tranquille et partirent. Lorsqu'il parvint à se relever, il alla trouver le Prophète, les larmes aux yeux.

 

Ce dernier lui demanda ce qui le troublait, et il répondit : « Ce sont de mauvaises nouvelles, Messager de Dieu. » Il lui relata ce qui s'était passé. Le Prophète lui demanda ce qu'il ressentait au fond de son coeur. Ammâr répondit que sa foi était plus ferme que jamais. Le Prophète lui dit alors que si les idolâtres le traitaient encore de la même façon, il pouvait leur dire ce qu'ils voulaient entendre tant qu'au fond de son coeur il demeurait absolument certain de sa foi.

 

Lorsque la pression devint trop forte et la torture insupportable, certaines victimes se plaignirent au Prophète. Khabbâb a relaté :

 

 

Nous nous plaignîmes au Messager de Dieu tandis qu'il était accoudé à l'ombre de la Ka'ba, en lui disant : « Ne peux-tu pas invoquer Dieu pour nous ? » Il répondit : « Parmi les nations qui vous ont précédés, beaucoup ont été placés dans des trous creusés dans la terre et sciés en deux de la tête aux pieds. Il arrivait qu'on leur arrache la chair et les nerfs jusqu'à l'os avec un peigne de fer : cela ne parvenait pas à leur faire renier leur religion. Par Dieu, votre Seigneur ne manquera pas d'accomplir Son dessein, de sorte qu'un voyageur pourra aller de San'a à Hadramawt en n'ayant à craindre que Dieu, et le loup pour son troupeau... Mais vous êtes impatients ! »

 

Que pouvait faire le Prophète pour ceux de ses Compagnons qui étaient faibles et vulnérables et qu'on torturait aussi sauvagement ? Lui-même subissait sarcasmes et mauvais traitements de la part des négateurs, qui lui jetaient de la poussière sur la tête lorsqu'il priait dans la Mosquée Sacrée. Ils jetaient aussi des immondices devant sa maison. Il avait dit clairement à ses Compagnons qu'ils n'auraient rien à gagner dans l'immédiat. Il ne leur promettait qu'une lutte ardue pour laquelle Dieu leur donnerait le Paradis en récompense.

 

Pour eux, qu'il leur montre la voie et leur enseigne les commandements de Dieu était suffisant. Leur vie était transformée : ils avaient maintenant des préoccupations nobles à la place des plaisirs vils que les négateurs recherchaient toujours. Il ne pouvait que les rassurer sur l'authenticité du message et la justesse de la voie qu'ils suivaient. Ils recherchaient la satisfaction divine, et c'était le seul moyen de la gagner.

 

 

Le Prophète resta déterminé, malgré la campagne de terreur des Quraysh. Il invitait les gens à renoncer à l'idolâtrie et à revenir à Dieu, le Créateur, qui a honoré l'homme et lui a confié la responsabilité de la terre. Comprenant que la persécution de quelques individus sans défense ne dissuadait personne d'embrasser la nouvelle religion, les chefs de Quraysh imaginèrent une nouvelle tentative pour négocier un accord.

 

Une nouvelle délégation se rendit chez Abu Tâlib, l'oncle et protecteur du Prophète . Tous ceux qui avaient auparavant tenté de persuader Abu Tâlib de pousser son neveu à cesser sa prédication y participaient, ainsi que quelques autres notables et un jeune homme du nom de 'Imâra ibn al-Walîd, fils d'un personnage important de La Mecque. Ils firent à Abu Tâlib la proposition suivante :

 

« Nous avons emmené avec nous 'Imâra, le jeune homme le plus intelligent et le plus vigoureux de La Mecque, pour te l'offrir comme fils. Il te sera utile, avec son courage et sa sagesse. En échange, tu nous donneras ton neveu qui s'est rebellé contre la religion suivie par toi-même et tes ancêtres et a semé la discorde parmi ton peuple et ridiculisé ses coutumes. Nous le prendrons et le tuerons, tandis que tu prendras un homme à la place d'un autre. »

 

Abu Tâlib répondit : « Quel marché de dupes vous me proposez là ! Vous voulez me donner votre fils à nourrir, tandis que je vous donnerais mon fils à tuer ! Cela ne sera jamais. » Al-Mutim ibn Adî, qui faisait partie de la délégation, dit à Abu Tâlib : « Les tiens t'ont fait une offre juste. Ils font de leur mieux pour t'amadouer, mais tu ne sembles disposé à accepter aucune offre. »

 

 

Abu Tâlib riposta : « Ils n'ont certainement pas été justes. Je vois que tu te joins à eux pour m'abandonner. » Le ton monta, et la délégation des Quraysh finit par se retirer, extrêmement en colère.

