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Ben Youcef, le muezzin d’Hollywood


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L’on raconte qu’à Los Angeles, il est un muezzin dont la voix est si vibrante et cristalline qu’elle attire chrétiens, juifs et musulmans.

 

 

Un journal local raconte en ces termes les chuchotements à son propos : «J’ai dit à une femme que le jeune homme conduisant la prière, Abdelwahab Ben Youcef, était anormalement beau.» «Oh, c’est un acteur», dit-elle. «Il a joué l’un des terroristes palestiniens dans Munich (réalisé par Spielberg, ndlr).» Né à Alger, cet acteur de 34 ans, dont la famille est originaire de Ghardaïa, ambitionne de devenir le prochain Omar Sharif. «J’ai grandi dans une famille de 7 enfants, devant sans cesse lutter pour attirer l’attention de mes parents ; c’est sans doute là que ma carrière d’acteur a vraiment commencé», raconte-t-il. Ayant vécu entre l’Arabie saoudite où son père exerçait en tant que diplomate et l’Angleterre où il a suivi des études d’affaires et des cours de théâtre, il s’est envolé pour New York afin d’y faire du mannequinat avant d’atterrir à Los Angeles. Il enchaîne ainsi les rôles au cinéma et à la télévision : The algerian (qu’il a co-écrit avec le réalisateur), From the rough, Ncis, Enquête spéciale (star invité) ou Munich de Steven Spielberg.

 

La collaboration avec le réalisateur de Jurassic Park l’a particulièrement marquée : «Nous avons discuté de la jeunesse du Moyen-Orient et de la manière de réunir les nations et les gens dans la paix et l’harmonie. Cela a fait naître chez moi le désir de m’impliquer plus sérieusement dans le travail interreligieux bénévole quand je suis revenu à Los Angeles…», dit-il à El Watan Magazine. Et de souligner : «Mon objectif en tant qu’acteur est d’apporter une nouvelle compréhension de la culture du Moyen-Orient pour le reste du monde. Car ma vie intègre l’esprit islamique à la vie moderne.»

 

Dans un contexte marqué par l’après-11 septembre, il intègre le «Service œcuménique pour la paix» dans lequel il dit œuvrer pour rassembler les gens. «Nous prions tous le même Dieu, sous différents noms», argue-t-il. Ses appels à la prière affolent les réseaux sociaux : «Quelqu’un a mis une vidéo de moi appelant à la prière dans un lieu de culte sur YouTube, qui a enregistré plus de dix millions de visites... Le compositeur oscarisé Phillip Glass m’a, par la suite, sollicité afin de me produire à ses côtés au sein de l’Hollywood Bowl devant 18 000 personnes, et ce fut spectaculaire...».

 

Si son teint basané lui permet de jouer surtout des rôles ethniques, d’extrémiste musulman ou de terroriste, il dit avoir refusé d’interpréter des rôles qui rabaissaient, à ses yeux, sa communauté. Ben Youcef fait ainsi figure d’un personnage atypique dans l’univers feutré et superficiel d’Hollywood. «Mes amis musulmans n’ont aucune idée de ce que c’est d’être un acteur, et mes amis acteurs n’ont aucune idée de ce que c’est d’être un musulman», plaisante-t-il

 

 

 

Amel Blidi

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