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Menace jihadiste: la France en première ligne


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La multiplication par l'organisation Etat islamique de vidéos mettant en vedette des jihadistes français confirme la gravité de la menace qui pèse sur la France, confrontée à un phénomène que rien ne semble pouvoir endiguer.

 

Jeudi matin, les experts de la police et des services de renseignement examinaient une nouvelle vidéo postée la veille par l'EI, dans laquelle trois jihadistes appellent en français leurs "frères musulmans" à les rejoindre et menacent leur pays d'origine d'attentats.

 

"La vidéo est depuis mercredi soir en analyse par les experts de la DGSI", la Direction centrale du renseignement intérieur, a confié à l'AFP une source proche du dossier.

 

Ils vont tenter de mettre un nom sur les visages de trois jeunes hommes barbus, en treillis, armés de kalachnikovs qui, sous les pseudonymes de Abu Osama al-Faranci ("père d'Osama, le Français"), Abu Maryam al-Faranci, et Abu Salman al-Faranci, appellent les musulmans de France à émigrer "dans le Califat, la terre d'islam".

 

Plus inquiétant, ils demandent à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas les rejoindre dans les régions de Syrie et d'Irak tombées aux mains de l'EI à passer à l'action sur le sol français, à "tuer des mécréants" par tous les moyens possibles, à semer l'angoisse et la peur dans la société française.

 

La vidéo de sept minutes, filmée, montée et produite pour atteindre une qualité professionnelle, se termine par un gros plan sur un feu dans lequel les jihadistes, certains le visage découverts et d'autres portant cagoules, brûlent leurs passeports français, pour symboliser leur refus de jamais revenir en arrière.

 

Pour parvenir à mettre un nom sur ces visages et derrière ces pseudonymes, les experts vont faire appel à une technique mêlant l'utilisation de logiciels, notamment de reconnaissance faciale, et enquêtes classiques de services de renseignement.

 

- Echec à Kobané ? -

 

Après l'identification de deux Français parmi les bourreaux de plusieurs Syriens présentés comme des soldats du régime de Damas et d'un travailleur humanitaire américain, la France prend désormais la mesure d'un phénomène qui ne cesse de s'amplifier malgré l'adoption récente d'une loi anti-terroriste venue durcir une législation déjà parmi les plus répressives du monde occidental.

 

Avec plus d'un millier de personnes concernées, près de 400 jeunes Français dans les rangs de mouvements jihadistes en Syrie ou en Irak, 118 de retour dans l'hexagone et 51 tués dans des combats ou des attentats-suicide, la France est, avec la Belgique, au premier rang des pays occidentaux pour l'envoi de volontaires auprès de l'EI.

 

"La France est particulièrement touchée par ce phénomène parce que d'une part, il y subsiste des réseaux qui ont envoyé de nombreux volontaires se battre contre les Américains en Irak à partir de 2003", explique à l'AFP Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme à la DST (ancien nom du service de renseignement intérieur français).

 

"Une autre explication est aussi sans doute l'action du mouvement de prédication islamique Tabligh, très actif dans les villes et les banlieues françaises depuis le milieu des années 90. Ces efforts de ré-islamisation des jeunes issus des communautés immigrées portent leurs fruits maintenant. Et même si le nombre de convertis qui partent faire le jihad est important, on parle de 20 à 25% du total, ces conversions sont le plus souvent dues à une proximité avec des membres islamisés de la communauté immigrée", ajoute-t-il.

 

"Il n'y de toutes façons pas une explication unique derrière un départ pour le jihad, c'est un faisceau de facteurs. Et l'un d'eux est l'extraordinaire qualité de la communication de l'Etat islamique, qui maîtrise parfaitement tous les outils d'internet".

 

Hormis la France, aucun autre pays étranger n'a jusqu'à présent dit avoir identifié les autres combattants qui apparaissent à visage découvert dans la dernière vidéo de décapitation du groupe Etat islamique.

 

Dans la région, le coordinateur américain de la coalition internationale anti-EI, le général à la retraite John Allen, a jugé que les jihadistes de l'EI ne vaincront pas dans la ville syrienne kurde de Kobané, qui résistent depuis des semaines à l'organisation jihadiste.

 

"De bien des points de vue, l'EI s'est lui-même empalé sur Kobané", a-t-il dit dans un entretien publié jeudi dans le quotidien turc Milliyet, à l'occasion d'une visite à Ankara. "L'EI va finir par se rendre compte qu'il ne gagnera pas cette bataille", a-t-il ajouté.

 

Source RTL.be

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