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Islamistes terroristes: Le virage saoudien d’août 2014


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Une analyse intéressante...

 

Le virage saoudien d’août 2014

 

Sources: Réseau Voltaire.

 

Durant 35 ans, l’Arabie saoudite a financé et armé tous les courants politiques musulmans dès lors (1) qu’ils étaient sunnites, (2) qu’ils affirmaient le modèle économique des États-Unis compatible avec l’islam et (3) que —dans le cas ou leur pays aurait signé un accord avec Israël— ils ne le remettaient pas en question.

 

Durant 35 ans, l’immense majorité des sunnites a fermé les yeux sur la collusion entre les jihadistes et l’impérialisme. Elle s’est déclarée solidaire de tout ce qu’ils ont fait et de tout ce qu’on leur a attribué. Enfin, elle a légitimé le wahhabisme comme une forme authentique de l’islam malgré les destructions de lieux saints en Arabie saoudite.

 

Observant avec surprise le « printemps arabe », à la préparation duquel elle n’avait pas été conviée, l’Arabie saoudite s’inquiéta du rôle accordé par Washington au Qatar et aux Frères musulmans. Riyad ne tarda pas à entrer en compétition avec Doha pour sponsoriser les jihadistes en Libye et surtout en Syrie.

 

Aussi le roi Abdallah sauva-t-il l’économie égyptienne lorsque le général Abdel Fattah al-Sissi devenu président d’Égypte lui transmis ainsi qu’aux Émirats la copie complète des dossiers de police des Frères musulmans. Toutefois, dans le cadre de la lutte contre la Confrérie, le général Al-Sissi découvrit et transmit en février 2014 le plan détaillé des Frères pour s’emparer du pouvoir à Riyad et à Abou Dhabi. En quelques jours les comploteurs furent arrêtés et avouèrent, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis menaçaient le Qatar, le parrain des Frères, de le détruire s’il ne lâchait pas immédiatement la confrérie.

 

Riyad n’a pas tardé à découvrir que l’Émirat islamique était lui aussi gangréné et s’apprêtait à l’attaquer après s’être emparé d’un tiers de l’Irak.

 

Le verrou idéologique patiemment construit durant 35 ans a été pulvérisé par les Émirats et l’Égypte. Le 11 août, le grand imam de l’université Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, condamnait sévèrement l’Émirat islamique et Al-Qaïda. Il était suivi le lendemain par le grand mufti d’Égypte, Shawki Allam [9].

 

Le 18 août et à nouveau le 22, Abou Dhabi a bombardé, avec l’assistance du Caire, des terroristes à Tripoli (Libye). Pour la première fois, deux États sunnites s’alliaient pour attaquer des extrémistes sunnites dans un troisième État sunnite. Leur cible n’était autre qu’une alliance incluant Abdelhakim Belhaj, ancien numéro 3 d’Al-Qaïda nommé gouverneur militaire de Tripoli par l’Otan [10]. Il semble que cette action ait été entreprise sans en informer préalablement Washington.

 

Le 19 août, le grand mufti d’Arabie saoudite, cheik Abdul-Aziz Al al-Sheikh, se décidait —enfin— à qualifier les jihadistes de l’Émirat islamique et d’Al-Qaïda « d’ennemis numéro 1 de l’islam » [11].

Les conséquences du retournement saoudien

 

Le retournement de l’Arabie saoudite aura été si rapide que les acteurs régionaux n’ont pas eu le temps de s’adapter et se trouvent donc avec des positions contradictoires selon les dossiers. D’une manière générale, les alliés de Washington condamnent l’Émirat islamique en Irak, mais pas encore en Syrie.

 

Plus surprenant, alors que le Conseil de sécurité a condamné l’Émirat islamique dans sa déclaration présidentielle du 28 juillet et dans sa résolution 2170 du 15 août, il est clair que l’organisation jihadiste dispose encore de soutiens étatiques : en violation des principes rappelés ou édictés par ces textes, le pétrole irakien pillé par l’ÉI transite par la Turquie. Il est chargé au port de Ceyhan sur des pétroliers qui font escale en Israël, puis repartent vers l’Europe. Pour le moment, le nom des sociétés commanditaires n’est pas établi, mais la responsabilité de la Turquie et d’Israël est évidente.

 

De son côté, le Qatar, qui continue à abriter nombre de personnalités des Frères musulmans, nie soutenir encore l’Émirat islamique.

 

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Réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et… du Qatar à Jeddah, le 24 août 2014, pour faire face à l’Émirat islamique. La Jordanie était représentée à ce sommet.

 

Lors de conférences de presse coordonnées, les ministres russe et syrien des Affaires étrangères, Sergey Lavrov et Walid Mouallem, ont appelé à constituer une coalition internationale contre le terrorisme. Cependant les États-Unis, tout en préparant des opérations au sol sur le territoire syrien avec les Britanniques (la « Force d’intervention noire » [12]), ont refusé de s’allier à la République arabe syrienne et persistent à exiger la démission du président élu Bachar el-Assad.

 

Le clash qui vient de mettre fin à 35 ans de politique saoudienne se transforme en affrontement entre Ryad et Ankara. D’ores et déjà, le parti kurde turc et syrien, le PKK, qui est toujours considéré par Washington et Bruxelles comme une organisation terroriste, est soutenu par le Pentagone contre l’Émirat islamique. En effet, et contrairement aux présentations équivoques de la presse atlantiste, ce sont les combattants turcs et syriens du PKK et non pas les peshmergas irakiens du Gouvernement local du Kurdistan qui ont repoussé l’Émirat islamique ces derniers jours, avec l’aide de l’aviation états-unienne.

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