 

Pour absurde que la proposition des Quraysh à Abu Tâlib puisse paraître aujourd'hui, elle représentait de leur point de vue une tentative honnête pour trouver une solution satisfaisant toutes les parties. Dans la société d'Arabie, où les liens tribaux transcendaient tous les autres et où la position d'un homme dépendait du nombre de ses enfants et du soutien sur lequel il pouvait compter, Abu Tâlib n'aurait pas sacrifié grand-chose en échangeant son neveu contre un jeune homme compétent et intelligent.

 

Il est intéressant de noter que la proposition était considérée comme juste par un homme comme al-Mut'im qui allait, au fil des ans, se montrer amical et bienveillant envers le Prophète et les musulmans en général. Il était en outre un cousin éloigné d'Abû Tâlib : ils avaient tous deux pour arrière-grand-père Abd Manâf ; on aurait donc pu s'attendre à ce que son point de vue se rapproche davantage de celui d'Abû Tâlib. D'ailleurs, la remarque d'Abû Tâlib sur l'abandon d'al-Mut'im prend tout son sens lorsqu'on la considère sous cet angle.

 

Les négociations s'achevèrent donc par un échec total. Cela n'a rien d'étonnant, puisqu'il s'agissait de principes fondamentaux. Les Quraysh ne voyaient donc plus d'autre issue que d'étendre leur campagne de persécution à tous les musulmans. Chaque clan se vengea de ceux de ses membres qui étaient devenus musulmans. Désormais, même les jeunes gens nobles et libres étaient victimes de la campagne des Quraysh. Les mauvais traitements se généralisaient.

 

La persécution se généralise

 

Mus'ab ibn 'Umayr appartenait à une famille riche. Sa mère lui fournissait tout ce qu'il désirait. C'était peut-être le jeune homme le plus beau, le plus élégant et le plus brillant de La Mecque. Pourtant, lorsqu'il devint musulman, il fut emprisonné par les siens et même sa mère s'opposa à lui.

 

'Uthmân ibn Affân, qui appartenait au clan des Umayyades, était issu d'une famille noble. Cela n'empêcha pas son oncle al-Hakam ibn Abî al-As de l'attacher à un poteau en jurant de ne pas le détacher tant qu'il n'aurait pas renoncé à l'islam.

 

'Uthmân répondit qu'il n'y renoncerait jamais quelle que soit la pression exercée sur lui. Sa'd ibn Abî Waqqâs, qui était très attaché à sa mère, subit des pressions de sa part : elle pensait pouvoir utiliser son amour filial pour le détourner de l'islam. Après quelques menaces qui ne la menèrent à rien, Sa'd lui dit :

« Mère, si tu avais cent vies et que tu les perdais l'une après l'autre, je n'abjurerais pas l'islam pour t'épargner. »

 

 

Même Abu Bakr n'était plus à l'abri. Un jour, il prit la parole pour inviter les gens à croire en Dieu et Son messager. Certains l'insultèrent. Il y eut bientôt une bousculade et Abu Bakr fut attaché par plusieurs personnes dont 'Utba ibn Rabî'a, qui le frappa au visage avec ses chaussures. Lorsqu'il fut secouru par ses contribules, ils le crurent mort. Le soir venu, il reprit ses sens. Sa première question fut pour le Messager de Dieu. Il ne voulut pas se reposer avant d'avoir été conduit près de lui.

 

On l'emmena à la nuit tombée, et il marcha, soutenu par sa mère et par une femme musulmane, jusqu'à la maison du Prophète . Ce dernier fut très peiné par ce qui lui était arrivé. Il parla à sa mère et elle devint musulmane, ce qui réjouit Abu Bakr.

