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je vous propose quelques extraits du roman de l'histoire de la vie d'une femme kabyle

 

 

Ma mère

 

 

Ma mère était originaire de Taourirt Moussa ou Amar , a quelques kilomètres de Tizi Hibel ,mn village , Elle était issue d’une très bonne famille , les Ait Larbi ou Said , Très jeune elle fut marié a un homme bien plus âgé , presque un vieillard ; il avait une fille plus âgée que ma mère .

 

Ma mère ne s’est jamais plainte de cet homme qui l’aimait a sa façon , elle lui donna deux fils , mes frères Mohand et Lamara , Cet homme avait un frère beaucoup plus jeune qui n’avait pas d’enfants , Celui-ci voulut établir un acte par lequel il léguait ses biens a sa femme , Avant qu’il ne l’eut fait , son aimé lui tendit une embuscade et le lendemain on trouva le cadet mort adossé a une meule de paille , dans un endroit écarté , en dehors du village appelé ‘’ Sebala , ou tous les villageois dressent leurs meules , on ne découvrit pas son meurtrier et l’on classa l’affaire ..

 

Ma mère raconta que dés ce jour son mari fut maudit, il fut atteint d’une maladie terrible : tout son corps fut couvert de cloques qui se remplissaient d’eau et cette eau jaune coulait le long de ses jambes

 

 

Ma mère restait seule a vingt deux ou vingt trois ans , avec deux enfants dont l’aine avait cinq ou six ans , et le cadet trois , Elle était belle : le teint clair et rose , avec des yeux bleus , un peu trapue , solide , avec les épaules larges , le menton volontaire et un front bas et Têtu . Elle se mit courageusement a l’ouvrage, elle faisait son ménage, elle allait chercher de l’eau, moulait son grain pour la journée, préparait ses repas pour la nuit, le jour elle travaillait aux champs

 

Quand elle avait besoin de l’aide d’un homme, elle devait la payer très cher, L’hiver, au temps des olives, elle rendait cinq journées de ramasseuses pour une seule de gauleur

 

Mais elle était jeune, imprudente, dans sa propre cour, habitait un jeune homme de la même famille que son vieux mari, il l’aimait, elle l’aimait. Et ce qui devait arriver arriva

 

Elle fut enceinte, et l’homme nia être le père de l’enfant.

 

Les mœurs kabyles sont terribles .Quand une femme a fauté, il faut qu’elle disparaisse, qu’on ne la voie plus, que la honte n’entache pas sa famille, avant la domination française, la justice était expéditive : les parents menaient la fautive dans un champ ou ils l’abattaient. Et ils l’enterraient sous un talus

 

Mais en ce temps la, la justice française luttait contre ces mœurs trop rudes. Et ma mère eut recours à elle.

 

Des qu’elle ne put cacher sa faute, les oncles de mes frères se réunirent – c’était les frères du vieux mari. Ils décidèrent de chasser ma mère et de recueillir ses enfants dont ils convoitaient les biens. Quand ils voulurent la contraindre à partir, elle porta plainte en justice

 

Les magistrats montèrent au village, la cour désigna un tuteur et un subrogé tuteur pour les enfants, dressa l’inventaire des biens et repartit en décrétant que personne ne devait toucher a la veuve ni aux orphelins.

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