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ISRAEL - PALESTINE. Deux Etats ou la guerre


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S'il n'y a pas deux Etats, l'avenir sera fait d'une alternance d'intifadas et de trêves pendant lesquelles la popularité d'Israël ne cessera de diminuer.

 

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Les débats sur la reconnaissance de l'Etat palestinien par le Parlement français ne sont pas - jusqu'ici - d'une violence outrancière. Ils n'ont pas - encore - donné lieu à des exploitations faciles. Car il n'est pas faux d'affirmer que nous avons eu honte de ces journées où nous entendions tous les soirs à la télévision le bilan des bombardements israéliens sur des cibles pourtant civiles.

 

Sans doute était-ce une réponse à des attentats très meurtriers, mais qui faisaient évidemment dix fois moins de victimes. Dans ce cas, il y aurait dans le vote actuel en faveur de la reconnaissance comme un désir de réparation. En fait, ce désir n'existe que chez ceux qui veulent vraiment deux Etats. Or je crois que, du côté palestinien comme du côté israélien, les projets de paix n'ont jamais été formulés que la mort dans l'âme.

 

Il faut se souvenir de l'exemple d'Itzhak Rabin. Il était, par son histoire, tout sauf un pacifiste. Il avait fini par le devenir par résignation et non par religion. Voici une des conclusions de son dernier discours, prononcé juste avant d'être abattu par un fanatique juif :

 

Je ne suis pas un homme politique. Je suis un soldat. Je l'ai été pendant 27 ans. J'ai combattu aussi longtemps qu'il n'y avait pas de chance de paix. Mais je crois qu'aujourd'hui cette chance existe. C'est pourquoi il faut absolument négocier."

 

Après quoi il est tombé, lui, le héros de Tsahal et de toutes ses victoires. Mais ce qu'il ignorait, en prenant ainsi parti pour la paix, c'est qu'il effaçait le rêve enfoui dans l'inconscient du fondateur, David Ben Gourion, dont rien ne porte à croire qu'il ait envisagé d'autre Etat que le sien, dès qu'il s'est rendu compte que ses ennemis n'étaient pas imbattables.

 

S'il n'y a pas deux Etats, rien ne changera

 

Où en sommes-nous aujourd'hui ? S'il n'y a pas deux Etats, rien ne changera. L'avenir se construira avec une alternance d'intifadas et de trêves pendant lesquelles la popularité d'Israël ne cessera de diminuer, sauf si l'Etat hébreu arrive à convaincre qu'il est, désormais, plus que jamais en danger. Pendant ce temps-là, surtout, le monde se résigne à observer l'Etat d'Israël augmenter l'étendue de son territoire et les protestations de l'ONU demeurer sans effet. Pendant ce temps-là, à Gaza, le Hamas renforce considérablement son armement, et le président de l'Autorité palestinienne voit sa gouvernance disparaître.

 

La vérité, c'est qu'on est arrivé à une situation où, malgré les apparences de négociations sérieuses comme celles menées par Bill Clinton et sa ministre des Affaires étrangères, Madeleine Albright, aucun aboutissement n'a jamais été en vue. Tout simplement parce que, de chaque côté, il y a toujours des militaires et des politiques comme Benyamin Netanyahou, qui n'en veulent pas. Ce sont des vérités contestées. J'ai pourtant sans cesse été dans la situation de les confirmer.

 

Il y a eu des pans entiers d'histoire au cours desquels Israël a profité de nouvelles alliances y compris celles nouées avec la France. Même si l'opinion est en train d'osciller. Les dernières propositions de Laurent Fabius d'en finir en deux ans avec les hostilités, sans quoi la France s'engagerait dans la reconnaissance d'un Etat palestinien, ne sont pas déraisonnables. Et je m'y serais rallié si elles n'avaient pas été aussi tardives.

 

Il existe bel et bien, cet Etat palestinien

 

Car de quoi s'agit-il ? Il existe bel et bien, aujourd'hui, cet Etat palestinien. Il a été reconnu par la grande majorité des 193 membres de l'ONU. Le 29 novembre 2012, la Palestine a été admise comme "Etat observateur non membre de l'ONU" ; 138 pays ont voté en ce sens. Ce statut lui confère le droit d'assister à la plupart des réunions, mais ne lui permet pas de voter, de proposer des résolutions ni de postuler à des fonctions onusiennes. Ce dont il est question désormais, c'est de lui attribuer un siège de membre de plein droit à l'ONU.

 

La France fera-t-elle, comme tout récemment la Suède, la demande que le nouvel Etat membre, la Palestine, garde son statut d'observateur privilégié mais limité ; ou bien qu'il jouisse de ce que les Israéliens considèrent évidemment comme "une promotion inopportune, maladroite et dangereuse" ? C'est, disent-ils, une prime au djihadisme et à la terreur. Mais le djihadisme n'arrive pas tout de même à faire oublier toutes les terreurs, et surtout toutes les lâchetés de ceux qui, parmi nous, les ont tolérées.

 

Pour finir, en ce qui me concerne, si la proposition de Fabius avait de véritables chances, je m'y rallierais. Si, comme je le crains, elle n'en a aucune, alors je souhaite qu'en définitive le président et le gouvernement de la France proclament à nouveau solennellement qu'ils tiennent à la construction des deux Etats israélien et palestinien. Et que l'on fasse tout pour aider fermement à leur réalisation.

 

Jean Daniel

 

Source LeNouvelObs

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