 

 

Abu Tâlib suivait de près l'évolution de la situation à La Mecque. Il s'inquiétait de plus en plus pour son neveu Muhammad . Il demanda donc à son clan de s'engager solennellement à protéger Muhammad contre tout mauvais traitement qu'il pourrait être amené à subir. Tous les membres du clan répondirent favorablement à son appel, à une exception près : Abu Lahab.

 

Bien qu'étant l'oncle du Prophète, il demeurait en effet violemment opposé à l'islam et prenait part avec les autres membres de Quraysh à la campagne de persécution. Abu Tâlib fut néanmoins extrêmement satisfait de ce soutien. Il exprima ses sentiments dans un long poème où il faisait l'éloge de son clan et rappelait aux Quraysh leur noble passé. Le Prophète put ainsi poursuivre sa prédication en bénéficiant d'une protection sûre.

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... Il vaut mieux pour toi que tu reviennes à la religion de tes pères et de tes aïeux.

 

Donc on voit bien qu'il n'y a eu aucune religion hanif

 

..., jusqu'à ce que le Prophète prenne La Mecque et que la population adhère à la nouvelle religion.

Et pourquoi la population de la Mecque toute entière a adhéré à la nouvelle religion en même temps quand il a pris la Mecque ?... Donc on voit bien que ce n'est pas de leur plein gré... Sinon il l'aurait fait avant...

 

..., lorsqu'il se mit à critiquer leurs croyances païennes et à ridiculiser leurs idoles,... ils envoyèrent une délégation composée de personnages parmi les plus influents de La Mecque se plaindre à Abu Tâlib du comportement de son neveu.

... La crise l'opposant à son clan s'intensifia. La délégation retourna alors voir Abu Tâlib et lui dit : « Abu Tâlib, tu jouis parmi nous d'une position honorable et respectable. Nous t'avons demandé de mettre un terme au comportement de ton neveu, mais tu n'as rien fait...

 

 

L'auteur as oublié un point important ici... la proposition de Mohamed au clan des Qoraysh de régner sur les non-arabes s'ils se convertissaient à l'islam... proposition rejetée (Source : Attabari)

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Si l'homme était commerçant, Abu Jahl le menaçait de boycott afin de nuire à ses affaires. Si le nouveau musulman appartenait à la classe la plus faible, c'était par la persécution physique qu'Abû Jahl s'en prenait à lui.

 

Donc seul les esclaves étaient maltraités physiquement... mais on oublie que l'esclave est une marchandise comme une autre et qu'on peut vendre et en faire ce qu'on veut... même le tuer...

En tout, Abu Bakr libéra sept esclaves

 

Il était donc très riche....

A SUIVRE....

 

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La violence s'intensifie

Il s'agit toujours d'esclaves

 

 

La persécution se généralise

 

Mus'ab ibn 'Umayr ...fut emprisonné par les siens et même sa mère s'opposa à lui.

 

'Uthmân ibn Affân, ... son oncle al-Hakam ibn Abî al-As de l'attacher à un poteau

 

Même Abu Bakr ...'Utba ibn Rabî'a, qui le frappa au visage avec ses chaussures.

 

Abu Tâlib ....demanda donc à son clan de s'engager solennellement à protéger Muhammad contre tout mauvais traitement qu'il pourrait être amené à subir. Tous les membres du clan répondirent favorablement à son appel, à une exception près : Abu Lahab.

 

Chacun appréciera le type de persécution si on compare ces persécutions à un musulman qui quitterait l'islam et qui insulterait le Dieu des musulmans (il ne faut pas oublier, comme dit ci-dessus, que Mohamed insultait leurs idoles)

 

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Sa naissance

Le Saint Prophète Muhammad (paix et bénédictions de Dieu soient sur lui) naquit à La Mecque, dans la province du Hedjaz de l'Arabie, le 29 août 570 apr. J.-C. Il appartenait au clan hachémite, de la tribu coréïchite, qui revendique une descendance directe d’Ismaël, fils d’Abraham et prophète de Dieu. Orphelin de père dès sa naissance, il perdit aussi sa mère dès son jeune âge. Ce fut son grand-père qui s'occupa de lui après la mort de sa mère, et puis ce fut au tour de son oncle Abū Tālib. Retour en haut

Sa jeunesse

Il débuta dans la vie comme un berger, puis il fit le commerce et devint un négociant prospère. À 25 ans il épousa Khadidja, une veuve de beaucoup son aînée, et leur union fut des plus heureuses. On l'appelait Al-Amīn pour son honnêteté et son intégrité.

