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Detekt, un logiciel por contrer la cybersurveillance des Etats


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Défenseurs des droits de l’homme, journalistes et opposants politiques sont de plus en plus la cible de logiciels espions, installés sur leurs ordinateurs par leur gouvernement. Face à ce constat, Amnesty International a lancé Detekt, un outil permettant de déceler la présence de logiciels espions sur son ordinateur et son mobile.

 

Ils permettent d’écouter vos conversations Skype, de récupérer des documents sur votre disque dur, d’actionner la caméra de votre ordinateur et de lire tous vos mails. Les logiciels espions sont de véritables opportunités, pour certains Etats, de surveiller et réprimer opposants politiques, militants des droits de l’homme et journalistes. « Le rêve de tout régime répressif qui devient réalité », selon Nicolas Krameyer, responsable du programme Personnes en danger et Liberté d’expression chez Amnesty International.

 

Face à ce constat, l’ONG Amnesty International - en collaboration avec les organisations Digitale Gesellschaft, Electronic Frontier Foundation et Privacy International - a lancé, jeudi, Detekt, un outil permettant de détecter la présence de logiciels espions sur ordinateurs et téléphones mobiles. Disponible uniquement sur Windows, Detekt scanne l’ordinateur à la recherche de logiciels espions et informe son utilisateur sur la surveillance de ses communications électroniques.

 

Une menace grandissante

 

Développés par des sociétés principalement basées dans des pays occidentaux (Amérique du Nord, Europe), les logiciels espions représentent une menace grandissante pour les militants des droits de l’homme, les journalistes et les opposants politiques. « La menace n’est pas nouvelle, mais avec les outils numériques, on a une possibilité d'accès et de contrôle sur des espaces qui étaient jusqu’à maintenant totalement privés », explique Nicolas Krameyer qui a suivi le développement du projet Detekt. Cette surveillance électronique ciblée n'est pas sans conséquences. Arrêté, emprisonné et frappé à deux reprises pour avoir signé une pétition appelant à la démocratie et administré un forum de discussion critique envers les autorités, le militant et blogueur bahreïnien Ahmed Mansoor s’est rendu compte, à sa libération en 2011, que les autorités avaient eu accès à des informations via un logiciel espion.

 

Le Bahreïn figure parmi les nombreux pays ayant recours à ces technologies de surveillance électronique. Selon Claudio Garnieri, chercheur allemand spécialisé dans les questions de sécurité qui a conçu Detekt, « si on met un point rouge sur chaque pays qui l’utilise [la technologie de surveillance ciblée] sur une carte du monde, la vue est plutôt choquante ». Dans un communiqué publié par Amnesty International, il cite une liste non exhaustive d’Etats ayant recours aux logiciels espions : le Bahreïn, le Maroc, les Emirats Arabes Unis, Oman, l’Ethiopie, le Soudan, l’Ouzbeskistan, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, mais aussi des Etats démocratiques comme l’Angleterre, l’Allemagne, l’Australie ou le Mexique.

 

 

Un marché opaque

 

L’étendue du nombre de militants ou journalistes soumis à cette cybersurveillance reste toutefois difficile à quantifier. Mais à travers Detekt, Amnesty International espère avoir une idée plus précise de l’ampleur du phénomène. Depuis le lancement de Detekt, l'organisation a d’ores et déjà eu plusieurs retours d’utilisateurs en France qui ont envoyé la preuve, via des captures d’écrans, que leurs ordinateurs étaient infectés. Si certains de ces logiciels espions sont connus, à l’instar de FinSpy, développé par la société allemande FinFisher, ou ceux conçus par l’entreprise italienne Hacking Team, les ONG espèrent en déceler d’autres encore inconnus à ce jour.

 

Car sur le marché des technologies de surveillance électronique, l’opacité prévaut, faute de textes permettant de réguler et de contrôler le commerce de matériel de surveillance à des fins d’espionnage. Toutefois, Global Cause, une coalition contre l’exportation illégale de technologies de surveillance, estime que ce commerce représente plus de 3 milliards d’euros. « Nous sommes bien conscients que ce n’est pas l’outil miracle qui va permettre de stopper toute surveillance, mais cela va permettre de sensibiliser et d’alerter le public sur les risques encourus », souligne Nicolas Krameyer.

 

Source RFI

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