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Djihad en Syrie : Mourad Fares, star de la "djihadosphère"


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N'hésitez pas à dénoncer aux autorités françaises ces chiens à chaque fois que vous les soupçonnez vouloir entraîner les jeunes de votre quartier.

 

Djihad en Syrie : Mourad Fares, star de la "djihadosphère"

Olivier Toscer

 

Publié le 12-09-2014 le nouvel obs

 

Arrêté mi-août par les autorités françaises, il serait l'un des principaux recruteurs de Français, si ce n'est le principal, pour Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda, qui agit en Syrie. Portrait.

Mourad Fares, présumé recruteur de djihadistes pour la Syrie. Photo diffusée sur son compte Facebook.

 

Djihad en Syrie : un important recruteur français arrêté

 

En bref

 

Pour les autorités françaises, c'est un gros poisson. Arrêté mi-août, Mourad Fares, 30 ans, a été expulsé de Turquie et incarcéré en France jeudi 11 septembre.

Originaire de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), il est soupçonné d'avoir largement œuvré au recrutement de Français pour le djihad en Syrie.

Il serait l'un des principaux recruteurs de Français pour Al-Nosra, affilié à Al-Qaïda. Un homme "particulièrement dangereux", selon le ministre de l'Intérieur.

Portrait de ce "sergent recruteur", publié dans "l'Obs" le 22 mai 2014.

 

Le 13 mai, à Strasbourg, à l'heure du laitier. Coup de filet de la police antiterroriste contre six jeunes djihadistes français de retour de Syrie et un de leurs comparses. Quelques heures plus tard, à 3.500 kilomètres de là, dans la région d'Alep en Syrie, Mourad Fares pianote sur son portable et poste sur Facebook un commentaire lapidaire : "Fallait bien que ça arrive..."

Mourad Fares Syrie Mourad Fares, présumé recruteur de djihadistes pour la Syrie. Photo diffusée sur son compte Facebook. (DR)

 

A 29 ans, ce Savoyard d'origine marocaine est le principal sergent recruteur de djihadistes français pour le compte de Jabhat al-Nosra, la franchise syrienne d'Al-Qaida. Comme "le Nouvel Observateur" l'avait dévoilé en mars, ce propagandiste de la guerre sainte est l'homme qui avait attiré sur le front syrien en décembre les jeunes Strasbourgeois. Mais également Yacine et Ayoub, deux adolescents toulousains de 15 et 16 ans, Leïla, une lycéenne d'Avignon ou encore Imran, un Niçois de 17 ans. "La vraie cible du coup de filet de Strasbourg, c'est lui", résume-t-on de source judiciaire.

Producteur de vidéos

 

Depuis novembre, les juges antiterroristes Laurence Le Vert et Isabelle Couzy cherchent à percer au jour les méthodes de recrutement de cet enfant de l'immigration, avant- dernier d'une famille sans histoire de six enfants, originaire d'Agadir mais établi de longue date à Thonon-les-Bains en Haute-Savoie. Titulaire d'un bac S avec mention, Mourad Fares a suivi des études un peu décousues à Lyon. Sans persévérer. Il bifurque dans la restauration et peu à peu s'enfonce dans l'islamisme.

 

Après un pèlerinage à La Mecque, il se rebaptise Mourad Hadji et se lance dans la production de vidéos djihadistes. Sa principale production, "Al Mahdi et le second Khilafah", trois quarts d'heure de propagande pseudo-religieuse sur fond de film catastrophe et de trucages vidéo en haute définition, totalise près de 350.000 vues. "Cette vidéo, qui prétend que le Messie va faire sa réapparition un jour en Syrie, a été le déclencheur de nombreuses vocations djihadistes", assure un expert du ministère de l'Intérieur.

"Oui je suis terroriste et fier de l'être !"