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Ses contemporains

Les arabes en ce temps-là étaient des païens grossiers ; telles de leurs qualités comme l'amour de la liberté, la poésie et l'hospitalité étaient obscurcies par leurs vices comme l'ivrognerie, l'infanticide, le jeu et la violence. Le fameux Temple de la Ka'abah se trouvait à La Mecque ; il fut construit 3000 ans auparavant par Abraham en honneur du Grand Dieu Unique ; et puis il devint le siège de l'idolâtrie lorsque 360 idoles y furent gardées. L'anarchie régnait en Arabie et le pays était coupé entièrement du reste du monde extérieur sauf pour de rares caravanes qui le traversaient de temps en temps.

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La première révélation

Vers l'âge de 40 ans, Muhammad (p.s.s.l.) développa un penchant pour la méditation en solitaire. Et une nuit de décembre de l'an 610 (apr. J.-C.) – dans la fameuse nuit d’Al-Qadr du mois du Ramadan – il obtint sa première révélation. Il se trouvait dans la grotte du Mont Hirā, près de La Mecque lorsque l'ange Gabriel lui ap*parut dans un songe et lui récita les cinq premiers versets de la sourate 96. Suivit un intervalle de six mois durant lequel le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) n’e reçut aucune révélation. L'Ange lui apparut une seconde fois alors qu’il était assis le visage couvert de son manteau, et lui récita le commencement de la sourate 74 :

« Au nom de Dieu le Très Gracieux, le Très Miséricordieux. Ô Toi qui t'es enveloppé !Lève-toi et avertis. Et glorifie ton Seigneur ...... » La révélation divine continua sans interruption pendant 23 ans.

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Les premiers convertis

Les premiers à l’avoir accepté furent : Khadidja, sa femme, Zaid, son esclave affranchi, ‘Ali, son jeune cousin, et Abū Bakr, un ami. Au commencement il prêcha à sa famille et à ses intimes, les exhortant à abandonner le polythéisme et le péché. Il les invita à adorer Dieu l’Unique et à croire dans une vie future. Le mépris et le scepticisme accueillirent ses paroles, et il lui fut conseillé d'abandonner cette folie et de veiller à ses affaires.

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L’opposition et la persécution

Peu à peu cependant, les railleries et la compassion cédè*rent la place à l'opposition et à la colère ; et suivant un appel qu'il fit en 614 (apr. J.-C.) la persécution commença sérieusement. Les premiers convertis, qui venaient pour la plupart de la couche la plus démunie de la société et les esclaves furent menacés, battus et même mis à mort. Bilal, le premier africain à accepter l'Islam fut soumis à de cruelles tortures dans un vain effort de lui faire renoncer à Dieu et Son Prophète. Le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) lui-même fut ridiculisé et insulté ; et lorsqu'il prêchait les railleries et les quolibets étouffaient sa voix. Dans les rues, la populace lui jetait des ordures, ses ennemis lui crachaient au visage. Cependant, quoique se sentant abandonné, il plaça sa confiance en Dieu et poursuivit son oeuvre sans se laisser abattre.

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L’exil

En l'an 615 (apr. J.-C.), un groupe de près de 100 musulmans furent contraints par la persécution de quitter leur ville natale et de chercher refuge en Abyssinie, où ils furent bien accueillis par le Négus. En 616, un Coréïchite respecté, ‘Umar, jusque-là un ennemi acharné du Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.), se convertit à l'Islam au grand dam des chefs mecquois, qui, furieux, imposèrent un boycott social et économique aux musulmans à qui on refusait de vendre à manger ou à boire. Trois longues années durant le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) et ses compagnons vécurent dans la misère, la faim et la destitution dans une vallée dans les alentours de la Mecque ; et à un moment où ils n'avaient aucune lueur d'espoir, leur courage et leur fermeté ont peu d'exemples dans l'histoire de l'humanité. Le boycott s'avéra ineffectif, mais Khadidja succomba peu de temps après, victime des souffrances qu'elle avait subies. Quoi*que Muhammad (p.s.s.l.) se remaria plusieurs fois il lui réservait un souvenir attendrissant le restant de sa vie.

En 620 le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) alla à Taïf ville voisine de La Mecque, mais là aussi il fut repoussé et fut lapidé presque à mort par les habitants. Vers la même époque, il eut une de ses plus fameuses visions où il s'était vu emporté vers Jérusalem (Isrā') et durant lequel il conversa avec Abraham, Moïse, David, Salomon, Jean-Baptiste et Jésus. Une autre fois, pendant le Mi‘rādj, le Trône de Dieu lui fut montré ainsi que le Paradis et l'Enfer, et aussi le monde sidéral qui lui apparut petit comme une graine de moutarde.

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Médine : terre d’accueil du Prophète

Des événements décisifs se préparaient. À Yathrib – ville qui prendra plus tard le nom de Madīnah (Médine) et qui est située à 360 kilomètres de La Mecque – un certain nombre de gens qui avaient embrassé l'Islam, envoyèrent au Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) une délégation de douze membres. Ils ren*contrèrent le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) en 622 près du Mont ‘Aqabah et reçurent de lui des instructions concernant leur foi. Tôt l'année suivante soixante-dix délégués y retournèrent et prêtèrent allégeance au Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) ; ce serment est connu comme le Grand Serment d'‘Aqabah. Après cela le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) recommanda à ses fidèles de partir secrète*ment pour Médine.

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L’émigration

Le départ des familles entières pour Médine bouleversa beaucoup les coréïchites, qui à l'instigation de Abū Jahl décidèrent à une réunion de leurs chefs de tribus d'assassiner le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.). La nuit fixée pour cela fut celle du 15 au 16 juillet 622 ; elle fut aussi celle où le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait décidé de quitter sa ville natale selon le dessein de la Providence. Averti du danger qui le menaçait, il quitta la maison sans être vu. En voyant que leur proie leur avait échappé, les conspirateurs dépêchèrent une équipe de pisteurs à sa poursuite. À un moment donné, ces pisteurs arrivèrent à l'entrée de la grotte même où le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) et son compagnon Abū Bakr se cachaient. Miraculeusement, ils ne les aperçurent pas et les fugitifs purent continuer leur voyage sains et saufs. Cette fuite marque le début de l'histoire de l'islam, et constitue le début de l'ère musulmane, l'hégire.

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Muhādjirīn et Ansār

Après un voyage périlleux dans le désert, le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) arriva à Médine et ne tarda pas à se mettre à organiser la nouvelle communauté (composée de Muhādjirīn, ou les réfugiés de La Mecque, des Ansār ou les musulmans de Médine, de même que de juifs et de païens) sur une base de justice sociale et économique. Le règne de la paix, de la justice, de la bonne volonté et de la fraternité ne tarda pas à cimenter les liens entre les croyants pour en former un corps d'hommes zélés et pieux prêts à tout sacrifice pour semer les graines du Royaume de Dieu.

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Badr : la première bataille

Cependant les chefs mecquois étaient plus que jamais décidés à écraser cette menace à l'ordre ancien et donc ils se préparèrent à la guerre. Au commencement de l'an 624 (apr. J.-C.) prenant pour prétexte de protéger une caravane venant de la Syrie, ils lancèrent un armée de 1000 hommes bien entraînés et bien équipés, comprenant une cavalerie de 200 hommes, dans le but de prendre Médine. Les musulmans, qui pour la première fois avaient reçu la permission de prendre les armes pour défendre leur religion ne purent que lever une armée de 313 hommes mal armés, tous de l'infanterie. Les forces rivales se ren*contrèrent à Badr le 16 Ramadan de l’an 2 de l’hégire. Les musulmans auraient été écrasés malgré leur grand courage et le valeureux ‘Ali, n'était-ce le soutien divin qui prit la forme d’une violente tempête de sable qui sema la confusion parmi les rangs des incroyants. Ils furent mis en déroute, et durent se sauver en débandade, laissant derrière beaucoup de morts, y compris leur chef Abū Jahl. La puissance de l'Arabie païenne fut écrasée et la bataille de Badr doit être considérée comme l’une des batailles les plus décisives de l'histoire.