 

Fares est une star montante de la "djihadosphère" quand, en juillet dernier, il vend son appartement de la Croix-Rousse. Il passe trois jours chez ses parents à Thonon et puis un midi, en plein déjeuner familial, son portable sonne. Il saisit un petit sac de voyage, promet à ses parents de revenir et s'engouffre dans une voiture conduite par des " frères ". Destination : le Châm, comme on appelle la Syrie dans le Coran. Sitôt arrivé, il se confesse sur Facebook :

Oui je suis terroriste et fier de l'être ! ! ! C'est un ordre suprême d'Allah."

 

Dès ce moment-là, il est perdu pour sa famille. Quelques mois plus tard, iI acceptera une dernière rencontre avec ses parents venus jusqu'à la frontière turco-syrienne pour le conjurer de rentrer en France. Mais il restera sur son quant-à-soi d'islamiste. Radical.

Utiliser sa notoriété

 

Mourad Fares a intégré l'Etat islamique de l'Irak et du Levant (EIIL), la branche armée la plus féroce du djihadisme syrien. Il devient l'homme de main de "l'émir" Oumar Diaby, le Niçois d'origine sénégalaise à la tête d'une katiba (brigade) d'une cinquantaine de combattants français. Sa principale mission : utiliser sa notoriété de vidéaste islamiste pour retourner le cerveau de ses jeunes fans en France. "Son système est assez simple, observe un proche du dossier. Il harponne ses admirateurs sur Facebook, leur transmet en message privé les numéros de téléphone que les candidats au djihad peuvent contacter dès qu'ils arrivent à la frontière près de la Syrie. Et il organise les convois pour leur faire traverser la frontière. "

 

C'est comme cela qu'à la mi-décembre 14 copains du quartier populaire de la Meinau à Strasbourg, tous âgés de 23 à 25 ans, s'envolent vers la Turquie au départ de Francfort. Arrivés à la frontière syrienne, ils sont pris en charge par Mourad Fares et intègrent l'EILL.

De l'EIIL à Al-Qaïda

 

Mais début janvier, à la faveur de graves dissensions entre mouvements djihadistes, Mourad Fares, Oumar Diaby et la plupart de leurs recrues décident de changer de camp. "Les gens de l'EILL sont des anciens voyous dont le comportement déviant ressort dès qu'on leur met une arme dans les mains", expliquait il y a deux mois au "Nouvel Observateur "" l'émir" Oumar pour justifier son ralliement avec armes et bagages à l'autre groupe djihadiste, officiellement affilié à Al-Qaida.

 

Les Strasbourgeois, eux, restent dans l'EILL. Jusqu'à un règlement de comptes entre barbus, qui se solde par la mort de deux d'entre eux. Ebranlés par cette vendetta, six des copains de la Meinau se replient derrière la frontière turque. "Manque de chance, si les gardes-frontières turcs ferment volontiers les yeux lorsque des islamistes passent en Syrie, ils sont beaucoup plus regardants quand les mêmes veulent revenir chez eux", raconte un officier du renseignement. Les six Strasbourgeois sont arrêtés par les Turcs. Lesquels les expulsent vers la France, non sans avoir prévenu la police antiterroriste de leur arrivée.

Les jeunes recrues sont surveillance

 

De retour à Strasbourg début avril, les apprentis djihadistes sont placés sous une surveillance aussi étroite que discrète. "Les écoutes ont montré qu'ils restaient très liés et toujours aussi radicaux, raconte une source proche de l'enquête. Au bout d'un mois, on a craint qu'ils cherchent à monter une cellule ici et on a décidé de les "taper" surtout pour voir ce qu'ils avaient à raconter sur Mourad le recruteur. "Aucune arme, pas le moindre projet d'attentat. Juste la procédure. "Quand des djihadistes reviennent en France, quoi qu'il arrive on va les chercher à un moment ou à un autre", précise un magistrat antiterroriste.

 

De Syrie, Mourad Fares a déjà passé les Strasbourgois par pertes et profits. Il se concentre sur la sortie d'une nouvelle vidéo de propagande pour le mois prochain, inch'Allah.

 

Olivier Toscer - Le Nouvel Observateur

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