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Vaines tentatives de l’ennemi

Deux fois encore les coreïchites tentèrent de prendre Médine. En 625, à 'Uhud ils essayèrent de se venger de leur cuisante défaite de Badr. Au début la bataille tourna à l’avantage des musul*mans. Mais certains combattants musulmans, croyant à la fin de la bataille et à la victoire des musulmans et désobéissant aux ordres stricts du Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) abandonnèrent leurs postes. La confusion aidant, les musulmans subirent un revers ; mais l’issue de la bataille n’était pas en faveur des coreïchites non plus, car ils n’avaient pas pu prendre Médine, tuer les hommes et réduire femmes et enfants à l’esclavage. En 627, les coreïchites retournèrent avec une grande coalition forte de 20 000 hommes, composée de bédouins et de juifs. Ils assiégèrent la ville, mais ils furent toutefois repoussés quoiqu’ils avaient reçu le soutien de traîtres qui se trouvaient dans la ville assiégée. La dissension et le mauvais temps eurent raison d'eux, et ils se retirèrent. Cette bataille est connue sous lenom de la Bataille du Fossé, ou des Confédérés. Dans la même année les musulmans signèrent une trêve avec les mecquois à Hudaibiyah, alors qu’ils étaient en route pour accomplir le pèlerinage à la Mecque.

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Lettres aux rois

Sitôt retourné à Médine l'Envoyé de Dieu envoya des lettres aux princes du monde civilisé les invitant à se joindre à l'Islam (628 apr. J.-C.). Certains, tels que l'empereur romain Héraclius, le vice-roi d'Egypte et le Négus reçurent les lettres avec respect ; mais Chosroes, empereur des Perses, déchira sa lettre avec furie, et donna ordre à son gouverneur du Yémen d'envoyer une expédition au Hedjaz pour arrêter le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ; mais avant que son ordre eût pu être exécuté, Chosroes lui-même fut assassiné et son pays devint la proie de guerres civiles jusqu'à sa conquête par les arabes.

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Prise de Khaïbar

Des tribus entières se joignaient à l'Islam. En 628, les musulmans occupèrent la ville fortifiée de Khaïbar, qui était devenue un nid d'intrigues pour les juifs et les païens contre le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.). Ils incitaient les Romains et les Perses à envahir l'Arabie. Vers la fin de l'année suivante les Coréïchites violèrent leur trêve ; et le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) en profita pour leur donner un dernier assaut : il marcha sur La Mecque mais ne rencontra que peu de résistance.

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La Mecque conquise sans effusion de sang

Le 20 Ramadan de l’an 8 de l’hégire (630 apr. J.-C.) le Prophète de Dieu, entra dans la Sainte Cité à la tête de 10 000 compagnons. Arrivé à la Ka‘abah il répéta le verset du Saint Coran : « La vérité est venue et le mensonge s'est évanoui… » Armé d'un bâton, il procéda à briser les 360 idoles qui souillaient le sainte enceinte. Les habitants lui jurèrent fidélité et embrassèrent l'Islam en masse. Il n'eut recours à aucunes représailles pour les atrocités commises, et dont les Coréïchites étaient coupables. Il pardonna même à ses pires ennemis.

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Le sermon d’adieu

Quoique toutes les hostilités n'avaient pas pris fin, le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) compléta sa mission, et la dernière dis*pensation de Dieu fut instaurée fermement sur la terre. Dans la 9e année de l'Hégire, en mars 631 apr. J.-C. il fit son dernier voyage à La Mecque pour y faire son pèlerinage d'adieu. Du haut du mont ‘Arafāt il s'adressa à une foule de 100 000 pèlerins et prononça son fameux sermon d’adieu dont chaque mot a été préservé. À peine avait-il terminé son discours que Dieu lui envoya Sa dernière révélation : « Aujourd'hui J'ai perfectionné votre religion, J'ai complété Mes faveurs sur vous et vous ai choisi l'Islam comme religion. » (Le Saint Coran, chapitre 5, verset 4)

Le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) décéda paisiblement à Médine dans sa chambre qui était attenante à la mosquée, le 13 Rabī‘-ul-Awwal de la 10e année de l’hégire (8 juin 632 apr. J.-C.) à l'âge de 63 ans. Ses dernières paroles furent : « Vers mon Ami le Très-Haut… Vers mon ami le Très-Haut… »

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Les qualités du Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.)

Muhammad est le seul fondateur de religion dont on connaît la vie dans ses moindres détails. Une biographie complète couvrirait des volumes. Ses actes et ses paroles sont des faits historiques concrets. Il est non seulement, comme l'admet l'Encyclopaedia Britannica, le Prophète ayant le mieux réussi, mais nous le voyons manifester en sa personne une variété étonnante de qualités humaines. En tant qu'homme privé, il est mari, père, ami et négociant ; comme figure publique, il est dirigeant, législateur, juge, homme d'état, et général ; et en tant que Messager de Dieu, il est un législateur, prédicateur, théologien, saint et mystique. Une telle combinaison de vertus est unique dans l'Histoire, et cela lui vaut le titre de Sceau des Prophètes.

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Son sang-froid

La sincérité fut une de ses caractéristiques les plus marquantes. Pas un jour, pas un instant, il ne perdit de vue le fait qu'il était le prophète de Dieu. Jamais il n'eut de présomption au sujet de la révélation divine, ni ne voulut-il l’imposer. Nous le trouvons à tout moment priant pour la bénédic*tion de Dieu et pour l'accomplissement des Ses promesses. Au comble de la persécution à La Mecque les coreïchites lui offrirent la royauté, tous les honneurs, et une fortune illimitée à condition qu'il cessât de prêcher contre leurs idoles. Pour toute réponse il leur récita des versets du Coran. Durant sa fuite, alors que sa capture était cer*taine, et que ses traqueurs étaient à deux pas de lui il chuchota dans l'oreille de son compagnon, Abū Bakr : « Ne crains rien, nous ne sommes pas deux dans cette grotte, mais trois. Le troisième c'est Dieu. » Durant une campagne un soldat ennemi le surprit se reposant dans un coin peu éloigné de ses hommes, et, lui mettant son épée à la gorge, lui demanda: « Ô Muhammad, qui peut te sauver de moi maintenant ? » Il répondit, flegmatique : « Dieu. » Le soldat fut tellement frappé par cette réponse qu'il laissa tomber l’épée. Et le soldat ennemi pu partir librement.

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Son rejet des superstitions

Quoique la Main de Dieu le secourut maintes fois, alors que tout semblait perdu ou que les événements prenaient une tournure dangereuse, il ne réclama jamais avoir fait de miracles contraires aux lois parfaites de la nature. Lorsque son fils Ibrahim mourut tout enfant, il y eut une éclipse du soleil ; musulmans comme infidèles s'émerveillèrent de ce qu'ils considéraient être un signe de deuil au Ciel. Mais le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) leur demanda de mettre fin à pareilles conjectures car les éclipses, de la lune ou du soleil, n'ont pas lieu en signe de la mort de quelque être humain. On notera avec intérêt que ses disciples les plus fidèles étaient ceux qui vivaient le plus près de lui. C'était ces hommes qui entendirent chaque mot qu'il prononça et virent chaque action qu'il fit, et qui furent les premiers à souffrir et subir des privations, de la misère et la mort pour la cause de l'Islam des premiers temps.

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Simplicité et sincérité

L'espace nous manque pour nous permettre de pouvoir vous donner de plus amples détails sur ses hautes vertus. Il était charitable, plein de compassion et il était toujours soucieux du bien-être des autres. Il était courtois et d'humeur égal envers tout le monde ; il était patient face aux écarts de conduite des autres, et il était toujours prêt à pardonner les fautes d'autrui. Ses manières étaient simples, de même que ses goûts. Il mena une existence frugale, et détestait luxe et opulence. Humble et pur d'esprit, propre de corps et d’apparence, direct et honnête dans ses transactions, il ne manquait jamais de parole, il était loyal envers ses amis, généreux envers tous. Et cependant il évitait les extrêmes dans ses qualités. Il n'était pas un sentimental, ni un ascète. La bigoterie lui faisait horreur, de même que la piété de façade et le formalisme. Sa vie n'était pas un idéalisme, mais un exemple pratique pour tous les peuples de tous temps et tous lieux.

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Le califat bien guidé

Après la mort du Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.), la direction des musulmans échut à ses califes ou successeurs, dont les quatre premiers furent Abū Bakr, ‘Umar, ‘Uthman et ‘Ali. L'Islam se répandit rapidement à l'Est jusqu'en Asie centrale, en Afrique du Nord et dans certaines régions de l'Europe méridionale. Dans les pays comme la Palestine, la Syrie et l'Egypte, des millions de chrétiens se conver*tirent à l'islam, malgré le fait que la liberté de culte et de pratiquer la foi de leur choix leur était garantie. La civilisation islamique s'épanouit, et pendant des générations la connaissance et la science firent de grands progrès. L'art, la littérature et toutes les formes de la culture atteig*nirent des sommets jamais atteints auparavant. Et même les historiens européens admettent de mauvaise grâce que le réveil des pays européens était dû en grande partie à leurs contacts avec les musulmans durant les croisades.

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Le déclin de l’Islam

Puis vint la décadence, due en particulier aux dissensions, aux querelles sectaires, une assimilation imparfaite des principes islamiques et l'apathie orientale. Selon les prophéties, les trois premiers siècles furent les meilleurs ; ensuite le Coran devait monter au ciel pour mille ans. Et il arriva que vers le milieu du 19e siècle la puis*sance des nations musulmanes fut brisée, leurs institutions étaient devenues décadentes ; la vraie connaissance de la religion avait disparu, la foi était à son déclin, les gens étaient devenus les proies de mollahs et de cheikhs fanatiques et ignorants, de la bigoterie et de la super*stition. La Croix semblait triompher sur tous les terrains et les écrivains chrétiens proclamaient que la fin de l'Islam était en vue.

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La renaissance de l’Islam

Le Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) avait prédit qu'un réformateur allait venir au commencement de chaque siècle et qu'un Messie et Mahdi (Guide) sauverait l'Islam dans les Derniers Temps. Au commencement du quatorzième siècle de l'hégire Hadrat Mirzā Ghulām Ahmad (1835-1908) apparut en Inde dans un tout petit village nommé Qādiān, se récla*mant de remplir cette mission prophétisée. De foi intense, et menant une existence en étroite communion avec Dieu, il interpréta le Coran à la lumière des con*naissances modernes, et exhorta les croyants à suivre leur religion comme au temps du Saint Prophète Muhammad (p.s.s.l.) et de ses compagnons. Il prêcha contre les hérésies qui avaient glissé dans l'Islam par l'intermédiaire de certains docteurs et juristes du moyen âge. Pour en citer quelques exemples, il y avait la croyance dans l'abrogation des versets du Coran, l'Ascension physique au ciel de Jésus Christ, la cessation de la révélation, la doctrine d'un Jihad agressif, et la peine capitale pour l’apostasie. Il avertit le monde du péril de l'athéisme, du matérialisme, et du péché dans lequel il tombait tête baissée. Hadrat Ahmad rencontra une vive opposition de la part des mollahs rétrogrades. Mais de nos jours des musul*mans éclairés, même s'ils ne reconnaissent pas toutes ses déclarations, acceptent que son interprétation de l'Islam était la bonne. Le Mouvement Ahmadiyya créé par lui pour la réforme de l'Islam est à l'oeuvre sous la direction de son cinquième Calife, Mirza Masroor Ahmad, dont les missionnaires sillonnent l'Amérique, l'Europe, l'Asie et l'Afrique pour y apporter le message du Saint Coran.

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